• Aucun résultat trouvé

2.1.! Système dopaminergique et activité du circuit de la récompense L’étude multimodale TEP-IRMf rapporte l’existence d'une relation entre la disponibilité du DAT

dans le mésencéphale et l'activité neurale du NAcc et du CPF inférieur/orbitaire lors de l'anticipation de la récompense, dans un échantillon de patients psychiatriques et des volontaires sains. Cette observation est en accord avec les précédentes études multimodales TEP-IRMf ayant établi un lien entre le système de récompense et les récepteurs dopaminergiques ou la capacité de

le [11C]raclopride ou le [18F]fallypride et l'IRMf dans un contexte d’anticipation de la récompense, des corrélations entre la libération de dopamine dans le NAcc et l’activité du mésencéphale et du NAcc ont été décrites (Buckholtz et al, 2010a; Schott et al, 2008; Weiland et al, 2017). En accord avec les résultats de Björn Schott et de ses collègues présentant une relation entre la liaison aux récepteurs dopaminergiques D2 dans le NAcc et les activations fonctionnelles du mésencéphale (Schott et al, 2008), nous rapportons une corrélation entre la disponibilité du DAT dans le mésencéphale et la réponse neurale du NAcc, associant les deux régions les plus interconnectées du système méso-limbique. De plus, la corrélation entre la disponibilité du DAT du mésencéphale et la réponse neurale à l’anticipation de la récompense incluait également le cortex CPF inférieur/orbitaire, qui reçoit une quantité importante de projections dopaminergiques du mésencéphale au sein de la voie méso-cortico-limbique, tout comme le NAcc et le cortex cingulaire antérieur (Haber and Behrens, 2014). Ces interconnexions liant le CPF inférieur/orbitaire, le NAcc et le mésencéphale sont essentielles au fonctionnement du circuit de la récompense, ce qui souligne ainsi la pertinence de nos résultats.

Étonnamment, les corrélations locales entre dopamine et activations liées à la récompense dans le NAcc rapportées dans ces études n'ont pas été répliquées dans notre échantillon. Cependant, en définissant un seuil statistique moins sévère, nous observons une corrélation positive locale entre la disponibilité du DAT et la réponse à l’anticipation de la récompense au sein du NAcc, ce qui suggère que notre méthode est moins sensible. Cette différence de sensibilité peut s'expliquer par le choix des radiomarqueurs dopaminergiques de chaque étude, puisque nous avons étudié la disponibilité du DAT alors que les études précédentes ont évalué la disponibilité des récepteurs dopaminergiques ou la libération de dopamine.

Sachant que le DAT représente un marqueur de l'intégrité anatomique et fonctionnelle du système dopaminergique (McHugh et al, 2015) et que le NAcc constitue l'une des cibles principales des neurones dopaminergiques situés dans le mésencéphale, les corrélations que nous observons entre

NAcc corrobore l’hypothèse du rôle modulateur de la dopamine dans l'anticipation de la récompense (Ikemoto, 2007).

En outre, il existe également des preuves indirectes d'une relation entre le DAT et le système de récompense qui ont émergé d'études explorant les liens entre les polymorphismes des gènes dopaminergiques et la réactivité du NAcc à la récompense chez des volontaires sains (Camara et al, 2010; Dreher et al, 2009; Greer et al, 2016), soulignant ainsi la pertinence d'évaluer le DAT dans un contexte de récompense.

Puisque la relation entre la dopamine et la récompense est bien établie chez l’animal (Carelli et al, 2004; Schultz, 1997), nous avons émis l'hypothèse que ces systèmes restent fortement associés chez l’Homme sain et des patients souffrant de troubles psychiatriques chez qui des dysfonctionnements des deux systèmes ont été rapportés (Chau et al, 2004; Davis et al, 1991; Fusar-Poli et al, 2013b; Hommer et al, 2011), de sorte qu’une fonction dopaminergique anormale devrait être associée à un processus de récompense anormal. En accord avec cette hypothèse, nous rapportons une relation transdiagnostique entre la disponibilité du DAT et la réponse neurale du circuit de la récompense, à travers les différents groupes cliniques de participants. De plus, nous n'avons trouvé aucun effet d’interaction entre les groupes cliniques et la disponibilité du DAT dans le mésencéphale sur les activations du NAcc liées à la récompense, ce qui suggère que la relation entre la fonction dopaminergique et l'anticipation de la récompense ne diffère pas selon les groupes cliniques. Ainsi, il apparaît qu’il n’existe pas de découplage entre le système dopaminergique et le système de récompense chez les patients psychiatriques. Il est intéressant de noter que les mesures d'anticipation et de disponibilité du DAT varient de manière similaire à travers l'ensemble des participants, de sorte que les groupes cliniques présentant les niveaux de DAT les plus bas affichent les activations fonctionnelles les plus faibles. Bien qu’observé dans de petits échantillons de participants regroupant différentes conditions cliniques, ce résultat original souligne l'intérêt d'une approche dimensionnelle dans l’étude de la dopamine comme modulateur du système de récompense.

En étudiant ensemble des patients psychiatriques et des volontaires sains, nous avons obtenu une grande variabilité dans les mesures de TEP et d'IRMf qui peuvent être décrites comme un continuum à travers les groupes cliniques. Dans le cadre du projet Research Domain Criteria (RDoC), il a été proposé qu'une approche dimensionnelle devrait être utilisée au-delà des catégories cliniques pour identifier la physiopathologie des principaux dysfonctionnements observés dans les troubles psychiatriques (Insel et al, 2010). Dans cette étude, malgré l'hétérogénéité des maladies mentales examinées, la relation entre le système dopaminergique et la récompense est conservée indépendamment de la condition des participants. Ainsi, nous avons reproduit notre résultat principal aussi bien chez les sujets sains que dans chaque groupe de patients séparément. Ces résultats suggèrent fortement que les dysfonctions dopaminergiques constituent un mécanisme commun sous-tendant les modifications du processus de récompense observées chez les patients touchés par la schizophrénie, la dépression ou l'addiction.

2.2.! Le DAT, un marqueur fonctionnel du système dopaminergique