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Fig. 4. Le Plan de Central Park Source : www. nyc – architecture.com

Les quatre voies transversales est-ouest sont enterrées sous le parc, aménagées en passages souterrains afin d’éviter tout conflit avec la fonction du parc et aussi afin de les masquer. Le parc est en outre pourvu de trente-six ponts tous uniques dans leur architecture. Dans le parc lui-même, les pistes pour voitures, les allées de promenade et les sentiers étaient aussi séparés (Laurie, 1983, p.80).

Un aspect important de la situation de Central Park doit être signalé. L’anneau l’encerclant est constitué des principales institutions culturelles : Le Metropolitan Museum of Art qui fut implanté dans le parc dès son établissement, Le Museum of National History se trouve juste en dehors de la limite du Parc. A l’ouest Le Lincoln Center et à l’est le Guggenheim Museum fait face au parc et un peu plus loin le Withney Museum. C’est ainsi que s’exprima la forte affinité entre le parc et les institutions culturelles.

4. Le Système de Parcs

La construction de parc ne put satisfaire les ambitions d’Olmstead. Comme ses réflexions mûrirent, sa conception du parc évolua vers une plus grande échelle encore. Depuis le début il sentit le besoin d’étendre le terrain de loisir isolé et rigide vers un système de parcs plus flexible visant une interpénétration des éléments urbains et ruraux. Le résultat fut une chaîne développée de parcs et de couloirs verts interconnectés, une continuité d’espaces verts au sein de la ville s’étalant d’une extrémité de celle-ci à l’autre.

En fait ce que cet homme accomplissait en Amérique le siècle passé, allait bien au delà de la construction de parcs dans le sens ordinaire : il aménageait les villes. Il ne faisait pas que déterminer l’emplacement des structures mais aussi la localisation des zones résidentielles car comme la si bien exprimé Lewis Mumford (cité dans Heckscher, 1977, p.193) « L’aménagement du parc, ne peut s’arrêter sur la lisière de celui-ci. Le système de parcs est le meneur vers un urbanisme compréhensif. »

Le système de parcs qui a été adopté prévoit la prolongation de la fameuse avenue de Riverside vers le nord. Elle doit atteindre un parc qui couvrirait les pentes boisées le long des bords de la rivière, jusqu’à l’extrémité nord de l’île de Manhattan. Une série de jardins et de promenades, déjà décidés, avec Central Park relira le système de parcs. Un des « parkways », nouveau terme désignant les routes-promenades, sur une longueur de 3,5 km, est large d’environ 130m et une autre, large de 200m a 1 km de long. Mais le parkway le plus intéressant, et qui constitue l’axe de Brooklyn, est l’ocean parkway. Large de 65m et long de 8 km où la promenade sur l’océan est aussi large que le parc lui-même.

Le rapport du chef ingénieur, déclare que les parkways ont été appréciés et considérés comme d’un inestimable avantage. Le prix auquel New York doit payer son imprévoyance est un des arguments les plus convaincants en faveur des systèmes de parcs. Il montre combien il est nécessaire pour n’importe quelle ville en voie d’accroissement de prévoir, alors qu’il en est temps encore, un programme complet de dégagement d’espaces libres, de jardins, de grands parcs et de réserves.

La réalisation suprême de Frederick Law Olmstead fut la chaîne de parcs « Emerald Necklece » de Boston qui fut créée principalement pour associer une solution technique aux problèmes d’inondation et de pollution a un système d’espaces ouverts très demandés (Hough, 1984). Le système de parcs de Boston eut ses racines au cœur de la ville et se prolongea dans un demi-cercle jusqu’au parc Franklin. A travers des routes ornées d’arbres, s’étendant dans un paysage large de cinq cents mètres par endroits et se contractant jusqu’à soixante mètres dans d’autres.

Olmstead exploite tous les atouts du site, les berges de trois rivières, les pentes de deux collines et les rives de l’océan. Il les inscrit en réserves de paysages. Simultanément il valorise tous les espaces libres de Boston et des différentes communes du District.

L’Emerald Necklece de Boston était constituée de sept parcs, le Boston Common et le Public Garden au cœur de la ville, le Fens Park et le Jamaica Park implantés le long d’un ruisseau existant. Le long de la ceinture verte se trouve l’Arboretum et le Franklin Park, un chef d’œuvre conçu quelques années plus tôt par Olmstead pour devenir le grand terrain de loisir rural de Boston. Dans ce contexte un vrai accomplissement fut fait, l’art de l’artiste paysagiste fut déployé « le sol est tapissé de gazon sur de vastes étendues de terres les arbres plantés sur les côtés ont étés supplantés par des allées de promenade, des circuits pour cavaliers, des abris et des ponts ». (Hecksher, 1977)

L’ensemble s’articule sur un réseau maillé de trames vertes qui relient les espaces verts par des parkways. Ce lacis de voies vertes et de parcs structure le plan d’urbanisation de Boston. Les espaces verts sont, là encore, des lieux de récréation et de contemplation d’une « nature vivifiante et tonique » pour le plus grand nombre.

Avec une imagination similaire, les autres parcs de la ceinture verte furent conçus et développés. Des allées et des promenades furent aménagées pour inviter à l’exploration du système, (voir la figure n°5). Le système d’espaces ouverts possède une intégrité et une harmonie qui en font une véritable œuvre d’art, dépassant en échelle et en complexité tout ce qui a été précédemment proposé pour une ville américaine (Heckscher 1977, p.209)

Fig. 5. ‘Emerald Necklace’ de Frederic Law Olmsted à Boston Source: blogomite.com

Olmstead relia le common de Boston au parc Franklin et en 1890 Charles Elliot proposa une extension au plan conçu par Olmsted. Elliot y inclue les espaces historiques pour les protéger et afin de les conserver en les mettant à la charge de la nation. Elliot suggéra que le système devra comporter cinq types d’espaces : les fronts de mère, les rivages, les îles et les estuaires, les forêts sauvages, les squares, les terrains de jeux ainsi que les parcs dans les zones les plus densément peuplées.

Ce système comprend donc les soixante-dix petits parcs et playgrounds répartis dans Boston, les parcs et jardins particuliers à chaque municipalité du district, et enfin les grandes avenues les reliant. L’ensemble du domaine en espaces libres de Boston et des autres villes du district est de 6140 ha. Il a nécessité la coopération de trente-neuf municipalités.

L’opération est immense, elle est mise sur pied en deux ans et exécutée en sept ans. En 1906, l’ensemble du domaine couvre plus de six mille hectares. Le modèle de Boston est reconduit dans de nombreuses villes américaines telles Chicago, Philadelphie, San Francisco, Buffalo et Washington. Plus tard, l’audace d’Olmstead, Kessler et Cleveland a été de prendre les villes existantes et d’y créer comme solution ultime un système de parcs si grand que l’on ne pouvait y dissocier le parc de la ville.

Dans son pamphlet de 1870 les parcs publiques et l’agrandissement des villes (Public Parks and the Enlargment of Towns), la vision d’urbaniste moderne et de concepteur de paysages urbains d’Olmstead intègre de vastes espaces de nature artificielle à destination pratique et se déploie dans toute son originalité.