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La mise en scène chez ZHENG Zhengqiu

Chapitre III : Film meut chinois des année trente, études

1 Passage du cinéma muet au parlant

1.1 Le réalisateur de la première génération de Mingxing

1.1.2 La mise en scène chez ZHENG Zhengqiu

Les Deux sœurs ( Zi mei hua, 1933) de ZHENG Zhengqiu est un film parlant. Les dernières vingt minutes sont consacrées à la scène de « repas de réunion » de la famille. Elle se compose

100 BADY Paul, La Littérature chinoise moderne. collection Que sais-je. Paris : Presses Universitaires de France, 1993, p62.

de 39 plans, y compris un plan d’ensemble et 8 plans larges, 5 gros plans, le reste sont des plans américains et des plans moyens. Il s’agit dans cette scène de 4 personnages et d’une grande salle de réception. Le cinéaste emploie un plan d’ensemble pour présenter l’espace au début de la scène, après il ne s’intéresse plus à l’environnement. Même si la décoration est bien faite avec des meubles traditionnels, de la peinture et de la calligraphie chinoise ; le réalisateur a comme seule et unique intention de filmer le jeu des acteurs.

Ce qui est important pour le réalisateur, c’est la conversation et le portait des personnages. ZHENG Zhengqiu utilise plusieurs plans larges parce qu’il est nécessaire de cadrer tous les acteurs décentralisés dans le champ filmique. Le plan américain et le plan moyen sont dominants parmi ces 39 plans dont l’image se compose avec deux ou plusieurs personnes. La composition avec un personnage, seul, est rare. Il en existe pourtant deux cas : Un se situe au gros plan pour montrer clairement le jeu de l’émotion des acteurs. Un autre au plan moyen, pour isoler un personnage dans la conversation, ou pour indiquer les deux côtés du conflit. Par exemple, le cinéaste cadre le père dans un plan, et ensuite la mère et les deux sœurs dans le plan suivant pour montrer la divergence entre femme et homme. Donc, on peut dire que le réalisateur privilégie le « cadrage de deux personnes » et il n’utilisera que si nécessaire le « cadrage d’une personne ».

Au niveau du découpage dans cette scène, le cinéaste n’utilise aucun champ contre-champ. Les acteurs sont mis côte à côte, ou face à face, et dialoguent dans un plan fixe et long, généralement c’est un plan moyen ou un plan américain. C’est la raison principale pour laquelle le rythme est long, l’ASL de cette scène est 30.7 seconds. C’est un point commun avec Rires et larmes du m ariage (1932). Revenons cependant à la mise en scène dans Les Deux sœurs, plus précisement de la réunion familiale qui semble plus élaborée car les acteurs bougent souvent dans la salle. Même si le réalisateur n’a pas envie de présenter le déplacement des acteurs, il faut introduire les changements de dialogue dans la conversation. ZHENG Zhengqiu a découvert une solution pratique dans Les Deux sœurs : la caméra ne bouge pas, c’est l’acteur qui entre dans le plan à gauche ou à droite pour se joindre à la conversation. Voir l’exemple ci-dessous, la mère raconte une histoire d’enfance à sa deuxième fille, pour que sa fille puisse la reconnaître dans le plan 1. Elle sort du plan 1 à gauche et entre dans le plan 2 à droite, pour convaincre sa première fille de pardonner sa sœur cadette.

Plan 1 plan 2

Il faut considérer que le mouvement de caméra est plus difficile dans le film parlant, surtout que le cinéaste n’a pas beaucoup d’expérience dans ce domaine. Mais dans le cas de ZHENG Zhengqiu, c’est un style qui se forme dans l’époque du muet. HE Zhaozhang est un des premiers techniciens du son en Chine, c'est lui qui sonorise le film Sœurs. Dans une interview, l’intervieweur lui demande si la condition de l’enregistrement sonore de l’époque les empêche d’utiliser plus de travelings. HE répond,

Non, ce n’est pas le cas. Pour Monsieur ZHENG Zhengqiu qui était metteur en scène du théâtre pa rlé, le t ravelling la téral ou avant-arrière impo rte peu, le plan moyen ou le g ros plan non plus. Il était un pe u âgé à ce temps-là, et ne fais ait pas beaucoup d’attention à la technique.101

On peut voir que ZHENG Zhengqiu n’a pas l’intention d’explorer la fonction de travelling, comme il préfère le plan fixe. Dans la conception de mise en scène de ZHENG, il est plus simple à l’évidence que l'acteur entre lui-même dans le plan plutôt que bouger la caméra.

Pour ZHENG Zhengqiu, l’espace filmique n’est que le lieu de l’histoire. Sauf les deux plans à la fin du film, toutes les autres images dans Les deux sœurs sont tournées en studio. Le portrait des acteurs et les dialogues sont deux éléments principaux auxquels il s’intéresse. C’est pourquoi le cinéaste filme rarement le déplacement des acteurs. Il construit la scène avec une série de

101陆弘石,《探寻历史(之一):何兆璋访谈录》,《电影艺术》,1997 年第 2 期,p. 92。

LU Hongshi. À la recherche de l’histoire (1) : Interview avec HE Zhaozhang. L’art cinématographique. 1997, nº. 2,

plans moyens La représentation psychologique des personnages ne dépend que des jeux de visages et des dialogues. Tandis que dans une esthétique plus classique chinoise, les émotions se traduisent à travers le milieu dans lequel les acteurs évoluent, celui-ci devient le reflet qui montre l’esprit de l’homme. L'esthétique chinoise est bien adaptée pour rendre les sentiments des personnages, clairement le réalisateur n'a pas pris en compte cette rhétorique. Mais cela dépend du jeu des acteurs qui peut être plus ou moins exagéré.

Pour le spectateur, l’intérêt de ce genre de film se porte sur la dramatique de l’histoire, pas sur sa forme cinématographique. Il y a rarement de changement dans la durée d’un plan ; généralement, les acteurs et la caméra ne bougent pas. La mise en scène dans ces deux films revient au découpage de scènes de conversation, avec une série de plans moyens et plans rapprochés. Dans l’art oral « Shuo shu », c’est aussi la dramatique de l’histoire qu’exagère le conteur avec la parole. Même si le cinéma possède plus de moyens de représentation, ZHANG Shichuan ne s’intéresse qu’à l'image pour raconter l’histoire. C’est pourquoi on nomme son style « histoire filmée ». En ce qui concerne à la conception du cinéma chez ZHENG Zhengqiu, même si la dramatique de l’histoire est importante, il a une conception théâtrale sur la mise en scène et l’espace. On peut nommer son style « théâtre filmé». On analyse plus précisément l’influence du théâtre dans le film chez ZHENG Zhengqiu dans le quatrième chapitre.