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Technique de la numérisation et les opérations complémentaires

Partie I- La notion de l’écrit face à l’avènement des nouvelles technologies de

Section 1 : Aspects techniques de l’archivage

III- Technique de la numérisation et les opérations complémentaires

[281] Tout d’abord, il y a lieu de noter que l’opération de numérisation a fait l’objet d’une large analyse plus haut dans ce travail352, par conséquent nous nous attarderons principalement sur les opérations complémentaires à la numérisation à savoir la compression, le chiffrement et la conversion en mode texte. Il est nécessaire de souligner que la technique de la numérisation ne constitue pas en tant que tel une opération spécialement destinée à l’archivage. La numérisation permet uniquement de convertir de l’information originellement sous une forme analogique (donc directement intelligible ou presque) vers un format numérique à partir duquel l’information ainsi numérisée pourra faire l’objet d’une vaste gamme d’opérations dont notamment le classement, la transmission et évidemment le stockage. Ainsi, la numérisation est bien plus qu’une technique d’archivage bien qu’elle favorise et facilite considérablement le processus et les conditions de stockage de l’information.

352 Pour plus de précisions sur la technique de numérisation, se référer au paragraphe II « Avènement du

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[282] D’autre part, il est important de rappeler que l’information ainsi numérisée doit être consignée sur un support inaltérable lors du processus de saisie numérique353. Afin de réaliser cette opération, un certain nombre de supports peuvent être utilisés, à commencer par le CD-Rom (Compact Disk- Read only memory). Le CD-Rom permet une inscription indélébile des données sur la couche externe de ce support. Suivant le type de couche du CD-Rom354, celui-ci peut avoir une durée de vie variant entre 50 et 75 ans. Du fait de sa durée de vie relativement longue ainsi que son absence d’encombrement, le CD-Rom représente un support tout à fait approprié à des fins d’archivage. Cependant, le CD-Rom n’est pas sans soulever diverses contraintes pratiques. En effet, il a certes une capacité de stockage considérable correspondant à plus de 600 megs soit l’équivalent d’environ 20 000 pages, toutefois, l’inscription de l’information sur ce genre de disque doit se faire en une seule opération. Autrement dit, ce type de disque ne permet pas d’inscrire des données de façon ponctuelle c’est à dire au gré des besoins d’archivage. Ensuite, l’autre contrainte posée par le CD-Rom réside dans l’étape préalable à l’inscription sur le disque. En effet, Benoît Trotier explique que « l’inscription sur CD-Rom nécessite un formatage des fichiers contenant l’information

à inscrire, selon la norme ISO 9660, processus qui demande un certain temps avant d’entreprendre les opérations de gravage »355. Il existe cependant une solution afin de

résoudre ces inconvénients du CD-Rom. Cette solution suppose l’utilisation d’un autre support permettant quant à lui d’inscrire de manière ponctuelle des informations en vue de les stocker. Il s’agit du WORM (Write Once Read Many), disposant certes d’une durée de vie sensiblement inférieure356 au CD-Rom mais qui constitue un support approprié d’archivage provisoire de l’information en vue d’une éventuelle retranscription sur CD-Rom.

[283] Les développements qui vont suivre seront axés d’une part sur trois opérations complémentaires à la numérisation (compression, chiffrement et conversion

353 B. TROTIER, loc. cit., note 327, p.783.

354 En effet, un CD-Rom peut être fabriqué à partir d’une couche d’argent ou d’une couche d’or. Voir :

Jean-Louis HOENEN et Guy BOUCHON, Panorama des technologies d’archivage optique : DON, CD-

Rom, vidéodisque, vol. 4, Collection Informatique et Santé, Nouvelles technologies et traitement de

l’information, 1991.

355 B. TROTIER, loc. cit., note 327, p.783.

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en mode texte) (A) et d’autre part sur la méthode de gestion des informations numérisées ; communément appelée la gestion électronique des documents (GED).

A- Bref aperçu de chacune de ses opérations 1- Compression

[284] L’objectif recherché par l’opération de compression est de réduire le volume du document en remplaçant des « sous-ensembles de données issues de la numérisation par des codes (plus courts) visant à supprimer au maximum la redondance des données codées »357. L’information est compressée par le biais d’un algorithme de compression,

et comme le souligne Dominique Ponsot358, il existe pour chaque algorithme de compression un algorithme de décompression afin qu’à tout moment il soit possible de recouvrer l’information dans son état initial.

2- Chiffrement

[285] Le chiffrement (ou cryptographie), bien qu’étant une technique facultative, est souvent utilisée par mesure de sécurité. Cette technique sert à transformer des signaux ou des messages clairs et intelligibles en un ensemble illisible pour les tiers. Au même titre que la compression, il existe une opération inverse le décryptage permettant de rendre intelligible un message crypté359. Notons qu’il est tout à fait concevable d’imaginer l’utilisation de la technique de chiffrement afin de protéger le contenu des documents ayant fait l’objet d’archivage.

3- Conversion en mode texte

357 D. PONSOT, loc. cit., note 43, p.10. 358 Idem.

359 P. TRUDEL et al., Le droit du cyberespace, op. cit., note 12, p. 3-66. Voir également : Loi sur la

réglementation des télécommunications, Assemblée Nationale française, adoptée le 29 décembre 1990, article 28.

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[286] La conversion en mode texte est une opération consistant à convertir en mode texte des informations étant en mode image. Cette conversion a pour intérêt de diminuer le volume d’informations gérées car elle permet d’associer à chaque caractère alphanumérique un code spécifique ou un symbole et permet donc d’éviter de décomposer en pixels la représentation graphique de chacun des caractères. Cette technique est largement utilisée au sein de la communauté informatique, d’autant plus que désormais les programmes informatiques peuvent être rédigés par le biais d’éditeurs de textes relativement performants. Selon Jean-François Blanchette, « si le format ne

permet pas de jouir d’aides visuelles comme le changement de polices ou de style au sein d’un document, ces éditeurs étagent les lignes et colorent les mots-clés d’un programme, de façon à le rendre plus facilement intelligible. Dans ce cas particulièrement, le texte devient véritablement fonction de l’interaction dynamique entre logiciel de lecture et fichier »360 (nos soulignés).

B- La gestion électronique de documents (GED)

[287] Une fois numérisée, l’information fait l’objet en principe d’une double opération, l’adressage et l’indexation. L’adressage a pour finalité de repérer physiquement le document sur le support où il a été consigné. L’indexation quant à elle a pour objectif d’identifier le document, de permettre de le rechercher et de le classer. Le concept de gestion électronique de documents doit être appréhendé de manière globale comme un procédé de traitement complet de l’information numérisée. La GED joue un rôle primordial tant pour la gestion des documents dits primaires361 que pour la gestion des bases de données. Bien que s’intégrant dans un processus global de gestion de l’information, la GED peut également répondre de manière adéquate à des besoins d’archivage, en particulier les archives qui nécessitent d’être fréquemment consultées de

360 J.-F. BLANCHETTE, loc. cit., note 303, p. 9.

361 On entend par gestion des documents primaires la gestion des documents venant juste d’être traités et

exploités. Ces documents perdent leur caractère primaire dès lors qu’ils sont intégrés dans un ensemble structuré tel qu’une base de données.

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façon sélective. L’utilisation de la GED en matière d’archivage peut être schématisée comme suit :

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S a is ie In d e x a tio n S a is ie C o m p re s s io n a a S to c k a g e S to c k a g e D é c o m p re s s io n c R e c h e rc h e

V is u a lis a tio n c S é le c tio n

b b

C o n s u lta tio n c C o n s u lta tio n

b b É d itio n É d itio n b T ra n s m is s io n T ra n s m is s io n U tilis a te u rs D O C U M E N T S P R IM A IR E S B A S E S D E D O N N É E S

Figure 3 : Fonctionnement d’un système de G.E.D. : Phase d’archivage362

L é g e n d e :

a : p a g e s d e d o c u m e n t s p r im a ir e s a n a ly s é e s p a r u n n u m é r is e u r o p t iq u e , s t o c k é e s n u m é r iq u e m e n t d a n s u n e b a s e d e d o n n é e s

b : R e c h e r c h e s p a r l’u t ilis a t e u r d a n s la b a s e d e d o n n é e s ; v is u a lis a t io n s u r l’é c r a n d e la lis t e d e s r é s u lt a t s

c : C o n s u lt a t io n e t é d it io n d e s d o c u m e n t s s é le c t io n n é s

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[288] Ayant parcouru les diverses possibilités techniques afin d’archiver un document, il nous reste à établir un bilan global de la technique archivage jugée de plus en plus comme une activité capital pour le développement de la société de l’information.

Sous-section 2 : Bilan des techniques d’archivage

[289] Qu’il s’agisse de la micrographie ou encore des procédés liés à la numérisation, ces deux techniques d’archivage soulèvent un certain nombre de défis notamment en matière de sécurité et de standardisation.