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Documenter croissance et décroissance d’une entreprise

TABLEAU DES OBLIGATIONS CONSENTIES PAR JEAN LEMOINE

10 CABAC_MIKAN 3065991, [1725].

3.1. Documenter croissance et décroissance d’une entreprise

Quel critère de réussite faut-il retenir ? Ce ne sera pas le profit en soi, car le terme « profit » n’était pas utilisé au XVIIIe siècle dans son sens actuel et il est difficile sinon impossible à calculer2. Un-e non-initié-e3 peut d’ailleurs facilement confondre profit, marge commerciale et majoration des prix. La différence entre le coût d’achat (ou prix de gros) et le prix de vente (au détail ou au demi-gros) ne représente pas le profit. Une majoration de 125% ne signifie pas que le profit sera de 125%. Les historien-ne-s ont tenté à maintes reprises de calculer les profits générés par les activités des marchands de fourrures. Nous ne l’avons pas tenté car, pour calculer les profits d’un équipeur du XVIIIe siècle, il faudrait pouvoir tenir

1 José Igartua avait inclus Pierre Alexis dans son analyse sur les marchands après la Conquête, mais sans donner

de précisions sur son parcours. L’historien avait donné sa belle-mère, Marie Josèphe de Couagne, comme épouse de Pierre Alexis, et il avait attribué à ce couple les enfants de Monière père. Pierre Alexis aurait eu cinq ans au moment du mariage.

2 Faire profit d’une chose a été utilisé à compter de 1690. Le pluriel profits a d’abord désigné les petites

gratifications versées aux domestiques (1616) et est devenu désuet au XIXe siècle. Le mot est entré dans quelques

expressions en comptabilité, dont profits et pertes, en 1869. Alain Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 1998 (1992), vol III, p. 2959.

3 Ayant été propriétaire d’une entreprise artisanale (de 1992 à 2012), nous étions un peu plus familière que

plusieurs de nos collègues avec ces notions. Nous remercions notre comptable de l’époque, Roger Fayolle, pour les intéressantes discussions au sujet de la survivance et des adaptations des façons de faire.

compte de tous les frais que nous ne connaîtrons jamais, n’ayant pas en mains toutes les informations dont les marchands disposaient alors4.

Le profit

Même s’ils connaissaient tous ces coûts, les marchands ne semblent pas avoir été intéressés à calculer ce profit. « Neither the actual bookkeeping practised in the early modern era nor the private standards and public norms governing them then, point to a consistent view of profit as the core goal of merchant activity5 ». Il ressort des travaux du MARPROF que ce qui préoccupait les marchands était de savoir où en était leur crédit : ce qui leur était dû et par qui, ce qu'ils devaient eux-mêmes et quand ils devraient payer. À Montréal, Étienne Auger ne cherchait pas à calculer ses profits annuels6. Pour lui comme pour Monière, le plus important demeurait l’inventaire des marchandises (souvent noté sur des feuilles volantes) pour savoir ce qu’il devait renouveler, et l’analyse du Grand Livre pour connaître les créances qui lui étaient dues. Le grand problème des marchands aurait été d’évaluer de manière juste les liquidités dont ils disposaient7. Nos préoccupations étant autres, nous avons renoncé à établir les profits de Monière pour les quarante années où il a été en affaires8. Même si nous trouvons les calculs de partage du solde d’une aventure, on peut se demander si lui et ses collègues s’en souciaient vraiment autant que les chercheurs le souhaiteraient.

Pour calculer le profit réel, en plus de connaître le prix de vente, il faudrait pouvoir ajouter au prix d’achat de France, des coûts inconnus : le transport par navire et les assurances, les taxes à l’importation sur certains produits dont les alcools, la commission du facteur ou du négociant à Québec, le déchargement, le transport par barque et / ou par traîne entre le lieu d’achat et le magasin. Il y avait aussi des frais de manutention (emballeur, charretier,

4 Nous avons eu la chance de travailler dans une collection de livres bien plus complète que celles, très partielles,

à partir desquelles des calculs de profitabilité ont été tenté dans divers pays.

5 Pierre Gervais, Yannick Lemarchand et Dominique Margairaz, « The Many Scales of Profit : Accounting for

Norms, Practices and Results in the Age of Commerce » dans Merchants and Profit in the Age of Commerce, 1680-1830, London (UK) et Vermont (USA), Pickering and Chatto, 2014, p. 10.

6 José E. Igartua, The merchants and Negociants of Montreal, 1750-1775: a Study in Socio-economic History,

thèse de Ph. D. (histoire sociale), Michigan State University, 1974, p. 126.

7 Voir Pierre Gervais, Yannick Lemarchand et Dominique Margairaz, « The Many Scales of Profit: Accounting

for Norms, Practices and Results in the Age of Commerce » dans Merchants and Profit…, p. 1-12.

entreposage et garde des canots). Il est impossible de calculer les immobilisations. Le magasin et la maison du marchand, et même l’entrepôt lorsqu’il en avait un, faisaient partie des biens immobiliers personnels du négociant ou de la communauté avec sa femme. Pourtant, depuis Mathieu de la Porte en 1685, on connaissait la distinction entre le patrimoine du négociant (ou comptes du chef) et le patrimoine de l'entreprise9. Il semble que beaucoup de négociants des deux côtés de l’Atlantique ne se préoccupaient pas de les distinguer, ni d’ailleurs de calculer la profitabilité de l’entreprise. Il est important de noter les délais de paiement occasionnés par les distances et les retards, ainsi que le fait que plusieurs équipeurs faisaient aussi du commerce de détail (à crédit !) à Montréal.

Les négociants en métropole et les marchands impliqués dans la traite au Canada devaient attendre assez longtemps les retours sur leurs investissements. Il fallait pouvoir financer les achats et parfois ceux de plusieurs saisons, lorsque les débiteures payaient annuellement seulement une partie des avances. Le commerce de deux marchandises

absolument nécessaires pour la traite, les toiles et les étoffes de laine, reposait d’ailleurs sur un crédit généralement assez long10 . Suivons donc pas à pas le voyage d’une pièce de molleton de France. À toutes les étapes de son parcours, divers coûts vont s’ajouter dont il faut tenir compte pour ne pas imaginer (à tort), en projetant dans le passé des attentes contemporaines, que le marchand aurait dû payer à Montréal ou dans l’Ouest le prix facturé à Québec par les métropolitains. Nous allons voir qu’à chaque étape, en plus du bénéfice (très variable), des assurances et des taxes, pouvaient s’ajouter des frais de transport et de commission (de 2 à 5%), qui sont difficiles à retracer.

Le négociant achetait d’abord en métropole une pièce de molleton (et beaucoup d’autres) qu’il devait payer comptant, s’il n’était pas associé avec le fabricant. Il pouvait aussi obtenir du crédit, mais seulement pour un mois selon Savary. La pièce était acheminée par voie terrestre ou fluviale au port d’embarquement (La Rochelle, Bordeaux…). Le négociant

9 Jean Guy Degos, Histoire de la comptabilité, Collection Que sais-je ?, PUF 1998, p. 82. Les comptes sont :

ceux du chef (capital, pertes et profits, dépenses, assurances), ceux des effets en nature (caisse, marchandises, effets, vaisseaux) et les comptes de personnes (débiteurs et créanciers),

ou l’armateur envoyait les marchandises « sous la marque X » à l’attention d’un négociant ou d’un facteur de Québec11. Ce dernier recevait une facture en gros avec ajout d’un bénéfice à « x% » de son correspondant métropolitain. Le marchand de Québec pouvait avoir envoyé des lettres de change pour payer à l’avance, mais lorsque son crédit était bien établi, il pouvait recevoir des marchandises au-delà de ce qu’il avait payé et régler le solde la saison suivante12. Suivait alors la vente par le négociant de Québec à l’équipeur de Montréal : une vente en gros, généralement à crédit, avec ajout de bénéfice à « y% » sur le prix de France. Certains

marchands, comme Pierre Guy13, allaient rarement à Québec et menaient leurs affaires dans la colonie par correspondance. Les Monière allaient entretenir leurs relations et choisir eux- mêmes les marchandises en se rendant sur place une ou deux fois par année. Le négociant de Québec expédiait ensuite les achats de l’équipeur par barque ou sur des traînes à Montréal.

L’équipeur avançait ensuite les marchandises, toujours à crédit, au marchand voyageur, à une société de commerce ou aux marchands ruraux : une vente au « demi-gros » avec ajout de bénéfice à « z% » sur le prix de Québec. Dans le cas où il aurait commandé directement en France, le marchand de Montréal devait verser une commission à celui de Québec qui avait reçu la pièce et qui l’avait entreposée avant son ramassage. Divers frais étaient aussi ajoutés à la commission. La pièce pouvait ensuite être échangée par le marchand voyageur, le commis ou le voyageur contre du castor et d’autres peaux et fourrures avec les Autochtones (vente au détail) ou encore être échangée ou vendue par les mêmes aux colons et aux soldats dans les postes et les forts éloignés (au détail aussi). Finalement, la pièce de molleton pouvait être « détaillée » aux habitants de la colonie par le marchand équipeur lui-même ou par un marchand établi dans les campagnes qui l’avait achetée en ville14. Le seul moment où un marchand vendait sans bénéfice était pour rendre service à un collègue et il précisait dans le compte : « en troc » ou « à rendre ». Selon les lieux et les périodes, les Autochtones recevaient

11 Nous parlerons plus loin de quelques-uns des fournisseurs des Monière.

12 Le même phénomène se produisait entre le marchand voyageur et les sociétés avec l’équipeur. Les comptes

pouvaient continuer à courir et à s’accumuler.

13 Décédé en 1748, une partie de sa correspondance, de celle de sa veuve et de son fils a été conservée dans la

Collection Baby, Université de Montréal.

14 Nous ignorons si un nouveau bénéfice était ajouté par le marchand rural, mais cela serait dans l’ordre des

parfois des avances en marchandises, une forme de crédit accordé par le voyageur de son propre chef, à la demande d’un officier15 ou d’un garde-magasin16. En fin de compte, aux deux bouts de la chaîne de la traite, le négociant et, dans certains cas, l’Autochtone, étaient les seuls qui devaient payer comptant, les autres intermédiaires ou consommateurs (les habitants, par exemple) pouvant généralement obtenir du crédit du vendeur. Pour juger de la bonne marche de leurs affaires, les équipeurs retenaient notamment la part des créances qu’ils réussissaient à se faire payer dans un délai jugé raisonnable. On peut cependant supposer qu’ils n’étaient pas insensibles à l’évolution du volume de leurs affaires dont ils avaient quelques notions, et nous aussi, rétrospectivement, à partir de la documentation concernant Monière.

L’équipeur de Montréal avançait ses marchandises de traite contre une promesse de paiement (parole donnée, billet ou obligation). Il s’attendait à être payé au retour des voyageurs sous toutes sortes de formes : fourrures, peaux ou castor, parfois du numéraire, parfois des esclaves qui avaient été remis en « cadeau » à des officiers militaires ou échangés à des marchands voyageurs. L’équipeur comme Monière devait remettre le castor récolté à Montréal au bureau de la Compagnie des Indes contre des « récipissés du castor ». S’il avait pu obtenir du crédit à Québec en début de saison, il envoyait à ses fournisseurs les peaux et les fourrures récoltées ainsi que les récipissés qui devaient être changés en lettres de change au Bureau du Trésor. L’équipeur ou le négociant de Montréal pouvait aussi parfois (après que les ballots aient été vérifiés et partagés, au besoin) faire parvenir le castor à son correspondant. Ce dernier se chargeait de le remettre au bureau de Québec. Pour régler les achats qu’il avait faits et qui excédaient la valeur des récipissés, l’équipeur pouvait faire parvenir à Québec ou directement en France, s’il s’approvisionnait là-bas, les lettres de change tirées sur des banquiers en France ou sur le trésorier de la Marine.

15 Même en période de paix, à certaines occasions, les commandants ont forcé les voyageurs à avancer leurs

marchandises pour inciter les Autochtones à partir à la chasse. Selon leurs lettres, ce fut le cas de La Vérendrye (mi-1730s) et de Legardeur de Saint-Pierre (début des années 1750) dans les postes de la Mer de l’Ouest.

Le bénéfice

Les marchands ajoutaient à leurs factures un « bénéfice » que nous appelons aujourd’hui « majoration des prix » (mark-up) sur le prix des marchandises. Le niveau de majoration considéré comme acceptable était très subjectif. Les critères pour établir le seuil de normalité a varié selon les périodes. Dans plusieurs des villes rencontrées lors de nos lectures, il y avait des mentions d’un certain « cours ». À Montréal, le prix des marchandises de traite et des fourrures (sauf le castor) était celui du « marchand équipeur ». Le bénéfice variait dans la colonie, non seulement en fonction du niveau de commerce (gros, demi-gros ou détail) et du lieu de vente (Montréal, Détroit, Michillimackinac ou Québec), mais également en fonction de la réputation du client, de la période (guerre ou paix, pénurie ou surplus), et dans le cas des marchandises de traite, du lieu de destination (durée du crédit et risques). Chez Monière, nous avons vu des bénéfices variant de douze (12%) à cent vingt-cinq pour cent (125%).

Nous avons traité au deuxième chapitre de l’évolution du volume des ventes au crédit pour la décennie 1715-1725. Compte tenu des lacunes de la source, les chiffres qui suivent sont également donnés à titre indicatif. Pour connaître l’ensemble des affaires des Monière, il aurait fallu pouvoir examiner des livres qui ont disparu et qui contenaient des informations complémentaires17. Voyons les résultats estimés, de dix ans en dix ans, jusqu’au décès de Monière père. Nous avons, pour 1735 et pour 1745, des données pour les douze mois (janvier à décembre). Nous disposons de données pour onze mois répartis sur les deux années qui précèdent celle du décès de Jean Alexis en 1754 : d’octobre 1752 au mois d’août 1753. Les fluctuations ne peuvent pas toujours être expliquées. En 1735 (alors que Monière équipait seulement les sieurs de Quindre et Laperrière), la traite n’aurait rapporté que 6 967 livres, mais

17 Le Livre de Québec contenait probablement les achats et les avances en argent faites à d’autres marchands lors

de leurs séjours conjoints à Québec. Le Livre d’échange (ou de troc) permettrait de comprendre à quel moment les Monière ont commencé à ajouter un bénéfice sur les marchandises « à rendre », nouveauté dont nous avons vu quelques occurrences après 1750. Le Livre des factures pourrait nous faire connaître les achats et les fournisseurs, en particulier ceux qui auraient pu être faits en France. Le Livre des prêts nous indiquerait les avances de sommes plus importantes que la menue monnaie remise pour faire la charité ou pour des achats au marché, peut-être s’il y avait un seuil à partir duquel on calculait les intérêts. Le Livre des cargaisons nous ferait connaître ce que les Monière achetaient directement dans la pacotille des officiers de navires, souvent des alcools que ces derniers avaient le droit de vendre à leur arrivée sans verser de commission à l’armateur. Quant à l’État du blé, la Vente des vins et l’État des achats & ventes du lard, dont nous n’avons que des aperçus, ils nous auraient permis de savoir quelle part ces denrées représentaient dans leur commerce. Enfin l’État des ouvrages nous aurait fourni encore plus de noms et de tarifs des couturières pour notre mémoire de maîtrise.

les ventes au détail ont atteint 15 279 livres. Le commerce en ville a chuté à 9 589 livres pour l’année 1745 – une année de guerre où tout a été réservé par l’intendant, ou presque, pour les partis de guerre – alors que les ventes pour la traite de Monière ont atteint 32 295 livres. Il semble avoir choisi de se concentrer sur la traite malgré la pénurie presque générale de marchandises. Pour les onze mois de l’exercice 1752-1753 combinant les activités des deux Monière, le chiffre d’affaires pour la traite était de 20 067 livres, alors que les ventes au détail ont atteint 26 011 livres. La « nouveauté » depuis 1745 était que Pierre Alexis avait commencé à créer un réseau de marchands ruraux dans les campagnes. Les ventes au prix de gros en 1752-1753 ont totalisé 31 363 livres, incluant un bénéfice qui variait selon le client. Le chiffre d’affaires de cette « petite année » de onze mois, a donc atteint plus de soixante-quinze mille livres. Le chiffre d’affaires total aurait donc presque doublé entre 1735 et 1745, plus que triplé entre 1735 et 1753, et presque quadruplé depuis 1720.

TABLEAU DE L’ÉVOLUTION DU CHIFFRE D’AFFAIRES DE MONIÈRE18

Traite Gros Détail Total

annuel

Livres Sols Den. Livres Sols Den. Livres Sols Den. Livres Sols Den.

1715 4 831 6 11 48 0 0 2 095 0 0 6 974 6 11 1720 13 721 15 0 2 10 0 5 974 22 11 19 699 7 11 1725 17 759 8 1 0 0 0 1 461 9 0 19 230 17 1 1735 6 967 1 7 240 0 0 15 279 16 0 22 536 1 4 1745 32 295 0 10 6 9 6 9 589 8 10 41 891 19 2 1752 8 944 19 7 8 710 7 8 9 883 14 7 27 539 1 10 1753 11 123 2 0 22 553 8 11 16 128 3 6 49 805 14 5 52-53 20 067 31 263 26 011 77 344

18 Les années en italique sont incomplètes. Nous avons additionné les chiffres de 1752 et de 1753 pour obtenir les

En 1742, Pierre Alexis Monière, pas encore majeur, était déjà très actif aux côtés de son père. Il est cependant resté dans l’ombre de Jean Alexis encore quelques années19 et s’est occupé, entre autres choses, de développer sa propre terre, de faire de la vente de souliers, de vin et d’alcools20. Âgé de vingt-neuf ans en 1749, le fils a ouvert ses premiers livres

comptables personnels. À partir de ce moment, nous pouvons plus facilement identifier les fournisseurs de l’informelle société Monière et fils à Québec et à La Rochelle21. Nous ignorons ce que chacun des deux Monière a investi dans la communauté père-fils. Nous voyons cependant d’importants montants portés au débit et au crédit des nouvelles sociétés de chacun d’eux dans le livre de leur entreprise d’où les fonds sont tirés22. Nous ne pouvons pas déterminer pour quels achats ces sommes, parfois des dizaines de milliers de livres, ont été utilisées ni de quelle manière elles ont été remboursées. Nous ne pouvons pas calculer les profits sur ces transactions. Nous ne pouvons donner qu’une idée des mouvements des fonds.

À compter de 1752, les ventes des marchandises achetées par Jean Alexis et vendues « sous la marque M » ont désormais été créditées à son compte particulier. Puisqu’il n’y a eu aucun inventaire au moment du décès du vieux négociant en 1754, sa fortune est difficile à évaluer de manière précise. L’absence d’inventaire peut s’expliquer par le fait qu’il n’existait plus de communauté entre Monière et une épouse, ni entre lui et ses enfants, tous majeurs. On retrouve toutefois les dettes actives et passives envers Monière dans le compte de succession rendu par Pierre Alexis le 4 janvier 175723. Suivant le rapport vérifié par Josette Monière et remis au notaire, les créances envers la succession s’élevaient à ce moment à un peu plus de

19 Greffe L. C. Danré de Blanzy, 1745-03-06 : obligation de François Dagenais et obligation d’Antoine Libersan

de côte Vertu. Monière fils représente son père.

20 Greffe L. C. Danré de Blanzy, 1745-04-08 : achat d’une terre sise à Sainte-Geneviève de 4 arpents sur 25

arpents, « le devant touchant au bois debout longeant la rivière des Prairies » et à l’arrière de la terre de Monière père entre Jean Viau et Jean Baptiste Groulx. Il est impossible de savoir ce que ces ventes lui ont rapporté.

21 Cela est rendu possible parce que les avances faites aux fournisseurs sont inscrites au débit jusqu’à ce que les

marchandises soient livrées.

22 Alors que Jean Alexis s’est associé pour un tiers avec le chevalier Le Mercier dans l’exploitation du poste des

Illinois en 1753-1754, c’est le fils qui a tenu le livre dans lequel on retrouve aussi le compte de la succession.

23 Arrêté de compte du 4 janvier 1757 signé par Josette Monière. Les dettes étaient réparties par lieu. Elles ont été

tirées du Livre Extrait no D (disparu), du Livre des Engagés no 1 et du Petit Livre no B (disparu), « sur lesquels trois livres sont en general et sans exception toutes ses creances ». Pierre Alexis a indiqué dans le rapport si la dette était « par compte », par obligation, par billet ou « par sentence ».