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La terre, grâce de Dieu et invitation à la reconnaissance Étude de Dt 26

Chapitre 4. Terre promise, terre donnée

2. La terre, grâce de Dieu et invitation à la reconnaissance Étude de Dt 26

2.1 Texte choisi

1. Et quand tu seras arrivé dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne en héritage, quand tu en auras pris possession et que tu y habiteras,

2. tu prendras une part des prémices de tous les fruits de ton sol, les fruits que tu auras tirés de ton pays, celui que le Seigneur ton Dieu te donne. Tu les mettras dans un panier et tu te ren- dras au lieu que le Seigneur ton Dieu aura choisi pour y faire demeurer son nom.

3. Tu iras trouver le prêtre qui sera en fonction ces jours-là, et tu lui diras : « Je déclare au- jourd’hui au Seigneur ton Dieu que je suis arrivé dans le pays que le Seigneur a juré à nos pères de nous donner ».

4. Et le prêtre recevra de ta main le panier et le déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu. 5. Alors, devant le Seigneur ton Dieu, tu prendras la parole : « Mon père était un araméen er-

rant. Il est descendu en Égypte où il a vécu en émigré avec le petit nombre de gens qui l’accompagnaient. Là, il était devenu une nation grande, puissante et nombreuse.

6. Mais les Égyptiens nous ont maltraités, ils nous ont mis dans la pauvreté, ils nous ont impo- sé une dure servitude.

7. Alors nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères et le seigneur a entendu notre voix ; il a vu que nous étions pauvres, malheureux, opprimés.

8. Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte par sa main forte et par bras étendu, par grande ter- reur, par des signes et des prodiges,

9. il nous a fait arriver en ce lieu et il nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel.

10. Et maintenant, voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donnée, Sei- gneur ». Tu les déposeras devant le Seigneur ton Dieu, tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu,

11. Et, pour tout le bonheur que le Seigneur ton Dieu t’a donné, à toi et à ta maison, tu seras dans la joie avec le lévite et l’émigré qui sont au milieu de toi.

12. La troisième année, l’année de la dîme, quand tu auras prélevé toute la dîme sur la totalité de ta récolte, quand tu l’auras donné au lévite, à l’émigré, à l’orphelin et à la veuve, et qu’ils auront mangé à satiété dans ta ville,

13. alors devant le Seigneur ton Dieu, tu diras: « J’ai ôté de la maison la part sacrée et je l’ai bien donnée au lévite, à l’émigré, à l’orphelin et à la veuve suivant tout le commandement que tu m’as donné sans transgresser ni oublier tes commandements,

14. je n’en ai pas mangé quand j’étais en deuil, je n’en ai rien ôté quand j’étais impur, je n’en ai rien donné à un mort. J’ai écouté la voix du Seigneur mon Dieu, j’ai agi suivant tout ce que tu m’as ordonné.

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15. Regarde du haut de ta demeure sainte, du haut du ciel, bénis Israël ton peuple et la terre que tu nous as donnée comme tu l’as juré à nos pères, ce pays ruisselant de lait et de miel ». 16. Aujourd’hui, le Seigneur ton Dieu t’ordonne de mettre en pratique ces lois et ces coutumes :

tu les observeras et les mettras en pratique de tout ton cœur, de tout ton être.

17. C’est le Seigneur qui t’a amené aujourd’hui à déclarer qu’il devient ton Dieu, et que tu sui- vras ses chemins, que tu garderas ses lois, ses commandements et ses coutumes, que tu écouteras sa voix.

18. Et le Seigneur t’a amené à déclarer que tu deviens le peuple qui est sa part personnelle, comme il te l’a promis et que tu garderas tous ses commandements,

19. qu’il te rendra supérieur, en honneur, en renommée et en splendeur, à toutes les nations qu’il a faites, que tu deviens ainsi un peuple saint pour le Seigneur ton Dieu comme il te l’a promis.

2.2 Contexte narratif

Le texte indique au peuple hébreu la destinée des fruits de la terre. Cette finalité des fruits est aussi indispensable de nos jours dans la société et, plus particulièrement, dans les com- munautés paroissiales. Ce texte se situe dans un vaste ensemble littéraire appelé Loi deuté- ronomique. Cet ensemble couvre Dt 12-26, qui comprend un ensemble de décrets et d’ordonnances formulés la plupart du temps à la deuxième personne du singulier. Son but essentiel est d’éduquer le peuple à être fidèle envers Yahvé. Son rôle est de montrer la con- duite à tenir dans le respect de l’alliance. Dt 26 renferme la loi du code deutéronomique, la cellule centrale de cette Loi étant les « dix Paroles » répertoriées deux fois dans la Torah227.

Nous pouvons distinguer cinq grandes parties de cette Loi deutéronomique: l’adoration de Yahvé, l’administration du pays, les règles familiales, les règles socio-cultuelles et cultu- relles et enfin, les documents rituels228. L’adoration du Seigneur (12,1-16,17) concerne tout

ce qui est lié au culte et à la manière d’être digne devant Lui. L’administration du pays (16,18-20,20) présente la manière de gouverner. Les règles familiales (21,1-23,1) s’intéressent à tout ce qui a trait à l’administration d’une bonne famille et les lois qui la réglementent. Les règles socio-cultuelles et culturelles (23,2-25,17) concernent toute la

227 A. Wénin, « Les nouvelles lectures synchroniques. Une chance pour le texte »?, dans ACFEB, Les nou-

velles voies de l’exégèse. En lisant le Cantique des Cantiques, (coll. Lectio Divina, n° 190), Paris, Cerf, 2002, p. 269.

228 J.-T. Lienhard, Ronnie J.-Rombs, Thomas C.-Oden, Exodus, Leviticus, Numbers, Deuteronomy, (coll.

réglementation de la société. Les documents rituels présentent les offrandes et les prémices (26).

En Dt 26, Moïse donne les recommandations au peuple lorsqu’il entrera et prendra posses- sion de la bonne terre où coulent le lait et le miel. La pointe du texte est donc le don de la terre et la présentation des prémices des fruits issus de cette terre (versets 9-10a). Par ail- leurs, il convient aussi de rappeler que la dîme, dont parle notre chapitre, est aussi explici- tée en Dt 14, 22-29.

2.2.1 Structure229

v. 1-4 : Introduction et préparation du don v. 5-7 : Situation historique du donateur v. 8-10 : Prise de conscience et don v.11-15 : Bienfaits du don

v. 16-19 : une forme de conclusion 2.2.2 Étude de l’intrigue

Selon Jan P. Fokkelman, « l’intrigue est le principe d’organisation le plus important du ré- cit. Elle donne au cours de l’action un début, un milieu et une fin230 ». Pour y parvenir, nous

nous inspirerons du schéma quinaire tel que le présentent D. Marguerat et Y. Bourquin. Selon eux, l’intrigue peut se construire en cinq étapes : la première, appelée situation ini- tiale, expose la situation vécue. La seconde est une étape de nouement ou complication qui présente une certaine problématique difficile à résoudre. La troisième est l’action transfor- matrice par laquelle s’ébauche une tentative de résolution de la problématique; c’est une action pivot. La quatrième étape est le dénouement ou phase de présentation de l’action transformatrice. Enfin, la situation finale est une forme d’épilogue231. Ces étapes nous pré-

229 Structure que je propose personnellement.

230 J.- P. Fokkelman, Comment lire le récit biblique, p. 81.

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sentent « l’agencement ordonné des événements232 ». C’est donc à partir de ce schéma que

nous avons compris l’intrigue des versets 5-10 dans le récit qui relate la servitude en Égypte, le don de la terre et les prémices.

Situation initiale (v.5a) : Brève exposition de la situation233

Il s’agit de la situation de départ qui relate le récit d’un homme sans terre. Phase de complication (v.5b-7) : Descente en Égypte

Il s’agit d’une véritable complexification234. Le nouement débute quand l’homme sans terre

arrive en pays étranger. Il descend avec un petit nombre d’hommes en Égypte et y séjourne. L’homme sans terre est donc un immigré, un étranger235 en Égypte.

Sa descendance est maltraitée et subit une rude et sévère servitude. Une solution s’impose. Il lui faut demander de l’aide, et le secours ne peut venir que de Yahvé.

Cet appel est le cri du peuple vers Yahvé. Le peuple hébreu prend conscience de son état d’infériorité vis-à-vis des Égyptiens. Yahvé a entendu leur cri236. Il a même vu leur état

d’âme : une anxiété mêlée de peur, un état de dépression et d’oppression. Action transformatrice (v.8) : Réaction prompte de Yahvé

Yahvé libère le peuple, le fait sortir d’Égypte. Non seulement agit-il, mais à « main forte et à bras étendu ». Yahvé est tout-puissant. Le narrateur présente Yahvé comme un Dieu libé-

232 J.-L. Ska, J.-P. Sonnet et A. Wénin, L’analyse narrative des récits de l’Ancien Testament, Paris, Cerf,

1999, p. 24.

233 Voir Syllabus du professeur A. Wénin sur l’analyse narrative des récits bibliques. Cours dispensés durant

l’année académique 2006-2007.

234 A. Wénin décrit l’étape de complication comme une étape de complexification du problème avant sa solu-

tion.

235 A. Wénin, L’homme biblique…, p. 143.

236 On peut aussi entendre par leur cri, leur voix. Le cri est assimilé à la voix, aux paroles prononcées. C’est

rateur, un Dieu plein de bonté. C’est sans doute en ce sens que cette phase d’action trans- formatrice peut aussi être qualifiée de phase pivot237.

Dénouement(v.9) : Don de la terre par Yahvé

Au départ, il n’y avait pas de terre, mais à la fin, après l’action libératrice de Yahvé (action transformatrice), le peuple possède une terre où coulent le lait et le miel. Ce qui est à re- marquer, c’est que le père araméen n’a pas eu de terre : c’est sa descendance qui possédera la terre.

Situation finale (v.10) : Don des prémices

Après avoir possédé la terre, après l’avoir cultivée, que faut-il faire avec les fruits ? Appor- ter les prémices de tout fruit de la terre à Yahvé. Voilà l’épilogue238.

2.3 Essai de lecture V. 1 : Préambule

Ce verset d’introduction joue un rôle capital par sa clarté et sa spécificité : il indique clai- rement qu’on ne parlera des prémices que lorsque le peuple sera entré dans le pays que Yahvé lui donne, et surtout lorsqu’il l’aura conquis. Ce qui veut donc dire que c’est à partir de l’installation dans la terre que le peuple hébreu pensera à ce don des prémices239.

V. 2-5a : La gestuelle

Moïse indique que les prémices de tout fruit de la terre doivent être mises dans une cor- beille remise au prêtre qui la déposera devant l’autel. Il s’agit de la première phase des pré- paratifs. Dès que le peuple entre dans la terre promise, il a le devoir de la mettre en va-

237 A. Gignac, « Lorsque Paul « raconte » Abraham, Agar et l’autre femme. Narrativité et intertextualité en

Ga 4, 21-5,1 » dans C. Focant et A. Wénin (dir.), Analyse narrative et Bible, Louvain, Leuven University Press, 2005, p. 470.

238 Le professeur A. Wénin utilise ce terme d’épilogue dans son syllabus sur l’analyse narrative des récits

bibliques, comme la dernière étape qui mène au retour final et au calme. Je peux ajouter que cet acte traduit l’apaisement d’esprit et la fin de résolution des tensions ou de la crise.

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leur240. C’est donc non seulement un appel à une économie familiale, mais aussi à l’auto-

développement. On est encore en présence d’un contexte social rural purement agricole. Après cela, le peuple récoltera les premiers fruits et les remettra à Yahvé par l’intermédiaire du prêtre. L’activité agricole nécessite un effort : « le fruit de la terre que tu auras fait pous- ser de ta terre ». Ainsi, la terre habitée, possédée, nécessite aussi une exploitation : on ne peut pas entrer, habiter et posséder la terre sans l’exploiter. La terre est une richesse. Le verset 2 rassure le peuple quant au résultat du travail, lequel ne sera pas vain.

Ensuite, le peuple doit offrir à Dieu les prémices de tous les fruits, censés être les meilleurs puisqu’on est au début de la récolte. Moïse explique la marche à suivre pour la remise de ce don. Il s’agit de mettre les fruits dans un panier, de se rendre au lieu choisi par Yahvé, d’y rencontrer le prêtre, de déclarer à Yahvé qu’on est effectivement entré dans la terre, de re- mettre la corbeille au prêtre, de la déposer devant l’autel, puis de reprendre encore la pa- role. Tel est le déroulement de l’action de grâce. Il s’agit d’une célébration cultuelle et ri- tuelle.

L’Israélite doit passer par l’intermédiaire du prêtre chargé de recevoir le don (v. 3)241. Le

prêtre, apparemment silencieux, écoute la déclaration de l’offrant, prend la corbeille et la dépose devant Yahvé. Il représente concrètement tout Israélite qui n’a pas de terre242. Cette

affirmation pour moi est une information implicite du milieu socio-culturel du peuple à l’époque même si on pourrait croire que cette information provient hors de ce passage. Le prêtre ici a un rôle pratique243 : c’est à lui qu’est destiné le panier qu’il doit ramasser244.

Toujours dans cette relation prêtre-offrant, nous constatons que la déclaration prononcée montre qu’en effet, c’est à partir du jour où on remet l’offrande des prémices qu’on est con- sidéré comme entré dans la terre. C’est par ce geste que l’Israélite reconnaît « officielle- ment » qu’il a reçu le don de la terre promise. P. Buis écrit : « L’offrande annuelle actualise

240 S. Bendor, The social structure in ancient Israel…, p. 1.

241 P. Buis et J. Leclercq, Le Deutéronome, Paris, Gabalda et cie, 1963, p. 167. 242 A. Wénin, L’homme biblique…, p. 204-205.

243 Je voudrais ici signifier qu’il n’y a pas de contradiction entre la portée symbolique soulignée d’abord et

l’affirmation du rôle purement pratique du prêtre. Son rôle pratique se comprend dans le sens de l’intervention dans la scène de remise du don.

tout au long des âges et pour chaque membre du peuple de Dieu, la prise de possession du pays accomplie autrefois par tout le peuple 245». On peut aussi parler d’une confession de

foi. « The Israelite, bringing with him his first-fruits in a basket (which the priest will re- ceive from his hands and present formally at the altar), is to make a solemn confession of Jehovah’s bounty and faithfulness as manifested in His dealings with his nation, and in grateful acknowledgement of His goodness to offer to Him the first-fruits of the soil which He has given him to possess246. »

D’autre part, l’Israélite est lié à Yahvé, à sa terre et au lieu où il choisit de faire demeurer son nom. C’est la raison pour laquelle, au verset 2, Moïse parle premièrement de « la terre » en tant que adamah, c’est-à-dire le sol, et ensuite de « ta terre » en tant que mearçeka247,

c'est-à-dire le pays. Par l’usage de ces deux mots, l’auteur entend faire remarquer le lien vital de la terre en tant que matière formatrice de l’homme et cette même terre (sol ou pays) qu’il donne au peuple. On peut remarquer qu’adamah est le sol cultivable que l’homme travaille pour qu’il produise et qu’èrèç désigne souvent le pays ou la terre. Au verset 1, Moïse parle de terre comme pays que Yahvé donne en héritage ou comme patrimoine alors qu’au verset 2, il s’agit du sol. On comprend donc qu’au verset 2, il s’agit du sol de la terre ou du sol du pays qui est le patrimoine de l’Israélite, sa terre par laquelle il s’identifie. L’homme est la terre. La terre, c’est Dieu.

Une autre expression utilisée qui mérite notre attention est « Yahvé ton Dieu ». Cette ex- pression souligne le lien entre le peuple et Dieu. Si Yahvé est son Dieu, alors Israël est ef- fectivement le peuple de Dieu, ce qui explique pourquoi Yahvé lui donne une terre en héritage. En définitive, la lecture rapprochée de ce texte montre le souci de rappeler l’alliance entre Yahvé et son peuple, le lien entre Yahvé et la terre ; un lien familial indis- sociable. La terre est un lien indissociable de l’homme hébreu.

V. 5b-9 : Deuxième déclaration du peuple devant Yahvé

245 Ibid.

246 S.-R. Driver, Deuteronomy…, p. 288. 247 R.-D. Nelson, Deuteronomy…, p. 307.

99 v. 5b : Historique de l’ancêtre

Le texte commence par nous parler du père, de l’ancêtre. Il est probable que ce soit une référence à Jacob. Toute l’information se réduit au fait qu’il est « araméen errant ». Par rapport à celui qui parle, le qualificatif "errant" exprime le fait que le père n’avait pas de terre alors que le peuple en a maintenant une. La situation d’errance exprime le statut social de l’araméen dépourvu, pauvre, sans statut, voire sans défense. Il peut s’égarer, même être tué, car il se trouve sans protection ni défense248. « The very term “stranger” is a rather

ominous one and the word “alien” tends to create resistance, repugnance, or hostility. The stranger is the outsider who is not known and precisely because unknown, threatening and certainly without claim upon another in the way that sister and friend have and make claims249. »

La terre est une retrouvaille de l’identité égarée. Elle est en même temps un sujet de souve- nir du passé et de reconnaissance ou remerciement pour le changement de statut social. V. 6-7 : Situation d’oppression et de désespoir

Ces deux versets décrivent la période de souffrance et d’esclavage que le peuple a connue. La libération du peuple sous le commandement de Moïse est mise en relief par une accumulation de mots exprimant l’asservissement. Le travail imposé aux Hébreux comme une corvée humiliante est essentiellement un travail de brique- tier : ce n’est pas très lourd, mais très fastidieux. On sait que Ramsès II fut un grand bâtisseur, plus préoccupé de maintenir l’ordre dans son pays que d’aller guerroyer à l’extérieur pour augmenter les territoires de son empire […]. Sans doute, les Hébreux ont dû subir d’autres humiliations et vexations diverses250.

V. 8 et 9 : Réponse positive de Yahvé

248 Francis Brown, Samuel Rolles Driver et Charles Augustus Briggs, The new Brown Driver Briggs Genesius

Hebrew-English Lexicon of the Old Testament. With an appendix containing the biblical Aramaïc, Peabody, Hendrickson Publishers, 2000, p. 1.

249 Patrick D. Miller, Israelite religion and Biblical theology. Collected essays, Sheffield, Sheffield Academic

Press, 2000, p. 548.

En réponse au cri des Israélites, Yahvé fait sortir le peuple d’Égypte à main forte et il le fait entrer dans la terre. Bien que le texte ne parle que de « main forte », l’expression « main forte », qui fait aussi penser à l’expression « main faible », traduit la différence entre l’homme et Yahvé, ou encore l’infériorité des Égyptiens vis-à-vis de Yahvé.

V. 10-11 : Raison de l’apport des prémices et conclusion rituelle

Après être entrés en terre promise, là où coulent le lait et le miel, les membres du peuple apporteront les prémices de tout fruit de la terre et les déposeront en face de Yahvé tout en se prosternant. Cet acte se prolonge dans la joie et le bonheur jusque dans la maison en compagnie des étrangers. L’idée générale du passage est la prise de conscience de la déli- vrance par Dieu et le remerciement à travers le signe de l’offrande. Par ricochet, la terre est l’objet de prise de conscience et d’action de grâce à Dieu.

V. 12-13 : Deuxième suite du texte de la loi

Ces versets évoquent la dîme de la troisième année. Après les récoltes, il faut prélever un