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Le premier dépouillage de nos données nous permet de construire un premier panorama de l’emploi de ces personnels du périscolaire. En termes de statut hiérarchique, notre enquête a concerné

10 La différence avec le taux précédant s’explique dans la mesure où nous avons enlevé les personnes nées à l’étranger de notre échantillon dans un souci de comparaison avec les indicateurs de l’INSEE.

40 78,9% d’animateurs ou d’animatrices, 11% de directeurs et directrices, et 10% de personnes dans un statut mixte (occupant plusieurs statuts).

L’animation périscolaire est un emploi qui s’exerce très majoritairement à temps partiel, seul 10,6% des personnes déclarent travailler plus de 30 heures par semaine (quasi-exclusivement des directeurs et des directrices et des statuts mixtes), et les 2/3 déclarent moins de 14 heures. Il existe une inégalité sexuée d’accès au poste à plus fort taux horaires, 70,3% des personnels employés à moins de 14 heures par semaine sont des femmes contre seulement 54,5% des plus de 30 heures. Le temps partiel est particulièrement utilisé dans l’animation, Lebon et de Lescure, relevaient que seuls 56% des emplois dans l’animation socioculturelle était à temps plein en 2002. Au contraire, un quart relevait de ce qu’ils appelaient les « miettes d’emplois » aux frontières de l’inactivité, c’est-à-dire moins de 20 heures de travail par semaine (Lebon et de Lescure, 2007).

A la norme du temps partiel s’ajoute celle des contrats instables. En effet, 78,2% de l’échantillon est employé en CDD, 7,3% en CDI et 6,3% en CDII. On le voit, l’animation périscolaire à Marseille entre pleinement dans la définition des emplois « atypiques ». Nous le verrons plus loin, l’intérêt de cette notion est discuté en sociologie, néanmoins elle renvoie aux emplois qui ne sont pas des CDI durables à temps plein, ce qui est le cas de la quasi-totalité de notre échantillon. En effet, seule une personne sur 209 déclare être en CDI et travailler plus de 30 heures dans la semaine. L’animation périscolaire interroge donc les limites d’une analyse en termes d’emploi « typique », dans la mesure où la norme est l’ « atypicité ». On parlera davantage d’un emploi « précaire », ou même de « marge de l’emploi ».

Par ailleurs, on constate un fort turn-over dans les effectifs des travailleurs et travailleuses du périscolaire. Nous pouvons l’analyser car nous avons demandé aux enquêté.es en quelle année ils avaient commencé à travailler dans le périscolaire. On s’aperçoit que 41,6% des personnes ont commencé en 2017 ou 2018, c’est-à-dire l’année scolaire de l’enquête. Cela confirme l’analyse de la responsable « Animation » d’une grande association de Marseille qui affirmait qu’elle renouvelait ses équipes pour moitié tous les ans. Si on étend cette catégorie jusqu’en 2016, ce sont 61,1% de l’échantillon qui a commencé l’animation dans les 2 années qui ont précédé l’enquête. Finalement seuls 6,6% déclarent avoir commencé l’animation avant la mise en place de la Réforme des Rythmes Scolaires. Ces personnes sont majoritairement soit directeurs.trices, soit dans un statut mixte. On retrouve ici les analyses faites dans un autre rapport de l’INJEP sur les « trajectoires d’emplois des animateurs ». En exploitant les données de l’enquête-emploi au tournant du XXIe siècle, ils affirmaient que seuls 45,9% des animateurs étaient encore en poste 3 ans après leur début dans l’emploi. Ils comparaient ensuite ce taux avec celui plus stable des professions intermédiaires, catégorie supérieure dans la nomenclature des PCS, qui était de 70,2% (Lebon et de Curraize, 2008).

41 Enfin pour parfaire notre photographie de l’emploi dans l’animation périscolaire, il nous faut nous intéresser sur ce que font ces personnels du périscolaire en parallèle de cet emploi. L’animation périscolaire est l’unique emploi de 69,1% de notre échantillon. Presque un tiers des personnels du périscolaire travaillent à côté. Pour la moitié d’entre eux cet emploi représente moins de 15 heures par semaine. Pour un quart, entre 15 et 24 heures, et pour un autre plus de 25 heures. Ce sont plus majoritairement les hommes qui cumulent un ou plusieurs autres emplois. C’est le cas de 38,2% d’entre eux, contre 27,4% des femmes.

II. « De la société salariale » à la « nouvelle question sociale »

Dans ce chapitre nous allons revenir sur la construction de l’état du marché du travail en France. Nous appuyant sur les nombreux travaux de Robert Castel sur le sujet nous retracerons la construction de ce qu’il nomme « la société salariale » jusqu’à sa remise en cause par ce qu’il convient d’appeler « la nouvelle question sociale ».

A. Retour sur la construction de la société salariale

Nous l’avons vu, l’animation périscolaire représente une activité a-typique du point de vue de ses caractéristiques d’emploi. Elle est composée d’horaires irrégulières, dépendante de l’organisation du temps scolaire et très largement proposée avec des contrats à durée déterminée. Ce type d’emploi est le témoin de ce que Robert Castel appelle la « nouvelle question sociale ». Nous nous appuierons sur son travail sur le salariat qui fait quasiment l’unanimité dans le monde académique.

Ce caractère atypique de l’emploi est inscrit dans une dialectique de l’emploi « normal ». En effet, nous le verrons par la suite, quatre salariés sur cinq sont dans une situation d’emploi « typique » c’est- à-dire en CDI, à temps complet et dans une situation durable.

Nous ne reviendrons pas en détail sur la construction de ce que Robert Castel appelle la « société salariale » (Castel, 1999), néanmoins il est important de rappeler quelques éléments. En effet, au milieu du XIXe siècle, seule une situation de travail sur deux étaient organisée par un contrat de travail (Marchand, 1998). En effet, la deuxième partie du monde du travail étaient structurée par des liens familiaux ou traditionnels qui ne nécessitaient pas de contractualisation. Ce taux ne va que très peu évoluer dans la première partie du XXe siècle, si bien qu’en 1936, seuls 62,2% de la population active avait un contrat de travail. Et c’est dans la période des « trente glorieuses » qui succède à la seconde guerre mondiale, que le salariat va devenir, la norme de l’emploi en France, atteignant en 1982 85,5% des actifs.

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