• Aucun résultat trouvé

Chapitre I. Fascistes italiens et nationalistes indiens, des liens complexes

3. Des appropriations contradictoires

Dans son essai paru en 2008, Christopher Bayly417 souligne que Giuseppe Mazini fut le penseur européen, le plus admiré en Asie du Sud entre 1850 et 1910. Cette influence serait née dans les années 1840 à partir du Bengale, pour ensuite se diffuser en Inde, et s’enraciner au début du siècle

dernier. Claude Markovits a insisté sur l'émergence historique d'un courant d’un

vent d’idées républicaines lors de la première moitié du XIXe siècle. Cette idée

fut tout d’abord émise par Eric Stokes dans son ouvrage sur la révolte de 1857418

dans lequel il souligna la contemporanéité des révolutions européennes de 1848- 1849, et extraeuropéennes de la révolte des cipayes de 1857, et des Taiping en Chine en 1858. Selon Christopher Bayly, la renommée de Mazzini en Inde ne se situa pas uniquement dans la continuité de ses succès européens en particulier au Royaume-Uni. Lors de son exil, à défaut de rencontrer la gloire et la richesse, le philosophe n'était pas isolé, et avait fait connaissance des hommes de lettres Thomas Carlyle et Algernon Swinburne419.

415« …Une nationalité est une pensée commune, un principe commun, un but commun … »Op.

Cit. Giuseppe Mazzini, le père de l'unité italienne,épilogue, étranges enjeux autour d'un cadavre, p. 453.

416MAZZINI, Giuseppe, 1835. Nationalité, quelques idées sur une constitution nationale, La Jeune Suisse, 19 septembre, in SEI, vol. 6, p. 125, 127, 133. Op. Cit. LEVIS SULLAM, The Moses of Italian Unity, Ibid. BAYLY, Christopher Allan. and BIAGINI, Eugenio F., Giuseppe Mazzini and the Globalization of Democratic Nationalism, 1830-1920, p. 112.

417Christopher A. Bayly, Liberalism at Large: Mazzini and Nineteenth-century Indian Thought, in BAYLY, Christopher, Biagini Eugenio, F . (ed.), Giuseppe Mazzini and the Globalisation of Democratic Nationalism (1830-1920), Oxford University Press for the British Academy 2008, p. 355-374.

418STOKES, Eric and BAYLY, Christopher Alan (ed.), The Peasant Armed: The Indian Revolt of 1857, Oxford, Clarendon, 1986, p. 280.

Son influence sur le mouvement chartiste dans les années 1830 est notoire et Claude Markovits, a vu un lien ténu entre mazzinisme britannique et mazzinisme indien420. The Duties of Man, avait été traduit en Anglais en 1862, puis en Hindi et dans les autres langues indiennes. Les hommes politiques Surendranath Banerjea421 et Lala Lajpat Rai firent connaître la pensée de Giuseppe Mazzini en Inde. Le premier prononça une série de conférences dans les années 1880, et le second, Lala Lajpat Rai écrivit une biographie du révolutionnaire en urdu et en hindi qui devint très populaire. Toutefois, les deux hommes partageaient des perceptions opposées de sa pensée. En Italie, certains considéraient Mazzini comme libéral et cosmopolite, d'autres comme partisan

d’un pouvoir fort. Giovanni Gentile, voyait en lui un « protofasciste », les

antifascistes du Partito d’Azione se réclamaient également de sa pensée. Selon Claude Markovits, on pouvait lire I doveri del l'uomo de Giuseppe Mazzini, comme un ouvrage prônant la religion de l'humanité, ou encore comme manifestant des idées antilibérales. Selon Giuseppe Mazzini, tant qu'un peuple ne possédait pas d'existence reconnue par les autres nations ni de territoire, il ne pouvait donc accomplir ses devoirs envers l'humanité. Dans le premier chapitre

de l’essai Dei Doveri del l'uomo, il declarait :

« …Nous ne devons pas établir un nouvel ordre des choses par la violence. Un ordre [ …] ainsi établi est toujours tyrannique, même s’il est meilleur que l’ancien. Nous devons renverser par la force, la force brute qui s’oppose elleŔmême à toute tentative d’amélioration [… de la société…]… » 422.

419 Op. CIT. FRETIGNE, Jean-Yves, Giuseppe Mazzini, le père de l'unité italienne, Paris, Fayard, 2006, quatrième partie, Londres, p. 187-264.

420MARKOVITS, Claude, Turning Mazzini on his head Ś Gandhi’s polemics against Savarkar in Hind Swaraj, communication au colloque Italy and India: intellectual connections and the circulation of political Models in the 19th- 20th c. CEIAS International Conference, Paris, Ehess, 2 décembre 2011. Courtoisie de l'auteur.

421Surendranath Banerjea (1848-1925) fut un des premiers hommes politiques indiens à

s’opposer aux Britanniques, avocat de formation, il lutta à la fois contre la discrimination raciale et pour l’indépendance de l’Inde. In Ś Surendranath Banerjee, Indian National congress,[enligne]disponible sur le site http://www.inc.in/organization/36-Surendranath- Banerjee/profile, consulté le 30 octobre 2015.

422Texte original « …Si tratta non di stabilire un nuovo ordine di cose colla violenzaś un ordine

di cose stabilito colla violenza é sempre tirannico quand'anche é migliore del vecchio: si tratta di rovesciare colla forza la forza brutale che s'oppone oggi a ogni tentativo di miglioramento, di proporre al consenso della nazione, messa in libertà d'esprimere la sua volontà, l'ordine che pare migliore, e di educare con tutti i mezzi possibili gli uomini a svilupparlo, ad operare

Ainsi, en 1844, Giuseppe Mazzini, n’écartait pas l’usage de la force, et

approuvait le rôle des frères Bandiera423 et était lui-même à ses débuts, le disciple du révolutionnaire Filippo Buonarotti424. En Inde, Lajpat Rai insistait sur la conception de la liberté, de Mazzini, conception quasi religieuse qui rencontra un profond écho chez les intellectuels hindous425. Lajpat Rai établissait une comparaison entre les héros italiens Mazzini, Garibaldi, et les héros indiens, Shivaji426 et Ramdas427, qui mettaient en phase l’homme de pensée et l’homme

d’action dans une relation de symbiose, relation quasi mythique dans le discours

nationaliste indien. Lajpat Rai et Vinayak Damodar

conformemente…. ». MAZZINI, Giuseppe, DeI doveri del uomo,1860 cap. IX. Educazione, [en ligne]disponible sur le http://www.maat.it/livello2/mazzini-doveri.htm#capitolonono.

423Attilio et Emilio Bandiera étaient les fils du baron Francesco Bandiera, amiral, et d'Anna Marsich. À leur tour, ils furent officiers de la marine austro-hongroise. Les frères Bandiera partagèrent les idées de Giuseppe Mazzini et fondèrent une société secrète, l'Esperia. Ils firent de la propagande auprès des officiers et des hommes de troupe de la marine autrichienne, presque tous italiens. Attilio prévoyait de saisir un navire de guerre, la frégate Bellona, pour bombarder la ville de Messine. Après avoir été trahi par un informateur, il fuit vers Corfou et sera rejoint par son frère le 13 juin 1844. Source : BANDIERA, Attilio ed Emilio. In : Treccani, [en ligne] disponible sur le site http://www.treccani.it/enciclopedia/attilio-ed-emilio-bandiera], consulté le 10 novembre 2015. 424Filippo Buonarroti est né à Pise dans une famille de patriciens toscans , après des études de droit il devient avocat en 1782 et est influencé par les philosophes Sarti et Lampredi, qui l'initient aux écrits de Rousseau, Locke, et Helvétius. Opposé au régime du grand-duc de Toscane Léopold, il est membre des Illuminés de Bavière, et publie, en 1787, un journal progressiste et favorable à la révolution en Hollande, ce qui lui valut d'être surveillé par la police. un des principaux instigateurs des mouvements révolutionnaires des années 1830, il était membre de la Société des Droits de l'Homme. Arrêté une dernière fois à 72 ans, en octobre 1833, il meurt dans la misère, aveugle, en 1837. In : BUONARROTI, Filippo, Treccani [en ligne] disponible sur le

sitehttp://www.treccani.it/enciclopedia/filippo-buonarroti., consulté le 10 novembre 2015. 425FLORA, Giuseppe, L’India e la cultura italiana tra Ottocento e NovecentoŚ esotismo, viaggio, immagini, fizioni. In : L’Istante Ritrovato. Luigi Primoli fotografo in India, 1905-1906, Roma, De Luca Editori, 2004, p. 57-96.

426Maratha Shivaji (1630-1680), naquit dans l'Etat du Maharashtra. Fils d'un général, il fut éduqué par un sage hindou, Sant Tukaram Maharaj. Guerrier de valeur, il se rebella contre les Moghols et rallia à ses côtés les tribus maharattes et fonda un empire qui dura de 1660 à sa mort. Il s'attaqua aux Portugais et aux pirates abyssins. In : Enciclopedia Britannica[en ligne]

http://global.britannica.com/biography/Shivaji, consulté le 15 novembre 2015.

427 Ramdas (1608-1681) naquit dans une famille brahmanique de la région de Bombay , « …il

eut très tôt la révélation de sa mission : on raconte qu'au moment de se marier il comprit que son destin n'était pas de mener la vie profane des hommes ordinaires, mais de prêcher partout la

dévotion à Viṣṇu. Ce faisant, il contrevenait aux règles de la norme éthico-religieuse, qui exigent que l'on assure d'abord sa descendance avant de renoncer au monde. Après une période difficile, il s'imposa comme un représentant […] de la renaissance hindoue, grâce surtout aux poèmes qu'il composa en marathe, langue parlée dans cette région de l'Inde. À ce titre, R md s s'intégrait dans la

tradition des saints , qui de Jð ne var à Tuk r m, d'Ekn th à N mdev, donna un vif éclat à la dévotion à Vithob , cet avatar de Viṣṇu dont l'image est vénérée à Pandharpur, au cœur du pays marathe. R md s, toutefois, chante de préférence le Nom de R ma, autre avatar de Viṣṇu… ».

Source Ś VARENNE, Jean, R MD S (1608-1681), Encyclopædia Universalis [en ligne], disponible sur le site : http://www.universalis.fr/encyclopedie/ramdas, consulté le 19 novembre 2015.

Savarkar étaient séduits par le côté romantique de Giuseppe Mazzini, fondateur de sociétés secrètes, et partisans d'une action radicale . Il préfaça une

traduction de l’essai The Duties of Man, en Marathi, censuré par

l’administration coloniale britannique, tout comme avait été interdit l’ouvrage

paru de façon anonyme rédigé sur la révolte de 1857. Contrairement à Vinayak Damodar Savarkar favorable à toute forme d’action, y compris violente, Gandhi

était influencé par Ruskin, Thoreau et Tolstoï . Selon Claude Markovits, le Mahatma, dans son essai paru en 1905, Joseph Mazzini: a remarkable career428, insistait sur le caractère cosmopolite des idées de l’auteur et sur les devoirs de l’humanité. Alors que Mazzini ne refusa jamais la lutte armée, Gandhi fit de

l’homme politique italien un apôtre de la non-violence.

4. Gandhi et Mazzini dans Hind Swaraj

L'essai Hind Swaraj429 été écrit par Gandhi à la création du dominion d'Afrique du Sud par les Britanniques. Claude Markovits rappelle que le Mahatma avait été marqué par l'assassinat d'un haut fonctionnaire Sir Curzon Wylie, en 1909 par Madanlal Dhingra430, un étudiant indien, disciple de Vinayak Damodar Savarkar et qui avait condamné cet acte.

428The Collected Works of Mahatma Gandhi (Electronic Book), Publications.Delhi, Publications Division of India,1999, vol IV, p. 367 [en ligne], disponible sur le site

http://gandhiserve.org/ 429Dans ce texte, Gandhi déclare que l’indépendance sera obtenue par la

non-violence. GANDHI, Mohandas, Khoramchand, Hind Swaraj or Indian Home Rule.

Cambridge, Cambridge University Press, reprint 2009, 293 p.

430Peu avant son exécution, Madanlal Dhingra déclara : « I am surprised at the terrible hypocrisy, the farce, and the mockery of the English people. They pose as the champions of oppressed humanityŕthe peoples of the Congo and the people of Russiaŕwhen there is terrible

oppression and horrible atrocities committed in India “. Source Ś MADAR LAL DHINGRA,,

Killing, murder, 19th July 1909, The Proceedings of the Old Bailey, 1674-1913. [en ligne] disponible sur le site www. http. The Proceedings of the Old Bailey, 1674-1913, consulté le 19 novembre 2015.

Dans Hind Swaraj, Gandhi a évoqué les injustices créées par la colonisation et affirmé également son opposition à toute forme de violence. Le Mahatma s'interrogeait alors sur les différents moyens d'obtenir l'indépendance et de s'affranchir de leur tutelle. Gandhi insistait sur la liberté individuelle que tout Etat se devait d'accorder à ses citoyens, et demeurait réservé quant aux succès du Risorgimento, il considérait que les idéaux de Giuseppe Mazzini avaient été trahis, et était peu admiratif devant des personnalités comme le roi Victor-Emmanuel et son ministre Cavour. Il s'opposait à toute forme de monarchie, que ce soit celle des Britanniques ou celle des princes indiens, contrairement à Savarkar qui demeurait sensible à ce style de gouvernement, pour peu que le prince fût du pays. Dans sa critique de la monarchie italienne, Gandhi visait la monarchie britannique et les roitelets indiens, dont il décrivait

les mœurs tyranniques. Selon lui l'amour de la patrie devait aller de pair avec le

bien-être du peuple. Savarkar souhaitait au contraire utiliser la violence et entamer une guérilla contre les Anglais.

Fabrizio De Donno dans son essai “The Gandhian Mazzini”431 nous

décrit un Mahatma Gandhi s'appuyant sur la Bagavad Gita et l'oeuvre du révolutionnaire italien, ce que ne pouvait ignorer quelqu'un comme Giuseppe Tucci. Force est de constater qu'à des fins de légitimation, de la politique de non-violence, le Mahatma considérait le révolutionnaire comme un de ses inspirateurs. La victoire du Japon sur la Russie en 1905 allait entraîner une admiration pour le pays du Soleil levant et la pensée de Mazzini connut alors une éclipse lors de la guerre italo-ottomane de 1911, qui rendit l'Italie particulièrement impopulaire pour les musulmans de l'Inde, attachés au califat ottoman.

431DE DONNO, Fabrizio, the Gandhian Mazzini Democratic Nationalism, Self–rule and Non–

violence, In BAYLY, Christopher Allan. and BIAGINI, Eugenio F., Giuseppe Mazzini and the Globalization of Democratic Nationalism, 1830-1920, Oxford, Oxford University Press, 2008 p. 375-408.

L’action culturelle de Giuseppe Tucci au Bengale.

Paolo Orano, auteur d'une biographie sur le Duce432, puis en 1937, de l'ouvrage antisémite Gli Ebrei in Italia433, insistait sur le rôle de premier plan, susceptible d'être joué par Giuseppe Tucci au sein des cercles intellectuels indiens.

« … Il convient d'apprécier l'utilité des conférences de Giuseppe Tucci sur notre langue et notre littérature dans la mesure où elles créent un intérêt pour le monde italien et les réussites du gouvernement fasciste parmi les intellectuels italiens. Nous pouvons dire que nous avons mené à bien des actions jusqu'alors négligées par les précédents gouvernements dans le passé. […] Il est avéré que le gouvernement allemand a déjà exprimé son intérêt sur l'efficacité de notre activité de propagande. Nous devons faire face à ce défi et nous n'avons pas de meilleur candidat que Giuseppe Tucci... »434.

C'est dans ce contexte que Mussolini donna des recommandations au ministère de l'instruction publique afin que toutes facilités soient accordées à Giuseppe Tucci dans l'accomplissement de sa mission. Par ailleurs, le voyageur était convaincu de l'intérêt de son action, qui permettrait une expansion de la sphère d'influence italienne.

432Paolo Orano (1875-1945), commença une carrière politique en tant que syndicaliste socialiste puis se dirigea vers le fascisme, avant la marche sur Rome. Il rédigea l’opuscule, Gli Ebrei in Italia, qui devint une des références de la politique antisémite de Mussolini. MATARD- BONUCCI, Marie-Anne, L’Italie fasciste et la persécution des Juifs, Paris, Perrin, 2007, ch. 7, les poissons-pilotes de la propagande antisémite, Orano, ou la nationalisation de la question antisémite, p. 104-110. ORANO, Paolo, Mussolini da vicino, Roma, Pinciana, 1928, 165 p. 433ORANO, Paolo, Gli Ebrei in Italia, Genova, Effepi, réédition de 2010, 122 p.

434Ibid. ORANO, Paolo, lettre à Mussolini, le 23 janvier 1926, ASMAE, Archivio Scuole, b. 858, cité par CASOLARI, Marzia, In the Shade of the Swastika, Bologna, Emil, 2011, ch. 1, Italian Fascism and Italian radical nationalism : the early phase, p. 32.

Le consul d'Italie à Calcutta, Gino Scarpa435 insistait sur l'importance de ce séjour, en se référant à la complexité du programme de travail qui attendait le chercheur436. Giuseppe Tucci fut invité ensuite par l'université de Calcutta pour un cycle de conférences sur le bouddhisme. Une fois arrivé à Dacca, il travailla à un projet d'attribution de bourses pour des étudiants437. Giuseppe Tucci exerçait à la fois des activités d'enseignant et de propagandiste au service du régime fasciste.

« ...Je vous assure de l'intérêt croissant pour les cultures latines et en particulier pour la culture italienne, chez les jeunes. Des événements récents ont placé l'Italie sous les feux de la rampe, ils encouragent à s'écarter du pur idéalisme et favorisent la collaboration plus pratique. L'exemple de Mussolini est très admiré par les jeunes Indiens, d'autant plus qu'un livre écrit en Bengali Mussolini et l'Italie d'aujourd'hui que le périodique le plus populaire ici Prabasi recommande à ses lecteurs... »438.

Au souci de Giuseppe Tucci de voir des échanges d'étudiants se développer entre les deux pays, le ministère de l'instruction publique répondit avec intérêt439. Dans cette entreprise, il travaillait avec l'Istituto fascista di cultura afin d'attirer les cercles intellectuels indiens.

435Gino Scarpa fut un diplomate de carrière. Il entama une carrière comme directeur du Bureau d'information international. Tout d'abord il adhéra au socialisme et partit en mission en Russie en 1922 et rédigea un ouvrage : La Russia dei Sovieti. qui analyse l'économie soviétique d'alors. Son nom fut ensuite retiré de la liste des « subversifs » en 1925. In : SOFRI, Gianni, Gandhi in Italia p. 27-30 et DE FELICE, Renzo, p. 315. En 1922, après avoir participé à une mission en Afghanistan, il partit pour l'Inde, comme attaché commercial, puis à Calcutta en 1930. Très intéressé par la philosophie et l'art oriental Il était en très bons termes avec Mahadev Desai, le secrétaire de Gandhi. Les Britanniques avaient semble-t-il une inquiétude concernant d'éventuels rapprochements entre Scarpa et la légation soviétique de Kabul. Source : India Office L/P§S/12/81, telegram 222, Shimla 20.09.22. cité par CASOLARI, Marzia, In the Shade of the Swastikach. 1, Italian Fascism and Italian radical nationalism : the early phase, p. 39.

436Source : ASMAE, Archivio Scuole, b. 667, rapport du 21 mars 1926, cité par CASOLARI, Marzia, In the Shade of the Swastika, Bologna, ch. 1, Italian Fascism and Italian radical nationalism : the early phase, p.33.

437 Ibid ASMAE, Archivio Scuole, rapport n° 498 /59, requête du 12 février 1927, ibid.

CASOLARI, Marzia, In the Shade of the Swastika, ch. 1, Italian Fascism and Italian radical nationalism : the early phase, p.35.

438 Ibid ASMAE, Archivio Scuole, rapport au ministre des Affaires étrangères, 11 octobre 1927, ibid. CASOLARI, Marzia, In the Shade of the Swastika, ch. 1, Italian Fascism and Italian radical nationalism : the early phase, p.35.

C'est ainsi que Pramatha Nath Roy sollicita une bourse afin d'assister à des cours à l'université de Rome pour l'année universitaire 1929-1930. L'intéressé traduisit en Bengali des écrits de Giovanni Gentile et la biographie

Mussolini da vicino par Paolo Orano. Il décrivait ainsi le rôle qu'il entendait jouer :

« ...Mes connaissances de l'Anglais et du Bengali et mes qualités d'érudit de la culture indienne m'ont mis en contact avec la crème de la société indienne, et c'est dans ces cercles que l'image de l'Italie peut être promue, avec le but de combattre ces idées fausses et préconçues généralement concernant l'Italie et les conditions qui y règnent... »440.

En août 1929 Gino Scarpa, consul d'Italie à Calcutta était convaincu de la perte

d’influence de l'Angleterre en Inde. Selon lui, l'Italie était la nation européenne

qui suscitait le plus d'intérêt, il déclarait au sujet de Tucci :

« …Les Indiens étaient très heureux de le savoir très intéressé par leurs coutumes et leurs religions, car, ils voyaient dans ce fait, plus qu'une simple forme de courtoisie. […] Et ces relations [étaient] susceptibles de servir de trait d'union pour tout travail de propagande ... »441.

Gino Scarpa, souhaitait attirer les représentants de la future classe dirigeante indienne, déclarait avant le discours de Bari :

« … Rome devait devenir le centre intellectuel de la Méditerranée et le pont entre l'Orient et l'Occident. Plusieurs royaumes et empires ont disparu depuis, mais l'idéal missionnaire de la Rome antique survit aux siècles. La soi-disant opposition entre Orient et Occident qui entrave la

mentalité anglo-saxonne n'a jamais pris pied à Rome […qui avait ] atteint

la grandeur par le commerce et la conquête de larges pans de l'humanité... »442.

439Ibid ASMAE, Archivio Scuole, b. 667, rapport n°2271/299 Calcutta 13 octobre 1927, du consul général au ministre des Affaires étrangères, ibid. CASOLARI, Marzia,Ibid. In the Shade of the Swastika, ch. 1, Italian Fascism and Italian radical nationalism : the early phase, p.36. 440Op. Cit. ASMAE, Archivio Scuole, b. 858, rapport du 5 août 1929. Ibid. CASOLARI, Marzia, In the Shade of the Swastika, ch. 1, Italian Fascism and Italian radical nationalism : the early phase, p.38.

441Ibid. ASMAE, A. P. Gran Bretagna, 1929, b. 1207, rapport n°186, 13 août 1929, Consulat général d'Italie à Colombo au ministère des Affaires étrangères. Ibid. CASOLARI, Marzia, In