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Décrire la pratique

Chapitre 3 : La revue de littérature

3. Identité culturelle mennonite

Cette section comprend cinq textes sur diverses facettes de l’identité culturelle mennonite. Il en ressort une compréhension nuancée pour discuter de la réalité culturelle dans l’appartenance identitaire. Le sujet de l’ethnicité fait l’objet de discussions nourries parmi les mennonites. Un livre publié en 1987, secoue la communauté mennonite parce que l’auteur, John R. Redekop, propose l’abandon de l’appellation mennonite pour identifier les Églises et les associations d’Églises. La proposition vise à solutionner la confusion que crée l’appellation mennonite qui désigne tout à la fois une identité religieuse et une identité ethnique. Redekop cerne bien le problème quoique la solution de réserver l’appellation uniquement pour désigner l’identité ethnique soit discutable Rodney J. Sawatsky le discute dans un article qui met sous un nouvel éclairage le sujet de l’ethnicité. Selon notre point de vue, l’idée d’effacer l’appellation mennonite de l’enseigne des Églises semble de prime abord une solution simple et pratique, mais tout bien considéré, s’avère une solution superficielle parce qu’elle s’arrête au seuil des portes des Églises. Laisser tomber l’appellation mennonite est une solution qui achoppe sur la difficulté de donner sens à l’ethnicité au sein des Églises mennonites. L’histoire mennonite nord-américaine ressemble à une courtepointe faite de morceaux disparates habilement cousus les uns aux autres. Son patrimoine se constitue de deux communautés ethniques différentes dans ses origines, dans ses lieux d’insertion, dans ses accents culturels. Que dire de ce patchwork culturel? L’article:

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« Mennonite Ethnicity : Medium, Message and Mission » crée un éclairage favorable pour discuter de l’ethnicité et de la religion avec des termes porteurs de sens nouveau17. Sawatsky ne réfute pas l’argument bien connu que l’ethnicité mennonite et l’évangélisation mennonite ne font pas bon ménage. Il convient que l’ethnicité mennonite constitue un défi significatif à l’évangélisation mennonite parce qu’elle embrouille l’appartenance identitaire. Il part de cette évidence pour faire valoir la relation vitale de l’ethnicité avec la foi. Il emprunte à McLuhan les concepts de medium et de message pour définir le rôle théorique de l’ethnicité et de la foi dans le monde. Sawatsky s’adresse à un auditoire mennonite chez qui l’appartenance à la communauté mennonite, de génération en génération, est typique sans être normative. Il rapporte le cas avéré d’un mennonite qui avoue son appartenance ethnique, mais qui désavoue toute appartenance religieuse. Ce cas manifeste le processus de socialisation et l’influence déterminante de la communauté dans la construction identitaire. Dans le même ordre, le baptême que l’on réserve aux adultes et par lequel les baptisés deviennent membres de l’Église mennonite n’altère pas l’identité ethnique : bien que les enfants de la communauté ne soient pas baptisés, les enfants sont d’appartenance mennonite. L’appartenance ethnique est affaire de socialisation tandis que l’appartenance religieuse est affaire de foi et d’incarnation. À cet égard, Sawatsky souligne la nécessité absolue d’incarner la Parole, autant pour manifester sa présence que pour donner forme à la communauté. L’incarnation rend la foi tangible de la même manière que le médium révèle le message. Au fur et à mesure que la Parole habite la communauté, il se crée une sous-culture au sein de la culture dominante et c’est ainsi que l’identité ethnique des mennonites apparait comme une expression tangible de l’incarnation de la Parole dans le monde. En conclusion, Sawatsky valorise l’ethnicité mennonite pour autant qu’elle accomplit la mission de se mettre au service de la Parole et de se tourner vers le monde. Cette mission communautaire qui prend pour fondement et pour modèle Jésus-Christ permet aux mennonites d’éviter le piège subtil de l’ethnocentrisme car l’incarnation de la Parole se veut dynamique et prophétique.

Ce premier texte délimite nettement le sujet à traiter. L’auteur mennonite Sawatsky parle sans ambages de l’ethnicité mennonite avec l’objectif de lui donner sens. Il mène à bien son objectif d’expliquer la fonction que remplit l’ethnicité au sein des Églises mennonites. Sawatsky applique

17 Rodney J. Sawatsky, « Mennonite Ethnicity : Medium, Message and Mission », Journal of Mennonite Studies [vol. 9] (1991), p. 113-121.

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le concept de medium et de message pour clarifier le rôle théorique de la foi et de l’ethnicité dans le monde. L’ethnicité mennonite est à la fois messagère et message; idéalement, elle incarne la Parole qu’elle proclame. Si la théorie fonctionne pour valoriser l’appartenance ethnique, elle laisse planer le mystère car elle passe l’appartenance confessionnelle sous silence. Quelle est la fonction des diverses ethnies au sein des Églises mennonites? Ont-elles une raison d’être? Ces questions serrent de près la signification de l’apport culturel dans l’incarnation de la spiritualité anabaptiste.

Le second texte trace les contours de l’ethnicité mennonite canadienne qui imprègne la culture mennonite dans les Églises mennonites du Canada. Royden Loewen retrace sommairement l’histoire des mennonites venus s’établir au Canada. Son article « The Poetics of Peoplehood : Mennonite Ethnnicity and Mennonite Faith in Canada » fournit une explication historique qui est utile à la compréhension de l’ethnicité et de la foi des mennonites canadiens18. Le premier élément explicatif concerne l’idéologie qui remonte aux enseignements anabaptistes sur le royaume de Dieu et le discipulat. Cet enseignement indique aux disciples de se séparer du monde pour établir ici-bas le royaume de Dieu dans des communautés. La motivation à former ces communautés provient d’une anthropologie positive qui tempère la notion pécheresse de la nature humaine et qui compte sur la puissance transformatrice de Christ. À ces explications s’ajoute la publication en 1660 d’une hagiographie anabaptiste, Martyrs Mirror, qui marque une étape charnière dans le développement de l’ethnicité mennonite. L’histoire des martyrs est un révélateur qui amène les mennonites à s’approprier leur histoire. La codification de l’enseignement personnalise l’idéologie mennonite et donne lieu à des récits. Loewen voit dans l’incarnation des idées et l’appropriation des récits les signes annonciateurs de l’identité ethnique mennonites que les contrecoups de l’adversité auront pour effet de cristalliser. Les mennonites, en butte aux persécutions qui les poussent à émigrer, établissent dans les pays hôtes des communautés unies distinctes. Le contexte de tolérance à l’égard du regroupement sociétaire des mennonites est le terreau de son ethnicité. Toutes les composantes qui caractérisent l’identité ethnique et qui confèrent une appartenance, que ce soit la langue, la religion, la culture, l’alimentation, l’habillement et l’architecture, aident à l’épanouissement de l’ethnicité mennonite.

18 Royden Loewen, « The Poetic of Peoplehood : Mennonite Ethnicity and Mennonite Faith in Canada », Mennonite

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Dès lors, l’ethnicité assure aux mennonites un fort sentiment identitaire pour donner un sens de continuité au cours de la vie. Loewen rapporte les trois vagues de migration de mennonites, en provenance de la Russie, qui surviennent dans les années 1870, 1920 et 1940, et qui montrent la résilience de l’ethnicité mennonite. La migration communautaire des mennonites se distingue par une transplantation des communautés dans le pays d’accueil. Quoique chacune des vagues de migrations raconte l’histoire des diverses expressions d’ascendance suisse, hollandaise et russe de l’ethnicité mennonite, toutes exhibent la capacité d’adaptation de l’ethnicité mennonite au Canada. Loewen juge à propos de préciser que les critères d’antan de l’appartenance ethnique des mennonites se modifient pour tenir compte de nouvelles réalités. Les critères d’aujourd’hui sont d’ordre urbain ou agraire et rendent compte, dépendamment, de courant d’idées progressif ou conservateur. Historiquement, la société mennonite s’adapte aux exigences qu’entraine l’expression de son ethnicité dans son milieu de vie. Une situation sans précédent presse actuellement la société mennonite. Une note du rédacteur à la fin de l’article laisse entrevoir de nouveau un changement. Cette prévision s’appuie sur les 20 différentes langues parlées que l’on dénombre lors du culte dominical des Églises mennonites canadiennes. Il reste à voir si cette grande pluralité linguistique annonce une refonte de l’ethnicité et de la foi mennonite au Canada. Ce second texte étaye la notion de l’ethnicité mennonite mise de l’avant par Sawatsky. Loewen fait appel à l’histoire pour signifier que l’ethnicité mennonite a une histoire qui remonte à la réforme radicale. Cette histoire explique son émergence, sa raison d’être et son ethos. À la source de ses nombreux et perpétuels déplacements et enracinements, il y a la singulière idée, que j’estime séduisante, mais hasardeuse, d’incarner le royaume de Dieu sur terre. Les mennonites vont personnifier cette idée. C’est au fil des pérégrinations qu’émerge, que se construit et que se développe l’ethnicité mennonite et l’appartenance communautaire. Si Loewen fait avec raison un retour sur l’histoire ancienne mennonite, c’est pour dire que l’histoire mennonite se poursuit au Canada. L’écriture de ce nouveau chapitre amalgame l’ethnicité et la foi mennonite avec la culture ambiante.

Le troisième texte continue l’exploration de la culture mennonite. L’article « Anabaptist Liturgical Spirituality and the Supper of Christ » raconte l’histoire de l’ajout d’un nouveau culte d’adoration au programme dominical de l’Église frères mennonites Bakerview d’Abbotsford en

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Colombie Britannique19. L’intérêt pour le récit de Gay Lynn Voth porte sur la démarche de cette communauté confessionnelle d’avoir recours à la spiritualité anabaptiste pour la mise en place d’un culte d’adoration supplémentaire. Car la démarche du comité d’Église étaye la notion de mouvement attribuée à la tradition anabaptiste; elle illustre la possibilité de différencier la théologie et la culture au sein d’une communauté confessionnelle. Lorsque le comité d’Église a constaté la défection de membres vers l’Église anglicane, il s’est enquis de comprendre les raisons de cette attraction pour une Église de tradition chrétienne historique. Le comité prit connaissance que le culte d’adoration de l’Église anglicane rassemblait les éléments d’une spiritualité liturgique. L’attrait d’une forme de spiritualité corporative a conduit le comité de l’Église à faire le constat des éléments manquants dans son culte d’adoration et à se tourner vers la tradition anabaptiste pour y remédier. Cette démarche a vu l’éclosion d’un culte de spiritualité liturgique anabaptiste en plus de cristalliser l’appartenance des participants à la tradition anabaptiste. Le récit de Voth fait état du défi que pose l’appartenance à une tradition théologique : le défi d’une juste compréhension de la spiritualité corporative et de son expression dans un contexte confessionnel. Le recours à la tradition anabaptiste soulève le défi de substituer une approche communautaire à une approche individualiste du culte. La question de la raison d’être du culte en modifie son approche et oriente sa portée. La spiritualité liturgique corporative est publique plutôt que privée, elle est collective plutôt qu’individuelle. La nature communautaire du salut sous-tend la communion fraternelle dans l’Esprit et la participation au corps de Christ. La spiritualité liturgique corporative vise à exprimer cette communion. En cela, les rites publics de l’Église attestent l’œuvre de Dieu dans le monde. La spiritualité liturgique de la tradition anabaptiste se focalise sur le baptême d’eau et le Repas du Seigneur parce que ces deux rites annoncent et expriment l’intégralité du salut de Dieu en Jésus-Christ. La mise en application de cette vision pour un culte corporatif axé sur le Repas du Seigneur a été laborieuse, mais convaincante. Le comité de l’Église a su intégrer le nouveau culte au programme dominical de Bakerview tout en maintenant l’unité et la communion fraternelle que les rites expriment. La compréhension de la spiritualité anabaptiste voulant qu’il y ait un partage du pain et du vin parce qu’il y a communion et non qu’il y a communion parce qu’il y a eu partage du pain et du vin servit de point de repère pour établir une fréquence mensuelle du repas et la teneur corporative du

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culte d’adoration hebdomadaire. Le récit de l’Église des frères mennonites de Bakerview atteste la dualité de la spiritualité anabaptiste et de la culture mennonite dans le vécu communautaire. Ce troisième texte laisse voir l’apport tangible de la spiritualité anabaptiste à la culture religieuse d’une Église confessionnelle en ce qu’elle offre la possibilité d’introduire de nouvelles manières de vivre et d’exprimer l’appartenance à l’Église. Voth, qui fait le récit de l’appropriation de la spiritualité anabaptiste par l’Église des frères mennonites, expose l’ascendance de la tradition spirituelle sur la tradition culturelle. Le quatrième texte montre à l’inverse l’ascendance de la culture sur la spiritualité.

Le quatrième texte aborde le sujet de la culture et de la spiritualité par le biais de la culture confessionnelle. Gerald Ediger se penche sur la spiritualité des frères mennonites du début de leur histoire. Il fait œuvre de pionnier car à ses dires peu d’auteurs ont investigué le sujet. Il signale n’avoir consulté qu’une seule source pour dresser ce portrait20. Sa recherche vise à fournir des renseignements sur ce qui caractérise la spiritualité des frères mennonites. L’auteur fait état d’un intérêt grandissant chez ses coreligionnaires pour les disciplines et les pratiques diverses de la spiritualité chrétienne. Il souhaite influencer le processus de révélation et d’appropriation du patrimoine spirituel des frères mennonites chez les membres en quête d’appartenance. Ediger aborde ainsi la question de la spiritualité, mais il rédige avant tout un article sur les frères mennonites. Contrairement au récit de Voth, « A Sketch of Early Mennonite Brethren Spirituality » montre l’apport de la culture religieuse des frères mennonites à la tradition théologique21. Ediger fait appel à une classification typologique pour arriver à la caractérisation de la spiritualité des frères mennonites. Six types de spiritualité préalablement définis par des critères spécifiques sont utilisés. Ce sont les spiritualités : 1) évangélique; 2) charismatique; 3) sacramentelle; 4) activiste; 5) académique; 6) ascétique. Il ressort que la spiritualité des frères mennonites se caractérise comme étant évangélique, ascétique et, à défaut d’être nommée sacramentelle, elle montre un attachement aux ordonnances du baptême et du repas du Seigneur. La teneur évangélique et ascétique de sa spiritualité du début se remarque dans ses pratiques axées sur le témoignage, l’évangélisation et la mission tandis que sa spiritualité d’ordonnance

20 J.B. Toews, A Pilgrimage of Faith: The Mennonite Brethren Church in Russia and North America 1860-1990, Winnipeg (Manitoba) Hillsboro (Kansas) Kindred, 1993.

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renvoie à l’observation des prescriptions du baptême et de la communion. Il résulte de cette classification une esquisse honnête qui correspond aux pratiques mises de l’avant par les frères mennonites. Est-ce que l’insuffisance des sources consultées pose problème ? Non, mais Ediger trace une esquisse ouverte à de plus amples investigations. Il ne s’agit pas de remettre en question les grandes lignes qui s’en dégagent, mais de complexifier ce qu’elles dévoilent. Ediger puise à une source crédible et d’autant plus sûre qu’elle provient du document fondateur de l’histoire des frères mennonites22. Ediger ébauche l’esquisse de la spiritualité des frères mennonites à partir de leur histoire. C’est pour dire le rôle déterminant imparti aux frères mennonites dans la caractérisation de leur spiritualité. La spiritualité des frères mennonites rend témoignage au renouveau de la vie spirituelle dans le Commonwealth Mennonite Russe des années 1860. La sagesse amena subséquemment les responsables des frères mennonites à encadrer le renouveau spirituel d’un nombre donné de caractéristiques pouvant assurer son origine, sa qualité et sa durée dans le temps. Ces mesures de prudence visaient à dissiper la méfiance à l’égard des débordements émotifs et enthousiastes. Ediger atteste dans son article que les frères mennonites se réclament de leurs origines anabaptistes, mais son esquisse laisse découvrir l’ascendance de la culture mennonite sur la tradition spirituelle des Églises des frères mennonites. Au fil du temps, la spiritualité des frères mennonites s’est imprégnée d’un éthos distinctif issu de son histoire. Ce quatrième texte focalise son attention sur la spiritualité des Églises des frères mennonites en Russie, à l’époque d’un réveil au 19e siècle. L’accent mis sur l’incarnation de la spiritualité des frères mennonites a pour effet d’exclure ce qui est hors de propos : la spiritualité des mennonites de l’époque. Cette focalisation permet à Ediger d’identifier la spiritualité des frères mennonites sans commenter l’histoire des mennonites. Il est à remarquer que Loewen passe sous silence le fractionnement de la communauté mennonite en confessions d’Églises. Ce silence évite de parler d’un passé, toujours présent, à la source de l’étonnante diversité des confessions d’Églises mennonites canadiennes. Cette diversité signale néanmoins qu’il faut tenir compte des impératifs de la culture religieuse dans l’incarnation de la spiritualité anabaptiste.

Le cinquième texte couronne cette section sur l’identité culturelle mennonite. Il s’agit d’un texte important car, tout en montrant la face cachée de l’appartenance confessionnelle, il répand de la

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lumière sur le sujet de la valorisation identitaire qui s’y rattache. Le livre Black & Mennonite : A Search for Identity traite en effet de la question de l’identité23. L’auteur Hubert L. Brown examine la problématique complexe que suscite l’héritage blanc européen pour un afro- américain. Brown dit se trouver dans une situation paradoxale : il appartient à la minorité afro- américaine, il est membre d’une confession d’Église ethnique à dominance blanche et il vit dans une société blanche raciste. À ce propos, il se demande ce qu’une Église américaine blanche, issue des anabaptistes suisses, est en mesure d’apporter à un homme noir, sans pouvoir et victime de ségrégation? Ce questionnement qui exprime l’ambivalence d’une personne sur les certitudes et les incertitudes de son appartenance communautaire s’inscrit dans une dynamique identitaire. Brown raconte sa quête identitaire qui le presse à donner sens au fait d’être à la fois noir et mennonite. Son récit offre un témoignage vivant, pertinent, et vérifiable. Le parcours de Brown au sein de la communauté mennonite se conforme au parcours typique d’un mennonite ethnique : il a fréquenté les institutions académiques mennonites, il a visité les lieux historiques mennonites européens, il a suivi le code vestimentaire mennonite, il a mangé la nourriture mennonite, il a été baptisé et a joint l’Église mennonite, et il est pasteur d’une Église mennonite, sauf que ces vingt- cinq années d’acculturation n’ont pas fait de lui un mennonite ethnique. Brown ne renie en rien son parcours et ne remet pas en question son appartenance à l’Église mennonite. Brown remercie avec gratitude l’Église mennonite pour toute la sollicitude dont il a été l’objet. Cependant, sa situation paradoxale de noir et de mennonite occasionne une crise identitaire que vient exacerber le caractère ethnique de l’Église mennonite. Par exemple, le langage utilisé pour parler des pères de l’anabaptisme ou de l’héritage mennonite est exclusif et possessif, on en parle comme étant « nos pères » et « notre héritage ». Ce langage intramuros fait que Brown doute de son appartenance à la communauté mennonite. Il estime que ces personnes exercent dans ces situations précises un monopole biologique et ethnique de l’anabaptisme. Il en résulte que tout ce que Brown réclame de l’héritage mennonite se concentre essentiellement sur la foi anabaptiste. Il distingue ainsi l’ethnicité mennonite et la théologie anabaptiste qui s’adresse sans distinction à toute créature. De plus, il cite la théologie noire pour débattre avec l’Église mennonite et la tradition anabaptiste. La théologie noire discerne l’activité du Dieu vivant où se trouvent la souffrance et l’oppression. Ainsi, parlons-nous de Dieu à partir de notre histoire et de notre