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Chapitre 2. Un parcours de recherche à l’écoute des paroissiens et de la Parole de Dieu

6. Procédures et déroulement de l’enquête

Dans cette partie, j’expliquerai la manière dont l’enquête de terrain s’est déroulée. J’exposerai la manière dont les participants ont été choisis et le déroulement des ateliers bibliques.

J’ai ainsi procédé à six séances d’ateliers bibliques sur le thème de la terre. Plusieurs lettres d’annonce (voir l’Annexe 4) ont été fournies à la paroisse deux mois avant l’enquête afin de donner le libre choix aux participants de se porter volontaire. L’annonce a été affichée et lue au temple les deux derniers dimanches qui précédaient les ateliers bibliques afin de sus- citer des volontaires. La lettre d'annonce indiquait le numéro de téléphone d’une tierce per- sonne à contacter, mon numéro de téléphone personnel de Belgique, celui du Cameroun, ainsi que mon adresse électronique. Ces informations ont permis aux volontaires de me

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contacter personnellement en cas de nécessité. Tout a été confidentiel, libre et sans con- trainte.

Parmi les douze participants retenus, on retrouvait huit femmes, deux hommes et deux jeunes. Cette composition reflétait le fait que les femmes sont les plus nombreuses et les plus engagées dans la paroisse à toutes les instances. Les hommes et les jeunes, bien que minoritaires, ne manifestent pas un grand intérêt pour la vie de la paroisse.

Ces douze personnes ont participé à toutes les séances d’ateliers bibliques, en deux groupes de six personnes. Les séances d’ateliers d’études bibliques se sont déroulées du 21 no- vembre au 6 décembre 2013, aux jours et heures ci-après :

– 21 novembre 2013 de 15h à 16h – 23 novembre 2013 de 15h à 16h – 25 novembre 2013 de 15h à 16h – 28 novembre 2013 de 15h à 16h – 03 décembre 2013 de 15h à 16h – 06 décembre 2013 de 15h à 16h

Elles ont porté sur sept textes bibliques dont trois textes dans l’Ancien Testament et quatre dans le Nouveau Testament à savoir Dt 8,1-20, Dt 26, Dt 28,1-20, Matt 13,1-50, Luc 16,1- 13, Ac 2,42-47 et Ac 4,32-37. Les textes ont été pris dans la version TOB qui est acceptée par plusieurs confessions chrétiennes.

Chaque rencontre commençait à 15h et se terminait à 16h, afin de permettre aux partici- pants habitant loin d’assister et de rentrer avant la tombée de la nuit. À la fin de chaque séance, tous les participants convenaient à l’unanimité du prochain jour de rencontre. Il y avait deux séances par semaine afin de permettre aux participants de vaquer à leurs occupa- tions quotidiennes. Il fallait également s’assurer, au plan de la sécurité, que des rumeurs ou des murmures ne circulent pas parmi les autres paroissiens ou les paroisses environnantes. Rien ne pouvait se faire à l’avance car il y avait des priorités dans les semaines : jour de deuil où les participants ne pouvaient pas se déplacer ; jour de chefferie où les participants

se rendaient à la cour royale ; jour de marché où les participants allaient au marché. C’est en fonction de tous ces éléments que les prochaines séances furent choisies. Nous rappelons aussi que le calendrier traditionnel du village prévoit huit jours de la semaine au lieu de sept. C’est la raison pour laquelle j’ai passé plus de temps que prévu au Cameroun.

Les rencontres ont eu lieu au domicile d’une paroissienne voisine de l’Église. Au départ, je préconisais de faire toutes les séances dans la salle paroissiale, mais à mon arrivée, plu- sieurs participantes qui avaient volontairement accepté de participer m’ont appelé pour me dire que si je voulais qu’elles parlent sans peur, il faudrait choisir un lieu neutre, hors de la paroisse. Après des renseignements pris individuellement auprès de tous les participants, j’ai été surpris que tous fussent d’accord que les séances d’ateliers d’études bibliques se déroulent hors de la paroisse. En fait, tous me posaient la question du lieu et préféraient que ce soit hors du territoire ecclésiastique. J’ai proposé à une des paroissiennes d’accueillir les groupes pour la première séance. Elle a accepté. Il s’agissait d’une vaste salle construite pour le séchage du café, située à 500 mètres de la paroisse. Toutes les séances ont finale- ment eu lieu là. Cet enjeu du lieu de rencontre était déjà parlant des difficultés vécues dans la paroisse dès que la question de la terre est évoquée.

Chaque rencontre se déroulait de la manière suivante. a) Accueil et installation des participants

Je me chargeais d’arriver trente minutes avant chaque rencontre pour préparer la salle avec notre hôtesse. Il fallait réorganiser la disposition des chaises en cercle afin de permettre aux participants de se voir l’un l’autre. Par la suite, je plaçais de l’eau à boire, des boissons ga- zeuses et un peu de cacahuètes sur les guéridons. L’hôtesse m’avait averti qu’il faudrait un peu d’apéritif afin de susciter le désir de participation.

b) Chant d’entrée par une participante

Il s’agissait d’un court cantique de louange chanté, bien connu des participants. Pour ne pas perdre de temps, on ne chantait qu’un refrain, et parfois une strophe.

61 c) Prière à tour de rôle par chaque participant

Les participants avaient préconisé que chacun prie de trente secondes à une minute lors de chaque séance afin de remettre la rencontre entre les mains du Seigneur. J’avais pensé que je devrais conduire la prière, mais compte tenu du caractère sérieux de ces séances bi- bliques axées sur la situation de crise de la paroisse, il a été décidé que chacun prie.

d) Choix des textes bibliques à étudier pour la séance

Parmi les textes proposés, deux à trois textes étaient choisis, parfois l’ensemble. Rien n’était imposé à l’avance. J’avais fait parvenir les textes bibliques un mois à l’avance par les annonces ; je me suis aperçu que les participants volontaires avaient ensuite préparé individuellement les textes. Ceci se ressentait par la manière dont ils intervenaient de ma- nière pointue. Néanmoins, je proposais trois petites questions sur les terres pour susciter le partage :

– Quel rapport entretenez-vous avec vos terres ? – Que pensez-vous de vos expériences sur les terres ?

– Comment vous situez-vous par rapport au texte qui vous est proposé sur le thème de la terre ou sur un autre texte que vous pourriez proposer sur la terre ?

e) Lecture silencieuse par chaque participant

Il s’agissait de laisser chaque participant intérioriser le texte même s’il avait déjà été lu plu- sieurs fois ou s’il était très connu.

f) Partage en deux groupes de six personnes

Chaque groupe se retrouvait dans un coin de la salle et réfléchissait calmement sur leur manière de comprendre les textes bibliques. Je passais dans chaque groupe pour animer et voir s’il n’y avait pas de digression.

g) Partage d’ensemble par tous les groupes

En plénière, chaque groupe disait ce que les participants comprenaient des textes et de leur application dans la paroisse. L’ensemble de ce que les participants disaient était enregistré. h) Petit repas offert par la famille d’accueil

Avec la famille d’accueil, j’ai dû chaque fois organiser un petit repas traditionnel non seu- lement pour encourager les participants à revenir, mais aussi parce qu’ils avaient passé leur après-midi hors de leur domicile. Certains devaient parcourir des kilomètres à pied avant de prendre un taxi. Lors de ce repas, l’argent du taxi était distribué à tous les participants. i) Prière finale

Je conduisais la prière finale à la demande des participants, qui sollicitaient une bénédiction supplémentaire.

j) Choix du jour de la prochaine séance

Le choix de la prochaine rencontre était fait à l’unanimité, et l’au-revoir s’ensuivait. * * *

Comme nous le verrons dans le prochain chapitre, le recours à l’analyse socio-littéraire pour analyser les résultats des ateliers ouvre des perspectives intéressantes. Ainsi, cette mé- thode permet de voir si les participants aux ateliers décèlent la voix narrative, s’ils s’identifient à des personnages bibliques et s’ils en viennent à actualiser le message bi- blique dans leur propre milieu de vie. Cette méthode est en soi un outil prometteur pour les théologiens qui voudraient être de véritables acteurs et praticiens auprès de populations vivant dans la précarité.

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