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Tableau 21 – Situation matrimoniale, en pourcentage

Situation matrimoniale Personnels de métier Femmes in(actives) Ensemble

Célibataire 32,5 34,3 51,3

En couple non-institutionnalisé 30,0 34,3 24,9

(Re)Marié.e ou Pacsé.e 32,5 20,0 18,0

Divorcé.e ou veuf.ve* 5,0 11,4 5,8

Total 100,0 100,0 100,0 (N=189)

* La part du veuvage dans cette catégorie est très faible

On retrouve moins de célibataires parmi les personnels de métier que dans le reste de l’échantillon. Si l’on prend la norme de la stabilité du couple comme indicateur, on s’aperçoit que l’on retrouve plus de personnes dont l’union a été institutionnalisée (mariage ou PACS) parmi les personnels de métier que dans le reste de l’échantillon. D’ailleurs, on peut voir qu’une des différences fondamentales entre les personnels de métier et les femmes (in)actives se situe au niveau du divorce. On peut imaginer que la première catégorie est plus stable que la seconde de ce point de vue-là. Il est assez logique de voir des personnes dont la situation professionnelle est assez claire, puisqu’ils et elles veulent faire carrière et se retrouver dans une situation matrimoniale plutôt stable.

Néanmoins, nous devons nuancer ce propos dans la mesure où l’on retrouve un faible taux de parents parmi les personnels de métier. En effet, bien que la moyenne d’âge soit autour de 29 ans, on ne retrouve que 37,5% de parents dans cette catégorie. Pour rappel, l’âge moyen d’un premier enfant est de 28,5 ans chez les femmes en France selon l’INSEE en 2015 (Volant, 2017). Il y a une différence

93 forte entre les hommes et les femmes de cette catégorie puisque l’on observe 45,5% de mères contre 27,8% de pères. Pour poursuivre notre comparaison avec les femmes (in)actives, elles sont 60% à avoir des enfants, soit 23 points de plus que les personnels de métier.

Malgré une situation matrimoniale plus stable de l’échantillon, on retrouve un faible taux de parents parmi les personnels de métier. On peut expliquer ce phénomène par un manque de confiance en l’avenir. En effet, même si ces personnels veulent faire carrière dans l’animation, l’instabilité du champ, et a fortiori de l’animation périscolaire (soumise à des évolutions législatives multiples), n’incitent pas à faire des enfants. On peut même penser que le fait de devenir parent ralenti les ambitions de carrières de certains de ces personnels. D’ailleurs, on peut confirmer cela par la différence sexuée que nous avons observée plus haut ; les animateurs de métiers sont peu nombreux à être pères car leur carrière est peut-être jugée plus légitime que celle des animatrices de métier.

Nous pouvons retrouver ce constat dans nos entretiens puisque Thibaut refusera de parler de sa situation affective ; il me confiera qu’il est célibataire. A l’inverse, Laurence me parle davantage de sa famille. Elle a grandi à la Réunion est y a fait le début de sa carrière. Elle a eu deux enfants avec son compagnon. C’est à la suite de la séparation avec ce dernier qu’elle décide de s’installer en France hexagonale ; à Marseille où son frère réside déjà. Lorsque je l’interroge sur sa difficulté à s’occuper de ses enfants et travailler, elle me dit :

« J'ai toujours su, même si j'ai eu les enfants, j'ai toujours fait ce que j'avais envie de faire, ça m'a pas empêché, par exemple quand j'ai eu ma fille j'ai j'ai voulu travailler à mi-temps parce que je voulais que qu'elle puisse passer beaucoup de temps avec moi c'était pas d'avoir un gros salaire c'était d'avoir un salaire pour pouvoir profiter pour les deux d'ailleurs je fais ça profiter avec mes enfants »31

On voit que Laurence est en tension entre, d’un côté le désir de pouvoir travailler et de faire ce qu’elle avait envie de faire et l’envie de s’occuper de ces enfants. Elle me dit que sa famille est plus importante. D’ailleurs, même si son employeur lui a proposé de prendre en charge le centre aéré du mercredi après-midi, elle a refusé car « le mercredi c’est pour mon fils ». Finalement, on s’aperçoit que même s’il y a une tension entre la carrière et la famille, pour Laurence c’est la deuxième sphère qui oriente ses bifurcations. En effet, elle est partie de la Réunion car elle s’était séparée de son compagnon et elle y repart à la fin de l’année scolaire car sa fille « ne s’adapte pas » au mode de vie de Marseille. Même si Laurence à l’intention de poursuivre dans l’animation à la Réunion, ce ne sont pas des ingrédients professionnels qui sont les moteurs de ses bifurcations. Nous entendons cette notion de bifurcation comme « un changement important et brutal dans l’orientation de la trajectoire

94 dont à la fois le moment et l’issue étaient imprévisible pour l’acteur comme pour le sociologue » (Bidart, 2006, p31). En effet, rien ne laissait présager que la fille de Laurence allait déclarer son envie de rentrer à la Réunion. L’importance de la sphère familiale la pousse à ce « changement brutal » qu’est le retour. Ce qui est intéressant dans le travail de Claire Bidart c’est qu’elle postule que dans un contexte calme et paisible, l’évènement qui conduit à la bifurcation n’a pas le même effet. Autrement dit, c’est bien parce que Laurence est dans une situation professionnelle insatisfaisante que le désir de sa fille de rentrer à la Réunion prend une résonnance particulière.

Sans pouvoir extrapoler ces résultats, on voit quand même un rapport différencié à la carrière entre les hommes et les femmes. En effet, les animatrices de métier sont plus souvent mères que leurs homologues masculins et Laurence oriente ses choix professionnels en fonction de sa vie familiale. Alors que, pour Thibaut, les moteurs de sa carrière ne sont pas de cet ordre-là.

D’ailleurs pour abonder dans le sens de cette stabilité très relative de la vie privée, il convient de s’interroger sur leur situation vis-à-vis du logement :

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