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CHAPITRE I : CONDITIONS BIOPHYSIQUES DE L’ACCÈS À L’EAU POTABLE ET

I.2. RESSOURCES EN EAU

La compréhension et l‟analyse du cycle de l‟eau sont la base de toute étude et réflexion relative à la gestion efficace de l‟eau. Les travaux antérieurs menés au Cameroun ont permis de faire une évaluation du bilan quantitatif et qualitatif des ressources en eau de surface et souterraine (GWP-MINEE, 2009a). Les ressources en eau, destinées à la consommation humaine sont représentées par les eaux de pluie, les eaux de surface et les eaux souterraines.

I.2.1. Cycle de l’eau

Le cycle de l‟eau est l‟échange permanent de l‟eau entre les mers, les océans, les eaux continentales (superficielles et souterraines), l‟atmosphère et la biosphère. Cet échange s‟effectue dans l‟atmosphère et sur la terre. L‟eau se présente généralement sous trois formes :

 liquide (mers, océans, lacs, rivières, pluies) ;

 gazeuse (vapeur, nuages) ;

 solide (glace, neige) ;

La chaleur provoque l‟évaporation de l‟eau existante à la surface de la terre et l‟évapotranspiration des plantes. L‟évaporation et l‟évapotranspiration sont les éléments importants du climat, puisqu‟elles provoquent la formation des nuages. Sous l‟effet du vent, les nuages retombent, s‟ils rencontrent des masses d‟air froid, en pluie, neige ou grêle. Ce sont les précipitations qui alimentent les eaux souterraines. En moyenne 65% des précipitations qui arrivent à la terre s‟évaporent, 24% ruissellent et 11% s‟infiltrent (Viland et al., 2001). L‟importance de l‟écoulement superficiel et la façon dont l‟eau se comporte à la surface du sol, dépendent de l‟intensité de la pluie, de la pente et de la régularité du terrain. Sur les quantités de pluies qui tombent, une partie est interceptée par les végétaux, puis est restituée partiellement à l‟atmosphère sous forme de vapeur d‟eau. Celle qui n‟est pas interceptée atteint le sol. Suivant les conditions données, elle peut s‟évaporer directement du sol, s‟écouler en surface jusqu‟au cours d‟eau ou encore s‟infiltrer dans le sol.

Il peut y avoir emmagasinement temporaire de l‟eau infiltrée sous forme d‟humidité dans le sol que peuvent utiliser les plantes, et une autre partie alimente par ruissellement les eaux de surface (lacs et rivières). Il peut y avoir aussi percolation vers les zones plus profondes pour contribuer au renouvellement des réserves de la nappe souterraine. Un écoulement à partir de cette dernière peut rejoindre la surface au niveau des sources ou des cours d‟eau. L‟évaporation à partir du sol, des cours d‟eau et la transpiration des plantes complètent ainsi le cycle de l‟eau. L‟homme aura ainsi besoin pour l‟utilisation de trois types d‟eau.

I.2.2. Bilan quantitatif et qualitatif des eaux de surface et souterraines au Cameroun

Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d‟Action National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE), le Cameroun est subdivisé en 5 bassins hydrographiques : Les bassins du lac Tchad, du Niger, de la Sanaga, du Congo et des fleuves côtiers. Le département du Ndé fait partir du Bassin de la Sanaga. Ce département compte 2 bassins versants : le Ndé et le

Ngam. Les études sur ce bilan n‟ont malheureusement pas été ménées à l‟échelle des bassins versants.

Dans le bassin de la Sanaga, le volume d‟eau de surface est estimé à 63,18 km3

. Du point de vue qualité, la thèse de Ndam (1997, citée par GWP-MINEE, 2009a) montre que le pH des eaux de la Sanaga est neutre (6,35-7,5) et la minéralisation faible (conductivité comprise entre 24,2 et 34,7µs/cm).

Les ressources en eau souterraine au Cameroun sont reparties dans 2 grandes formations géologiques : les formations sédimentaires (bassin sédimentaire du lac Tchad, bassin sédimentaire de la Benoué et bassins sédimentaires côtiers) et les formations du socle. Les ressources en eau souterraine sont évaluées à 55,98 km3. Les aquifères de la zone de socle bien que représentant plus de 90% du territoire national emmagasinent seulement 15,40%. La grande part est accumulée par les bassins sédimentaires côtiers et de la Benoué avec respectivement 21,6 km3 et 15,75 km3 (GWP-MINEE, 2009a).

La qualité des eaux souterraines dans la zone de socle dépend de la nature de la roche : granite, basalte, gneiss, etc. Généralement, ces eaux sont pour la plupart bicarbonatées calciques, avec un pH acide et une minéralisation des eaux de sources faible par rapport aux eaux de puits.

Il ressort de cet état des lieux que la ressource en eau est abondante dans la zone de socle. Toutefois, la disponibilité de l‟eau dépend du relief, de l‟hydrographie, du climat, de la géologie et de la végétation.

I.2.3. Besoins en eau dans le département du Ndé

Les besoins en eau potable dans ce département ne se limitent pas seulement aux usages domestiques. Le service de l‟eau répond aussi aux besoins des activités économiques (hôteleries, restaurants, laveries, coiffures, etc.) et à ceux des bâtiments administratifs et des établissements sociaux (écoles, marchés, centres de santé, etc.). Cependant, les besoins en eau potable estimés dans le cadre de cette thèse prennent en compte uniquement les activités domestiques. Au Cameroun, dans tous les 5 bassins hydrologiques, une consommation de 50l/j est recommandée pour chaque habitant résidant en ville (GWP-MINEE, 2009, p. 108). En zone rurale où les populations s‟approvisionnent majoritairement en eau potable à une borne-fontaine, un puits ou un forage équipé d‟une pompe à motricité humaine ou motorisé, la quantité d‟eau nécessaire pour les besoins domestiques est fixée à 25 litres par habitant et par jour (GWP, 2010, p. 50).

Pour calculer les besoins domestiques en eau potable (tableau 6), la formule suivante est appliquée : Population totale × la consommation spécifique.

Tableau 6 : Besoins domestiques en eau potable dans le département du Ndé

Communes Milieux Modes d’AEP Population totale Quantités quotidiennes (m3/jour) Bangangté Urbain CAMWATER 92 489 4 624,4 Périphérique Rural SCANWATER AEP gravitaire : bornes- fontaines

Puits et forages avec PMH Puits et forages motorisés

107 508 2 687,7 Bazou Urbain CAMWATER 12 345 617,2 Périphérique Rural

AEP gravitaire : bornes- fontaines

Puits et forages avec PMH Puits et forages motorisés

13 655 341,4 Tonga Urbain CAMWATER 16 036 801,8 Périphérique Rural Forages avec PMH Forages motorisés 5 170 129,2 Bassamba Urbain+rural

AEP gravitaire : bornes fontaines

Forages avec PMH

3 118 77,9

Source : Investigations de terrain, 2016

Il ressort de l‟analyse du tableau 6 que si tous les ménages en zones urbaines et périphériques dans le département du Ndé sont branchés au réseau CAMWATER, ils auront besoin pour la satisfaction des activités domestiques d‟une production journalière de 4 624,4 m3

, 617,2 m3 et 801,8 m3 d‟eau potable respectivement à Bangangté, Bazou et Tonga. En zone rurale, compte tenu de la faible densité de population, la production attendue pour satisfaire la demande est moindre.

I.2.4. Eaux utilisées pour la consommation humaine

Les eaux de pluie, de surface et souterraines sont les eaux captées par l‟homme pour son alimentation (boisson, lavage et cuisson des aliments, l‟hygiène corporelle et le lavage de la vaiselle et du linge).

I.2.4.1. Eaux de pluie

Ce sont les eaux provenant du phénomène de condensation de la vapeur d‟eau qui s‟infiltrent dans le sol ou qui ruissellent à sa surface avant de terminer leur course dans les cours d‟eau avoisinants ou la nappe d‟eau souterraine. Les surfaces de captage naturelles ou artificielles sont utilisées pour la collecte de ces eaux. Le captage des eaux aide les populations du département du Ndé à équilibrer les excès et pénuries d‟eau. La consommation de l‟eau de pluie présente un triple avantage :

- risque faible de contamination biologique et chimique ; - faible conductivité ;

- faible turbidité.

Toutefois, les systèmes de captage et de stockage de cette eau sont facilement contaminés. Cette pollution peut provenir :

 des particules de poussières issues des toits et des gouttières ;

 des récipients de stockage ouverts et exposés à l‟air libre ;

 du manque de maintenance des réservoirs et des gouttières (principalement en début de saison de pluie) qui peut entraîner une élévation de la turbidité.

I.2.4.2. Eaux de surface

La partie des eaux de pluie qui atteint le sol ruisselle. Les eaux de surface s‟écoulent par gravité suivant la topographie qui les oriente. L‟eau de surface est parfois interceptée par des ouvrages construits par les populations. Elle est disponible en quantité. Toutefois, cette eau est fortement chargée des matières en suspension, voire des éléments pathogènes ; ce qui implique des traitements complexes et onéreux pour rendre l‟eau potable (tableau 7).

I.2.4.3. Eaux souterraines

L‟eau souterraine est une composante importante du cycle hydrologique. Constituée de l‟ensemble de l‟eau contenue dans l‟aquifère, elle est généralement alimentée par les précipitations utiles (part des précipitations qui s‟infiltrent et alimentent la nappe), et les infiltrations d‟eau de surface comme les rivières et les lacs. Au cours de leur infiltration lente, les eaux souterraines sont purifiées. Plus ces eaux sont profondes, plus elles sont claires et bonnes à

la consommation humaine. Les nappes d‟eau souterraines sont en mouvement : une part de l‟eau sort de l‟aquifère sous forme de source qui alimente les eaux de surface, par pompage ou par évaporation directe. La disponibilité de l‟eau souterraine dépend des propriétés des différents matériaux géologiques dans lesquels circule l‟eau.

Les eaux souterraines présentent généralement une bonne qualité bactériologique et sont moins vulnérables aux pollutions externes comme les eaux de surface (tableau 7).

Tableau 7 : Avantages et inconvénients des eaux de surface et souterraines

Caractères Eaux de surface Eaux souterraines

Répartition dans l‟espace Ressource concentrée dans les rivières et les lacs impliquant dans certains cas des adductions importantes, mais permettant des prises de fort débit en un seul site

Ressource extensive facilitant le captage sur les lieux d‟utilisation donc minimisant les coûts d‟adduction, mais nécessitant une pluralité de captage pour satisfaire une forte demande. L‟exception est faite dans le cas de source à débit minimal très élevé Disponibilité dans le temps Variable d‟une saison et/ou d‟une année à

l‟autre, en fonction des aléas climatiques. Nécessité de construire les ouvrages de régularisation lorsque les besoins en période d‟étiage excèdent

Débit peu variable, offrant une ressource plus résistante aux aléas et donc une meilleure sécurité d‟approvisionnement. Réserve naturelle ne nécessitant pas de régularisation

Évaluation quantitative Ressource visible, nécessitant une interprétation statistique des données recueillies sur une période assez longue

Ressource invisible. Son évaluation précise nécessite la mise en œuvre des méthodes assez complexes.

Cette ressource est souvent limite et ne peut sauf exception, satisfaire à elle seule les besoins d‟une grande agglomération

Vulnérabilité à la pollution Très sensible aux rejets polluants dans l‟ensemble du bassin versant, en amont du point de captage. L‟introduction des polluants est à l‟origine des facteurs de variation de la qualité, rendant le traitement encore plus difficile. Les pollutions accidentelles peuvent rendre la ressource inutilisable.

Les mesures de lutte contre la pollution ont un effet rapide dans les rivières

Certaines eaux souterraines sont totalement protégées des risques de pollution. D‟autres sont vulnérables à la pollution, et doivent faire l‟objet des mesures de protection.

Lorsqu‟une ressource en eau souterraine est polluée, sa capacité de régénération est très lente (souvent plusieurs années ou dizaines d‟années). Le traitement ou l‟abandon de la ressource s‟impose Coût Études d‟évaluation de la ressource moins

coûteuses, mais plus longues. Coûts d‟investissement et d‟exploitation plus élevés. Adduction plus lointaine ou nécessité de régularisation de la ressource

Études d‟évaluation de la ressource plus coûteuses. Coûts d‟investissement et d‟exploitation moins élevés et dépendent des caractéristiques de l‟aquifère (profondeur, productivité de chaque ouvrage). Frais d‟exploitation assez sensibles aux variations du coût de l‟énergie

De l‟analyse du tableau 7, il ressort que les eaux de surface et souterraines présentent des avantages et des inconvénients. Il est judicieux de procéder à une analyse de la vulnérabilité de ces eaux à la pollution, de leur disponibilité et du coût avant l‟exploitation. La qualité des eaux souterraines est bonne si elles sont exploitées par des forages. La contamination chimique provenant des minéraux toxiques tels que l‟arsénic, le fluor, est le principal risque auquel s‟exposent ces eaux. La contamination fécale peut provenir d‟une conception inadéquate de l‟ouvrage de captage et de l‟absence de protection. L‟exploitation des eaux de surface et souterraines pour la consommation humaine dépend des conditions climatiques, topographiques, géologiques et hydrogéologique d‟une localité.

Conlusion

Le présent chapitre s‟est fixé pour objectif d‟analyser les conditions biophysiques qui influencent l‟accès des populations à l‟eau potable et à l‟assainissement dans le département du Ndé. La démarche utilisée a permis de valider partiellement la première hypothèse de recherche.

La topographie très accidentée de cette zone située sur le socle lui confère un climat d‟altitude « submontagnard ». Les effets du climat sur l‟abondance ou la rareté des eaux de surface et l‟alimentation des nappes souterraines ont une importance déterminante sur les modes d‟équipement. Le relief influence sur l‟écoulement des eaux par ses pentes, qui favorisent ou entravent l‟infiltration ou le transfert des eaux infiltrées. Ce relief accidenté ne favorise pas l‟extension du réseau de distribution publique de l‟eau potable dans les centres urbains et leurs périphéries. Cependant, la topographie marquée de pentes très abruptes, est propice au système de captage gravitaire d‟eau et la distribution aux usagers. On note l‟existence de plusieurs sources d‟eau naturelles et cours d‟eau dont les débits baissent pendant la période d‟étiage. Par ailleurs, l‟homme pour lutter contre les mouvements de terrains et surtout pour des enjeux financiers, ne cesse de planter l‟Eucalyptus sur les versants et sommets des collines. Cette essence, caractérisée par sa grande capacité d‟absorption de l‟eau contribue à l‟assèchement des sols et à la baisse du niveau des eaux souterraines. Les structures géologiques guident le cheminement des eaux souterraines (perméabilité, discontinuité). L‟eau de pluie qui tombe sur le sol s‟infiltre dans les roches perméables (sable, gravier) qui la laisse passer. Quand elle rencontre les roches imperméables comme l‟argile, elle s‟accumule dans le sous-sol pour former la nappe phréatique. L‟hydrogéologie du département du Ndé est relativement complexe pour la réalisation des forages. À côté de ces facteurs biophysiques qui sont déterminants dans la disponibilité et l‟accès à l‟eau potable et à l‟assainissement, s‟ajoute le contexte humain.

CHAPITRE II : CONTEXTE HUMAIN DE L’ACCÈS À L’EAU POTABLE ET À