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TABLEAU DES CONGÉS POUR LES POSTES DE LA MER DE L’OUEST

CHAPITRE IV Profession : équipeur

TABLEAU DES CONGÉS POUR LES POSTES DE LA MER DE L’OUEST

Date du permis Date du départ

Source Lieu Permission ou congé Canots Eng.

1721-05-16

1721-06-00 TL4,S34,P27 Kaministiquia Madame Lanoue [Catherine Lemoyne] 1 0 1721-05-16

1721-06-00 TL4,S34,P26 Kaministiquia Capitaine [JB Saint-Ours] Deschaillons 3 15 1722-06-16 TL4,S34,P53 Kaministiquia Madame Deschaillons

[Marguerite Legardeur]; 2 8

1723-06-01 1723-06-04

TL4,S34,P90 Kaministiquia, Népigons

Pierre Hubert dit Lacroix 1 5

1723-06-02

1723-06-06 TL4,S34,P95 Kaministiquia Madame Deschaillons [Marguerite Legardeur] 3 12 1724-05-22

1724-04-24 TL4,S34,P127 Kaministiquia La dame De Verchères 1 5

1725-05-30

1725-06-04 TL4,S34,P163 Kaministiquia La dame De Verchères 1 5

1725-06-12 1725-06-15

TL4,S34,P164 Kaministiquia La dame Deschaillons [Marguerite Legardeur]

3 15

1728-04-00 TL4,S34,P235 Kaministiquia Madame de Varennes 3 16

1729-06-18 TL4,S34,P276 Kaministiquia,

Michipicoton J.R. Gaultier de Varennes de la Vérendrye 2 12

1729-06-19 TL4,S34,P450 Mer de l'Ouest Ignace Gamelin 4 28

1731-06-05 1731-06-11

TL4,S34,P975 Népigons Jarret de Verchères 2 10

1731-06-18

1731-06-22 TL4,S34,P977 Kaministiquia Hervieux et Pothier 2 10

1732-06-13

1732-06-14 TL4,S34,P1045 Kaministiquia, Winnipegons Maugras, Hamelin et Hurtubise 8 40 1733-05-30 TL4,S34,P1072 Kaministiquia,

Winnipegons Ignace Gamelin 5 34

1733-06-04 1733-06-11

TL4,S34,P1083 Népigons Alexis Lemoine Monière 2 12

1734-04-04

1734-05-29 TL4,S34,P1139 Kaministiquia, Lac des Bois Lajemmerais; commandant en second de La Vérendrye 4 24

30 Le nouveau commandant, François Josué de Lacorne, sieur Dubreuil, l’exploita en 1742 et en 1743 avec son

Date permis Date départ

Source Lieu Permission ou congé Canots Eng.

1734-06-04

1734-06-06 TL4,S34,P370 Népigons Alexis Lemoine Monière 2 10

1734-06-09 TL4,S34,P374 Kaministiquia,

Lac des Bois Eustache Gamelin 4 22

1735-05-09 1735-06-00

TL4,S34,P411 Lac Alepimegon La Vérendrye, commandant Kaministiquia

3 17

1735-06-07 1735-06-00

TL4,S34,P410 Michipicoton La Vérendrye, commandant Kaministiquia

1 6

1735-06-07 TL4,S34,P412 Kaministiquia,

Winipignons La Vérendrye, commandant Kaministiquia 10 60 1735-06-09 TL4,S34,P415 Kaministiquia Bourassa [René], conducteur du

canot du Père Aulneau 1 6

1737-03-23 1737-04-30

TP1,S35,D9,P71 Mer de l'Ouest Charles Nolan Lamarque 4 37

1739-05-20 TL4,S34,P437 Poste de l'Ouest Ignace Gamelin 3 18

1739-05-31 TL4,S34,P440 Lac Alepimegon Hervieux 2 12

1739-06-27 TL4,S34,P468 Michipicoton Marin de Laperrière et de

Quindre 1 6

1740-06-02 TL4,S34,P492 Poste de l'Ouest Ignace Gamelin 5 32

1740-06-04 TL4,S34,P491 Lac Alepimegon Lacorne de St-Luc 3 16

1743-06-18 TL4,S34,P542 Kaministiquia Jean Baptiste Courville 3 18 1743-06-12 TL4,S34,P540 Mer de l'Ouest Maugras pour La Vérendrye 2 12 1743-06-13 TL4,S34,P539 Mer de l'Ouest Maugras pour La Vérendrye 6 46 1743-06-25 TL4,S34,P561 Michipicoton Lamothe Douville et Gatineau 1 6

1743-06-23 TL4,S34,P559 Népigons Charly St-Ange 3 18

1744-05-27 TL4,S34,P602 Kaministiquia Maugras pour de Noyelles 1 8 1744-05-27 TL4,S34,P603 Kaministiquia Maugras pour de Noyelles 1 7 1744-05-27 TL4,S34,P604 Kaministiquia Maugras pour de Noyelles 1 6 1744-05-27 TL4,S34,P587 Lac Bourbon Maugras pour de Noyelles 3 21 1744-06-02 TL4,S34,P625 Forts La Reine,

Lac des Bois, Maurepas & Dauphin

De Noyelles 6 36

1744-06-02 TL4,S34,P629 Michipicoton Ignace Gamelin 2 12

1744-06-02 TL4,S34,P615 Népigons Charly St-Ange 2 12

1744-06-05 TL4,S34,P624 Lac de la Pluie Alexis Lemoine Monière 2 12

1744-06-12 TL4,S34,P630 Kaministiquia Ignace Gamelin 1 6

1745-05-28 1745-06-01

Date permis

Date départ Source Lieu Permission ou congé Canots Eng.

1745-06-10

1745-06-13 TL4,S34,P672 Kaministiquia Maugras 1 6

1745-06-10

1745-06-13 TL4,S34,P673 Kaministiquia Maugras 1 6

1745-06-10

1745-06-14 TL4,S34,P675 Népigons Pierre Julien Desrivières et Charles René de Couagne 3 18 1745-06-11

1745-06-13 TL4,S34P671 Forts St-Charles et Maurepas Maugras 3 18 1745-06-15 TL4,S34,P678 Michipicoton Lamothe Douville; enregistré

par Gatineau 3 18

1745-06-18

1745-06-21 TL4,S34,P684 Kaministiquia Maugras 1 6

1745-06-20

1745-06-21 TL4,S34,P685 Forts La Reine et Dauphin Maugras 5 30

1746-06-01

1746-06-03 TL4,S34,P696 Mer de l'Ouest Joseph Huno; enregistré par Maugras 1 5 1746-06-13

1746-06-15 TL4,S34,P701 Mer de l'Ouest Mathurin Laroche; enregistrée par Maugras 1 6 1746-06-20

1746-06-23 TL4,S34,P706 Lac de la Pluie Pierre Boyer, fermier; enregistré par Jean Alexis Monière 1 6 1746-06-20

1746-06-23 TL4,S34,P707 Michipicoton Gatineau 1 6

1746-07-01 TL4,S34,P710 Népigons Julien Rivard 2 10

1746-07-06

1746-07-11 TL4,S34,P713 Mer de l'Ouest Maugras, négociant 4 20

1747-03-12

1747-04-05 TL4,S34,P719 Mer de l'Ouest Maugras [ferme] 2 12

1747-04-22

1747-07-04 TL4,S34,P720 Kaministiquia Maugras 1 6

1747-04-22

1747-07-05 TL4,S34,P723 Fort Dauphin Maugras 2 12

1747-04-22

1747-07-09 TL4,S34,P731 Michipicoton Gatineau 2 12

1747-04-22

1747-07-10 TL4,S34,P736 Népigons Desrivières 2 12

1747-05-18

1747-07-05 TL4,S34,P722 Mer de l'Ouest, Lac de la Pluie et Lac des Bois

La Vérendrye; enregistrée par

Maugras 4 24

1748-06-09 1748-06-11

TL4,S34,P753 Kaministiquia Jean Alexis Monière pour Jean

Giasson

1 6

1748-06-10 1748-06-12

Date permis

Date départ Source Lieu Permission ou congé Canots Eng.

1748-06-10

1748-06-14 TL4,S34,P760 Forts La Reine et Maurepas Ignace Gamelin 2 14 1748-06-10

1748-06-14 TL4,S34,P761 Lac de la Pluie et Lac des Bois Gonneville Rupalais 3 23 1748-06-10

1748-06-14 TL4,S34,P756 Mer de l'Ouest Chevalier de La Vérendrye (fils) 4 24 1748-06-10

1748-06-14 TL4,S34,P757 Michipicoton Gatineau 1 6

1749-05-24

1749-06-11 TL4,S34,P814 Forts Dauphin et Bourbon Maugras [pour Lalanne ?] 2 12 1749-05-24

1749-06-13 TL4,S34,P815 Népigons Courville 2 12

1749-05-24

1749-06-14 TL4,S34,P816 Lac des Bois, Lac de la Pluie Gonneville Rupalais 3 18 1749-05-28

1749-05-29 TL4,S34,P792 Kaministiquia, Michipicoton Toussaint Pothier 4 24 1750-06-14

1750-06-16 TL4,S34,P909 Kaministiquia, Michipicoton Toussaint Pothier 4 20 1750-06-18

1750-06-19 TL4,S34,P916 Népigons Lacorne Saint-Luc 2 12

1751-03-20

1751-05-17 TL4,S34,P825 Mer de l'Ouest Léchelle pour Saint-Pierre 8 48 1751-06-14

1751-06-15 TL4,S34,P922 Népigons Lacorne Saint-Luc 2 12

1751-06-14

1751-06-16 TL4,S34,P923 Kaministiquia, Michipicoton Toussaint Pothier 3 21 1752-01-15

1752-05-25 TL4,S34,P938 Mer de l'Ouest Léchelle pour Saint-Pierre 8 48

En 1731, Pierre Gaultier de La Vérendrye, qui souhaitait établir un poste « aux Ouinipigons », mit sur pied une société générale formée de quatre sous-sociétés. Le gouverneur imposa les conditions d’exploitation du monopole accordé pour trois ans31. Ce monopole fut étendu de 1734 à 1735 alors que la Cour obligea Beauharnois à l’accorder « aux

31 En font partie, Louis Hamelin et La Vérendrye (société no 1 pour les Népigons qui doit nourrir l’officier); le

fils La Vérendrye, Gamelin Châteauvieux et Nicolas Sarrazin, forgeron (société no 2); les officiers Lériger Laplante, frères (société no 3); le neveu La Jemmerais (par Ignace Gamelin) et Joseph Marie Lécuyer, gérant (société no 4). Pour les détails : Antoine Champagne, Les La Vérendrye…, p. 109-115.

bailleurs de fonds, à l’exclusion du découvreur, moyennant certaines conditions32 ». Profitant de l’expiration des diverses ententes et à la suite de la dissolution la société avec Louis Hamelin33, Beauharnois proposa / imposa à La Vérendrye d’affermer ses postes, présents et futurs, à des marchands équipeurs. Bien que le monopole leur ait été cédé, les anciens

équipeurs de La Vérendrye refusèrent d’accepter de prendre de nouveaux risques et de fournir des équipements. Une nouvelle société fut donc formée pour trois ans, en mai 1735, pour exploiter les postes de Kaministiquia, du lac de la Pluie, du lac des Bois, de « Ouinipigon et autres postes accordés au sieur La Vérendrye ». De son côté, La Vérendrye a affermé une première fois de 1735 à 1738, puis à nouveau jusqu’en 1741, pour 1 500 livres par année, le poste de Michipicoton, qui dépendait de lui, à César Dagneau de Quindre qui en partagea l’exploitation avec Claude Marin La Perrière34. Monière les a équipés et il a signé des engagements en leur nom35.

La Vérendrye et ses associés subirent de lourdes pertes en 173636 et il revint à

Montréal l’année suivante pour mettre ses affaires en ordre. Il céda, le 21 avril 1738, « tout le commerce de l’Ouest » à quatre associés : Charles Nolan Lamarque, marchand de Montréal, son frère Jean-Marie Nolan, représentés tous deux par l’épouse du premier, Marie-Anne Le Gardeur de Saint-Pierre, Jean-Baptiste Legras et Ignace Gamelin fils37. Retourné dans l’Ouest où il a passé l’hiver 1739-1740 en compagnie des Lamarque, La Vérendrye est rentré à

32 Antoine Champagne, Les La Vérendrye…, p. 116.

33 Pour les détails dont le paiement de la ferme de plus de 1 000 livres par Louis Hamelin : Antoine Champagne,

Les La Vérendrye…, p. 164-165.

34 L’enregistrement des congés accordés par le gouverneur pour les canots reflètent toutes ces cessions. Par

exemple, en 1739, Ignace Gamelin a enregistré trois canots et dix-huit hommes pour le poste de l’Ouest; Hervieux, douze hommes et deux canots exploités par Courville et Lefebvre pour le lac Alepimigon; de Quindre et Marin La Perrière ont enregistré un seul canot et six hommes pour Michipicoton. BAnQ, TL4,S34,P437, 1739- 05-20; TL4,S34,P440, 1739-05-31; TL4,S34,P468, 1739-06-27.

35 Greffe J.B. Adhémar dit St-Martin, 1735-06-11 : trois engagements par Monière; 1735-06-12 : obligation de la

société de Quindre et Marin envers Monière et Louis Prudhomme.

36 La Vérendrye perdit son neveu Dufrost, mort de maladie au printemps, et un de ses fils fut tué, en même temps

que le père Aulneau et une vingtaine d’engagés, lors d’une attaque par les Sioux au Lac des Bois. Sur les six cents paquets de fourrures qui devaient parvenir à Montréal, plus de deux cents furent, soit volés dans une autre attaque contre le marchand voyageur René Bourrassa, soit perdus au Lac des Bois.

37 Antoine Champagne, Les La Vérendrye…, p. 211-213. La Vérendrye se procura, en plus, pour plus de 9 480

livres de marchandises qu’il garantit par des obligations et des promesses à Louis d’Ailleboust de Coulonges et à François Soumande Delorme.

Montréal en 1740 (encore une fois), malgré les interdictions du ministre de revenir dans la colonie. La Vérendrye désigna comme procureur (en lieu et place de sa défunte épouse) le sieur Pierre Gamelin Maugras et vendit son monopole en « parcelles ». La Vérendrye

demanda à Beauharnois de le délivrer de la ferme de 3 000 livres qu’il devait verser pour les postes de l’Ouest, ce qui fut refusé par le ministre. Ce sont les restrictions imposées à son monopole dans l’Ouest, et pas les règles imposées en 1742 aux commandants des autres postes, qui ont fait démissionner La Vérendrye en 1743 qui prétextait alors sa mauvaise santé. Les causes possibles de sa décision : l’exigence du ministre que La Vérendrye se conforme et se tienne au plan d’exploration qu’il avait soumis, qu’un second lui soit nommé pour

apprendre sur le terrain et pouvoir prendre sa suite (et pas un de ses fils, considérés trop jeunes); qu’un des fils revienne se former dans la colonie; que le commandant, en plus de transporter gratuitement les effets de son second, le sieur de Muy [cousin germain de La Vérendrye] ou tout autre nommé à sa place, lui verse une juste compensation de 3 000 livres annuellement. Dans ce cas, ce ne serait donc pas le Roi qui paierait l’augmentation des

émoluments. La Vérendrye pouvait, bien entendu, sous-affermer ses postes, mais le monopole ne lui serait accordé qu’aux conditions imposées par le ministre38, différentes de ce qui avait été imposé la même année aux autres officiers.

Après avoir pris la relève du commandement de son « oncle » pendant trois années d’instabilité croissante qui l’ont empêché de poursuivre l’exploration, Noyelles de Fleurimont demanda à rentrer en 1747. Il avait peut-être amassé assez d’argent avec les fermes qu’il avait exploitées lui-même ou sous-affermées39. Le poste de commandant de l’Ouest fut de nouveau offert à La Vérendrye qui se prépara à reprendre l’exploitation de son monopole en sous- affermant d’abord le lac de la Pluie et celui des Bois à son second, Rupalais de Gonneville (associé de Ritchot). Le bail devait courir jusqu’en 1750, mais en 1748, La Vérendrye vendit ces deux postes à Monière et à son neveu Dominique Gaudé car Gonneville, constatant l’instabilité de la région, ne semblait pas intéressé à poursuivre. Si Gonneville décidait toutefois de conserver le monopole, la cession (valable pour trois ans) ne débuterait qu’en

38 Antoine Champagne, Les La Vérendrye…, p. 308-314.

175140. La Vérendrye a cédé ensuite, par l’entremise d’Ignace Gamelin, les postes de Maurepas et de La Reine, pour mille livres par année, à son fils « le chevalier » qui pourrait prendre tel associé qu’il voudrait, en autant que celui-ci serait approuvé par le procureur de son père. Le choix se porta sur Pierre Julien Trottier Desrivières. La Vérendrye est décédé en décembre 1749, juste après l’arrivée du gouverneur La Jonquière qui va modifier les règles d’exploitation.

Le cas des Illinois est aussi particulier car la région relevait (en théorie) du

gouvernement de la Louisiane. Après la rétrocession de la Louisiane au Roi en 1731, malgré le refus de la Cour, le gouverneur Beauharnois et ses successeurs ont continué de délivrer des permis pour le pays des Illinois à des Canadiens. La région a été exploitée très tôt41 par des congés dont le prix a oscillé entre trois cent cinquante et quatre cents livres entre 1743 et 174842. La Jonquière va les vendre six cents livres, puis Longueuil va les ramener à cinq cents livres en 175243. Duquesne va pour sa part accorder la ferme des Illinois à un de ses officiers, le capitaine le Mercier, qui l’a partagée avec Monière. Le gouverneur Duquesne a remis à Monière (comme à un banquier ?) le montant des neuf congés accordés pour les Illinois en 1753, soit six mille livres44.

Le système des fermes et des congés a subi quelques entorses durant la guerre de Succession d’Autriche (1744-1748), à cause des difficultés d’approvisionnement résultant des captures de navires par les Anglais et des pertes occasionnées à certains fermiers par le conflit avec les nations autochtones dans l’Ouest en 1747. Il a été écrit que, suite aux pressions dans la colonie, La Galissonnière aurait renoncé à l’attribution des fermes et serait revenu à l’ancien

40 La ferme était de 1 200 livres par an. La Vérendrye devait avoir besoin de liquidités avant son départ, car

Monière et Gaudé avaient déjà payé 1 700 livres et devaient régler le solde à la fin du bail.

41 Monière y a fait des envois à compter de 1718.

42 BAnQ, TL4,S34,P563, 1743-06-23 : congé pour Charles Hamelin. De nombreux congés ont été émis

auparavant pour cette région, mais les coûts ne sont pas mentionnés dans les archives administratives.

43 BAnQ, TL4,S34,P904, 1750-05-29 : congé pour Antoine Despins. BAnQ, TL4,S34,P924, 1751-06-14 : congé

pour Louis Ducharme. TL4,S34,P961, 1752-09-00 : congé pour Frigon et Hamelin vendu par Longueuil

44 Journal no A, p. 53, 25 août 1753. Les noms des acheteurs sont indiqués. En 1755, Duquesne avait une dette de

18 000 livres (pour les congés de trois années ?) dont un paiement partiel de 12 000 livres sera fait en 1757. Livre de Raison no B, fo 34.

système des congés durant son mandat (1747-1749). Nous l’avons dit, les fermes de La Baie et de la Mer de l’Ouest ont été maintenues en 1748 et en 1749. C’est sous La Jonquière (1750- 1752) que des congés ont été distribués pour ces postes dont il s’était réservé l’exploitation en formant une société en commandite. L’attribution des fermes et la vente des congés s’est poursuivie durant la courte période de paix qui a suivi, puis pendant la guerre de Sept Ans. La grande nouveauté fut cependant que des privilèges et des monopoles furent accordés à des officiers dans des postes où ils ne servaient pas, les gouverneurs La Galissonnière (1747- 1749), La Jonquière (1750-1752) et Duquesne (1752-1755) ayant pris sur eux de « réserver » des congés45. Les papiers du régime de Vaudreuil (1755-1760) auraient été brûlés afin d’éviter qu’ils ne tombent entre les mains des Anglais. Si des postes ont été exploités en sous-main et les profits partagés avec les dirigeants de la colonie, on ne peut pas savoir ce qu’ils ont pu leur rapporter. Alors que l’historiographie laissait entendre que les équipeurs ne se procuraient pas de fermes en leur nom, Monière a réussi à devenir sous-fermier puis fermier exploitant des postes lucratifs après le changement de règles de 1742.

Les sociétés de commerce

Pour avoir accès aux postes de traite et partager les risques, les marchands voyageurs et les équipeurs pouvaient former des partenariats. Après avoir analysé les sociétés pour la traite des fourrures formées entre 1715 et 1760, Gratien Allaire avait conclu qu’elles s’apparentaient au modèle des « sociétés anonymes » décrites par Savary dans le Parfait Négociant46. Nous rejoignons ses conclusions à l’effet que les sociétés (du moins plusieurs d’entre elles) étaient formées de deux groupes de partenaires : les officiers militaires et les marchands voyageurs. Par contre, nous croyons que le modèle des sociétés pour la traite se rapprochait plutôt de celui des « sociétés générales », car les partenaires étaient habituellement connus de tous dans un milieu aussi petit que celui de Montréal. Notre enquête nous amène aussi à nuancer la

45 À l’exception des commentaires des contemporains comme le sieur de Courville, on ne connaît à peu près rien

du gouvernement de Vaudreuil à ce sujet.

46 Gratien Allaire, « Officiers et marchands : les sociétés de commerce des fourrures, 1715-1760 », RHAF, vol.

conclusion à l’effet que les marchands équipeurs ne faisaient pas partie des sociétés de commerce exploitant les postes.

Nous avons démontré que Monière avait été sous-fermier et fermier de plusieurs postes, en partenariat avec des marchands voyageurs et parfois avec des officiers qui étaient eux-mêmes partenaires d’autres sociétés, et ce, même après les « interdictions » de 1742. Au Canada comme en France, il existait au XVIIIe siècle des sociétés pour « toutes sortes

d’affaires », mais nous nous intéresserons ici uniquement à celles qui touchent le commerce au Canada et, plus particulièrement, la traite des fourrures47.

Au cours de notre enquête, nous avons rencontré des entreprises individuelles, comme celle de Monière ou de Pierre Guy père, et des « communautés » familiales, comme celle des deux Monière. À La Rochelle, les associations père-fils étaient créées au moment où le père arrivait au terme de sa carrière et où le fils arrivait à sa majorité. Cette association avait pour but d’assurer la continuité de la « maison de commerce48 » pendant une période transitoire. Il n’était pas question de mobiliser un capital supplémentaire puisque le fils n’en avait pas encore. Ce dernier profitait des enseignements du vieux négociant qui conservait le contrôle des opérations49. Au Canada, nous avons l’exemple de la communauté de la veuve Guy avec son fils, mais aussi les communautés familiales des frères Giasson, des frères Despins ou des sœurs Desauniers.

Quoique « compagnie » et « société » puissent sembler la même chose, « l’usage y met pourtant quelque différence, société se disant de deux ou trois négociants; et compagnie s’entendant pour l’ordinaire d’un plus grand nombre d’associés50 ». Une société est un

47 Pour des travaux sur l’exploitation de la ferme de Tadoussac, pour celle des pêcheries, des forges et des autres

produits de la colonie (bois et céréales), voir notre bibliographie.

48 Nous n’avons pas rencontré le terme « maison de commerce » dans les documents canadiens.

49 Brice Martinetti, Les Négociants de La Rochelle au XVIIIe siècle, Rennes, Presses Université de Rennes, 2013, p. 69-70.

« contrat, acte ou traité qui se fait entre deux ou plusieurs personnes par lequel elles se lient ensemble pour un certain temps, & conviennent de partager les profits et de supporter

également les pertes qui se feront dans les affaires pour lesquelles la société est contractée »51. On retrouve ces termes dans les sociétés canadiennes pour la traite. Monière utilise le terme « communauté » pour désigner ce genre de clients dans ses livres et Pierre Alexis préfère celui de « société ».

Les sociétés entre les marchands, les négociants et les banquiers pouvaient être de trois sortes en France : la société générale, la société en commandite et la société anonyme. Une société générale était celle établie entre deux ou plusieurs marchands qui agissaient tous également pour les affaires de la société et qui faisaient le négoce sous leur nom collectif (Untel & Compagnie) connu de tout le monde. Dans une société générale et collective, le « nom social » était celui, convenu entre eux, que les associés devaient signer52. À Montréal, si tous les associés étaient présents, ils s’engageaient chacun avec leur signature. Si l’un d’entre eux était absent, l’autre signait Untel en / et compagnie. Monière l’a fait lors de son association avec Gamelin fils alors que le neveu signait la même année « Gamelin et Cie ». Autrement, chacun signait son nom qui, dans le commerce, était « une signature que le marchand [mettait] à toutes les promesses, lettres de change, souscriptions & autres actes de son négoce pour s’y obliger & s’en rendre garant53 ». Faire le commerce sous son nom, c’était le faire « pour soi-même sans déguiser son nom véritable et sans emprunter le nom d’autrui ». L’emploi d’un prête-nom n’était cependant pas interdit.

La société générale était le mode d’association au Canada entre officiers ou entre des officiers et des marchands, souvent apparentés. L’association pour exploiter la ferme d’un poste et / ou un nombre de canots par congés incluait parfois des voyageurs et / ou des

équipeurs. Les sociétés pouvaient aussi être formées de marchands équipeurs qui s’associaient

51 À moins d’indications contraires, l’information qui suit a été tiré de l’article « société » de Jacques Savary,

Dictionnaire du Commerce…, tome II, p. 1549.

52 Jacques Savary, Dictionnaire du Commerce, tome II, p. 875. 53 Jacques Savary, Dictionnaire du Commerce…, tome II, p. 874.

pour les équipements d’une année, mais aussi de voyageurs désirant exploiter un canot ou même une part de canot54. Il y a eu aussi des « communautés » entre un voyageur et sa femme, lorsqu’elle engageait ses propres ou qu’elle acceptait que le mari engage les biens de leur communauté de mariage dans une obligation pour financer un voyage de traite. Lorsqu’ils obtenaient un congé pour un poste, les voyageurs formaient des sociétés générales à durée déterminée, variant d’une saison à deux ans, plus rarement pour trois années. Comme les