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Ouvrages de production et de distribution de l‟eau à Batchingou

CHAPITRE IV: QUALITÉ DE l’EAU DE CONSOMMATION ET MODES

Planche 8 Ouvrages de production et de distribution de l‟eau à Batchingou

Juillet 2016 Photo Nya Juillet 2016 Photo Nya

Photo 17 : Source de captage à Batchingou Photo 18 : Station de traitement

L’eau captée (photo 17) est dirigée vers un décanteur, ensuite à la station de traitement où s’effectuent le filtrage, la désinfection (photo 18, A) et le stockage (photo 18, B). La distribution est faite à travers les branchements individuels et les BF.

III.1.2.3.1. Production et distribution de l’eau à Bamena et Batchingou

Le volume d‟eau produit dans le réseau de Bamena est en baisse par rapport à celui de Batchingou qui est croissant. De 2013 à 2016, la production est croissante à Bamena (Régie communale de l‟eau de Bangangté, 2019). Elle passe de 23 970 m3 à 43 062 m3 (figure 41).

Source : Régie communale de l‟eau de Bangangté, 2018 ; investigations de terrain, 2016-2019

Figure 41 : Évolution de la production et de la distribution d’eau potable à Bamena

23 970 35 389 35 992 43 062 39 055 36 190 23 055 33 705 27 767 27 508 21 149 21 280 0 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000 2013 2014 2015 2016 2017 2018 m 3 Années

Volume produit Volume mis en distribution

A

Cependant, cette production devient inquiétante à partir de 2017 où elle est decroissante. L‟année 2018 enregistre une production de 36 190 m3

. La croissance et la décroissance s‟observent aussi au niveau des volumes mis en distribution.

D‟après le rapport annuel de la Régie communale de l‟eau de Bangangté (Wanang, 2014 et 2018), la baisse de la production enregistrée est liée à l‟improductivité d‟un forage et à l‟irrégularité de la tension électrique qui entraîne les pannes régulières de l‟armoire életrique. Il a été constaté que le niveau statique de l‟eau de ce forage a baissé et la qualité trouble de l‟eau entraîne des dysfonctionnements de la pompe. Au regard de la figure 40, les pertes enregistrées dans le réseau de distribution sont énormes à partir de 2015. Les tuyaux de canalisation n‟auraient pas été renouvelés lors de la remise en service du réseau en 2013. Des fuites d‟eau qui ne sont toujours pas détectées dans un bref délai sont énormes. Les quantités d‟eau produites baissent aussi à cause de la négligence de l‟exploitant du réseau. Les installations ne sont pas surveillées pendant le pompage.

En outre, les ménages bénéficiant de l‟ancien réseau SCANWATER n‟étaient pas venus malgré l‟invitation formelle, se faire enregistrer pour prendre un nouvel abonnement. Par conséquent, une bonne partie de l‟eau consommée n‟est pas comptabilisée. Les raccordements illicites se détectent progressivement.

À l‟inverse, à Batchingou, la production en 2018 est très élevée (39 143 m3

d‟eau) et la distribution très faible (9 586 m3 d‟eau).

Source : Régie communale de l‟eau de Bangangté, 2018 ; investigations de terrain, 2016-2019

Figure 42 : Évolution de la production et de la distribution d’eau potable à Batchingou

11 803 17 852 17 134 26 304 39 143 7 102 6 505 6 271 8 970 9 586 0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000 45 000 2014 2015 2016 2017 2018 m 3 Années

De l‟analyse de la figure 42, il ressort que la production de l‟eau est croissante depuis l‟exploitation de ce réseau. La production annuelle varie entre 11 803 m3

et 39 143 m3 d‟eau (Régie communale de l‟eau de Bangangté, 2019). L‟eau est produite en fonction du nombre de consommateurs. Le réseau de Batchingou n‟est pas soumis à l‟influence du courant électrique. Les pertes enregistrées dans les volumes d‟eau distribuée sont occasionnées par des fuites sur le réseau principal.

Pour une population estimée à 24 452 habitants en 201531, le réseau de Bamena dessert à ce jour 570 ménages et 3 BF. Le réseau de Batchingou, quant à lui, compte 162 abonnés actifs (figure 43) pour une population estimée à 917 habitants. Ce réseau dessert une partie de Bangou carrefour et Bamena.

Source : Régie communale de l‟eau de Bangangté, 2018 ; investigations de terrain, 2016-2019

Figure 43 : Évolution de nombre des abonnés actifs à Bamena et à Batchingou

D‟après la figure 43, il est constaté que le rythme de croissance des abonnés actifs à Batchingou est très lent par rapport à celui de Bamena. La coexistence de deux réseaux parallèles de source gravitaire en est la cause. Sur 70 ménages enquêtés dans ces deux villages, 22 ont déclaré être abonnés à ce réseau, soit 20 pour Bamena et 2 pour Batchingou. Le coût du branchement varie en fonction de la proximité du ménage de la canalisation principale. Pour bénéficier des services du réseau SCANWATER dans les 2 villages, les éventuels abonnés ont mobilisé d‟importantes sommes d‟argent (tableau 29).

31

Source : Compte administratif, 2013, in PCD de Bangangté (2015) ; investigations de terrain, 2016.

289 321 427 486 538 568 67 87 101 140 162 0 100 200 300 400 500 600 2013 2014 2015 2016 2017 2018 N om bre d'abonnés act if s Années Bamena Batchingou

Tableau 29 : Dépense effectuée par les ménages pour bénéficier du service d’eau potable

Villages Coût de l’abonnement + branchement (F CFA) Total

Moins de 50 000 50 000 à 99 000 100 000 à 150 000

Bamena 8 12 00 20

Batchingou 00 01 01 02

Total 08 13 01 22

Source : Investigations de terrain, 2016

À Bamena, les ménages qui ont dépensé moins de 50 000 F CFA (8) pour s‟abonner sont ceux qui ont bénéficié d‟une campagne de branchement social financée par la Commune de Bangangté. Les personnes du troisième âge étaient prioritaires.

Le sous-sol de Batchingou est abondamment riche en ressource hydrique. Les populations sont conscientes de la qualité améliorée de l‟eau du réseau SCANWATER, mais s‟opposent au mode de gestion mis en place par la commune. Elles préfèrent se contenter de l‟eau consommée gratuitement et dont la qualité est douteuse.

III.1.2.3.2. Production et distribution de l’eau potable à Sanki

Dans ce village très éloigné du centre urbain de Bangangté, l‟eau potable issue d‟un forage équipé d‟une pompe à énergie solaire approvisionne les populations à travers 2 BF installées respectivement à l‟école publique et au carrefour. Les pannes fréquentes de la pompe solaire influencent grandement la production de l‟eau potable. Sur 7 années d‟observation, seulement 3 (2014, 2015 et 2016) enregistrent une production élevée avec respectivement 841, 785 et 691 m3 (figure 44). Il s‟agit des années où la production est enregistrée sur 12 mois. Il est important de noter que cette production est decroissante. Les faibles productions observées en 2012, 2013 2017 et 2018 sont enregistrées entre 5 et 8 mois.

Source : Régie communale de l‟eau de Bangangté ; investigations de terrain, 2016-2019

Figure 44 : Évolution de la production et distribution de l’eau potable à Sanki

La distribution de l‟eau est fonction de la production. Cette distribution n‟est pas toujours permanente (tableau 30).

Tableau 30 : Distribution mensuelle du réseau d’eau potable à Sanki de 2012 à 2018

Années J F M A M J J A S O N D 2012 53 45 19 40 62 59 2013 0 0 0 0 0 0 0 49 26 38 34 80 2014 93 57 53 31,5 41 72 69 30 40 43 93 54 2015 98 70 71 54 53 70 52 53 40 49 59 93 2016 57 60 82 56 35 72 93 97 40 29 58 0 2017 0 0 0 0 25 45 41 22 60 38 0 0 2018 59 55 53 34 80 48 0 0 0 0 0 0

Source : Régie communale de l‟eau ; investigations de terrain, 2016-2019

Au regard du tableau 30, le service de distribution de l‟eau potable est intermittent, notamment au cours des années 2013 et 2018. En effet, ce réseau connaît régulièrement des arrêts de fonctionnement des installations de production liés aux pannes répétitives. 6 mois après le fonctionnement de ce réseau, la pompe solaire était tombée en panne. La pompe de remplacement n‟a pas été trouvée sur le marché local. La population de cette localité a été privée du sésame de janvier à juillet 2013.

La distribution d‟eau à Sanki est plus élevée pendant la saison sèche (décembre, janvier et mars). En saison pluvieuse, les ménages collectent l‟eau de la pluie pour les activités domestiques. L‟eau du forage est utilisée uniquement pour la boisson. Cette situation justifie la baisse de la consommation d‟eau à cette saison.

343 269 841 785 691 316 329 278 227 676 762 679 307 329 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 m 3 Années

En 2018, la panne de la pompe a été à l‟origine de l‟interruption de la production d‟eau de juillet à décembre. À cette cause s‟ajoute le mauvais entretien de la plaque solaire supposée emmagasinée l‟énergie nécessaire pour le pompage de l‟eau souterraine. La distribution de l‟eau a baissé aux mois de mai et d‟août 2017 par rapport aux années précédentes. Elle est passée de 25 m3 d‟eau en mai à 22 m3 en août. Le pic de la distribution est atteint au mois de septembre avec 60 m3.

Lors des investigations de terrain, il a été observé que le débit d‟écoulement de l‟eau à la borne-fontaine du carrefour est très faible. Une seule borne-fontaine en réalité distribue de l‟eau aux usagers. Janvier 2015 est le seul mois des 7 années d‟observation ayant enregistré une distribution de 98 m3 (tableau 30).

Les centres de Bangoua, Bangoulap et Bahouoc connaissent des interruptions fréquentes du service. C‟est ce qui explique l‟absence des données sur ces 3 centres à la régie communale de l‟eau. 2 nouveaux centres s‟ajoutent au service public de l‟eau dans la Commune de Bangangté à partir de 2017. Il s‟agit de Bantoum 3 et de Babou. Les ménages dans ces 2 villages sont approvisionnés à partir d‟une borne-fontaine.

III.1.2.3.3. Production et distribution de l’eau potable à Bantoum 3 et Babou

Ces 2 centres sont équipés d‟un système de pompage sur réseau électrique ENEO. La quantité d‟eau produite est distribuée sans enregistrement des pertes. À Babou, 134,6 m3

d‟eau ont été produite de janvier à septembre 2018. À Bantoum 3, la production en 2018 est faible par rapport à l‟année 2017. Elle est passée de 419 m3

à 352 m3 d‟eau. Il ressort de l‟analyse de la figure 45 qu‟au cours de l‟année 2018, la production est très faible pendant les mois de mars à mai et de juillet à septembre. Elle passe de 22 m3 en mars à 10 m3 en septembre avec un pic de 44 m3 en juillet. Cette baisse drastique est due à la panne de l‟armoire électrique et du faible débit du puits de captage. À partir d‟octobre, la production est en augmentation et se rapproche de celle enregistrée au début de la mise en service du centre en 2017. Le centre de Babou mis en service en novembre 2017 enregistre entre janvier et septembre 2018 une production de 134,6 m3 (Régie communale de l‟eau, 2019).

Source : Régie communale de l‟eau, investigations de terrain (2016-2019)

Figure 45 : Production de l’eau potable à Bantoum 3

Les populations non connectées à un réseau public de distribution d‟eau potable s‟approvisionnent en eau des sources, puits, forages, bornes-fontaines, rivières et pluies.

III.1.3. Autres sources d’approvisionnement en eau de consommation

Face aux difficultés rencontrées par la CAMWATER pour satisfaire la demande des populations urbaines et périurbaines et les difficultés d‟accès à l‟eau potable en zone rurale après l‟échec du réseau SCANWATER, l‟État, les acteurs locaux et étrangers ont développé des solutions pour accéder à l‟eau de consommation à travers les puits, les forages, les sources et les adductions d‟eau gravitaires.

III.1.3.1. Puits

Un puits est un trou vertical d‟un diamètre relativement grand, creusé à la main pour avoir accès à la nappe souterraine. L‟eau est ramenée à la surface avec des moyens simples (cordes et puisettes ou seaux, pompe à motricité humaine ou même pompe motorisée). Il existe deux types de puits : les puits traditionnels et les puits modernes.

III.1.3.1.1. Puits traditionnels

Un puits traditionnel est un simple trou creusé dans le sol avec parfois des parois protégées par des pierres maçonnées ou du béton simplement projeté à la truelle. Selon la classification faite par Djeuda et al. (2001), dans cette catégorie se distingue, les puits non aménagés (PNA), les puits sommairement aménagés (PSA) et les puits aménagés (PA). La profondeur varie entre 1 et 40 m. Cet ouvrage constitue le principal mode d‟approvisionnement en eau pour les activités

0 10 20 30 40 50 60 J F M A M J J A S O N D P rod u ction (m 3) Mois 2017 2018

domestiques dans les ménages (cuisson, lessive, vaisselle, douche, etc.). 14,3% des ménages disposent d‟un puits traditionnel à domicile (tableau 31).

Tableau 31 : Répartition des puits traditionnels dans les ménages intérrogés

Villages Nature du puits traditionnel Total

Puits aménagés Puits sommairement aménagés

Puits non aménagés

Bamena 1 1 0 2 Bangangté 39 25 4 68 Bangoua 3 4 0 7 Bazou 1 1 0 2 Tonga 1 3 0 4 Total 45 34 4 83

Source : Investigations de terrain, 2016-2019

Au regard de l‟analyse du tableau 31, Bangangté concentre le nombre le plus élevé des ménages qui disposent d‟un puits à domicile (68). La réalisation de cet ouvrage nécessite des moyens financiers, car il faut creuser en profondeur pour avoir de l‟eau. Cependant, il est moins coûteux qu‟un branchement à l‟eau distribuée par la CAMWATER. Les ménages ont aussi adopté ce mode d‟alimentation pour pallier les coupures de longue durée de la structure en charge de la distribution de l‟eau potable dans la ville. La situation vécue dans les villes du département du Ndé est celle observée dans de nombreuses villes africaines. Les travaux de Silué et al. (2012) et de Kouam (2013) montrent que dans les villes de Bouaké (Côte d‟Ivoire) et de Yaoundé (Cameroun), les ménages pour faire face à la couverture limitée du réseau public de distribution et l‟intermittence du service recourent aux puits.

III.1.3.1.1.1. Puits non aménagés (PNA)

Un puits non aménagé est un puits sans aucun dispositif de sécurité ou de protection (absence de dalle, de margelle et de couvercle). Ce type d‟ouvrage est très exposé aux pollutions de toute nature (photo19). Il est le moins répandu dans les ménages. À Bangangté, 4 ménages interviewés disposent d‟un PNA sur leur parcelle.

III.1.3.1.1.2. Puits sommairement aménagés (PSA)

Ce sont des puits équipés d‟une margelle pour assurer la protection de l‟ouvrage. La margelle est faite soit en béton, soit avec la moitié d‟un vieux fût métallique (photo 20). Les mesures de protection prises sont moyennes. Dans la Commune de Bangangté, 30 ménages ont déclaré disposer de cet ouvrage. À Bazou et à Tonga respectivement, on rencontre 1 et 4 puits sommairement aménagés.