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Chapitre II : Le cinéma muet chinois avant 1930

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1.2 Profondeur de champ

Le cinéaste chinois a une connaissance technique pour approfondir l’espace filmique. Le plan est en deux-dimensions, mais on peut donner l’impression de trois-dimensions avec l’effet de perspective. Le film chinois n’a pas développé son propre style dans les années vingt. Il considère le film hollywoodien comme le modèle. Dans les films de bonne qualité, le style hollywoodien est plus remarquable. Parmi ces cinq films, Un collier de perl es , La Rose de Pushui et S’embrasser de nouveau sont les productions sérieuses, dans lesquelles le cinéaste a l’intention évidente de tourner le plan avec une grande profondeur de champ. Dans les deux films de 1929, il n'y a plus de plan qui possède de grande profondeur de champ. La disparition de cette intention est manifeste : le cinéma chinois s’intéresse de moins en moins à la qualité et à la plastique de l’image à la fin des années vingt, en raison des mauvaises conditions économiques des studios.

Un collier de perles , La Rose de Pushui et Sembrasser de nouveau sont les films des réalisateurs célèbres à cette époque. Ils ont l’intention commune de créer une grande profondeur de champ dans le plan. La Rose de Pushu i se caractérise par des scènes d’extérieur avec une grande profondeur de champ. Dans Un c ollier de per les et S’embrasser de nouveau , il y a souvent des vues en grande profondeur de champ de la salle dans les scènes d’intérieur. C’est un moyen pratique de montrer l’espace dans le plan.

1.2.1 Dans les scènes en intérieur

Le cinéaste filme souvent avec une grande profondeur de champ dans le plan d’ouverture de la scène, pour introduire l’environnement, la grande salle de réception ou le bureau de style européen. Dans Un co llier d e perles , une grande profondeur de champ est utilisée aussi pour montrer la scène de banquet avec un plan fixe (voir plan 2-1), pour renforcer la vie luxueuse de la haute société à Shanghai. S’embrasser de nouveau utilise la lumière pour renforcer la grande profondeur de champ. Dans le plan d’ouverture de plusieurs scènes, le cinéaste utilise les projecteurs de deux côtés distinctement dans l’avant-plan, plan milieu et l’arrière-plan.

La grande profondeur de champ se lie avec la mise en scène de l’acteur. Dans S'embrasser de nouveau , le réalisateur montre un salon de luxe avec le plan d’ensemble. Deux amants se tenant entrent dans le plan de gauche dans l’arrière-plan, et ils marchent lentement jusqu'à l’avant-plan, et s’assoient sur le sofa (voir plan 2-2). En filmant le déplacement des personnages, le cinéaste montre l’espace et le luxe de la salle, et plus important, il présente l’inquiétude de la femme mariée, et la joie de son amant.

La profondeur de champ appartient déjà au système de continuité dans le film muet des années vingt. Dans Un collier de perles , le cinéaste présente le nouveau personnage avec le guide d'un personnage qu’on a déjà vu : dans le plan d’ensemble avec grande profondeur de champ, un personnage qu’on a connu entre dans l’avant-plan, et un nouveau personnage apparaît dans le plan-arrière qui marche face à la caméra pour parler avec lui. Ensuite, le cinéaste utilise un plan moyen ou un plan rapproché pour nous présenter ce nouveau personnage. Après, le cinéaste insert le plan d’intertitre pour introduire en texte ce personnage et son rôle.

À part le décor et l’éclairage, le miroir est un autre moyen de produire l’impression de profondeur. Il crée aussi un effet visuel attirant. On peut voir cette utilisation du miroir dans S'embrasser de nouveau (voir plan 2-3).

1.2.2 Dans la scène en extérieur

La grande profondeur de champ dans La Ro se de Pu shui se caractérise par la beauté de l’esthétique chinoise. Ce film contient beaucoup de scènes tournées dans le jardin chinois. Voir plan 2-4, c’est une image représentative du jardin chinois. Le plan en grande profondeur de champ nous présente une vision esthétique qui se produit avec le jardin et la fille : le passage sinueux de bambou et le temple dans l’arrière-plan sont entourés par la végétation du jardin, une jolie fille marche lentement au fond. C’est comme une peinture chinoise, il exprime bien la poésie de « La beauté vagabonde dans le paysage ». Le réalisateur HOU Yao exprime, avec l’image cinématographique, le romantisme de cette histoire d’amour célèbre en Chine.

Pour présenter la scène grandiose du défilé de l’armée, HOU Yao la tourne en plongée. Le défilé dans la montagne crée un effet remarquable de la grande profondeur de champ (voir plan 2-5). Dans le film des années vingt, c’est très rare de montrer l’image de la nature avec une grande profondeur de champ.

1.2.3 Manque de symétrie

La symétrie est une règle importante dans l’architecture et l'arrangement traditionnels de la chambre chinoise. Le cinéma chinois des années vingt possède le concept de profondeur de l’image, mais il manque la beauté de la symétrie. Voir le plan 2-6, c’est un cadrage comme dans un plan de grande profondeur de champ pour filmer la salle ou la chambre. Il n’a pas pu présenter la beauté de la chambre car le cinéaste n’a pas saisi l’importance de la symétrie dans l’architecture chinoise. Dans le film des arts-martiaux de CHU Yan73 des années soixante-dix, la grande profondeur de champ dans la scène d’intérieur s’accompagne toujours de la symétrie.

2-6

Bien entendu, on ne peut pas demander au cinéaste chinois des années vingt de comprendre cette conception esthétique. Ici, on veut attirer attention sur l’importance de la symétrie dans l’esthétique chinoise.