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Les distractions liées à l’eau

2. La Fonction Sociale et Récréative des espaces verts

2.1. Les loisirs de plein air

2.1.4. Les distractions liées à l’eau

Fig. 5. La marche à pied, un exercice physique idéal. Source : cliché de l’auteur, Parc Bachelard, Grenoble, 2004.

2.1.4. Les distractions liées à l’eau

L’eau exerce une attirance extraordinaire parce qu’elle permet la pratique de nombreux sports et que sa seule présence constitue un élément polarisant de toute première force. Aussi, il faut souligner que l’utilisation de l’eau pour les loisirs demande très peu d’aménagement. Les bords de plans d’eau génèrent plusieurs types d’activités (De Sablet, 1991, p.204) ; la promenade, la contemplation , les activités menées sur et dans l’eau telles que les bains, la voile, le canotage, les activités directement liées à l’eau et qui se pratiquent sur les rives , les pieds dans l’eau comme la pêche, la promenade en bateau et les activités non directement engendrées par l’eau sur les terrains qui la bordent, les plages, les grèves, les gazons des berges, les dunes.

La baignade demande seulement un accès facile et non dangereux. Pour un bon nageur, toute eau suffisamment profonde lui permet de pratiquer son sport. Le pêcheur sera d’autant plus heureux que l’on touchera le moins possible aux rives et au cours d’eau lui-même.

Grâce à un plan d'eau calme et une rivière d'eau vive aménagée, les pratiquants de tout niveau peuvent opter pour le rafting, la nage en eau vive, le canoë gonflable ou encore le kayak sur la rivière. Des activités de détente sont également proposées avec des canoës ouverts de deux à quatre places, canoës ouverts à huit places et des kayaks de mer à une ou deux places. Il existe même le « Kayak VitAL » (Vitesse Animation Loisir), embarcation rapide et stable qui permet de peaufiner sa condition physique à tout moment dans l'année (Dugas, 2007).

Tous les cours d’eau et toutes les étendues d’eau peuvent convenir à l’un ou à l’autre loisir à l’exception de certaines réserves d’eau potable. Toutefois les tourbillons, la proximité de prise d’eau, les écluses, les accès difficiles ou abrupts et les profondeurs avec des eaux froides constituent des dangers pour les baigneurs.

2.1.5. Le jeu

« Sans le jeu un lieu devient laid et malsain » estime Wilmot. Certains sociologues et professionnels de la santé vous diront que notre santé exige une vie joviale et une participation ludique importante ». (Wilmot, 2010, p14)

En général, le jeu est perçu comme étant l’opposé du sérieux, de la morale et du travail productif ainsi que des rapports de force sociaux que ces valeurs peuvent reproduire. Néanmoins, plusieurs psychologues et notamment Gilloch (1996) considère que le jeu est spontané et créatif, que c’est un contrepoint à l’ennuie et que c'est le domaine de la liberté contre la coercition, (voir la figure n°6).

Les activités ludiques sont considérées irrationnelles car elles ne sont pas formulées autour d’objectifs éthiques et pragmatiques. Le jeu va souvent contre l'orthodoxie, ignorant totalement l'organisation systématique de l'activité humaine, transgressant les limites du sérieux, y compris les tabous. Lefèvre estime que les pratiques de la vie quotidienne sont bien plus riches et sont d’une portée bien plus importante que la morale et le rationalisme ne peuvent expliquer ni prévoir.

En parlant de "la frivolité sacrilège du jeu incontrôlé" dans l'espace urbain Lofland juge que dans le domaine public, les vertus incontestées de la sobriété, la rationalité, la diligence ne sont pas seulement en cause, elles sont quasiment rejetées. (Stevens, 2007, p.29)

On a tendance à associer le loisir avec l’âge adulte et la récréation avec l’enfance. Toutefois, le jeu n’est pas réservé uniquement aux enfants, l’adulte a autant besoin et peut autant que l’enfant bénéficier du jeu et de la récréation. On peut appeler "jeu" toute activité dont le seul objectif est le plaisir.

Les jeux pour enfants retiennent une gamme plus étroite de comportement que le jeu des adultes. Le jeu n'est qu'un élément de l'existence sociale complexe des adultes, mais qui est rarement analysé. Le jeu des adultes n'est pas ce qui reste de l'enfance car l'éventail complet des formes de jeu apparaît seulement avec la maturité (Mouledoux cité par Stevens, 2007)

Si le jeu s’observe dès l’enfance avec des fonctions évidentes d’apprentissage moteur et d’exercice des réflexes, il se déploie encore à toutes les phases de la vie sociale : sport, gymnastique, exercices physiques, marche à des fins d’exercice. De plus, cette fonction d’exercice déborde largement des seuls aspects sensorimoteurs et concerne autant les habiletés imaginatives qu’intellectuelles: jeux de patience, mots croisés, devinettes, charades, jeux d’assemblages, et certaines formes d’art populaire.

Les adultes peuvent jouer moins souvent que les enfants, mais ils ont encore des aptitudes, un savoir et une liberté d'action qui leur permettent de jouer en temps et en lieux et selon des modalités qui ne sont pas disponibles pour les enfants, et ceci est particulièrement vrai dans les espaces publics du centre urbain. Dans le contexte complexe de la vie sociale des adultes, les qualités dialectiques du jeu deviennent évidentes. La densité et la diversité des milieux urbains intensifient les tensions et les contradictions entre le monde sérieux des adultes et leurs escapades ludiques. (Stevens, 2007, p.27)

Le jeu de l’adulte fournit la meilleure illustration de la transformation de la vie quotidienne et de l'espace vécu en de nouvelles expériences et en de nouvelles formes. C'est le jeu des adultes qui peut conduire à un réexamen de la façon dont l'espace urbain peut stimuler et faciliter les comportements imprévisibles, et comment l'espace peut être utilisé pour des escapades de significations et d’utilisations sérieuses. (Stevens, 2007, p.27)

Dans le passé, le jeu était perçu comme une activité futile et on en dissuader les enfants afin qu’ils consacrent plus de temps et d'effort à leurs études. Aujourd'hui, on reconnaît que le jeu

contribue significativement à la croissance cognitive et peut même constituer une méthode pédagogique efficace.

Jean Piaget, éminent psychologue dans le domaine du développement de l'enfant, durant les décennies passées a expliqué qu'il existait deux processus de base pour le développement mental : l’assimilation et l'adaptation.

L'assimilation est le processus d’imprégnation et de perception, comme dans le cas de la réception des informations sous forme de stimuli visuels ou auditifs. L'adaptation est le processus d’ajustement aux conditions externes et aux stimuli. Dans la théorie de Piaget, le jeu est lié à l'assimilation, le processus par lequel on ‘ingère’ mentalement des expériences et des situations nouvelles et différentes.

L’enfant reproduit dans le jeu tout ce qu’il lui arrive d’important ; c’est le moyen pour lui d’assimiler ses expériences émotionnelles. Bruner (cité par Richard Kraus, 1998, p.80) souligne la nécessité d'établir le sens de l'autonomie chez l’enfant et de l’encourager à s’impliquer sérieusement pour atteindre un important niveau d’apprentissage. Il préconise qu’il faut donner plus de liberté à l’enfant vis-à-vis du contrôle de l’environnement immédiat.

Fig. 6. Le jeu de l’enfant ; une activité essentielle pour le développement de l’enfant. Source : cliché de l’auteur, Parc Bachelard, Grenoble, 2004.

Aborder les tâches complexes, trop de motivation peut interférer avec l’apprentissage en mettant de la pression sur les enfants créant un état d’anxiété et de frustration. En diminuant de l’importance de l’objectif, le jeu peut servir à réduire l’élan excessif et permet aux enfants d’apprendre plus facilement les tâches dont ils auront besoin une fois grands.