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SYSTÈMES D‟ALIMENTATION EN EAU POTABLE AU CAMEROUN

CHAPITRE II : CONTEXTE HUMAIN DE L’ACCÈS À L’EAU POTABLE ET À

II.3. SYSTÈMES D‟ALIMENTATION EN EAU POTABLE AU CAMEROUN

Dans le souci de satisfaire la demande des populations urbaines en eau potable, le gouvernement camerounais a créé en 1967, la SNEC (Djeuda et al., 2001). Cette société avait pour mission la construction des infrastructures et la gestion du réseau de distribution d‟eau potable. Au cours des premières années d‟existence, elle s‟est investie dans la construction des équipements. La station de Bangangté est mise en service en 1978 et celle de Bazou en 1986. Cependant, la SNEC a été confrontée à des écarts observés entre le niveau d‟investissement et la demande des populations en eau potable. Dans les centres de distribution secondaires, le rendement de la distribution était très faible par rapport aux investissements effectués. À cette faible rentabilité des investissements s‟est ajouté le poids des impayés. Les chiffres d‟affaires ont subit une baisse considérable, passant de 15,23 milliards en 1991 à 13 milliards en 1993.

La SNEC ne disposait plus de ressources financières pour achever les rembourrements des dettes contractées auprès des bailleurs de fonds internationaux. Des reformes internes ont été effectuées au sein de la société. Ces reformes ont consisté à la réduction du personnel et à la suppression des primes attribuées aux responsables. Malgré ces mesures prises, la centralisation de la gestion a contribué à la dégradation du service. À la suite de ces reformes infructueuses, l‟État camerounais s‟est trouvé dans l‟obligation de changer de politique. Avec l‟aide des bailleurs de fonds, il a opéré des reformes du cadre législatif et institutionnel de la gestion de l‟eau. Ainsi est prise la loi n° 98-005 du 14 avril 199826

portant régime de l‟eau au Cameroun. Cette loi marque la rupture du monopole public dans le service de l‟eau et donne la possibilité aux opérateurs privés d‟intervenir dans la gestion de l‟eau. La SNEC est donc privatisée.

26 Article 2, alinéa 1 : L‟eau est un bien du patrimoine commun de la nation dont l‟État assure la protection et la

gestion et en facilite l‟accès à tous. Alinéa 2 : Toutefois, l‟État peut transférer tout ou partie de ses prérogatives aux collectivités territoriales décentralisées. Alinéa 3 : La gestion de l‟eau peut, en outre, faire l‟objet d‟une concession ou d‟affermage suivant les modalités fixées par un décret d‟application de la présente loi.

Suite à la privatisation du secteur de l‟eau en 2008, le contrat de concession sera rompu, au profit du contrat d‟affermage. S‟inspirant des échecs du passé, l‟État opte pour un schéma de partenariat-public-privé (PPP), d‟affermage qui, en termes d‟investissements privés, est moins exigeant (AFD, 2014, cité par Nantchop, 2017). Ce partenariat est défini dans deux contrats : - un contrat de concession27 et de gestion des infrastructures entre l‟État et la société du

patrimoine CAMWATER, créé par décret n° 2005/494 du 31 décembre 2005, en son article 3 ;

- un contrat d‟affermage28 du service d‟alimentation en eau potable conclu entre l‟État, la CAMWATER et la CDE qui est un exploitant privé. La durée de cet affermage est fixée à 10 ans.

Au Cameroun, les eaux exploitées pour l‟alimentation des populations varie selon qu‟on se trouve en zone rurale ou en zone urbaine. La technologie mobilisée pour le captage des eaux dépend de l‟origine de la ressource et du contexte topographique et hydrogéologique (GWP- MINEE, 2009a, p. 116).

II.3.1. En milieu urbain

Dans les zones urbaine et périurbaine, l‟approvisionnement des populations en eau potable est assuré par le captage des eaux de surface, préalablement traitées avant la consommation. L‟exploitation du secteur de l‟approvisionnement en eau potable s‟est faite par le biais d‟un contrat de concession en 1968, date de la création de la Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC). Ce contrat a été rompu en 2008, et remplacé par le contrat d‟affermage qui lui aussi a été rompu en début de l‟année 2018. La CAMWATER est désormais responsable de la production et de la distribution de l‟eau potable dans les zones urbaine et périurbaine. Il faut relever au vue des observations faites dans la plupart des villes camerounaises qu‟avec la couverture limitée du réseau public de distribution de l‟eau potable et le caractère intermittent du service, les populations pour satisfaire leurs besoins quotidiens construisent des forages et des puits motorisés ou non.

27 Le contrat de concession désigne la convention par laquelle l‟État du Cameroun confie à la CAMWATER, société

de droit public, la réalisation et le contrôle de la qualité de l‟exploitation du service public de distribution d‟eau (MINEE, 2010, p. 5).

28 Le contrat d‟affermage est une convention par laquelle l‟État confie au fermier, la société de droit privé, la

gestion du service d‟eau potable en zones urbaines et périurbaines (MINEE, 2010, p. 4). Le contrat d‟affermage du service public de l‟eau potable a été confié le 18 décembre 2007 à la CDE. Le fermier n‟est pas autoriser à financer les investissements de développement et de renouvellement des infrastructures.

II.3.2. En milieu rural

En zone rurale, l‟eau souterraine est captée et distribuée aux populations rurales par de nombreux programmes d‟hydraulique villageoise : sources aménagées, puits équipés d‟une pompe à motricité humaine (PMH), adduction d‟eau potable (AEP) gravitaires, AEP motorisés (SCANWATER) et forages équipés de PMH. Toutefois, l‟eau de surface peut aussi être sollicitée pour alimenter les populations.

Conclusion

La croissance rapide de la population du département du Ndé à partir de 1987 ne s‟accompagne pas de l‟extension du réseau public de distribution d‟eau potable, de la construction des points d‟eau potable durables et des latrines améliorées. La demande est supérieure à l‟offre. Par ailleurs, le faible pouvoir d‟achat, d‟une population vivant plus des activités agricoles, limite l‟accès à une eau potable et à un système d‟assainissement viable. Le gouvernement camerounais, d‟années en années, entreprend des reformes pour améliorer l‟accès des populations à l‟eau potable et à l‟assainissement. Malgré les initiatives prises par les pouvoirs publics pour accroître le taux d‟AEPA, le cadre réglementaire souffre d‟une insuffisance. L‟applicabilité des textes sur le terrain est un défi majeur à relever. Le processus de privatisation de la SNEC a donné naissance à deux sociétés à qui l‟État camerounais a délégué les services publics de distribution de l‟eau potable en milieux urbain et périurbain.

Entre 2008 et 2018, la CAMWATER et la CDE ont été responsables de l‟hydraulique urbaine. Avec la reforme de février 2018, la CAMWATER est la seule société responsable de l‟alimentation en eau potable en zone urbaine et périurbaine. Le système d‟alimentation en eau potable varie en fonction du milieu géographique. En zone urbaine, le captage des eaux de surface est sollicité pour approvisionner les populations en eau potable. En zone rurale en revanche, la préférence est portée sur le captage des eaux souterraines. Pour renforcer le réseau de distribution en zone urbaine, les eaux souterraines sont aussi captées pour la réalisation des puits et des forages motorisés ou à motricité humaine. La première hypothèse de recherche qui stipule que le cadre humain influence l‟accès des populations des communes du département du Ndé à l‟eau potable et à l‟assainissement se confirme. Il devient important d‟étudier les modes d‟accès à l‟eau potable et le niveau d‟accessibilité des populations aux ouvrages de l‟hydraulique urbaine et rurale.

Conclusion de la première partie

Parvenu au terme de cette partie où il était question de montrer l‟influence des conditions biophysiques et humaines sur l‟accès à l‟eau potable et à l‟assainissement dans le département du Ndé, il a été démontré que certains éléments du milieu naturel tels que le relief, l‟hydrographie, etc. constituent certes des atouts qui favorisent l‟accès à l‟eau potable et à l‟assainissement. Toutefois, les conditions biophysiques et humaines impactent grandement la disponibilité et l‟accessibilité à l‟eau potable et à l‟assainissement. L‟irrégularité interannuelle des précipitations, la géologie constituée majoritairement du basalte et du granite, la saisonnalité de certaines rivières, la végétation parsemée d‟Eucalyptus ne favorisent pas la disponibilité de l‟eau souterraine. À ces conditions biophysiques relativement favorables s‟ajoutent la croissance démographique et le faible pouvoir d‟achat des ménages, incapables de solliciter un branchement individuel à un réseau public d‟adduction d‟eau potable et de construire des latrines améliorées.

DEUXIÈME PARTIE : DIAGNOSTIC ET ÉVALUATION DE L’ACCÈS À L’EAU POTABLE ET À L’ASSAINISSEMENT DANS LE DÉPARTEMENT DU NDÉ L‟approvisionnement en eau de consommation des populations dans les villes du département du Ndé est assuré par la CAMWATER. Les puits, les forages, les sources et les bornes-fontaines assurent aussi l‟alimentation des ménages. En zone rurale, les forages, sources et les bornes-fontaines constituent les principaux modes de ravitaillement des populations en eau. L‟objectif de cette deuxième partie est de procéder à l‟état des lieux des modes d‟accès à l‟eau potable et à l‟assainissement, ainsi que analyser le niveau d‟accès des populations aux services disponibles. Pour y parvenir, le troisième chapitre s‟attelle à faire un état des lieux de l‟accès à l‟eau de consommation, avec une insistance sur l‟aspect quantitatif. Le chapitre quatre traite de l‟analyse de la qualité de l‟eau de consommation. Etant donné le lien qui existe entre l‟assainissement et la qualité de l‟eau, ce chapitre analyse aussi les modes d‟assainissement répandus dans le département du Ndé.

CHAPITRE III : ÉTAT DE L’ACCÈS À L’EAU DE CONSOMMATION DANS LE