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CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES ET ACTIVITÉS SOCIO-

CHAPITRE II : CONTEXTE HUMAIN DE L’ACCÈS À L’EAU POTABLE ET À

II.1. CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES ET ACTIVITÉS SOCIO-

ÉCONOMIQUES

II.1.1. Caractéristiques démographiques

Elles portent sur l‟évolution, la structure et la composition de la population.

II.1.1.1. Une population d’immigrants en évolution

La croissance démographique est une caractéristique qui permet d‟évaluer les potentialités des ressources en eau. Dans le département du Ndé, cette croissance a été marquée par plusieurs facteurs dont les conditions naturelles défavorables, le phénomène du maquis et le développement des infrastructures socio-économiques.

La population est passée de 59 607 habitants en 1932 à 67 113 habitants en 1947 (figure 22).

Source : Nganso (1982) ; Recensements de 1976, 1987 et 2005 ; Google Earth (2017), investigations de terrain

(2016)

Figure 22 : Évolution de la population du département du Ndé de 1932 à 2017

De l‟analyse de la figure 22, il ressort que ce département a perdu 4 113 habitants 10 années plus tard. En 1967, le chiffre de la population totale avait atteint 83 547 habitants. Cependant, la décroissance de la population se fait sentir dès 1976. 15 605 personnes, ont émigré vers d‟autres régions du pays. À partir de 1987, la croissance démographique reprend son envol et en 2017, la population est estimée à 286 834 habitants. La Commune de Bangangté, chef lieu du département du Ndé, abrite les ¾ de la population du département.

Compte tenue du fait que les données disponibles sur la population datent de plus d‟une dizaine d‟années, une estimation de la population du département en 2017 a été faite. Les limites administratives extraites dans les fichiers cartographiques de l‟INC, ont servi à la délimitation de ce département dans le logiciel Google Earth. Après cette délimitation, les maisons ont été digitalisées individuellement, puis exportées vers QGis sous le format HML. Ensuite, le logiciel Argis a été mis en contribution pour le traitement, la mise en page et l‟habillage cartographique. Ainsi, 56 242 habitations ont été digitalisées (figure 23). Pour estimer la population totale, la formule suivante a été appliquée :

Nombre d’habitation × la taille moyenne d’un ménage (56 242 × 5,118

= 286 834).

18

D‟après les résultats du RGPH de 2005 (BUCREP, 2010), la taille moyenne d‟un ménage au Cameroun est de 5,1.

0 50000 100000 150000 200000 250000 300000 1932 1937 1947 1957 1967 1976 1987 2005 2010 2017 59607 65595 67113 63000 83547 67942 8358894849 105398 286834 P op u lation Années

Source : INC (2014), Google earth (2017)

Ainsi, l‟évolution de la population dans le département du Ndé peut être étudiée en trois grandes phases.

II.1.1.1.1. La phase coloniale

Cette période se situe entre 1932 et 1957. Elle correspond à la colonisation du peuple noir. De la création en 1930 par l‟arrêté du Haut Commissaire de la France d‟Outre-mer, la croissance de la population s‟est faite à un rythme très lent. Entre 1932 et 1947, cette population est passée de 59 607 à 67 113 habitants, soit une augmentation de 7 506 personnes en 17 ans (figure 22). L‟émigration est un phénomène très ancien dans le département du Ndé. Les populations du département des trois lettres ont été soumises aux travaux forcés très déshumanisants. Avant l‟abolition de ces travaux en 1946, le recrutement de la main d‟œuvre était obligatoire. C‟est ainsi qu‟en 1941, au total 1 125 personnes ont été recrutées pour travailler dans les plantations à Nkongsamba (975) et Foumban (150). Ce recrutement forcé de la main d‟œuvre a contribué à ralentir le rythme de la croissance démographique (Dongmo, 1981). En outre, une bonne partie de cette population a refusé de se soumettre aux traitements inhumains infligés par les colons. C‟est de ce refus qu‟est née l‟appellation de Bangangté19

qui deviendra plus tard le chef lieu du département du Ndé. Cette rébellion entraîna ainsi le départ massif d‟une tranche importante de la population.

À cette cause s‟ajoute la situation géographique de ce département sur le socle. Les sols majoritairement ferralitiques, sont pauvres. Les populations vont donc migrer vers les villes, à la recherche des conditions de vie meilleures et dans les plantations du Moungo, créées par les colons. En outre, le pays Bamiléké avait le taux d‟impôt le plus élevé du pays. L‟impôt était imposé à la majorité de jeunes sans emploi. Ces jeunes préférèrent migrer vers les grandes villes, où même les personnes ne payant pas l‟impôt vivaient en paix. La poursuite des études secondaires et supérieures est aussi une des raisons explicatives de cette migration (Dongmo, 1981, Notué et al., 1984). L‟émigration va atteindre son point culminant en 1976.

II.1.1.1.2. La phase des crises de libération nationale

Cette période se situe entre 1967 et 1976 où la population du département du Ndé a connu une diminution de 15 605 habitants en 10 ans. Il s‟agit d‟un chiffre très alarmant jamais connu par un autre département en pays Bamiléké. Malgré l‟interdiction de l‟UPC en 1955, les leaders de ce parti politique ont continué la révolte dans la clandestiné. Après avoir essuyé les déboires

19 Ce nom provient d‟une mauvaise prononciation par un colon allemand de l‟expression originelle « Pah ha Nteu »,

dans la Sanaga maritime, le Moungo et autres départements de l‟Ouest, ces leaders vont se tourner vers le Ndé, qu‟ils considèrent comme une zone de repli. De ce fait, le département du Ndé est tardivement touché par le phénomène du maquis qui va y durer pendant longtemps. Pendant cette période de destruction des biens par les adeptes de l‟UPC, les conditions sociopolitiques ont favorisé la rébellion. Les chefferies étaient devenues inopérantes. Les chefs ont été attaqués par les maquisards avec la complicité des autochtones qui considéraient les autorités traditionnelles comme les alliés des colonisateurs. Les troubles provoqués par les adeptes de l‟UPC vont se confondre avec la révolte paysanne ; ce qui a davantage aggravé les tensions et l‟insécurité beaucoup plus dans les campagnes du département du Ndé. L‟insécurité généralisée accentue le déplacement massif des populations vers les plantations agroindustrielles de la région du Moungo (Gubry et al., 1996).

Tableau 8 : Bilan de l’émigration Bamiléké en 1976

Département d’origine Migration intérieure Migration extérieure Migration totale

Bamboutos 25 603 63 955 89 558

Menoua 33 948 97 705 131 653

Mifi 58 899 263 530 322 429

Haut-NKam 32 725 151 004 183 729

Ndé 19 150 237 627 256 777

Source : Recensement de 1976, In Dongmo (1981)

Le tableau 8 rend compte du bilan des migrations en pays bamiléké. Jusqu‟en 1976, le bilan de l‟émigration est très négatif pour 2 départements: la Mifi (263 530) et le Ndé (237 627 habitants). Il est important de relever que dans les 3 arrondissements de ce département, certains villages ont été plus victimes que d‟autres. Il s‟agit notamment de Bangangté, Bangoua et Bazou comme l‟illustre le tableau 9.

Tableau 9 : Évolution de la population dans les chefferies de 1967 à 1976

Chefferies Populations Gain ou perte

1967 1976 Bangangté 31 594 24 505 -7 089 Bahouoc 701 591 -110 Bamena 5 527 5 010 -517 Bangang-Fokam 728 884 +156 Bangoulap 4 224 3 801 -423 Bangoua 10 100 6 908 -3 192 Batchingou 2 585 3 143 +558 Bakong 1 227 1 043 -184 Balengou 6 212 5 020 -1 192 Bazou 10 302 8 180 -2 122 Bandoumga 10 349 8 787 -1562 Source : Nganso, 1982

Il ressort de l‟analyse du tableau 9 que seulement Bangang-Fokam et Batchingou ont connu une augmentation de la population à cette période trouble avec un gain respectif de 156 et 558. En revanche, Bangangté est la chefferie qui a le plus perdu ses habitants (-7 089). Il est suivi de Bangwa et Bazou (-3 192 et -2 122). D‟ailleurs, les chefferies de Bangangté et Bazou avaient été brulées.

Les campagnes du département du Ndé se sont plus vidées que les centres urbains. L‟insécurité régnait dans les campagnes et les villes étaient devenues les lieux de refuge de ces populations. Les chiffres donnés par le tableau 10 sont révélateurs de la situation.

Tableau 10 : Évolution de la population urbaine et rurale de 1967 à 1976

Arrondissements Milieux Populations

1967 1976 Bangangté Urbain 10 080 9 854 Rural 45 385 35 055 Bazou Urbain 9 846 5 721 Rural 7 895 8 522 Tonga Urbain 7 288 7 018 Rural 3 053 1 772 Total 83 547 67 942 Source : Champaud, 1983

Il se dégage de l‟analyse du tableau 10 que les campagnes de Bangangté et de Tonga traversées par la nationale n° 4 ont été les plus touchées à cause de leur position d‟ouverture. La population rurale de Bangangté a diminué de 10 330 habitants et celle de Tonga de 1 281 habitants. À Bazou, la diminution de la population urbaine est frappante (4 125 habitants). La baisse considérable des populations dans les campagnes s‟explique par le départ des paysans venus s‟installer dans ces villages pendant la longue période de troubles. Bien que le calme soit revenu à la fin des années 1970, la population de certains villages dans les communes de Bangangté et de Bazou a continué à diminuer tel que l‟illustre le tableau 11.

Tableau 11 : Population des villages dans 2 communes en 1982 et 1992

Arrondissements Villages 1982 1992 Accroissement annuel (%)

Bangangté Bamena 3 970 3 551 -1,1

Batchingou 1 708 1 290 -2,8

Bazou Bazou 7 908 6 847 -1,4

Balengou 4 360 4 121 -0,6

Bakong 1 085 907 -1,8

Le tableau 11 met en relief les villages les plus touchés par l‟émigration après le rétablissement de la paix dans le département du Ndé. Le village Batchingou a perdu en 10 ans 418 personnes, soit une moyenne de 42 par an. Jusqu‟à l‟heure actuelle, c‟est l‟avant dernier village le moins peuplé de la Commune de Bangangté avec une population estimée à 917 habitants (PCD Bangangté, 2015).

Pendant cette période marquée par la guerre civile, la structure chargée de l‟alimentation en eau potable dans les zones urbaines et périurbaines (SNEC), n‟était pas encore présente dans le département du Ndé. 62,2% de la population urbaine, s‟approvisionnaient à la source pour toutes les activités domestiques. Les eaux de rivières et de marigots alimentaient 13,6% des populations. Les puits étaient peu répandus (6,2%). La situation n‟était pas très différente en zone rurale. Les points d‟eau naturels constituaient les principales sources d‟approvisionnement en eau. Les populations ne trouvaient pas nécessaire de forer des puits, qui exigent un investissement financier. Jusqu‟à nos jours, ce type d‟ouvrage est très peu répandu dans les zones rurales de ce département.

Les latrines traditionnelles, mal aménagées, constituaient le principal mode d‟assainissement dans le département du Ndé. Les latrines avec chasse d‟eau étaient utilisées par 1,4% de la population urbaine et 0,5% de la population rurale (Nganso, 1982). Les ménages qui faisaient recours à ce mode d‟assainissement, étaient ceux qui disposaient d‟un branchement individuel. Plus de 30 après, la difficulté de disposer d‟un branchement d‟eau à domicile et l‟écoulement permanent de l‟eau des réseaux d‟adduction d‟eau expliquent en partie la dominance des latrines traditionnelles.

II.1.1.1.3. La phase du boom démographique

Cette période se situe entre 1987 et 2017. La paix règne dans le département du Ndé à partir de 1975. Plusieurs facteurs expliquent cette croissance exponentielle de la population, surtout dans la Commune de Bangangté. Sont cités les projets de développement du secteur agricole à l‟instar du « Projet Route du Noun ». Ce projet a été initié en 1979. L‟objectif était de freiner l‟exode rural et surtout de favoriser l‟implication des jeunes dans le domaine agricole. De nombreux jeunes, partis en ville à la recherche d‟un emploi, retournent au village. Les travaux de la nationale n° 4 ont aussi enclenché le développement du département du Ndé. À cette époque, le réseau électrique de la SONEL s‟étend et le réseau d‟eau SNEC devenu CDE et aujourd‟hui CAMWATER est mis en service, dans les villes de Bangangté (1978) et Bazou (1986). En zone rurale, chaque village est équipé du réseau SCANWATER. Certains villages comme Bangoua,

Bamena et Balengou ont bénéficié de plusieurs forages SCANWATER. Bien plus, les centres de santé et les postes agricoles se multiplient. Avec la création des infrastructures de base, les conditions de vie sont désormais meilleures pour favoriser le retour des migrants au village. La forte productivité des produits maraîchers dans les bas-fonds (Projet 1 et 2, Bantoum, Kassang), attire de plus en plus les jeunes au village.

Le renforcement du système éducatif qui fait partie des initiatives prises par l‟État camerounais pour booster le développement du pays a contribué aussi à cet accroissement de la population. À partir de 2002, on assiste dans la ville de Bangangté à la création des établissements d‟enseignement supérieur tels que l‟Université des Montagnes (UdM), l‟Institut Supérieur de Technologie et d‟Etudes Commerciales (ISTEC) et l‟Ecole d‟Ingénierie Industrielle (E2I) créés respectivement en 2002, 2008 et 2009 (Kouatchou, 2016). Ainsi, la population des 4 communes du département du Ndé a triplé en 20 ans. Le tableau 12 montre que la population dans le département, est plus concentrée dans les zones rurales que dans les zones urbaines. La population urbaine de Bangangté est passée de 22 704 habitants en 1987 à 86 219 habitants en 2015 tandis que celle de Bazou est décroissante entre 1987 et 2005. Elle est passée de 6 094 à 5 923 habitants. À partir de 2005, cette population est en net croissance, passant de 5 923 habitants en 2005 à 12 345 habitants en 2015, soit une croissance de 6 422 habitants en 10 ans (PCD Bazou, 2015). La croissance est exponentielle dans les campagnes des communes de Bangangté et de Bazou où les terres fertiles attirent de plus en plus les migrants de retour.

Tableau 12 : Évolution de la population urbaine et rurale de 1987 à 2017

Communes Milieu Populations

1987 2005 2015 2017 Bangangté Urbain 22 704 28 011 86 219 212 828 Rural 33 928 35 584 113 778 Bazou Urbain 6 094 5 923 12 345 32 920 Rural 9 422 8 989 13 655 Tonga Urbain 9 499 10 807 16 036 27 826 Rural 1 941 2 721 5 170

Bassamba Urbain Inexistant 2 814 3 118 13 260

Rural

Total 83 588 94 849 250 321 286 834

Source : BUCREP (1987, 2010), PCD, POS (2015), Digitalisation image Google Earth (2017)

La population rurale dans la Commune de Bangangté est passée de 33 928 habitants en 1987 à 113 778 habitants en 2015. L‟augmentation de la population dans la ville de Tonga est remarquable. La population urbaine est passée de 10 807 habitants en 2005 à 16 036 habitants en

2015. La Commune de Tonga demeure la seule dans le département où la population urbaine est supérieure à la population rurale.

Il se dégage de cette analyse que la croissance démographique est accélérée dans les campagnes du département du Ndé et dans la ville de Bangangté. Qu‟est ce qui peut être à l‟origine de ce phénomène ? Une analyse minutieuse de l‟occupation du sol sur 3 périodes permet d‟apporter une explication.

La crise économique des années 1980 a eu pour effets la réduction des salaires, le licenciement de certains fonctionnaires et la privatisation des sociétés publiques et parapubliques. Survivre en ville n‟était plus évident pour les jeunes camerounais en chômage ou à très bas revenus. Pour faire face aux nouvelles conditions de vie, les populations du département du Ndé sont retournées au village, pour se livrer aux pratiques agricoles. La reconversion des populations dans les cultures maraîchères et vivrières au détriment du café et du cacao, contribue à l‟augmentation des surfaces cultivées par l‟exploitation de la forêt. La forêt mature passe ainsi de 745,46 km2 en 1987 à 536,18 km2 en 2017 (tableau 13). La croissance de la population surtout à la périphérie des villes et dans les campagnes se traduit par la densification du bâti qui est passé de 112,58 km2 en 1987 à 203,04 km2 en 2017. Cependant, la croissance des surfaces occupées par le bâti entre 2005 (167,95 km2) et 2017 est lente20.

Progressivement, la forêt primaire se rétrécie et cède la place à la savane et aux cultures. L‟espace cultivé passe de 105,13 km2

en 1987, à 139,75 km2 en 2005. En 2017, le boom démographique entraîne l‟augmentation des surfaces occupées par les constructions et l‟extension des surfaces occupées par les savanes et les cultures (142,91km2

).

20 Entre 1987 et 2005, la croissance des surfaces occupées par le bâti est de 3,5%. Par contre, entre 2005 et 2017,

Source : Images Lansat 1987, données OSM (2016), INC (2014)

Figure 24 : Occupation du sol dans le département du Ndé en 1987

Source : Images Landsat (2005), données OSM (2016), INC (2014)

Il ressort de l‟analyse des figures 24 et 25 que la forêt mature occupait en 1987 les plus grandes superficies dans le département du Ndé, avec une proportion de 46,7%. En 2005, cette première place est cédée à la forêt dégradée dont l‟espace occupé a une proportion de 46,9% par rapport à la superficie totale. En 1987, la forêt domine l‟espace dans les villages Bangoua et Bamena. En 2005, le changement d‟occupation est très perceptible. En 2017, la forêt dégradée occupe une proportion de 45,4% des superficies dans le département du Ndé (figure 26). Le bâti est dense dans les villages : Bantoum, Nkong-Ngam et Kassang. Il s‟agit des villages à forte production agricole dans le département du Ndé qui attirent de plus en plus des jeunes. Le bâti n‟est pas dense à Bandounga. Toutefois, les populations pratiquent la riziculture irriguée dans cette localité.

Source : Images Landsat (2017), données OSM (2016), INC (2014)

Figure 26 : Occupation du sol dans le département du Ndé en 2017

L‟analyse de l‟occupation du sol en 1987, 2005 et 2017 montre que durant ces 3 périodes, les superficies occupées par le bâti, la forêt dégradée, la savane et les cultures croissent tandis que celles occupées par la forêt mature sont en régression (tableau 13).

Tableau 13 : Évolution des superficies (km2) des classes d’occupation du sol

Classe d’occupation 1987 2005 2017

Bâti et sols nus 112,58 167,95 203,4

Forêt mature 745,46 536,18 520,23

Mosaïque forêt-savane 630,17 748,85 722,86

Savane et culture 105,13 139,75 142,91

Hydrographie 3,08 3,09 3,10

Total 1596,4 1595,8 1592,14

Source : Images Landsat (1987, 2005 et 2017), OSM (2016), INC (2014)

La forte croissance démographique ne s‟accompagne malheureusement pas de l‟extension du réseau CAMWATER dans les centres urbains. Les ménages situés à une altitude élevée, bien que disposant des moyens financiers pour souscrire un branchement ne peuvent pas le faire. C‟est le cas des blocs 3, 4, 5 et 6 du quartier 3 et du quartier 8 dans la ville de Bangangté. Dans les campagnes les plus densément peuplées, une faible répartition des points d‟eau potable s‟observe. Le réseau SCANWATER, qui autrefois alimentait les populations rurales a cessé de fonctionner avant et après les années 1990. La demande en eau augmente tandis que les infrastructures d‟approvisionnement en eau potable pour satisfaire les besoins de la population sont insuffisantes. Dans la ville de Bazou, les 5 bornes-fontaines gratuites gérées par la municipalité sont hors service depuis 1998.

II.1.1.2. Structure de la population dans le département du Ndé

La population du département du Ndé est constituée majoritairement de femmes qui représentent 65,1%. Les hommes ne représentent que 34,9% de cette population (investigations de terrain, 2016). Dans l‟ensemble, les chefs de ménage sont des personnes mariées (51,1%). Les célibataires viennent en deuxième position avec un taux de 27,1% (tableau 14). Très peu des chefs de ménage vivent en union libre (8,8%). Ces chiffres dépeignent vraiment la culture du peuple bamiléké qui encourage les jeunes devenus autonomes financièrement de remplir les conditions requises (mariages coutumier et civile) pour avoir une femme.

Tableau 14 : Répartition des enquêtés selon leur statut matrimonial

Statut matrimonial Effectif Fréquence (%)

Marié 296 51,1

Célibataire 157 27,1

Union libre 51 8,8

Séparé/divorcé/veuf 75 13

Total 579 100

Source : Investigations de terrain, 2016

L‟ancienneté du résident accuse des disparités dans le temps. Sur 579 chefs de ménage interrogés, 356 se sont installés dans les quartiers de résidence entre 1980 et 2010, soit 61,5% (tableau 15).

Tableau 15 : Répartition des enquêtés selon l’année d’installation dans les quartiers

Année d’installation Effectif Fréquence (%)

Avant 1980 76 13,1

Entre 1980 et 2010 356 61,5

Après 2010 147 25,4

Total 579 100

Source : Investigations de terrain, 2016

Les personnes résidant avant 1980 sont en nombre très réduit (13,1%). L‟ancienneté de résidence permet de rendre compte sur les difficultés d‟accès à l‟eau potable et à l‟assainissement. Les personnes qui résident dans le département du Ndé sont soient propriétaires pour la plupart, soient locataires.

Le statut d‟occupation des logements varie en fonction du niveau de vie. 287 chefs de ménage interrogés sont propriétaires de leur logement. Avec ce statut, le ménage remplit déjà l‟une des conditions pour faire une demande d‟abonnement à la CAMWATER21

. Par contre, la situation semble compliquée pour 90 chefs de ménage qui sont locataires (figure 27).

21 Selon le règlement du service affermé de distribution de l‟eau potable dans les centres urbains et périurbains du

Cameroun élaboré par le MINEE (2007, p. 10), toute personne qui sollicite un branchement doit disposer d‟un titre de propriété ou tout autre document y tenant lieu s‟il est propriétaire et d‟un contrat de bail dûment légalisé ou enregistré, s‟il est locataire.

Source : Investigations de terrain, 2016

Figure 27 : Répartition du statut d’occupation des logements par les ménages enquêtés

Ces chefs de ménage doivent fournir un contrat de bail dûment légalisé ou enregistré. Or très peu des ménages disposent ce document. La faiblesse des revenus justifie l‟occupation d‟une maison familiale par 180 ménages interrogés.

Les jeunes constituent la tranche d‟âge la plus représentée (57,1%). L‟effectif du troisième âge est faible (figure 28).

Source : Investigations de terrain, 2016

Figure 28 : Répartition des populations par tranches d’âge dans le département du Ndé 287 90 180 22 0 50 100 150 200 250 300 350

Propriétaire Locataire Maison

familiale Maison d'une connaissance E ff ec tif Statut d'occupation 15,7 23,1 18,3 19,9 12,4 7,4 2,6 0,5 0 5 10 15 20 25 F q u en ce (% ) Tranche d'âge

Il ressort de l‟analyse de la figure 28 que les jeunes ayant un âge compris entre 25 et 34 ans sont les plus nombreux dans le département du Ndé (23,1%). 15,7% des jeunes de 15-24 ans sont d‟un grand soutien dans l‟approvisionnement en eau du ménage. Dans ce département, l‟approvisionnement en eau est assuré à 32,3% par tous les enfants (tableau 16). Avec les longues distances à parcourir pour se procurer de l‟eau, les pères (13,5%) et les enfants garçons (10,9%) sont plus sollicités pour accomplir la tâche.