Tâche théologique

La tâche théologique assure la mise en chantier de la question de recherche. La mise en application de la question de recherche instaurera une pratique d’accompagnement spirituel qui demande un travail préparatoire. La pratique issue de la recherche ne se concrétisera qu’à la suite de maints questionnements sur la problématique de son applicabilité. L’exploration en profondeur de la pratique actuelle en vue d’une utilisation éclairée concerne la tâche théologique qui amorce une réflexion sur les questions suscitée et qui les discute en tenant compte de leur implication pour la question de recherche.

La tâche théologique que j’entreprends affiche des objectifs qualitatifs essentiels dans l’exécution de son ouvrage. Ces objectifs qualitatifs, au nombre de cinq, accompagneront concurremment le développement de la réflexion théologique vers la mise en œuvre de la pratique. Les objectifs qualitatifs que j’assigne à la tâche théologique sont la particularité, l’universalité, la normalité, l’apparentement et la visée. La complémentarité des objectifs optimise l’efficacité de la tâche théologique16.

16 _{Thomas N. Finger, « Appropriating Other Traditions While Remaining Anabaptist », The Conrad Grebel Review} [vol. 17] no _{2 (Spring 1999), p. 52-68.}

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4.1 La particularité

L’objectif de la particularité rend la tâche théologique attentive au contexte. La question de recherche se situe dans un contexte en plus de rassembler des éléments contextuels qui particularisent son contenu. Il s’en suit qu’elle expose une réalité temporelle distincte. Il faut donc situer la question de recherche pour circonscrire sa perspective particulière. L’objectif de la particularité rend le chercheur attentif aux multiples particularités qui distinguent cette expérience du monde. Le chercheur fait abstraction des généralités pour se concentrer sur la particularité de l’expérience. Ce faisant, il cerne le nœud du problème sous-jacent à la question. L’objectif de la particularité vise à légitimer un territoire, une population, une histoire. Ici, la tâche théologique explicite sous quelles formes s’expérimente la perspective anabaptiste dans les Églises mennonites québécoises17.

4.2 L’universalité

L’objectif de l’universalité implique la nécessité de déborder du contexte immédiat de ma tradition. La particularité de la question de recherche surgit d’un contexte où tout un chacun vit de sens et raconte le récit de son expérience du monde. Il faut enrichir la réflexion théologique d’affirmations universelles. L’objectif de l’universalité trouve dans cette question particulière du temps présent un écho aux grandes questions universelles. En cela, l’objectif du chercheur est d’universaliser le questionnement de la question de recherche de manière à rassembler l’humanité sous un même ciel. Ici, la tâche théologique fait entendre la voix des Églises mennonites québécoises en écho aux voix des Églises mennonites nationales et internationales qui racontent le récit de leur allégeance confessionnelle18_.

4.3 La normalité

L’objectif de la normalité concerne le fondement qui sert d’assise à la croyance et guide sa pratique. La question de recherche envisage une pratique spirituelle modelée par une perspective anabaptiste. L’histoire anabaptiste exemplifie bien une réception du récit biblique; toutefois l’anabaptisme historique n’est pas normatif. La polygenèse de l’anabaptisme bannit d’ailleurs

17 _{Ibid., p. 55.} 18 _{Ibid., p. 56-59.}

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l’idée d’une norme historique. Il faut dériver les normes de la Bible. L’objectif de la normalité réclame une pratique spirituelle normative. En cela, l’objectif du chercheur est de fonder la pratique sur Jésus-Christ afin de produire une pratique normative. Ici, la tâche théologique élabore la pratique de l’Église mennonite québécoise19.

4.4 L’apparentement

L’objectif de l’apparentement considère le rôle primordial des influences théologiques. La portée universelle de la théologie anabaptiste se démontre en relation critique avec les théologies qui l’ont précédée et influencée. La question de recherche pose aujourd’hui une question pour demain, mais en réponse aux interrogations d’hier. La question a une histoire théologique. Il faut se familiariser avec son patrimoine théologique. L’objectif de l’apparentement réconcilie l’Église mennonite avec sa famille proche et éloignée que sont les Églises de la Réforme et l’Église catholique. En cela, l’objectif du chercheur est de relier la théologie anabaptiste avec un passé et un futur théologique afin d’élargir son cercle d’appartenance et son rayonnement. Ici, la tâche théologique conduit l’Église mennonite québécoise à fraterniser et à dialoguer avec les Églises des diverses traditions théologiques20.

4.5 La visée

L’objectif de la visée trace la trajectoire de la tâche théologique. Le discours anabaptiste côtoie les discours théologiques contemporains. Cette coexistence de théologies influence la tâche théologique. L’objectif de la visée entraîne la décision du traitement de la question de recherche. Il faut définir sa méthodologie pour mener la réflexion théologique i) sur les normes génériques de l’anabaptisme ou ii) sur la perspective anabaptiste. En cela, l’objectif du chercheur est d’opter pour la perméabilité ou l’imperméabilité aux influences afin d’actualiser la tradition et de la garder vivante. Ici, la tâche théologique examine l’autocompréhension et la mission de l’Église mennonite québécoise.

19 _{Ibid., p. 60-61.}

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La poursuite des cinq objectifs qualitatifs de la tâche théologique vise ultimement une pratique spirituelle qui soit applicable au-delà des frontières géographiques, historiques ou idéologiques21. Ce but confère à la pratique spirituelle des membres de l’Église mennonite québécoise une identité locale et universelle. Ces cinq objectifs possèdent de surcroit des éléments narratifs en ce qu’ils s’expérimentent par la personne et l’Église et qu’ils génèrent des récits. Finalement, la tâche théologique prépare la mise en application d’une pratique narrative d’accompagnement spirituel au sein des Églises mennonites québécoises. L’emploi de l’approche narrative s’impose comme la voie naturelle pour mener aussi bien la recherche que pour concevoir la pratique22.