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TABLEAU DES PRINCIPAUX MOUVEMENTS DE FONDS PIERRE ALEXIS MONIÈRE

3.2. Comprendre la conjoncture

Le contexte de réussite (1725-1754)

Le contexte de la première moitié du siècle, en constante évolution, va offrir à Monière père des occasions à saisir. Celui-ci va multiplier les expériences, brouillant, jusqu’à un certain point, la division classique du travail dans le commerce dit « des fourrures ». Nous aurions souhaité une synthèse sur la traite pour situer le monde du marchand de Montréal au XVIIIe siècle. Cependant, même dans le récent livre de Gilles Havard couvrant l’histoire des coureurs de bois en Amérique du Nord entre 1600 et 1840, certaines périodes et certaines régions sont moins bien décrites que d’autres74. À défaut, une partie de la mise en contexte qui suit (1700-

73 Son oncle François de Chavigny l’avait fait, à plus de cinquante ans, avec une jeune femme âgée de vingt ans

qui a donné naissance à dix enfants. Claire Gourdeau, « Établir ses enfants au XVIIe siècle… », p. 60-61. 74 Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois: Amérique du Nord, 1600-1840, Les Indes savantes, 2016. Ce qui

1742) est tirée de nombreuses publications75, y compris les biographies d’officiers dans le

DBC. Pour la période moins bien connue de 1742 à 1768, nous avons ajouté aux sources

secondaires76 les congés et les fermes accordés par les autorités coloniales, les enregistrements de départs des canots, les obligations envers la Compagnie des Indes, la correspondance du marchand Pierre Guy père, celle du commandant Jacques Legardeur de Saint-Pierre et celle du gouverneur Duquesne avec les officiers de la région des Grands Lacs77.

Après la période anarchique dite « des coureurs de bois », les années 1681 à 1695 ont été celles du premier système des congés78. En 1696, ce système fut aboli car on voulait restreindre la traite au centre de la colonie et attirer les nations de l’Ouest à la foire de Montréal. L’interdiction de la traite « dans les profondeurs des bois » (par exemple sur la Saint-Maurice) et en dehors de la colonie (par exemple aux Outaouais) a suscité un tollé de protestations à tous les niveaux. La traite des fourrures s’est ensuite restructurée au début du XVIIIe siècle. Après la mise sur pied de la Compagnie de la Colonie, le roi accepta de financer l’établissement d’un fort « au détroit » et l’administration coloniale participa à la logistique de l’expédition du printemps 170179. La Compagnie de la Colonie fut toutefois chargée de tous les autres frais (transport du matériel, des vivres et des hardes, appointements des officiers…). En contrepartie, elle s’était vue accorder le privilège exclusif du commerce à Détroit, où nous

75 Voir la bibliographie pour les ouvrages et les articles de Louise Dechêne, José Igartua, Gratien Allaire, France

Beauregard, Jean Laflamme, E. Z. Massicotte, S. Dale Standen, Thomas Wien et autres. Pour connaître ce qui se passait à la ferme de Tadoussac : Michel Lavoie, Le Domaine du roi 1652-1859…, Québec, Septentrion, 2010. Nous ne prétendons nullement à l’exhaustivité.

76 Antoine Champagne, Sébastien Daviau, José Igartua, Michel Filion, François Gagnon, Dale S. Standen... 77 Les lettres adressées à Pierre Guy entre 1744 et 1748, par Havy & Lefebvre et par Lamaletie, éclairent d’un

jour nouveau la manière dont les affaires sont conduites en temps de guerre selon le type de marché qu’on veut rejoindre. On y discute beaucoup des prix du vin, de l’eau-de-vie, du sucre et d’autres produits de luxe, parfois de celui du drap, ainsi que du bénéfice qui est demandé par les vendeurs, selon les années.

78 « Édit du Roi, Versailles, 2 may 1681 : Ordonnance portant qu'il sera donné permission tous les ans d'aller

traiter avec les Sauvages dans la profondeur des bois. Québec, 12 octobre 1691 : Mémoire de Champigny concernant « le commerce de traitte entre les François et Sauvages dans les pays esloignez des Outaoüas, Illinois, Miamis et autres nations ». Cité par Gilles Havard, Empire et métissages. Indiens et Français dans le Pays d'en Haut, 1660-1715, Sillery et Paris, Septentrion et Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 2003, p. 103, note 127.

avons vu que les frères Lemoine ont été actifs, et au fort Frontenac [Kingston, Ontario] où se trouvait un de leurs cousins80.

Après avoir fait quelques profits avec les premiers canots81, et malgré plusieurs remaniements pour améliorer sa rentabilité, la Compagnie de la Colonie fut finalement dissoute en 170682. On était alors en pleine guerre de Succession d’Espagne (1701-1714). Louis XIV étant décédé, l’année 1715 marque le début de la Régence en France et le retour du système des congés pour la traite dans la colonie, le marché du castor s’étant désengorgé en métropole. La guerre avait interrompu les approvisionnements, mais les marchandises

parviendraient désormais régulièrement aux négociants de Québec. Rentré de France en mars 1716 avec toute latitude pour établir désormais dans l'Ouest les postes qu'il jugeait nécessaires, le gouverneur Vaudreuil rétablissait alors les vingt-cinq congés annuels qui avaient été réduits à quinze l’année précédente par la Cour83. La traite des fourrures allait graduellement

reprendre à partir de 1717. Le territoire autochtone a alors été découpé par l’administration coloniale, suivant les ordres de la Cour, en aires de traite tributaires de postes dont l’accès était en principe limité. Les autorités envisageaient la traite comme un instrument de contrôle et de diplomatie dans la politique d’expansion impériale dont ils faisaient payer les coûts par les marchands de fourrures84. On confiait la supervision de chaque aire à des officiers militaires.

80 Voir Jeannette Larouche, Joseph Fleury de la Gorgendière, 1676-1755, négociant de Québec, mémoire de MA

(histoire), Université Laval, 1983; France Beauregard, Les actionnaires… ; et Jean Laflamme, Le chemin terrible : la traite des fourrures en Abitibi-Témiscamingue à l'époque de la Nouvelle-France. Montréal, Maxime, 2002.

81 « Compte de la dépense faite pour l'établissement et commerce du fort Pontchartrain du Détroit […] que le sr.

[Volant] Radisson cy devant garde magasin pour le roi a remis aux sieurs Arnault et Nolan commis de la compagnie suivant l'état signé d'eux le 3 septembre 1702 ». Certifié véritable par les directeurs généraux de la Compagnie de la Colonie le 13 novembre 1702. Collections Canada en ligne - No Mikan – 3050331.

82 Le principal actionnaire et fondateur de la compagnie, Charles Aubert de La Chesnaye, étant décédé et

l’exploitation de Détroit s’étant révélée déficitaire à compter des retours de 1702, la compagnie a cédé la ferme au commandant du fort, Lamothe Cadillac, en 1704, pour une somme maximale de 20 000 livres de castor contre la prise en charge de toutes les dépenses du poste : transport des soldats, entretien d’un aumônier, d’un chirurgien et d’un interprète. Il s’est comporté en « seigneur » distribuant des lots dans le fort et des terres à l’extérieur. Gilles Havard, Empire et métissages…, p. 282-283 et Timothy J. Kent, Fort Pontchartrain at Detroit : a Guide to the Daily Lives of Fur Trade and Military Personnel, Settlers, and Missionaries at French Posts. Ossineke, Mich., Silver Fox Enterprises, 2001, vol. 1, p. 45.

83 Gilles Havard, Histoire des coureurs de bois …, p. 236.

84 Thomas Wien, « Selling Beavers in North America and Europe, 1720-1760 : The Uses of Fur-Trade

Selon Thomas Wien et Gratien Allaire85, les Canadiens n’auraient pas tenu les officiers en haute estime. Après s’en être accommodé et avoir même été leurs partenaires, les marchands auraient réussi à évincer les militaires de la traite86. C’est ce système que Monière va devoir maîtriser afin de tirer son épingle du jeu.

Lorsque le marchand voyageur s’est installé à Montréal en 1715, il existait deux façons de faire la traite : par l’obtention de congés ou par le bail d’une ferme. Dans le premier cas, le gouverneur accordait, moyennant une certaine somme versée à l’administration, des congés qui autorisaient leurs détenteurs à « armer » un canot de marchandises piloté par trois hommes « engagés » afin d'aller commercer dans les villages autochtones87. Le terme « armer » est intéressant, car il renvoie à celui des navires par les armateurs de cette époque. Dans l’autre cas, à moins que l’attribution n’ait été faite en France, l'intendant vendait au plus offrant le commerce de certains postes sur ordre de la Cour. Le fermier y exerçait un droit exclusif sur la traite se faisant sur le territoire environnant. Certains officiers ont profité de ce privilège pour imposer des droits aux voyageurs qui devaient passer par leurs postes avant de se rendre à leur destination finale. Durant toute la période, dans des circonstances extraordinaires, le

gouverneur pouvait réduire le montant, accorder un délai ou annuler le paiement d’une ferme. Étonnamment, les fermes obtenues lors des enchères et les congés de traite étaient revendus au prix qu’ils avaient été achetés, sans ajout de bénéfice. Leur exploitation devait générer des profits pour l’acquéreur. Pour les officiers qui les avaient obtenus gratuitement, ces privilèges représentaient une augmentation de leurs appointements. Ils pouvaient choisir de les exploiter directement ou en partenariat, mais ils pouvaient aussi les vendre et se faire payer à la fin de la saison88.

85 Gratien Allaire, « Officiers et marchands : les sociétés de commerce des fourrures, 1715-1760 », RHAF, vol.

40, no 3 (hiver 1987), p. 424-425.

86 Thomas Wien, « Selling Beavers…, p. 296. Nous reviendrons sur cette idée.

87 Gilles Havard, Empire et métissages…, p. 70. Aux débuts de la pêche sédentaire à la morue, « la chaloupe

représente l’unité d’exploitation de base, composée de trois hommes qui y mangent, dorment et travaillent ensemble pendant toute la durée de la campagne ». Laurier Turgeon, « Les pratiques proto-industrielles des pêches hauturières », Une histoire de la Nouvelle-France. Français et Amérindiens au XVIe siècle, Paris, Belin, 2019, p. 40.

88 L’équipeur payait au nom du fermier en début de saison au gouverneur. Nous n’avons rencontré aucun contrat

Les règles concernant le prix et le monopole du castor ont eu des répercussions sur la traite, mais surtout dit-on, sur le détournement illégal de la ressource vers les colonies anglo- américaines. En 1721, le député des marchands de Montréal s’est rendu, en compagnie de Monière, protester devant le Conseil souverain contre le monopole du commerce du castor qui venait d’être accordé à la Compagnie des Indes89. À plusieurs autres occasion, le syndic a protesté au nom de ses collègues contre le prix proposé par la compagnie90. L’application de certaines règles imposées par la Cour causa aussi des maux de tête aux administrateurs coloniaux. En 1725, c’est l’attribution de la ferme de Témiscamingue par l’intendant Bégon à Fleury Deschambault qui provoqua l’ire des marchands montréalais91. Le nouveau gouverneur Beauharnois, arrivé en 1726, devait favoriser l’expansion de la traite vers le nord-ouest et contenir les ambitions des Anglais sur les frontières de New York et de l'Ohio92. Après la rétrocession de la Louisiane au Roi en 1731, les Canadiens qui s’y rendaient réclamèrent que la région des Illinois relève de Québec. Malgré le refus de la Cour, le gouverneur continua de délivrer des congés aux Canadiens, prétextant que les traiteurs de la Louisiane n’étaient pas en mesure de satisfaire les besoins des Autochtones des Illinois93.

Profitant d’une victoire temporaire sur les Renards dans une zone en constante ébullition, Beauharnois va appuyer au cours des années 1730 les projets d’exploration de Pierre Gaultier de La Vérendrye au-delà des Grands Lacs vers le nord-ouest. La traite s’est développée dans les postes de la Mer de l’Ouest à un point tel que La Vérendrye forma en 1735 une deuxième « société générale » pour les exploiter94. Cette expansion du territoire va

89 1721-09-26. Ils avaient confié à Pierre de Lestage le soin de faire les représentations nécessaires en rappelant

que l'incendie de Montréal leur avait fait perdre « la plus grande partie de leurs biens ». CABAC_PIAF_46916.

90 Pour la protestation de 1749, voir Thomas Wien, « Selling Beavers… », p. 294. Nous reviendrons sur les

pétitions des marchands de Montréal au chapitre VII.

91 Les autres enchérisseurs étaient d'Ailleboust, Lestage, Gamelin et Charles Nolan Lamarque. Pour connaître les

étapes de l’exploitation du poste de Témiscamingue, voir Jean Laflamme, Le chemin terrible… et MG1-C11A. Correspondance, 1724-10-25. CABAC_PIAF_46241.

92 Une période de relative stabilité politique s’est installée après 1726 jusqu’à la guerre de Succession d’Autriche

(1744-1748). Le mandat de Beauharnois fut cependant marqué par des conflits entre / avec les Autochtones au- delà des Grands Lacs.

93 S. Dale Standen, « Beauharnois de la Boische, Charles de », notice dans le DBC.

94 Greffe J. B. Adhémar Saint-Martin, 1735-05-18 : société. Le minisre considérait que La Vérendrye semblait

plus intéressé par la traite que par la découverte que Beauharnois voulait faire financer par le Roi. Il en fera la remarque d’ailleurs chaque fois que l’explorateur rentrera dans la colonie pour régler des problèmes de dettes et

cependant provoquer la colère des Sioux et causer des problèmes aux voyageurs se rendant dans le Pays d’en haut. Cela va aussi nuire aux officiers d’autres postes, dont Jacques Legardeur de Saint-Pierre qui devra abandonner le fort où il se trouvait en 173795.

Pour empêcher une plus grande détérioration des relations instables avec les Autochtones, Beauharnois voulut alors faire augmenter le budget des « cadeaux » que leur distribuait les garde-magasins et les commandants. Cependant, le ministre Maurepas avait exigé de Hocquart qu'il réduise les dépenses de la colonie et c’est dans le budget militaire – dont relevait la distribution des présents aux Autochtones – que ce dernier a choisi d’effectuer d’importantes coupures. Hocquart a aussi modifié les règles de la traite et la bonne entente entre le gouverneur et l’intendant se serait effritée à partir de ce moment96. Comme le

montrent l’augmentation des engagements97, la traite reprit toutefois de plus belle dans le Pays d’en haut à compter de la fin de la guerre contre les Chicachas (1739). Les efforts des Marin, père et fils, avaient réussi à calmer temporairement les Autochtones de l’Ouest98.

Globalement, cette période en est une d’expansion géographique. Les La Vérendrye sont les expansionnistes les plus visibles avec l’établissement des postes de la Mer de l’Ouest, mais La Baie des Puants et les Illinois ont aussi drainé une clientèle autochtone de plus en plus

importante au cours des quarante premières années du siècle. Monière faisait d’ailleurs des affaires à Saint-Joseph des Illinois aussi tôt que 1718 et à La Baie, avant son remariage en 1725.

La Cour va imposer de nouvelles règles au début de la décennie suivante. Après que Beauharnois ait modifié les règles du monopole de La Vérendrye peu avant l’expiration de son

d’approvisionnement. Voir Antoine Champagne, Les La Vérendrye et le postes de l’Ouest, Québec, Presses de l’université Laval, 1968.

95 Rentré dans la colonie où il restera deux ans pour ensuite participer à la guerre contre les Chicachas, Saint-

Pierre commandera au poste des Miamis entre 1741 et 1744. Ses équipeurs seront alors Pierre Lestage et le beau- frère Nolan Lamarque.

96 S. Dale Standen, « Politics, Patronage, and the Imperial Interest: Charles de Beauharn[o]is' Disputes with

Gilles Hocquart », Canadian Historical Review, vol. 60, no 1, p. 19-40.

97 Gratien Allaire, Les engagés de la fourrure, 1701-1745 : une étude de leur motivation, thèse de Ph. D.,

Université Concordia, 1981 et « Les engagements pour la traite des fourrures – évaluation de la documentation ». RHAF, vol. 34, no 1 (1980), p. 3-26.

98 La ferme de La Baie a été accordée en 1740 à l’officier Paul Marin qui la perdra en 1743. La Vérendrye a

partenariat avec Nolan Lamarque et Cie99, Maurepas informait Hocquart en 1742 que les forts Frontenac et Niagara avaient été affermés au sieur Chalet pour six ans par le Roi100. Ces forts étaient situés à proximité (l’un à l’entrée et l’autre sur la rive sud du lac Ontario) et en

compétition avec celui de Chouagen [Oswego, New York] établi en 1722 par les marchands hollandais d’Albany. Chalet avait aussi été engagé par la Compagnie des Indes à titre

d’inspecteur. Il devait surveiller les agissements des directeurs, Fleury Deschambault et Fleury La Gorgendière. À compter de 1743, l’intendant devait pour sa part affermer les postes de l’Ouest au plus offrant. La Cour avait promis d’augmenter les appointements des officiers à qui le partage des revenus de la traite était désormais refusé. Le gouverneur avait par conséquent perdu ce « levier » pour les inciter à se rendre dans les forts éloignés.

Probablement déçus et prétextant des ennuis de santé, Marin qui commandait à La Baie et La Vérendrye à la Mer de l’Ouest sont rentrés dans la colonie avant même le rappel des officiers en 1745 pour la guerre de Succession d’Autriche.

L’entrée en guerre de la France en 1744 a eu des répercussions dans la colonie101. La capture des vaisseaux du Roi et des navires marchands, dont ceux de la Compagnie des Indes, a entraîné une diminution des approvisionnements dans la colonie immédiatement à

l’automne. Les négociants de Québec ont craint pour l’approvisionnement en 1745102, mais aussi durant toutes les années de guerre, comme leurs prédécesseurs l’avaient fait durant le conflit européen précédent (1701-1714). Les années de 1744 à 1746 correspondent de plus à de mauvaises récoltes. On appréhendait chaque année la pénurie de vivres, surtout après l’arrivée à Québec des troupes défaites à Louisbourg et la mise sur pied de grandes

expéditions accompagnées d’alliés autochtones en Acadie et dans les colonies anglaises du

99 Antoine Champagne, Les La Vérendrye et le postes de l’Ouest, Québec, Presses de l’université Laval, 1968, p.

261-263.

100 Les chiffres manquent pour 1745, mais les rentrées de Niagara et Frontenac en 1743 et 1744, puis en 1746 et

1747 ont été beaucoup plus élevées que celles des années précédant l’attribution de la ferme à Chalet. S. Dale Standen, « François Chalet and the French Trade at the Posts of Niagara and Frontenac, 1742-1747 »

dans David Buisseret (ed.), France in the New World. Proceedings of the 22nd Meeting of the French Colonial Historical Society, 1998, p. 232.

101 La guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) est la rencontre de trois conflits européens.

102 La correspondance de Pierre Guy avec Havy & Lefebvre a été utilisée par Dale Miquelon : Dugard of Rouen :

French Trade to Canada and the West Indies, 1729-1770. Montréal, McGill-Queen's University Press, 1978 et pour « Havy and Lefebvre of Quebec: A Case Study of Metropolitan Participation in Canadian Trade, 1730–60 », CHR, vol. 56, no 1 (1975), p. 1-24.

nord-est. Certaines années, pour se procurer des draps auprès de la Compagnie des Indes qui éprouvait des difficultés d’approvisionnement, il fallait présenter les congés obtenus du gouverneur. Quelques équipeurs et voyageurs ont cependant pu tirer leur épingle du jeu, et même augmenter leurs activités. Ce fut le cas de Monière et des membres de son réseau.

Au printemps de 1747, alors que la guerre se poursuivait, l’intendant Hocquart interdisait qu’aucun navire ne quitte Québec pour la France et, à l’exception des canots du « petit printemps », les départs de Montréal pour la traite furent aussi retardés. Ce retard des canots aurait causé « tout le mal des Pays d'en haut103 ». Un agent et traiteur de la

Pennsylvanie, George Croghan, aurait profité du mécontentement des Hurons de Sandoské au sud-ouest du lac Érié, pour les inciter à tuer des voyageurs canadiens et à cerner Détroit104. Paul Joseph Le Moyne de Longueuil, se trouva réduit à l’impuissance quand les Outaouais, les Potéouatamis et les Sauteux se joignirent aux Hurons et brûlèrent l’établissement. Les troubles se propagèrent ensuite vers le nord jusqu’à Michillimackinac et vers l’ouest, au pays des Illinois. Le fragile réseau d’alliances établi par Paul Marin dans l’ouest faillit être démembré. Le calme ne serait revenu, dit-on, que lorsque Beauharnois put enfin envoyer des troupes de Montréal avec des articles de traite. Les officiers détachés en éclaireurs ont toutefois constaté que le calme était revenu avant leur arrivée. Les voyageurs partis en juillet étaient parvenus