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Tagore, Mussolini, et les cercles indianistes

Chapitre II. Relations culturelles et propagande : Tucci, Tagore, Gandhi et Bose.Tucci, Tagore, Gandhi et Bose

3. Tagore, Mussolini, et les cercles indianistes

La visite de Tagore en 1925 marqua le début du développement des relations culturelles entre les deux pays, favorisée par une coopération étroite en matière culturelle : séminaires universitaires, conférences et échanges

d’étudiants et de professeurs. Rabindranath Tagore considérait l’Italie comme

un partenaire de premier plan502et souhaitait le développement d’échanges entre

les deux cultures. Pour le gouvernement italien, la visite de Tagore qui se terminait par une déclaration dans la presse britannique fut considérée comme

une trahison envers l’Italie. Tout d’abord adulé par l’Italie, Rabindranath Tagore

se rendit compte du contrôle social et politique qui régnait dans le pays, et il comprit que ses paroles de bengali en italien avaient été fort mal traduites, dans la presse fasciste. Il semblerait que tout ait été fait pour rapprocher l’homme de

lettres et le Duce. Il fut de nouveau convié dans le pays. Bien que ses proches

l'aient mis en garde des lourdes connotations idéologiques d’un tel séjour,

Tagore accepta cette invitation503. Romain Rolland appréciait peu le

développement de liens entre un homme comme Tagore et les envoyés d’Italie,

Carlo Formichi et Giuseppe Tucci qui se faisaient passer pour antifascistes et

suggéraient au poète de voir l'Italie de ses propres yeux, sachant que lors d’une

visite officielle, le parcours est tracé d’avance504.

502 Ibid. KUNDU, Kalyan, Mussolini and Tagore ,

503Romain Rolland (1866-1944), écrivain français, avait une culture musicale très marquée. Passionné d'opéra, il était attaché aux valeurs de paix et d'amitié entre les peuples. Il épousa en premières noces Clotilde Bréal, la fille du sanscritiste Michel Bréal. Sincèrement pacifiste et épris de justice sociale, il était proche de Léon Tolstoï, d'Henri Barbusse, qui fit plusieurs voyages en Union soviétique, dont il se sépara sur la question du communisme, de Tagore et de Gandhi et fut influencé par les maîtres de l'Inde Ramakrishna et Vivekananda. Dans les années vingt, il pensait que l'Union soviétique était susceptible de régler la question sociale. Mais, il n'envisageait pas cela sans la voie spirituelle. ROUDIL, Roland, 2011. Romain Rolland et

l’URSS Ś engagement politique et vision cosmique dans L’Annonciatrice, Itinéraires [En ligne], disponible sur le site

http://itineraires.revues.org/1433 2011-4 | 2011, consulté le 13 août 2016.

504SALVEMINI, Gaetano, Tagore e Mussolini, in Esperienze e studi socialisti in onore di U.G. Mondolfo, Firenze, La Nuova Italia, 1957, p. 191-206. cité par Di GIOVANNI. Antonino, 2012. Giuseppe Tucci, l'IsMEO e gli orientalismi nella politica estera del fascismo, Annali della facoltà di Scienze della formazione, Università degli studi di Catania, 11, p. 76.

Selon Romain Rolland, Tagore avait été :

« ...circonvenu par deux hommes qu'il avait en haute estime et dont l'un au moins était un ami de longue date : le grand indianiste professeur Formichi, le principal représentant du Bouddhisme en Occident, et le professeur Tucci,

[...] autorité mondiale en sanscrit, tibétain et chinois. […]Tous deux, venus à

Santiniketan pour y professer, sont arrivés non seulement porteurs d'un message, non seulement flatteur, mais remarquablement intelligent, de Mussolini qui célébrait les idées de Tagore, qui accréditait les deux savants auprès de lui, au nom du gouvernement italien [...]. Ce n'est pas tout, pendant un an, Formichi et Tucci ont travaillé le milieu du Bengale, en faveur de l'Italie fasciste.[...], et son projet était de débarquer à Marseille...[...] A l'époque prévue, plus qu' une place libre sur un bateau italien, que Formichi et Tucci mettaient à sa disposition. Jusqu'à la veille du départ, Tagore a hésité. Quand il s'est décidé, il n'était pas question qu'il fût l'hôte en Italie du gouvernement.Les deux compères se dérobaient à ses questions, lui assuraient toute indépendance. Seulement au lendemain du débarquement, il a reçu l'invitation de Mussolini. Il était trop tard pour protester. […] Ce dont vous ne pouvez avoir une idée, c'est de l'habileté, de la rouerie de Mussolini. Jugez-en par ce seul trait : que Tagore lui a dit qu'il était deux choses qu'il ne pouvait admettre en un gouvernement : c'était la violence exercée sur les consciences, et c'était le mensonge. Et que Mussolini a répondu qu'il partageait sa façon de penser.[...] Au reste, pendant les 3 semaines de séjour en Italie, Tagore n'a vu et entendu que des intellectuels, bourgeois, gens de toute condition, chantant les éloges du fascisme, l'ordre, la paix publique, le bon état des affaires. Et je répète que Croce n'a pas soufflé mot du contraire. […] C'est Tagore qui malgré la mauvaise volonté de Mussolini et l'opposition absolue de Formichi, son cicerone et gardien acharné a déclaré à Mussolini qu'il ne s'en irait pas d'Italie sans avoir vu Croce, car Croce a-t-il dit était pour lui et pour ses compatriotes indiens, la plus haute autorité morale. Mussolini, contraint, forcé, a chargé Formichi de mander Croce, […] qui était aux environs de Naples et le ramena dans la nuit suivante... »”505.

Ce séjour suscita la consternation parmi les cercles pacifistes et antifascistes. Rabindranath Tagore fut sensible au charisme de Benito Mussolini, qu'il avait rencontré à deux reprises. Une fois en Suisse, Rabindranath Tagore vit son ami Romain Rolland, Georges Duhamel, et Giacinta Salvadori, épouse

de l’historien Giacomo Salvadori.

Suite à cela, le poète rédigea une condamnation sans équivoques de

l’Italie fasciste506.

« …Mon âme est déchirée. J’éprouve amour et gratitude pour le peuple d’Italie. Je suis extrêmement sensible à l’admiration sans bornes manifestée à mon égard, sentiment si généreux. Par ailleurs, cette Italie révélée dans le fascisme s’aliène d’elle-même de l’image idéale de ce grand pays cher à mon cœur… ».

Dans l’article « Italy clothed in quenchless light »507, paru dans La Tribuna, le 2

juin 1926, accompagné d’un autographe du poète, il était écrit que le renouveau de la nation italienne ne naîtrait que du sacrifice suprême, d’un processus de

purification, « le baptême du feu de l’Histoire ». Stefano Beggiora a rappelé que Rabindranath Tagore, considérait la violence comme opposée au concept de culture. La lettre de Tagore à C. F. Andrews, une fois connue des fascistes italiens provoqua de vives réactions, comme en témoigne un article du journal Assalto,

publié le 28 août 1926.

« … Ce Tagore, venu deux fois en Italie, nous a infligé ses élucubrations

vraiment pesantes […Il…] n’est qu’un vieil acteur digne de notre plus

profond mépris...Il est à la solde de plusieurs gouvernements. On le paie tant à chaque conférence. Cet individu vicieux, calomniateur, aussi mielleux que ses vers et ses poèmes, est venu en Italie, comme il était invité, payé et soutenu par le gouvernement. Il a exalté notre pays, glorifié le fascisme, et chanté les louanges du Duce. Une fois la frontière franchie, ce vieillard à l’âme infâme, qui impressionnait les foules avec sa longue tunique noire et sa barbe blanche, a parlé dans le dos de la nation, du fascisme et de son grand leader, infiniment plus grand que lui. Il s’est à peu près comporté comme les

prostituées qui jurent toujours à leur dernier client qu’elles sont amoureuses

de lui. Aujourd’hui, nous clamons que nous n’aimons pas Tagore comme

506“…My mind is passing through a conflict. I have my love and gratitude for the people of

Italy. I deeply appreciate their feeling of admiration for me, which is so genuine and generous. On the other hand, Italy revealed in Fascism alienates itself from the ideal picture of that great

country which I should love to cherish my heart…” Op. Cit. KUNDU, Kalyan, Mussolini and Tagore , [en ligne] disponible sur le site

http://www.parabaas.com/rabindranath/articles/pKalyan.html, consulté le 10 juin 2015. PRAYER, Mario et ASMAE, Archivio scuole, b. 667, cité par CASOLARI, Marzia, In the shade of the swastika, Early contacts between the Fascist regime and the early intellectuals. p..30.

507 « …L’Italie, vêtue d’une voile de lumière éternel… ». BEGGIORA, Stefano, Tagore and

poète, car il est émasculé et sans courage. Comme homme, il nous dégoûte, car il est hypocrite, malhonnête et sans vergogne… »508.

Selon Romain Rolland, les évocations de « la nation », de « l'Italie », du « peuple » auraient impressionné le poète. Il lui avait alors parlé de la situation du peuple italien, des victimes du fascisme : le député Giaccomo Matteotti (1885-1924), Giovanni Amendola, Salvemini (1882-1926). Tagore discuta également avec Angelica Balabanof, collaboratrice du journal l'Avanti naguère proche de Mussolini quand il était socialiste509. Romain Rolland considérait l'embrigadement de la population comme une atteinte aux droits fondamentaux.

Toutefois, il soulignait l’attitude des personnalités indiennes au sujet des

dictatures européennes :

« … J’ai été frappé du laisser-aller qu’ils manifestaient à l’égard des choses d’Europe. Nos cris Ś « Au feu, à l’assassin, ne les émeuvent pas, ils ont plutôt le sourire. Je lis en leur pensée : beaucoup de bruit pour rien ! Qu’est-ce qu’un Mussolini ? Tout Européen, pour l’Asie, est plus ou moins un Mussolini. … »510.

Enfin, suite à cette visite, Rabindranath Tagore écrivit :

« … J’ai à passer par une cérémonie de purification pour la souillure à laquelle je me suis soumis en Italie … »511.

508 “...That Tagore, who came to Italy twice and inflicted us on his very heavy poetic lucubration,

is an old actor who is worthy of our highest contempt…This guru is kept by various governments. He is paid so much at each lecture… this viscid, insinuating individual, who is as honeyed as his

words and poems, came to Italy as he was invited, paid and helped by the government. He exalted

Italy, glorified fascism, and sang the praises of Mussolini… As soon as he crossed the border, this

old man with an unsound soul, who impressed the public with his long black tunic and his white beard, talked behind the back of Italy, Fascism and its great leader, who is endlessly greater than

him… He approximately behaved like prostitutes who always swear they are in love with their latest

customer. Today we claim we do not like Tagore as a poet anymore because he is emasculated and without backbone. He disgusts us as a man because he is false, dishonest and shameless. Esperienze e Studi Socialisti in onore di U.G.Mondolfo, In : Asalto, 28 august, 1926, cité par SALVEMINI,

Gaetano, Tagore e Mussolini”, Firenze, La nuova Italia, 1957, p. 191-206. Op. Cit. KUNDU, Kalyan, Mussolini and Tagore, [en ligne] disponible sur le site http://www.parabaas.com/rabindranath/articles/pKalyan.html, consulte le 10 juin 2015.

509 Avanti était le journal du parti socialiste italien créé le le 25 décembre 1896, et auquel collaborèrent le philosophe marxiste Antonio Gramsci, ainsi qu'Angelica Balabanof. Interdit par le régime fasciste en 1926, le journal fut dès lors publié depuis Paris, puis de Zurich. Source : Avanti, In : Enciclopedia Italiana, [en ligne] disponible sur le site http://www.treccani.it/enciclopedia/avanti/, consulté le 15 juin 2015

510 Rabindranath Tagore et Romain Rolland,1961. Lettres et autres écrits. In : Cahiers Romain Rolland, n° 12, Paris, Albin Michel, p. 164-165.

La visite de Gandhi, perceptions croisées.

Tout comme Tagore, Gandhi était doté d'une aura de générosité, et eut Gandhi eut à plus

d’un titre, un parcours particulièrement remarquable, caractérisé par la lutte pour la

reconnaissance des droits des Indiens, en Afrique du Sud, et par la défense des Harijans et

enfin, par l’indépendance de l’Inde. Journaliste, homme politique, avocat, et homme

d'action, d'une nature profondément religieuse, Gandhi fut tout cela à la fois. Si ses mérites furent l'objet de louanges, ses faiblesses étaient humaines. Le mouvement d'assimilation des élites indiennes vit le jour peu de temps après la défaite des cipayes en

1859, et fut suivi par la création du parti du Congrès en 1885, sous l’impulsion de

membres de la société théosophique : Annie Besant et Allan Octavian Hume. Cette association fondée par Mme Blavatsky512, proche du mouvement de l' « Arya Samaj », prônait un but spirituel en souhaitant rassembler toute l'humanité et eut pour membres des représentants des familles aristocratiques européennes et indiennes : les Nehru, Roerich, et Tagore. Gandhi, alors étudiant en Angleterre, fut membre de cette association, tout comme certains artistes : les écrivains Arthur Conan Doyle, Jack London, E. M. Forster,

D. H Lawrence, l’inventeur Thomas Edison, le psychanaliste Carl Gustav Jung, la

danseuse Rukmini Devi Arundale, Gustav Mahler et le philosophe Rudolf Steiner. De toute cette galerie de portraits, le souvenir laissé par Gandhi laisse entrevoir une personnalité complexe. Attaché à la démocratie, le Mahatma avait rencontré les personnalités les plus marquantes de son époque : hommes politiques, artistes, industriels, et également simples citoyens. Le charme de celui que Churchill appréciait peu, opérait sur ceux qui l’approchaient. Un peu plus tard, quand l'Allemagne, quittait la conférence du désarmement en 1933, Adolf Hitler manifestait son opposition à l'action de la Société des Nations et diffusait alors un message pacifiste, en dépit des termes bellicistes véhiculés par « Mein Kampf »5, ce qui apparaît paradoxal aujourd'hui 512.

512Helena Blavatsky (1831-1891), fut l'un des membres fondateurs de la Société théosophique qui prônait non seulement la fraternité universelle, mais aussi un syncrétisme religieux et philosophique entre l'Europe et l'Orient. Elle mena une vie aventureuse depuis sa jeunesse et rencontra Mazzini et Garibaldi lors des guerres d'indépendance italienne, sans oublier les nombreux voyages en Orient. In : Madame Blavatsky, Who Was She? [en ligne] disponible sur le site http://www.blavatsky.net/index.php/madame-blavatsky, consulté le 28 juillet 2016.RAUZIER, Vincent, Logiques nationales, internationales et identitaires : une histoire du pacifisme du Bureau international de la Paix dans l'entre-deux- guerres, Grenoble, Université Grenoble Alpes, 2009, partie 2, Théories du pacifisme et pratiques politiques, ch. 4 activités politiques et rapports aux autoritarismes, vers un pacifisme pragmatique, l'Allemagne nazie, un coup d'arrêt brutal, p. 62.

Les autorités italiennes suivaient de très près l’actualité politique

indienne en particulier le boycott des biens britanniques lancé par Gandhi qui avait également entrepris une nouvelle marche pour le sel et participé à la première « Roundtable Conference » qui se tint à Londres, du 12 novembre 1930 au 19 janvier 1931, présidée par le ministre travailliste Ramsay Mac Donald,

dont l’objet était de préparer la collaboration entre Britanniques et Indiens513. Si

en termes immédiats, la conférence fut un échec pour les nationalistes, l’accueil

réservé au visiteur fut triomphal. Les ouvriers du textile dans le Lancashire, premières victimes du boycott des marchandises britanniques en Inde, lui firent un accueil triomphal comme en témoignent les reportages de l’époque514. Les Fabiens, intellectuels socialistes, dont Leonard Woolf était un des leaders approuvaient ses idées515. De passage en France, puis en Suisse, les foules se pressaient et l'acclamaient. Si les séjours en Europe des princes indiens, accompagnés de leurs familles et de leurs domestiques étaient à l'époque relatés

dans la rubrique des évènements mondains, et faisaient l’objet d'attentions de la

part des autorités européennes, ces visites qui affichaient un faste pharaonique,

entretenaient le mythe d’un Orient fabuleux, et accentuaient un caractère

cosmopolite sans qu'il s'agisse de relations précisément diplomatiques516.

513Source : Boycott des biens britanniques en Inde, le 5 avril 1931, du M. A. E. aux ambassades de Londres, Paris et Moscou. Roundable, M. A. E. Archivio degli Affari Politici, direzione Generale A. A. A. Ufficio 1, India Inglese 53, busta 1 fasc. 2 du 17 août au 19 octobre 1931.

514Mahatma Gandhi's visit to Britain. Source [En ligne] disponible sur You tube : https://www.youtube.com/watch?v=aL7b7uhYLl4 [consulté le 20 mai 2014].

515Leonard Woolf (1880 Ŕ 1969) fut un militant politique et écrivain britannique, fondateur de la Hogarth Press et directeur de plusieurs revues. Époux de Virginia Woolf, il a été l'un des fondateurs du mouvement intellectuel du groupe de Bloomsbury. Dans son roman, Le Village dans la jungle (1913), il dénonça l'aveuglement et la cruauté du pouvoir britannique sur les aborigènes de Ceylan. Leonard Woolf, The Open University,[en ligne]disponible sur le site http://www.open.ac.uk/researchprojects/makingbritain/content/leonard-woolf, consulté le 2 août 2016.

516Op. Cit. CASOLARI, Marzia, In the Shade of the Swastika, chapter I Italian fascism and Indian radical nationalism : the early phase p.192.

Conscient des enjeux de pouvoir qui régissent les sociétés humaines, Gandhi était mû également par une curiosité concernant son époque. Animés par la nécessité de nouer des liens, avec le monde entier, les nationalistes indiens ont

pratiqué un jeu diplomatique, quoique, ne disposant pas encore d’un État

indépendant reconnu sur la scène internationale. Au cas particulier, le jeu engagé met en scène, deux hommes d'expérience, Gandhi, âgé de 62 ans, et Mussolini son cadet, âgé de 48 ans. Un jeu complexe se déroula entre les deux camps. Lors de la rencontre des deux leaders, il apparaît que tous étaient intéressés par le développement de liens politiques, culturels, diplomatiques, et économiques. Il est probable que le Mahatma qui suivait l’actualité

internationale, et entretenait des liens avec les intellectuels européens ait eu connaissance du caractère « totalitaire » du régime fasciste. Toutefois, ils venaient de milieux différents, Gandhi était né dans une famille prospère de la caste des banyas, son père était le diwan (ministre) du prince de Rajkot, un petit Etat du Gujarat. Mussolini était le fils d'un forgeron socialiste et d'une institutrice. La lecture de Thoreau et Tolstoï l'influença, celle de Bakounine, Blanqui, et Nietzsche compta beaucoup pour Mussolini517. Le Mahatma fit l'expérience de la discrimination raciale, instaurée par les Britanniques, et Mussolini, l'humiliation d'une jeunesse aux conditions très précaires. Enfin, tous deux, avaient connu la prison, le premier, dans le cadre de la lutte anticoloniale, à plusieurs reprises, le second, à ses débuts socialistes, pour une brève durée. Les deux leaders avaient un ennemi commun : la Grande-Bretagne, à la fois, obstacle à l'indépendance de l'Inde, et à l'expansion des affaires italiennes en Orient. Le troisième homme, qu'il convient ici de mentionner, est Romain Rolland, qui faisait figure de sage, et refusait tout compromis avec les dictatures. Il avait mis en garde Gandhi, quant aux implications politiques et morales de cette visite.

517Mussolini a ainsi affirmé Ś « Mon socialisme est né bakouniste, à l’école du socialisme de mon père, à l’école du socialisme libertaire de Blanqui. ». MILZA, Pierre, Mussolini, Paris, Fayard,