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CHAPITRE 4 DISCUSSION

4.4 Analyse comparative

4.4.1.7 Test salivaire (pH)

Un test salivaire a été effectué chez tous les participants à quatre reprises : une semaine avant le début de l’étude (temps 0), une semaine après le début de l’étude (temps 1), 3 mois suivant le début de l’étude (temps 12) et à la fin de l’étude, soit 6 mois plus tard (temps 24).

Au total, 190 tests salivaires ont été réalisés. Comme chaque personne a eu 4 tests salivaires (4 observations), un modèle de régression à mesures répétées a été utilisé. Une erreur associée à un participant du temps 1 et du temps 2 a été corrélée par rapport à deux individus différents. Une AR1 (analyse d’ordre 1) a été faite.

Les moyennes du pH des groupes ont été analysées à chaque temps mesuré : les moyennes du pH du groupe #1 mesurées dans le temps 0, 1, 12 et 24 ont été comparées entre elles. La même analyse a été faite pour les groupes #2 et #3. Suite à l’analyse des résultats des tests, aucun changement du pH statistiquement significatif n’a été constaté (p=0,7801, p>0,05). Par la suite, nous avons étudié la covariable « produits x temps ». Dans cette analyse, les moyennes du pH des groupes #1, #2 et #3 ont été comparés dans le temps 0, 1, 12 et 24. 66 possibilités ont été analysées. Voici un exemple de l’analyse de la moyenne du pH du groupe #1 qui a utilisé le produit #1 (le gel NaF2 % et xylitol 10 %) :

 La moyenne du pH dans le temps 0 a été comparée avec celle du même groupe dans le temps 1;

 La moyenne du pH dans le temps 0 a été comparée avec celle du même groupe dans le temps 12;

 La moyenne du pH dans le temps 0 a été comparée avec celle du même groupe dans le temps 24;

 La moyenne du pH dans le temps 0 a été comparée avec la moyenne du pH du groupe #2 (produit #2) dans les temps 0, 1, 12, 24 et du groupe #3 (produit #3) dans les temps 0, 1, 12, 24;

 La moyenne du pH dans le temps 1 a été comparée avec celle du même groupe dans les temps 12 et 24, ensuite avec les moyennes du pH du groupe #2 dans les temps 0, 1, 12, 24 et du groupe #3 dans les temps 0, 1, 12, 24;

 La moyenne du pH dans le temps 12 a été comparée avec celle du même groupe dans le temps 24, ensuite avec les moyennes du pH du groupe #2 dans les temps 0, 1, 12, 24 et du groupe #3 dans les temps 0, 1, 12, 24;

La même approche a été utilisée pour comparer les moyennes du pH des groupes #2 et #3. Suite à l’analyse des données, aucun changement du pH statistiquement significatif n’a été constaté. Le pH de la salive qui a été mesuré à quatre reprises, 20 minutes maximum après avoir mangé n’a pas présenté de changements statistiquement significatifs. Le pH moyen pour les trois groupes a été entre 6,1 et 6,3, ce qui est le pH salivaire critique pour la dentine et ce qui peut causer la déminéralisation de cette dernière.

En conclusion, notre hypothèse secondaire «B» (1.3.2) n’a pas été prouvée et nous n’avons pas constaté une augmentation significative du pH salivaire suite à l’utilisation du gel au NaF 2 % et au xylitol 10 % comparativement à l'utilisation du gel au NaF 2 % seul ou du gel au xylitol 10 % seul.

Par contre, il est connu que le CaF2 et le xylitol sont logés dans la plaque dentaire en plus grande concentration que dans la salive. Le CaF2 et le xylitol maintiennent le pH plus basique de la plaque. Ce phénomène peut expliquer l’augmentation des caries arrêtées dans notre étude. Il est possible que la variation dans le pH de la plaque ne soit pas suffisante pour varier le pH salivaire, ou une petite variation du pH salivaire puisse signifier qu’il existe une grande variation du pH dans la plaque qui puisse créer des caries. Dans des futures recherches, il sera intéressant de déterminer une manière de mesurer la variation du pH à l’interface plaque/dent.

4.4.2 Fidélité au traitement

Une variation dans la quantité des gels pouvait devenir une variable confondante et ainsi compromettre les résultats de l’étude. Dans le but de s’assurer de la fidélité au traitement, il a été nécessaire de surveiller la quantité des produits utilisés dans chaque groupe, et ce, à différents temps.

Au total, 274 seringues ont été récupérées. Il y a eu 6 observations par participant. Un modèle de régression à mesures répétées a été utilisé. Nous avons analysé la corrélation entre les variables « produit restant dans la seringue», « temps » et « produit restant dans la seringue x temps ». Il n’y a pas eu de différence statistiquement significative entre les variables « produit restant dans la seringue» et «produit restant dans la seringue x temps ».

Par contre, une différence statistiquement significative de la variable « temps » (p=0,0305, p<0,05) a été constatée. Un autre test, plus précis (« last squares means ») a démontré une diminution de la quantité utilisée des 3 produits en s’approchant de la fin de l’étude (les temps 4, 5, 6).

Les moyennes des produits restants dans les seringues (en ml) ont été également analysées pour chaque groupe à différents temps. Par exemple, les moyennes de la quantité du produit #1 (restant dans les seringues) mesurées dans les temps 0, 1, 2, 3, 4, 5 et 6 ont été comparées entre elles. La même analyse a été faite pour les produits #2 et #3. Suite à cette analyse, aucun changement statistiquement significatif n’a été constaté pour la variable « produit restant dans la seringue ».

En résumé une diminution statistiquement significative de l’utilisation des trois produits a été constatée vers la fin de l’étude (temps 4, 5, 6). Cependant, il n’y a pas eu de différence statistiquement significative selon le type de produit.

Cette réduction homogène de l’utilisation des trois produits peut s’expliquer par la démotivation et la fatigue des intervenants (infirmiers et préposés aux bénéficiaires) vers la fin de l’étude. Dans notre recherche, les trois groupes sont restés comparables jusqu’à la fin de l’étude. Par contre, cette diminution homogène de l’utilisation des produits pouvait diminuer l’efficacité des produits.

En résumé, nous pouvons conclure que l’hypothèse secondaire « C » (1.3.2) a été confirmée et que l’équivalence de fidélité au traitement entre les trois groupes a été démontrée. Donc, nous pouvons constater que le brossage dentaire a été effectué de façon comparable entre les trois groupes d’étude et, que la qualité du brossage dentaire (quantité des ml utilisés) n’a pas influencé les résultats obtenus. Par contre, le brossage dentaire n’a pas été effectué de façon parfaite, car la quantité de la plaque et du saignement n’ont pas été améliorés à la fin de l’étude. Si l’utilisation des produits et le brossage dentaire avaient été effectués selon nos prescriptions, on aurait pu observer de meilleurs résultats de l’étude: plus de caries arrêtées à la fin de l’étude.

xylitol 10 %. Pour cette raison, nous avons comparé notre étude avec le projet pilote Caron C.et Garguri N. qui compare l’application de gel NaF 2 % et xylitol 10 % au placebo

Sensodyne F (NaF 0,243 % et nitrate de potassium 5 %) [52]. Ce projet pilote a été effectué auprès de la même population dans des centres hébergements du CSSS de la Vieille- Capitale avec une seule différence : le brossage dentaire a été fait le soir. Donc, notre étude peut être comparable à l’étude de Caron et Gargouri [52]. Cette étude a démontré une réduction significative de la carie (de 4,22 par 100 surfaces à risque) dans le groupe qui employait le gel NaF 2 % et xylitol 10 %. Le projet pilote effectué en 2012 a démontré une réduction significative de la carie :

 L’utilisation du produit combiné (NaF 2 % et xylitol 10 %) a augmenté la proportion des surfaces de caries arrêtées de 4,22 % (de 4,22 par 100 surfaces à risque) au bout de 6 mois, alors qu'au sein du groupe ayant reçu le dentifrice usuel une diminution de la proportion de surfaces cariées arrêtées de 0,54 % a été enregistrée

 L’utilisation du produit combiné (NaF 2 % et xylitol 10 %) a diminué la proportion des surfaces cariées actives de 4,22 % (de 4,22 par 100 surfaces à risque) au bout de 6 mois, alors qu'au sein du groupe ayant reçu le dentifrice usuel une augmentation de la proportion de surfaces cariées de 3,15 % (de -3,15 par 100 surfaces à risque) a été enregistrée

Ce qui fait une balance nette de 7,37 caries (intervalle [-3,15, 4,22]) par 100 surfaces à risque entre les deux groupes.

 L’utilisation du produit combiné (NaF 2 % et xylitol 10 %) a diminué la proportion des surfaces de récidives de caries. Aucune récidive de la carie n’a été observée au bout de 6 mois, alors qu'au sein du groupe ayant reçu le dentifrice usuel une augmentation de la proportion de surfaces de récidive de carie de 2,61 % a été enregistrée

En comparant les résultats de notre recherche avec ceux de l’étude de Caron et Gargouri [52], on observe que dans notre étude le nombre moyen des caries actives et des

récidives de caries par 100 surfaces à risque a globalement diminué et le nombre de caries arrêtées a augmenté.

On a observé une augmentation du nombre de caries arrêtées :

 NaF 2 % et xylitol 10 % a diminué la proportion des surfaces cariées de 2,35 % (de 2,35 par 100 surfaces à risque) au bout de 6 mois

 NaF 2 % a diminué la proportion des surfaces cariées de 2,33 % (de 2,33 par 100 surfaces à risque) au bout de 6 mois

 Xylitol 10 % a diminué la proportion des surfaces cariées de 3,56 % (de 3,56 par 100 surfaces à risque) au bout de 6 mois.

Le nombre de récidives de caries a été presque identique dans tous les groupes avant et après l’étude. Une diminution légère du nombre de récidives de caries de 0,32 a été observée pour le gel NaF 2 % et xylitol 10 % et pour le gel au xylitol 10 %. Il n’y a presque pas eu de changement en nombre des récidives de caries (0,15) pour le gel NaF 2 %.

De plus, le nombre des caries actives a diminué :

 De 1,29 % (1,29 par 100 surfaces à risque) pour le gel au NaF 2 % et au xylitol 10 % au bout de 6 mois;

 De 0,74 % (0,74 par 100 surfaces à risque) pour le gel au NaF 2 % seul au bout de 6 mois et

 De 1,24 % (1,24 par 100 surfaces à risque) pour le gel au xylitol 10 % seul au bout de 6 mois.

Donc, globalement, tous les trois produits diminuent la quantité des caries actives. L’étude de Caron et Gargouri [52] a démontré une augmentation de la proportion de surfaces cariées de 3,15 % suite à l’utilisation du dentifrice usuel. Si nous comparons nos résultats avec les résultats obtenus avec le dentifrice usuel, nous observons une balance nette :

 De 4,44 caries par 100 surfaces à risque avec NaF 2 % et xylitol 10 % et dentifrice usuel;

 De 4,39 caries par 100 surfaces à risque avec xylitol 10 % seul et dentifrice usuel Donc, on a observé une diminution globale du nombre des caries actives. Tandis que, avec la pâte a dent ordinaire ils ont observé une augmentation de la proportion de surfaces cariées de 3,15 %.

Il y a des raisons pour lesquelles nous n’avons pas obtenu les mêmes résultats que dans la recherche de Caron et Gargouri [52] (une balance nette de 7,37 caries par 100 surfaces à risque entre les deux groupes). Il est possible d’expliquer les résultats statistiquement non significatifs par une petite taille d’échantillon et par le taux de mortalité élevé chez la population à l’étude. De plus, il y a eu des problèmes de coopération pendant le brossage dentaire avec des patients en perte d’autonomie cognitive sévère puisque cette population vulnérable ne coopère pas toujours. En autre, nous supposons que certains infirmiers ou préposés aux bénéficiaires n’ont pas assuré la même qualité du brossage dentaire quotidien tout au long du projet. Nous pouvons voir dans le Tableau 18 que la quantité de gel restant dans les seringues augmente progressivement pendant les trois derniers mois de l’étude. Durant le déroulement de ce projet, dans les centres d’hébergement, une autre difficulté a été constatée : une rotation importante des infirmiers et des préposés aux bénéficiaires. Cela a pu avoir pour effet que l’information concernant le brossage dentaire avec les produits à l’étude n’a pas été adéquatement transmise.

L’efficacité des gels NaF 2 % et xylitol 10 %, NaF 2 % et xylitol 10 % dans notre étude peut être aussi expliquée par le fait que le brossage dentaire a été fait juste une fois par jour, le matin avant le déjeuner, alors que, selon les recommandations, le brossage dentaire doit être fait au minimum deux fois par jour, le matin et le soir. De plus, les résultats de notre recherche démontrent la pertinence de l’utilisation du xylitol qui a des propriétés anti-cariogènes. Donc, on conclut que même un contact peu prolongé avec des produits actifs mène à une réduction des caries. L’utilisation de ces produits actifs (toujours en combinaison avec le xylitol) est très intéressante en gériatrie, plus précisément chez les personnes âgées hébergées en perte d’autonomie, car leurs déplacements et traitements dentaires sont très difficiles étant donné leurs conditions médicales. En conclusion, notre

projet de recherche démontre la pertinence et l’importance d’ajouter le xylitol dans notre arsenal thérapeutique.

Pour l’avenir, il serait donc bénéfique d’effectuer cette recherche avec une taille d’échantillon plus importante et s’assurer d’une meilleure coopération de la part des infirmiers et des préposés aux bénéficiaires. Il est important pour la santé des ainés de convaincre le personnel des CHSLD de la nécessité d’un brossage dentaire quotidien. Durant la recherche, il a été constaté que dans 6 centres d’hébergement parmi les 7, le brossage dentaire était effectué seulement une fois par jour, le matin, avant le déjeuner. La condition principale pour la participation dans le projet de recherche de la part des 6 centres d’hébergement des CSSS de la Vieille-Capitale était de garder la routine habituelle du brossage dentaire, c’est-à-dire, le brossage une fois par jour, le matin, environ 30 à 60 minutes avant le déjeuner. Idéalement, il faut effectuer le brossage dentaire au moins 2 fois par jour : le matin après le déjeuner et le soir avant le coucher.

Pour ce qui est du manque de coopération de la part du personnel des centres d’hébergement, des dentistes ou des hygiénistes dentaires pourraient être recrutés pour le projet de recherche afin de s'assurer du brossage dentaire quotidien des participants.

Il serait également utile de calculer la fidélité au traitement en considérant non seulement la quantité des produits restants dans la seringue, mais aussi la quantité des ml utilisés ou non (dans le cas du manque de coopération) quotidiennement. Cette quantité serait notée dans un formulaire du participant. Cette modification peut être intéressante parce qu’une fois que le gel est déposé sur la brosse à dents, il ne peut pas être réinjecté dans la seringue du participant si ce dernier ne coopère pas.

Enfin, comme le CaF2 et le xylitol sont logés dans la plaque dentaire en plus grande concentration que dans la salive, le pH de la plaque pourrait être mesuré dans une prochaine étude dans le but d’observer le changement.

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