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Tableau 14 – Fréquentation par les parents d’espaces de socialisation à l’animation ou l’associatif et PCS, en pourcentage

Fréquentation espace de socialisation PCS + PCS = PCS - Ensemble

Fréquenter des associations 31,8 52,0 26,3 30,2

Travailler dans l’animation 13,6 28,0 7,5 11,6

Participer à des mouvements pol/synd 22,7 28,0 7,5 14,5

Participer à la vie de leur

quartier/village 31,8 20,0 25,0 21,5

Aucune de ces réponses 40,9 40,0 58,8 54,1 (N=122)

Ici, on voit qu’il existe un écart entre les différentes origines sociales. Finalement, on constate que la catégorie qui semble la plus ajustée avec les modes d’engagements de notre questionnaire est celle des Professions Intermédiaires. On y retrouve une proportion très importante de parents ayant travaillé dans l’animation : 28%, et investis dans des associations : 52%. A l’inverse, on constate que ces chiffres sont plus bas chez les PCS + et -. Finalement, ce n’est pas étonnant de retrouver parmi les personnes ayant grandi auprès de parents proches du milieu de l’animation beaucoup d’enfants de Professions Intermédiaires, puisque c’est dans cette PCS que sont rangé.es les animateurs et animatrices socio-culturels à l’INSEE. On peut supposer que les personnes ayant été le mieux socialisées à l’animation sont celles dont les parents partagent une plus grande proximité culturelle, économique et sociale. Ce que nous ne devons pas oublier, c’est que notre échantillon n’est composé que de moins de 20% de ces personnels les mieux ajustés. On peut affirmer que notre échantillon est composé de personnes qui n’ont pas forcément était socialisées à l’animation et plus largement au monde associatif via leur parents, ils ne correspondent pas exactement au profil des personnes habituellement recrutées dans l’animation socio-culturelle. Cette première observation va dans le sens de notre hypothèse générale de travail. On constate qu’il y a un écart entre les différentes catégories

76 de personnels, il est probable qu’ils et elles ne puissent pas bénéficier des mêmes conditions d’emplois et de travail.

Pour aller plus loin dans notre analyse, nous pouvons nous pencher sur la formation BAFA. Cette formation permet aux personnes qui la valident d’exercer l’activité d’animateur et d’animatrice de manière occasionnelle (pas plus de 80 jours par an), dans le cadre de ce que l’on appelle le « volontariat ». Elle est considérée certains sociologues, dont Jérôme Camus, comme une étape de la « conversion » des animateurs et animatrices. Elle joue un rôle fort de socialisation, et d’acceptation des normes du champ. Dans notre échantillon, 61,7% déclarent posséder un BAFA ou un BAFD (équivalent pour la direction). Rappelons que le BAFA n’est pas une condition pour encadrer un groupe d’enfants en ACM, la réglementation autorise 25% de personnes non-diplômées, et 25% de personnes en cours de formation. Il y a dans notre échantillon 26,7% de personnes ne possédant aucun diplôme ne permettant l’encadrement d’enfants en ACM. Il est intéressant de voir que la catégorie d’âge la moins diplômée est celle des +35 ans, qui ne sont que 41,9% à posséder un BAFA et/ou un BAFD.

De même, pour aller plus loin dans l’exploitation de cette variable, on ne retrouve que 56,4% des femmes, contre 70,4% des hommes ayant un BAFA/BAFD. Elles sont au contraire 32,3% à ne pas être diplômées contre moitié moins chez les hommes. Il est pertinent d’observer que le diplôme semble avoir une importance supérieure chez les hommes que chez les femmes. Ces dernières sont supposées pouvoir prendre en charge cette activité sans diplôme, leur qualités supposées « naturelles » de mère suffit à leur faire confiance. On retrouve donc des femmes de +35 ans qui sont peu diplômées du BAFA/BAFD.

Pour poursuivre, nous avons leur avons demandé s’ils avaient fréquenté des structures d’animation dans l’enfance (centre de loisirs, colonie de vacances, camp de scoutisme, classe verte…). Plus des 2/3 ont déjà fréquenté au moins une structure d’animation dans l’enfance (68,8%), ils sont 17,3% à avoir connu au moins 3 types. Ce chiffre est relativement fort, d’autant qu’en France, selon un rapport de l’Observatoire des Vacances et des Loisirs des Enfants et des Jeunes (OVLEJ), à 18 ans, seul 45% des jeunes sont allés au moins une fois en centre de loisirs (OVLEJ et JPA, 2014), ils et elles sont 52,9% dans notre échantillon. Nous ne possédons pas d’autres données sur les autres ACM, mais il semblerait que notre échantillon soit particulièrement représenté parmi les personnes ayant fréquenté des structures d’animation. Il serait intéressant de se pencher dans l’analyse des entretiens sur la perception que les enquêté.es se font de ces expériences d’animation lorsqu’ils étaient enfants ou jeunes.

Ainsi, nous avons pu voir au travers de ces différentes généralités sur les personnels du périscolaire qu’il existait une réelle hétérogénéité. Nous avons pu commencer à identifier les différentes catégories

77 citées dans la partie précédente. Il convient, afin d’analyser plus finement les itinéraires des individus, d’analyser ces quatre parcours typiques que nous avons construits et d’approfondir notre analyse quantitative par l’analyse des entretiens réalisés avec ces personnels afin d’aller plus loin dans nos hypothèses.

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II. Les personnels de métiers, un tremplin vers l’animation

socio-culturelle

La première catégorie d’itinéraires que nous allons étudier est celle des personnes qui font carrière. Nous voulons comprendre ce qui les a conduits à considérer l’animation périscolaire comme une voie professionnelle possible. Nous pouvons nous interroger sur l’envie de poursuivre dans une activité professionnelle structurellement précaire et offrant un avenir plus qu’incertain au vu de la dépendance aux politiques publiques de jeunesse. Ce qui est intéressant d’un point de vue sociologique c’est que cette catégorie interroge le point de vue économique sur la précarité. Autrement dit, d’un point de vue de l’acteur rationnel, on voit mal comment ces personnes peuvent vouloir continuer dans l’animation. Nous sommes convaincus, que les moteurs de ce projet peuvent être issus des sphères professionnelles comme extra-professionnelles, nous pensons à la famille, le monde associatif etc… Pour rappel, nous avons constitué ce groupe à partir des personnes qui ont déclaré commencer l’animation périscolaire avant 2016. Nous l’avons affiné en ne gardant que celles et ceux qui désirent continuer dans l’animation. Avec ces filtres nous arrivons à un groupe à analyser de 43 personnes, soit un peu plus d’1/5 de notre échantillon. Nous nous appuierons sur les entretiens de Thibaut et Laurence, respectivement animateur et directrice depuis plusieurs années dans le périscolaire. Thibaut et Laurence sont issus des classes populaires, comme nous le verrons par la suite, il et elle n’ont pourtant pas le même rapport avec leur histoire familiale. En revanche, ils partagent le projet de poursuivre dans l’animation socio-culturelle.

La première chose que nous pouvons relever, c’est que lorsqu’on les interroge, ces personnes définissent leur activité professionnelle comme un métier avec des perspectives d’avenir. Thibaut, animateur périscolaire depuis 5 ans dans 4 écoles des 1er et 6e arrondissements, nous dit ceci à propos

de son emploi :

« Moi je te dis ça parce que j'aime mon métier après je sais que c'est pas le cas de tout le monde c'est ça qui est dommage parce qu'en fait on travaille avec des enfants pas avec des produits on doit avoir un minimum d'implication dans le travail sinon il faut pas faire ça »17.

Laurence, directrice de deux écoles dans les 3e et 12e arrondissements, dit ceci à propos des

animateurs et animatrices qui travaillent avec elle :

79 « Ils voient pas vraiment, pour eux c'est pas un métier, ils viennent là ils gagnent un peu de sous ils passent leur temps, ils voient pas ce qu’un animateur peut apporter à un enfant c'est-à-dire on est là on fait une de l'éducation quand même et eux ils voient ça ... »18

Ce qui est intéressant dans le discours de Laurence et Thibaut c’est qu’ils ont une idée de leur métier, et une certaine exigence vis-à-vis des personnes qui l’exercent avec eux. Pour eux, l’animation est une activité professionnelle avec une responsabilité pédagogique : faire l’éducation des enfants. Ils ne comprennent pas pourquoi d’autres personnels prennent cette activité à la légère. Nous le verrons plus loin, ce sont de véritables militant.es de l’animation, et ces valeurs sont importantes dans leur itinéraire car elles façonnent certaines de leurs décisions. Nous les appellerons donc les

personnels de métier.

Par ailleurs, c’est la catégorie la plus mixte, avec 54,8% de femmes, ce qui indique une sous- représentation des femmes au vu de leur importance dans notre échantillon. Ils et elles ont 29,4 ans en moyenne, ce qui est conforme au reste de notre population, néanmoins la médiane est de 29 ans, soit 5 points au-dessus. C’est une catégorie plus masculine et avec une étendue moins grande que le reste de l’échantillon.

A. Une arrivée imprévue dans le métier

La première chose que nous pouvons dire sur le profil sociologique de cette catégorie est qu’elle est marquée par un recrutement moins populaire que le reste de l’échantillon :

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