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ASSISES THÉORIQUES ET ÉVOLUTION DES MODÉLISATIONS

2.2 Le système national d’innovation (SNI)

L’approche néo-institutionnaliste nous a fait comprendre que l’agir organisationnel avait une influence réciproque sur la structure institutionnelle. Dans son intention d’interagir avec son environnement de proximité, l’individu s’approprie son rôle de mise en œuvre de construit social à l’image de ses besoins et des opportunités directionnelles que peut lui offrir son milieu.

Nous notons également que l’évolution de la pensée de l’homme, dans son rapport à l’environnement, les grandes influences politiques mondiales et les orientations institutionnelles, notamment celles universitaires, ont encouragé les acteurs à développer une attitude proactive devant les changements liés à l’économie des connaissances.

D’ailleurs, dès la fin des années 80, on a voulu arrimer la modélisation des interactions entre les individus et l’environnement avec un nouveau concept, celui de l’innovation. Ce concept venait alors mettre de l’avant toute l’importance des collaborations entre les universités et les entreprises pour la croissance économique. Et c’est dans ce contexte qu’est né le modèle du système d’innovation national (SNI) (Figure 2, p. 39) élaboré par Freeman (1987) et Lundvall (1992).

39 Figure 2

Les niveaux du système d’innovation

Modèle élaboré à partir de Melviez, D. 2008 : p. 16.

Le modèle concentrique du système d’innovation national a d’abord été introduit par l’auteur Christopher Freeman (1987), dans les années 1980, dans un article portant sur l’innovation au Japon. Elle a ensuite été développée par Bengt-Äke Lundvall (Lundvall, 1992) pour expliquer les différences entre les pays en matière d’innovation (Therrien, 2005 : pp. 5-11). Ce modèle a proposé une approche systémique intégrant l’influence des institutions extérieures, ainsi que l’importance du transfert des compétences et de l’information dans la conduite de l’innovation. Il a expliqué que les contraintes socio- économiques influenceraient la circulation des informations et que la formation de réseaux alimente les processus et les capacités d’innovation d’un système. Ici, l’innovation était comprise dans un processus dynamique dans lequel l’accumulation des connaissances et des interactions encourage la croissance. Lundvall (1992) expliquait que le SNI était composé d’éléments et de relations interagissant dans la production et la diffusion des connaissances, dans le but d’encourager la croissance économique. Les liens qui unissaient

Environnement global Environnement

immédiat

Entreprise innovante

Réseaux et collaboration d’entreprises

Relations avec universités et collèges Relations avec organismes gouvernementaux Sociétés de financement et capital de risque

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les acteurs du système étaient donc perçus ici comme primordiaux à l’articulation du système (Melviez, 2008 : pp. 15-19).

Nommé directeur au Directorat pour la Science, la Technologie et l’Industrie à l’OCDE en 1992, Lundvall eut pour mission de mettre en place le programme portant sur les SNI. Faisant suite aux travaux de l’auteur, le Manuel d’Oslo a alors été entériné par les membres de l’OCDE et il constitue, encore aujourd’hui, un ouvrage de référence quant aux normes à respecter pour mener des enquêtes sur l’innovation afin de dresser des bilans et des comparaisons à l’échelle internationale.

Ce modèle a cherché à expliquer la logique des interactions entre les acteurs de l’innovation au sein du système, non seulement entre les entreprises, mais également entre les intervenants universitaires et l’administration publique. Élaboré à l’échelle nationale, le système d’innovation s’est surtout articulé autour de la science et de la technologie, plus qu’au niveau de l’innovation sociale. Les auteurs, qui sont à l’origine du modèle, expliquent que c’est l’ensemble des acteurs et leurs interactions qui constituent le SNI. Articulé autour de trois niveaux, le système national d’innovation regroupe trois sphères, à l’intérieur desquelles différents types d’acteurs s’articulent et s’entrecroisent d’un palier à l’autre. D’abord, il y a la sphère de l’entreprise innovante, où l’on retrouve la recherche et le développement, les technologies, des experts scientifiques et techniques, de même que des activités de commercialisation et d’exportation ; ensuite, la sphère de l’environnement immédiat à l’intérieur duquel s’articulent les alliances, les collaborations et les réseaux ; enfin, l’environnement global qui définit le cadre de référence des interactions entre les acteurs. L’échelle d’analyse de Lundvall est nationale. Dit autrement, les activités articulées entre les universités, les laboratoires, les politiques gouvernementales, les entreprises, les fournisseurs, les clients, les programmes de financements, sont comprises à l’aide de variables quantitatives souvent agrégées et synthétiques. (Melviez, 2008 : p. 16).

41 2.2.1 Les perspectives d’évolution du SNI

On constate que même si le modèle du SNI permet de reconnaître des différences, en termes d’allocation des ressources d’innovation, de mieux évaluer ses processus et ses retombées (CST, 1997), ce modèle ne tient pas véritablement compte de la complexité des interactions aux échelles à la fois locale et globale. En effet, ce modèle cadre son analyse à l’échelle nationale, sans souligner les transformations subies par les acteurs en interaction avec les acteurs localisés à l’extérieur de leur système d’innovation national. Ce qui fait en sorte que la plupart des recherches, qui ont pris appui sur ce modèle, ont accordé une attention très orientée vers les politiques nationales, venant ainsi réduire les perspectives que pourrait avoir une analyse des changements des interactions entre les acteurs au sein d’un système.

Ensuite, on constate également que le SNI élabore son approche en prenant appui sur un modèle concentrique, dont le cœur est assuré par l’entreprise. L’État vient ici soutenir cet acteur central de l’innovation, laissant à l’université un rôle secondaire dans la production des connaissances. Or, notre recherche a une perspective différente, en ce sens qu’elle s’appuie davantage sur la nature interactive des acteurs, de même que leurs collaborations dans la modélisation des systèmes d’innovation. À cet égard, le modèle du Mode 2 de production des connaissances est plus révélateur pour nos travaux, car il introduit la notion d’interactivité multidimensionnelle entre les acteurs dans un système.