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CADRE CONTEXTUEL ET CONCEPTUEL

3.1 Définition de la grappe U-E-E du secteur des SVTS du Grand Montréal

3.1.2 Caractéristiques de la grappe U-E-E du secteur des SVTS du Grand Montréal

À lui seul, le secteur économique des SVTS du Grand Montréal compte plus de 45 000 emplois répartis au sein de 600 établissements (Montréal InVivo, 2012). Parmi ces derniers, près de 12 000 chercheurs et professionnels travaillent au sein de 300 organisations publiques ou parapubliques répertoriées dans le secteur des SVTS. Ce qui représente près de 18% de l’ensemble de l’emploi en SVTS au Canada (Statistiques Canada, 2012). Au Québec seulement, le PIB réel du secteur des SVTS du Grand Montréal compte pour 65% de ce type d’industrie au Québec (Montréal InVivo, 2012). Les domaines d’excellence de la grande métropole sont le vieillissement, les neurosciences et la santé mentale, le cancer, les maladies cardiovasculaires et métaboliques, la génétique, la génomique, de même que la protéomique.

La région métropolitaine de Montréal se positionne aujourd’hui au 6e rang des plus grandes régions métropolitaines d’Amérique du Nord pour la concentration d’emplois dans le secteur des SVTS. Le rapport rédigé par l’OCDE (2013) fait état des résultats des tableaux de bord des grappes de haute technologie à l’échelle mondiale. Malgré le fait que les données recueillies au sein du rapport datent quelque peu, les tendances lourdes dégagées de ce rapport sont néanmoins pertinentes. On y constate que le Grand Montréal

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se situait au 34e rang mondial pour sa proportion de jeunes entreprises innovantes intégrées au sein de sa grappe des SVTS pour les années 2007-2009 (Temouri, 2013). Pour les mêmes années, la grappe du secteur des SVTS du Grand Montréal se situait au 10e rang mondial pour sa croissance, en nombre d’emplois dans le secteur des hautes technologies, alors qu’elle se situait au 15e rang en 2005-2007 (Temouri, 2013). En combinant l’ensemble des indicateurs des tableaux de bord de l’OCDE, les données indiquent que la grande région de Montréal a fait un bond considérable entre 2005-2007 et 2007-2009, passant de la 40e position à la 17e position, par rapport à l’ensemble des grappes mondiales reconnues dans le secteur des hautes technologies. Devant elle, on retrouve néanmoins le Biotech cluster au Portugal (1ère position), le Bio-pharma cluster en Irlande (2e position), l’Uppsala BIO cluster en Suède (3e position), le Mechatronics cluster au Danemark (4e position), le Cambridge cluster au Royaume-Uni (5e position) et le Madison research district aux États-Unis (6e position) (Temouri, 2013).

3.1.2.1 Les investissements internationaux

Ces dernières années, ce secteur a été fortement soutenu par des investissements internationaux. Les filiales d’entreprises étrangères en SVTS, localisées dans le Grand Montréal, comptent plus de 17 000 emplois répartis au sein de 160 établissements (Montréal InVivo, 2012). Les filiales étrangères localisées à Montréal proviennent majoritairement des États-Unis, de la Suisse, de l’Italie, de la France et de l’Inde. Elles œuvrent surtout dans le secteur de la pharmaceutique, bien que l’on en retrouve également dans le secteur de la fabrication et de la recherche contractuelle, en logistique et en distribution, de même qu’en technologie de la santé. Par exemple, les Laboratoires Charles River Services Préclinique de Montréal (États-Unis) comptent plus de 1250 emplois. Ils œuvrent en fabrication et effectuent également de la recherche contractuelle. Pfizer Canada, dont la maison mère est localisée aux États-Unis, est également une entreprise importante pour Montréal. Merck Canada en pharmaceutique (États-Unis), Sanofi en pharmaceutique (France) et Sandoz Canada en pharmaceutique (Suisse) sont également des filiales d’importance, pour ne nommer que celles-ci.

74 3.1.2.2 La recherche pharmaceutique

Quatre sous-secteurs sont d’importance en SVTS dans le Grand Montréal. Ils correspondent aux technologies de la santé, aux biotechnologies, à la fabrication et la recherche contractuelle, en plus de la pharmaceutique, comme nous en avons fait mention antérieurement. La présence d’universités de recherche et la présence d’hôpitaux publics ont accentué l’attrait des investissements internationaux à Montréal pour cette dernière catégorie d’entreprises étrangères (Niosi et Bas, 2007, dans Mc Kelvey et Orsenigo, 2007).

Montréal se classe désormais au 6e rang en Amérique du Nord pour la densité de l’emploi dans le sous-secteur pharmaceutique (E&B Data base et Montréal International, dans Investissement Québec). De plus, la majorité des activités de recherche fondamentale et clinique du Canada sont conduites à Montréal. L’expansion des biotechnologies à l’échelle mondiale a dynamisé l’industrie pharmaceutique, qui compte sur la recherche universitaire, les mesures gouvernementales les brevets (Gingras, 2001, dans Klein, sous presse) pour assurer sa croissance.

3.1.2.3 Les universités, leurs hôpitaux affiliés et leurs centres de recherche

Le secteur des SVTS peut prendre appui sur les quatre universités de recherche localisées à Montréal, dont trois d’entre elles détiennent des programmes de formation dans le secteur. Les plus importantes d’entre elles sont sans contredit l’Université McGill et l’Université de Montréal, qui comptent des hôpitaux, des équipements, des laboratoires de pointe et de nombreux professeurs œuvrant en sciences de la santé. (Mc Kelvey et Orsenigo, 2007). Ces établissements procurent donc au secteur des capacités de réaliser des contrats de recherche avec l’industrie, des validations pharmaceutiques, des études génériques ou encore des travaux cliniques.

3.1.2.4 L’importance de la recherche clinique

Les tests cliniques permettent de confirmer ou d’infirmer la validité d’un processus, d’un médicament, d’une technologie médicale ou d’un traitement (Rapport annuel de la firme KPMG pour Montréal InVivo, 2014). Il peut s’agir, par exemple, de tests effectués pour de nouveaux médicaments, de tests réalisés sur les effets secondaires d’un traitement,

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ou encore des tentatives scientifiques, pour trouver un nouveau traitement ou un nouveau diagnostic.

La majorité des essais cliniques sont réalisés dans le secteur de la pharmaceutique dans les filiales des entreprises de biotechnologie étasuniennes localisées à Montréal. Elles représentent aujourd’hui un secteur de croissance rapide pour le système d’innovation régional du Grand Montréal (Niosi et Bas, 2007, dans Mc Kelvey et Orsenigo, 2007). En effet, près de 2800 essais, en recherche clinique, sont actuellement effectués dans les centres hospitaliers universitaires ou les instituts de recherche du Grand Montréal. Montréal InVivo estime à 356 millions de dollars les investissements en recherche précoce dans le Grand Montréal, ce qui en fait donc un secteur de première importance (Montréal InVivo, 2014).

3.1.2.5 Les incubateurs et la présence de technoparcs

On compte trois parcs technologiques dédiés au secteur des SVTS: la Cité de la Biotech, le Technoparc Montréal et le Technopôle Angus (Montréal InVivo, 2012 ; Niosi et Bas, 2007, dans Mc Kelvey et Orsenigo, 2007). Même si plusieurs entreprises du secteur des SVTS sont dispersées un peu partout sur le territoire du Grand Montréal métropolitain ou dans sa périphérie (Niosi et G. Bas, 2007, dans Mc Kelvey et Orsenigo, 20067, la plupart sont situées dans des parcs ayant une vocation technologique. Ces derniers ont pour mission de mettre à disposition, des entreprises et des centres d’affaires, des ressources humaines; en plus de travailler directement avec les Cégeps, les universités et les organisations gouvernementales ou paragouvernementales.

Nous y retrouvons également des incubateurs qui facilitent le montage et la création d’entreprises : le Campus des technologies de la santé, le Centre québécois d’innovation en biotechnologie, le Centre d’entreprise et d’innovation de Montréal, le Centre d’entrepreneuriat HEC-POLY-UdeM et le Centech de l’École de technologie supérieure. Ces incubateurs souhaitent développer une dynamique régionale de l’innovation, notamment dans le secteur des SVTS. Ils offrent aux entrepreneurs des services spécialisés et ils les accompagnent dans chaque étape de la mise en œuvre de leur entreprise.

Enfin, la région du Grand Montréal offre aussi des services dédiés à la valorisation des innovations technologiques. Des regroupements stratégiques, comme Montréal InVivo,

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Montréal international ou Laval Technopôle, sont des organismes leviers visant la concertation et la coordination d’actions structurantes entre les différents groupes d’acteurs. Les sociétés de valorisation universitaire offrent aussi une structure administrative pour les chercheurs et les professeurs qui souhaitent valoriser et commercialiser leur découverte.

3.1.2.6 Le dynamisme général du secteur

Au final, le dynamisme de la région du Grand Montréal se concrétise par une évolution parallèle de deux grandes aires fonctionnelles, essentiellement autonomes (Niosi et Bas, 2007, dans Mc Kelvey et Orsenigo, 2007). L’une d’elles correspond au développement entrepreneurial universitaire assuré par l’accès aux capitaux. Ces entreprises, hautement spécialisées, se développent grâce à l’injection de capitaux de risque. Lorsqu’elles deviennent plus matures, elles cherchent à commercialiser leurs produits, à s’approprier les règles de propriété intellectuelle et à développer leurs réseaux internationaux. Ces jeunes entreprises, issues du milieu universitaire, renforcent le tissu de la grappe des SVTS du Grand Montréal.

Parallèlement, les investissements internationaux sont essentiellement contrôlés par l’implantation de grandes multinationales pharmaceutiques. Ici, les connectivités entre les entreprises et les universités prennent généralement la forme de contrats formels. Par ailleurs, la présence de grandes multinationales à Montréal ne semble pas encore liée au dynamisme propre et intrinsèque de la grappe en elle-même. La présence des firmes multinationales semble plutôt liée à la présence de jeunes diplômés, issus des facultés de biologie, de biochimie, de pharmacologie ou de médecine. C'est pourquoi les connectivités des grandes entreprises étrangères, localisées à Montréal, sont plus souvent internationales que régionales (Niosi et Bas, 2007, dans Mc Kelvey et Orsenigo, 2007).