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TABLEAU DES FERMIERS, ENGAGÉS ET DOMESTIQUES DE JEAN LEMOINE

Date Lieu Durée Individus Rôle / rétribution

Avant

1662-09-12 Madeleine Cap de la n/d Jean Garnier dit Nadeau et / ou Louis Tétreau Fermiers 1666-00-00 Cap de la

Madeleine n/d Jacques Moron Sansoucy François Fortage Domestiques 1667-00-00 Champlain n/d Jacques Moron Sansoucy Domestique111

1667-03-03 Cap de la

Madeleine 3 ans Pierre Millet (se désiste) Jean Daniet dit Laprise Fermiers

1667-03-20 Batiscan n/d Pierre Jouin Défricheur

1667-04-01 Cap de la Madeleine

3 ans Jean Daniet dit Laprise Pierre Surard dit Lafrisade

Fermiers112

1668-07-04 n/d 4 mois Jean Garnier dit Nadeau Engagé pour 65 livres 1668-07-29 Batiscan n/d Jean Moufflet dit Champagne

Jean Vincent Delanjac Défricheurs ; 2 arpents à abattre et nettoyer

1668-04-10 n/d n/d François Vanasse Engagé pour 85 livres

1669-07-23 Sainte-Anne n/d Charles de Montmaignier Défricheur / censitaire 1670-10-00 Cap de la

Madeleine 1 an Jeanne Toussaint Servante pour 36 livres 1671-02-01 n/d n/d Jean Lesueur dit Callot Engagé pour dettes113

106 Lemoine a concédé une terre à Jacques Moron dit Sansoucy en 1672 dans son fief. Ce dernier est décédé en

1673. Raymond Douville, Sainte-Anne…, p. 50 et p. 61.

107 RPQA – 96283. La famille ne restera pas à Champlain et Jean Lemoine vendra sa terre à Adrien Neveu de

Bacqueville en 1675.

108 C’est lui qui prendra le surnom de « Despins ». L’acte de baptême a été perdu, ainsi que ceux de Charlotte

(v1665), de Louis (v1670), de Marguerite (v1672) et de Jeanne (v1677).

109 À moins qu’on ne le dise « du Cap, de Champlain, de Saint-Éloi et de Batiscan » où étaient dispersées ses

concessions. Greffe J. de Latouche, 1667-03-03.

110 Jean Lemoine a pu faire partie des volontaires de l’expédition de Courcelles en 1666, et la concession aurait

été accordée pour « services rendus ».

111 Au recensement de 1667, Lemoine « habitant du Petit Cap » a cinq bêtes à cornes et trente arpents en valeur.

RPQA - 96283.

112 Greffe J. de Latouche, 1667-04-01. Les deux fermiers passent à l’automne un contrat de battage de grains avec

Pierre Lemoine dit Lavallée (frère de Jean) et Jean Pinsonneau dit Lafleur. Greffe J. de Latouche, 1667-10-17.

113 Greffe J. Cusson, 1671-02-12 : obligation où Lesueur reconnaît devoir 85 livres à Lemoine et s'engage à

rembourser soit en pelleteries, soit en blé, « et en plus le remboursera des journées qu'il a perdues estant a son service ».

Date Lieu Durée Individus Rôle / rétribution

1671-10-06 n/d 3 ans Jacques Lucas Engagé pour 90 # / an114

1672-03-03 Île aux Pins n/d Pierre Cartier Jean Lesueur dit Callot

Fermiers115 (moitié des

grains) 1674-09-30 Sainte-Anne 3 ans Vivien Rochereau Fermier (moitié grains) 1676-00-00 Île aux Pins n/d Jean Rougeau dit Berger Fermier

1676-06-23 Cap de la

Madeleine n/d Jacques Vaudry et Jeanne Renaud Fermiers

116

1676-10-02 Sainte-Anne n/d Louis Poupard Gillet Engagé

1678-03-17 Grondines n/d Jean Sennelay Engagé

1680-02-02 Sainte-Anne 1 an Jean Bihan dit Lebreton Engagé pour 150 livres117

1684-07-08 Batiscan 6 ans Jean Dallos Fermier118

1698-11-18 Sainte-Anne n/d Étienne Bigüe dit Nobert Fermier119

Vivre en seigneur à Sainte-Marie

Le fief en seigneurie concédé par certificat du gouverneur, puis confirmé par

l’intendant Talon en 1672, était situé à une quarantaine de kilomètres de Trois-Rivières120. Ce fief de Sainte-Marie était généralement désigné comme une des côtes de la seigneurie de Sainte-Anne qui appartenait alors aux Sieurs de Suève et de Lanouguère (devenu Lanaudière). Gédéon de Catalogne a décrit ainsi les lieux lors de son passage en 1712 : « La seigneurie du Moine [appartient] aux héritiers de ce nom […] les habitans dépendent de la paroisse Sainte Anne, les terres y sont basses et unies fertilles en toutes sortes de grains et légumes, les bois y sont melangez de toutes especes121 ». En 1723, le territoire de Sainte-Marie, qui semble alors entièrement occupé, comptait dix-huit censitaires et il y avait un couple de fermiers sur l’Île

114 C’est le beau-père Cailhaut de la Tesserie qui a fait l’embauche de l’immigrant de Bayonne chez Romain

Becquet à Québec en l’absence de Jean Lemoine.

115 Greffe Jean Cusson, 1672-03-03. Ils devront « ensemencer ladite terre, faire la récolte, battre et duement vaner

provenant de la ditte terre; et le bled provenant de ladite terre sera partagé moitié par moitié entre les dits bailleur et preneurs ».

116 Pour vingt-cinq minots de blé par année, en remplacement du voisin Nicolas Gaillou. Greffe Jean Cusson. 117 Engagement fait à Québec chez le notaire Gilles Rageot.

118 Pour vingt-cinq minots de blé et deux minots de pois par an. Greffe Antoine Adhémar. 119 Il recevra une concession en mars 1700 lorsque le seigneur mettra ses affaires en ordre.

120 BAnQ, E1,S4,SS1,D16,P2; du 1669-01-03 au 1669-06-04 : certificat par monseigneur de Courcelles,

gouverneur de la Nouvelle-France, d'une concession faite au sieur Lemoine, habitant du Cap-de-la-Madeleine […] et BAnQ, E1,S3,P43 -1672-11-03.

121 Gédéon de Catalogne, « Mémoire sur les seigneuries et habitations des gouvernements de Québec, les Trois-

aux Pins. Le fief n’était pas de grandes dimensions; il n’a donc jamais pu accueillir le nombre idéal de quarante censitaires censé assurer de bons revenus à un seigneur122.

Le fief de Sainte-Marie était attenant à la terre que Jean Lemoine possédait à Batiscan. Avant même l’enregistrement officiel de la concession, il a commencé à concéder et s’est préparé à venir y installer sa famille123. Le premier censitaire, le serrurier Montmaignier de Trois-Rivières, devait venir payer les rentes « à la maison dudit Sr LeMoyne au Cap, jusqu'à ce que le dit Sr LeMoyne ayt fait bastir une maison seigneuriale à la dite seigneurie de Sainte- Anne124 ». Une transaction jette une certaine lumière sur la promptitude de Jean à développer ce qui lui était concédé. Lemoine a repris en 1671, de son ancien fermier Jean Daniet, la concession que ce dernier venait juste d’acquérir dudit Montmaignier. C’était une terre de « quatre arpents de front avec toutes les apartenances et dependances, sise dans l’île aux Pins125 ». Le seigneur avait utilisé son droit de retrait et il passait le lendemain un contrat avec Claude Sauvageau, Vivien Rochereau et Antoine Brucelle pour faire traîner la charpente d’une grange « qui sera esquarrie en l'isle au pain ... comme aussi seront obligés de traîner tous les pieux qui sont faits pour la maison de lisle au pain, sur le bord du petit chenal du côté de la grande terre126 ». Le bois provenait-il de l’abattage que Montmaignier avait promis de faire sur deux autres lots dans son contrat de concession ? Nous n’avons retracé que trois contrats de

122 L'exploitation de quinze arpents de terres labourables constituait le seuil de subsistance d'une famille. De 30 à

40 arpents en valeur assuraient une vie plutôt confortable à une famille. Un seigneur réussissant à établir de 40 à 50 censitaires sur sa seigneurie assurait largement sa subsistance et pouvait même espérer faire quelques profits. Laurent Marien, « Les Arrière-fiefs au Canada de 1632 à 1760. Un maillon socioéconomique du régime seigneurial », Histoire & Sociétés rurales, no 19 (1er trimestre 2003), p. 183.

123 Talon a été absent de la colonie entre 1668 et 1670. La concession a été arpentée et elle a été officialisée,

comme plusieurs autres, par son enregistrement en 1672. Le sieur Lemoine a pu alors « en jouir en titre de fief et seigneurie ». BAnQ, E1,S3,P43 -1672-11-03.

124 Greffe Jean Cusson, 1669-07-10. Cité dans Raymond Douville, Ste-Anne…, p. 98. Montmaignier, serrurier,

s'était engagé à abattre autant d'arbres sur la terre de l'habitation du seigneur qu'il y en avait d'abattus sur les deux terres que ce dernier lui avait concédées sur le grand chenal de la rivière Sainte-Anne. Comme Jean Lemoine le faisait lui-même, le serrurier peut avoir confié la tâche à d’autres.

125 Moyennant la somme de soixante livres tournois que Lemoine s’obligeait de payer à Montmaignier au lieu de

Daniet. Jean Daniet, qui avait pris le bail à ferme d’une terre de Lemoine en 1666 au Cap, puis transféré une terre du Cap au même Lemoine en 1667, habitait alors à Batiscan. Raymond Douville, Ste-Anne…, p. 98.

126 Greffe Michel Roy dit Châtellerault, 1671-03-09. Cité dans Raymond Douville, Ste-Anne..., p. 99. Leur salaire

concessions faites par le seigneur Lemoine entre 1672 et 1678127. Même s’il est difficile d’estimer le développement du fief – tous les individus étant identifiés à la seigneurie de Sainte-Anne dans le recensement – il ne semble pas y avoir eu beaucoup de terres non concédées déjà en 1681128.

Plusieurs ont cru que le manoir seigneurial se trouvait sur l’Île aux Pins, mais la maison de Jean Lemoine a été construite au cœur du fief en 1678129. Lemoine a embauché trois hommes pour lui construire une maison de trente-cinq pieds français, couverte de lambris avec deux cheminées de pierres et des pignons en bousillage. Il a choisi à nouveau Rochereau et Sauvageau auxquels s’est joint Michel Feuillon, de Grondines130. Le seigneur a indiqué aux ouvriers à quel endroit ils pouvaient prendre le sable et la glaise. Il précisait qu’il leur

fournirait les clous, un homme et un canot pour le transport131. La maison seigneuriale du sieur Lemoine aurait été terminée avant 1680, car Jean y a signé un contrat avec son fournisseur d’anguilles, Michel Lemay132. Le baptême de Jean Alexis a cependant été enregistré à la paroisse de Sainte-Anne-de-la-Pérade. Jean Lemoine n’a jamais habité la terre qui lui fut concédée par l’Hôtel-Dieu de Québec en 1679 à Grondines133, seigneurie qui relevait du gouvernement de Québec comme ses deux voisines qui appartenaient à des membres de la famille Chavigny : Deschambault et La Chevrotière. Au recensement de 1681, la maisonnée seigneuriale de Jean et Madeleine était composée de huit enfants incluant le petit Alexis âgé de six mois, et de trois domestiques, Pierre (30 ans), Thomas (28 ans) et Antoine (40 ans)134.

127 Greffe Jean Cusson : à Jean Lesguillon, 1676-10-04, à Jean Petit, 1676-10-05 ; à Jean Baptiste Rougeau dit

Berger, 1678-12-05.

128 Benjamin Sulte, Histoire des Canadiens-français, volume V, chapitre IV. Recopié par Jean-Guy Sénécal sur le

site : <www.mitan.ca/genealogie/recensements/documents/avant1800/1681.doc>. On peut suivre les déplacements de censitaires dans les histoires locales.

129 Le contrat de vente en 1673 de la terre de Claude Sauvageau à Pierre Gendron précise que la terre avec

maison, étable et grange, est située au nord de celle du seigneur où il n’y avait pas encore d’habitation. Greffe Michel Roy dit Châtellerault, 1673-10-26.

130 Greffe Michel Roy dit Châtellerault, 1678-12-27. 131 Raymond Douville, Sainte-Anne…, p. 103. 132 Greffe Michel Roy dit Châtellerault, 1680-03-17.

133 Greffe Romain Becquet. 1679-10-27. Nous ignorons s’il a donné à ferme l’exploitation de cette terre, mais

Jean Lemoine recrutait de la main-d’œuvre dans les environs.

134 RPQA – 97404. Les noms de famille de ces derniers ont été omis. Douville les identifie comme étant Antoine

Cottenoir (qui partira pour Gentilly) et Pierre Cartier (qui était fermier de Mr de Suève en 1673 et qui partira pour Boucherville). Raymond Douville, La seigneurie Sainte-Marie : ses premiers seigneurs, ses premiers colons (1669-1775), Trois-Rivières, Editions du Bien public, 1979, p. 15.

Jean Lemoine a déclaré qu’il possédaient trois fusils, vingt bêtes à cornes et qu’il y avait quarante arpents du domaine qui étaient défrichés135. Bien que la famille Lemoine ait pu loger quelque temps sur l’Île aux Pins en attendant que le manoir soit terminé, c’est le fermier exploitant l’île qui a habité la maison qui s’y trouvait. Selon la déclaration de Gatineau en 1723, il y avait sur l’Île aux Pins trois arpents de terre labourable et environ huit arpents de prairie faisant partie du domaine136.

La famille n’a pas toujours vécu ensemble à Sainte-Anne, mais les liens étaient assez forts pour que ses membres restent en contact et se soutiennent. Madeleine de Chavigny a fait donner à ses filles une éducation correspondant à celle qu’elle avait reçue : celle d’une jeune noble137. Les filles de Jean Lemoine ont été envoyées chez les Ursulines à Québec. Il y avait pourtant à compter de 1676 à Champlain, une petite école tenue par une fille séculière de la Congrégation Notre-Dame venue de France, Marie Raisin, qui se trouvait beaucoup plus près de la maison paternelle138. C’est la grand-mère Éléonore de Grandmaison qui a conduit l’aînée des fillettes Lemoine au pensionnat en 1675139. La jeune Charlotte y a croisé sa cousine Louise Douaire140 qui a envoyé ensuite chez les Ursulines ses propres filles Lallemand, mais qui a aussi payé pour l’éducation de captives anglaises141, dont la première épouse de Monière142.

135 C’est le même nombre d’animaux que ceux qu’il avait confiés par contrat à la garde de François Frigon.

Greffe Michel Roy dit Châtellerault, 1675-12-29.

136 L’île était habitée par Edmond Guibaud et Marguerite Campagna qui avaient la permission de défricher et

d’en jouir leur vie durant sans payer de cens et rentes, mais qui n’avaient aucun droit de propriété. La terre devait revenir au seigneur à leur décès. BAnQ, E1,S4,SS2,P314. Monière a fait le même genre d’arrangement avec Antoine Libersan à la côte Vertu.

137 Les sœurs Chavigny et les filles Lemoine ont été en pension chez les Ursulines, et plus longtemps que pour

simplement se préparer à leur première communion. La pension coûtait en général cent vingt livres par année et le séjour moyen de chacune des filles a été de deux ans. Nous reviendrons sur leur éducation au chapitre VI.

138 Patricia Simpson, Marguerite Bourgeoys et la Congrégation de Notre-Dame, 1665-1700, McGill-Queens’

University Press, Montréal, 2007, p. 65-66.

139 Marcel Trudel, Les écolières des Ursulines de Québec. 1639-1686 : Amérindiennes et Canadiennes, Montréal,

Hurtubise HMH, 1999, p. 312.

140 Louise Marguerite Douaire, qui avait 16 ans de plus que Jean Alexis et qui sera sa belle-mère, y a séjourné en

1671-1672 et puis en 1674. Marcel Trudel, Les écolières des Ursulines…, p. 272 et p. 312.

141 Au total, nous avons trouvé sept captives dont le séjour a été payé par Louise Douaire entre 1697 et 1710.

Élisabeth Chavigny, veuve Landron, a aussi payé en 1691 pour Marie Françoise, une captive qui se trouvait en pension en même temps que la jeune Marie Anne Lemoine.

142 Marie Louise (née Abigail) Kembal a été amenée par Louise Douaire qui l’avait rachetée des Abénakis.

Charlotte a aussi côtoyé au pensionnat Marie Antoinette Chouard Desgroseilliers et Marie Nolan dit Chevalier ainsi que Françoise Jeanne et Marie Angélique Denys de la Ronde143.

L’instruction primaire des quatre garçons a pu se faire dans leur entourage avec un maître itinérant144 ou un notaire145. Père et mère, qui savaient tous les deux écrire, ont aussi pu leur montrer des rudiments de calcul et d’écriture146. Jean Alexis n’avait que quatre ans

lorsque sa sœur Charlotte, épouse d’un censitaire voisin de son père, est partie pour Montréal147. Louis et René séjournaient alors à Champlain148. Jacques se trouvait déjà à Montréal d’où partaient désormais les expéditions pour la traite. Les trois premiers fils Lemoine ont probablement couru les bois dès leur prime jeunesse sous la supervision de voyageurs expérimentés. Jacques, dont on perd la trace dans le Pays d’en haut en 1720149, et Louis, décédé en 1693 à l’âge de 23 ans150 n’ont pas laissé de descendance qu’on puisse retracer.René Alexandre et Jean Alexis ont aussi été voyageurs, du moins pour un temps. Leurs fils et leurs neveux – fils des filles Lemoine – et quelques petits-fils feront plus tard du commerce à plus ou moins grande échelle sur tout le continent. Ils seront à l’aise dans ce milieu.

143 Marcel Trudel, Les écolières des Ursulines…, p. 309-310 et p. 313. Marie Nolan sera l’épouse du gouverneur

de Trois-Rivières, Laporte de Louvigny.

144 Plusieurs soldats savaient écrire comme le montrent leur nomination à titre de greffier ou de commis et les

procès de plusieurs d’entre eux pour fabrication de fausse monnaie de cartes et pour contrefaçon de billets.

145 Les notaires Antoine Adhémar, Michel Roy dit Châtellerault, Jean Cusson et Guillaume Larue Deplaine font

partie du réseau des Lemoine.

146 Jean savait tenir les comptes de la fabrique et Madeleine avait été l’élève des Ursulines de Québec. 147 Le couple Guillet est parti avec Élisabeth, une nièce qui avait presque le même âge que Monière et qui sera

une de ses clientes à Montréal. Devenue « sœur Guillet » dite Sainte-Barbe, elle était la supérieure de la Congrégation Notre-Dame à son décès en 1739.

148 C’est la signature du registre paroissial qui signale leur présence.

149 Jacques est dit seigneur de Sainte-Marie lors du mariage de sa sœur Jeanne en 1710. Lors d’un procès

contestant les lods et ventes en 1716, la veuve Lemoine est dite propriétaire de la seigneurie, mais non pas seigneuresse. BAnQ, TL3,S11,P3056.

150 On retrouve Louis à Champlain en 1684-1686, à Lachine en 1687, à Batiscan en 1688 où il signe les registres

paroissiaux. Il est parrain à Tadoussac - où il se trouve en compagnie de son oncle Pierre Lemoine - en mai 1693. Il est décédé en décembre de la même année à Batiscan.

En 1699 et en 1700, le seigneur Lemoine a concédé de nouvelles terres dans son fief et confirmé les occupations sans contrat de quelques censitaires151. En l’absence de son aîné, un voyageur devenu seigneur au décès de son père en 1706, la veuve Madeleine de Chavigny va gérer le fief dont elle possédait la moitié, l’autre moitié appartenant aux enfants Lemoine152. Il est possible qu’elle ait été assistée dans la suite de son gendre Gatineau, ancien associé de Jacques153. En 1710, Madeleine avait cependant confirmé seule à Vivien Rochereau la concession de huit arpents qu'il occupait sans contrat depuis vingt-deux ans154. Est-ce parce que le fief était tout à fait occupé que Madeleine de Chavigny a reçu du gouverneur Vaudreuil un agrandissement de la terre de Sainte-Anne en 1711 ou est-ce parce que celui-ci souhaitait récompenser – comme nous le supposons – Jacques Lemoine qu’il venait d’envoyer comme émissaire chez les Renards155 ? La même année, Marie Anne Lemoine et Jean Giasson, mariés en 1697 et installés à Ville-Marie, vendaient leur terre de Sainte-Marie, probablement reçue en dot ou en avancement d’hoirie156. Madeleine a confirmé cinq ans plus tard à René, fils de Pierre Gendron, la concession d’une terre qu’il avait commencé à mettre en culture dans l’extension du fief157. Pour remembrer le fief, le couple Lemoine-Gatineau va racheter toutes les parts des co-héritiers en 1720 suite au décès de Jacques158. Le gendre Gatineau fera l’aveu

151 Deux actes en 1699 et huit autres en 1700. Michel Langlois, Dictionnaire biographique des ancêtres

québécois (1608-1700), Sillery (Qc), Maison des ancêtres québécois, 1998-2001, tome III, p. 244.

152 La veuve et ses enfants devaient se partager un fief en seigneurie et une terre en roture. Nous ignorons les

conditions du contrat de mariage de Jean et Madeleine, mais l’aîné Jacques avait (par droit d’aînesse) la préséance sur le préciput de sa mère. Pour mieux comprendre le partage successoral des fiefs nobles et celui des biens immobiliers roturiers, voir Claire Gourdeau, « Établir ses enfants… », p. 45-46 et p. 56-57.

153 Jeanne Lemoine, devenue un beau parti en 1708, a pris mari deux ans après la donation de la terre de

Batiscan. Sur l’avis de ses enfants, la veuve en avait conservé l’usufruit. RPQA – 8312, 1710-01-22.

154 Greffe Normandin, 1710-08-01. Raymond Douville, Sainte-Marie…, p. 22.

155 BAnQ, E1,S4,SS1,D16,P3, 1711-10-24 : acte de concession par Philippe de Rigaud, Marquis de Vaudreuil,

gouverneur, et par Jacques Raudot, intendant de la Nouvelle-France, à Marie-Madeleine de Chavigny, veuve de feu Jean Lemoyne.

156 Greffe D. Normandin, 1711-07-27. Le couple Giasson avait acheté le fief Saint-Jean du sieur Boucher de la

Perrière en 1703. La possession de ce fief sera contestée par un héritier et elle sera confirmée à la veuve Giasson par Gilles Hocquart. BAnQ, E1,S1,P2645. 1734-06-02. René Lemoine Despins avait aussi un arrière-fief dans cette seigneurie. Laurent Marien, « Les Arrière-fiefs … », p. 176.

157 Greffe Normandin, 1715-10-08.

158 Greffe Michel Lepailleur de Laferté, 1720-08-26. L’accord comprenait l’abandon des droits de Madeleinede

Chavigny dans la communauté et le règlement de ses dettes à son décès; la renonciation à son droit d’aînesse par René Alexandre (qui venait d’en hériter par le décès de son aîné, ce droit étant inaliénable) et la vente au couple Gatineau de leurs parts dans la seigneurie par les fils et les filles Lemoine pour 5 250 livres de France.

et dénombrement du fief en 1723159 alors que Madeleine allait s’installer chez son fils René à Boucherville. La part de Jean Alexis n’était toujours pas entièrement payée à ce moment160.

Se fixer et finir sa vie à Batiscan

En 1684, Jean Lemoine avait affermé une terre de Batiscan pour six ans à Michel