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Théorie de « représentation en plan unique » de LIN Niantong

Chapitre I : Problème de méthode

4 Théorie de « représentation en plan unique » de LIN Niantong

Le livre de LIN Niantong Esthétique du cinéma chinois est l’ouvrage qui fait le plus autorité sur l’esthétique du film chinois jusqu'à présent. Il a deux idées importantes : la première est qu’il propose la théorie de « Représentation en plan unique, ou en plan-séquence» ; la deuxième est qu’il utilise systématiquement l’esthétique chinoise dans les études du langage cinématographique du film chinois.

L’auteur pense que l’esthétique du montage et du plan-séquence se développe simultanément dans le monde occidental, mais :

Dans le film chinois, les deux écoles de l’esthétique cinématographique commencent à se combiner dans l es ann ées tre nte. Le fi lm chinois d éveloppe sa p ropre technique d e représentation…La contradiction, dans le film chinois, est présente dans le plan unique (ou le plan-séquence) qui , en respectant le s critè res esthétiques, doit assurer la continuité spatiale et temporelle. Donc, le plan unique dev ient une façon de présenter l’idée conductrice du montage51.

Il mentionne :"C’est pourquoi le film chinois utilise fréquemment le plan moyen et le plan d’ensemble. L’esthétique du plan unique ne se manifeste pas uniquement dans le temps et l’espace, elle s’appuie aussi sur la relation réelle entre l’environnement et le personnage".

LIN Niantong étudie davantage le style du film chinois des années quarante :

Le plan moyen et le plan d’ensemble se développent grâce à la capacité de représentation que donne l’utilisation du plan en grande profondeur de champ. On peut presque dir e que le plan en grande profondeur de c hamp apparaît comme un style marqueur du temps dans l'histoire du film chinois. ”。

51 林年同,《中国电影美学》 ,台北:允晨文化实业股份有限公司,1991, p10. LIN Niantong, Esthétique du cinéma chinois. Taibei : Edition de Yunchen, 1991, p10.

Le texte ci-dessus résume la théorie du plan-unique, ou plan-séquence d’après LIN Niantong. À partir de la pensée des cinéastes des années cinquante et soixante, LIN Niantong cherche le moyen d’appliquer l’esthétique chinoise au domaine du cinéma chinois. Il applique deux concepts de l’esthétique chinoise aux études du cinéma chinois : You et Yi- jing.

You (Vagabondage de l’esprit) dans le domaine du cinéma, c’est-à-dire que l'image visuelle du film doit susciter l’imagination et donner de l’émotion au spectateur. L’auteur pense que :

Laisser l’esprit vagabonder constitue un but suprême pour l ’art chinois, qu i revêt une importance fo ndamentale d ans l ’esthétique d u cinéma. L’ « esprit » et le « mouvement rythmique», dont parle Nie J ing à propos de l’esthétique du pla n-séquence, peuvent être réunis dans le c oncept d ’ « esprit de la c améra ». C'est le c oncept esthétique le p lus important qui se soit fait jour après que Jiang Jin eut formulé l’idée de « vagabondage » de l’imagination. Ces d eux n otions ont p ermis de fai re f usionner l’esthétique chinoise classique avec l’esthétique du cinéma moderne52.

Yi-jing (意境, densité d’âme, idée-paysage) Yi-jing (意境) est un vocabulaire consacré à l’imagination esthétique qui combine Jing-jie (境界, densité d’âme, paysage-état) et Yi-xiang (意 象, image d’âme). Yi-xiang est l’intermédiaire qui est né dans la poésie grâce au système de Fu, bi, xing et au symbolisme, et à travers lequel on peut atteindre le Yi-jing. On peut dire que dans l’imagination esthétique ou l’état poétique, Yi-xiang (意象) est le symbole, tandis que Yi-jing (意 境) est le paysage qui se créée dans l’esprit.

Yi-jing est le niveau le plus haut dans l’esthétique chinoise. Comment exprimer la poésie dans le film ? Comment créer le Yi-jing dans le film? LIN Niantong pense que :

Le sens que dégagent les formes stimule l’imagination. Mais un état poétique ne peut être visualisé que par instants; en conséquence, chaque tentative pour créer à l’écran un « état poétique » doit aussi prendre en considération la nature fugitive de cet état. Pour rendre perceptible un état poétique visualisable, on utilise des images et des formes concrètes (shi). Pour transmettre un état poétique non visualisable, on doit saisir le sens au-delà des mots et le pénétrer grâce à l’imagination (xu)53.

Xu et shi forment un couple de concepts importants dans la théorie de Yi-jing, qui peut aider le cinéaste à créer une image sensible avec le support cinématographique. Cependant, la théorie de Yi-jing concerne beaucoup d’autres concepts. Il est dommage que l’auteur n’ait pas fait davantage de recherches sur ce point.

La théorie de Yi-jing dans le domaine du poème et la peinture est bien développée, tandis que dans le domaine du cinéma, la recherche n’est pas satisfaisante jusqu’à présent. Comme le dit LIN Niantong, l’étude de l’esthétique traditionnelle chinoise dans le domaine du cinéma ne commence que vers la fin des années 50 et le début des années 60. Elle est interrompue par la Révolution Culturelle. Il est regrettable que le théoricien chinois n’ait pas continué cette étude après la Révolution Culturelle dans la Chine continentale. Du fait que la théorie du cinéma occidental occupe une place importante dans les années 80 et les années 90, le cinéaste chinois s’intéresse très peu à l’étude de l’ontologie du cinéma. Quant à l’esthétique traditionnelle dans le cinéma, la recherche est encore plus rare.

53 LIN Niantong, Les théories du cinéma chinois et l’esthétique traditionnelle. Le ciném a Ch inois / ed. par QUIQUEMELL Marie-Claire, PASSEK Jean-loup. Paris : Centre Gorges pompidou, 1985, p89.