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Synthèses et discussions

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 173-177)

Partie II : Cadre pratique

Encadré 7. Cadre théorique de la mise en place du protocole de suivi

5.1. Synthèses et discussions

Dans cette partie, nous discutons les différents résultats issus du protocole de suivi en dévoilant ses apports, ses limites ainsi que ses perspectives.

5.1.1. Caractéristiques générales des pelouses urbaines

Environ 39 espèces herbacées ont été échantillonnées au niveau de 11 transects répartis sur six parcs de la ville de Strasbourg pendant la saison estivale 2013. Bien que le nombre des espèces rencontrées soit faible, le protocole mis en place démontre le potentiel des pelouses à accueillir la flore ordinaire et à lui offrir un support de vie et de maintien alors qu’elles ne sont initialement semées que par un mélange de quelques espèces. Il s’agit souvent d’un mélange composé de quatre genres de graminées : Ray grass (Lolium), Fétuque (Festuca), Pâturin (Poa), Agrostide (Agrostis). Les quelques études réalisées sur les pelouses urbaines ont signalé ce potentiel : Hermy et Cornelis (2000) à Loppemen Belgique, et Stewart et al.

(2009) à Christchurch en Nouvelle-Zélande, Politi-Bertoncini et al. (2012) à Paris et Mehdi (2010) à Tours en France. Ils ont identifié respectivement environ 13499, 127, 79 et 135 plantes herbacées installées dans les pelouses urbaines. Ainsi, considérées comme l’habitat prédominant au niveau des parcs et des jardins publics, les pelouses contribuent à la dynamique de la végétation urbaine (Politi-Bertoncini et al., 2012) et peuvent soutenir le rôle fonctionnel des futures trames vertes urbaines hormis la forte pression anthropique à laquelle elles sont soumises.

La présente étude rejoint d’autres travaux de recherche en mettant en lumière les espèces indicatrices (spontanées) des communautés prairiales urbaines comme le Plantago major, Taraxacumcampylodes, Bellis perennis, Trifolium repens, etc. (Hermey et Cornelis, 2000 ; Bournérias et al., 2001 ; Muller, 1990 ; Benvenuti, 2004 ; Mehdi, 2010 ; Pal et al., 2013). 60%

des espèces rencontrées appartiennent au spectre des Hémicryptophytes qui tolèrent les pratiques de tonte en protégeant les bourgeons au ras du sol et en se développant rapidement après le passage des machines de tonte. La dominance des Hémicryptophytes confirme l’idée que la pression anthropique favorise l’installation des espèces les plus résistantes aux activités d’origine humaine. Selon Muller (1990: 211) “Those species do not depend on reproduction

99 Les auteurs ont aussi introduit les arbustes et les arbres.

162 by seeds and which are not damaged in their growth rate by permanent mutilation or which can escape the cutting due to their growth pattern close to the ground, can withstand the permanent cutting. Hemikryptophyta are best adapted to these ecological conditions”. Outre les espèces de graminées dominantes (Lolium perenne et Poa annua), notre étude montre la dominance de Trifolium repens qui occupe l’ensemble des quadrats en raison de sa faculté à se régénérer rapidement après les pratiques de tonte. Toutefois, corrélée négativement avec la richesse et la diversité spécifique, l’influence de cette espèce sur ces deux indices n’est pas significative, ce qui nous a amené à évaluer l’impact d’autres variables d’origine anthropique.

5.1.2. Les facteurs influençant le fonctionnement dynamique des pelouses urbaines A l’échelle du quadrat, notre étude montre une légère fluctuation de la richesse et de la diversité spécifiques. En effet, ces deux indicateurs évoluent positivement en allant du bord du chemin jusqu’à la partie interne de la pelouse mettant ainsi en exergue le gradient de piétinement. La distribution des espèces au niveau des quadrats confirme aussi ce gradient car nous avons remarqué l’abondance des espèces qui résistent au piétinement au niveau des deux premiers quadrats (Taraxacum campylodes et Plantago major) et la présence des espèces sensibles au piétinement au niveau des derniers quadrats (Bellis perennis et Medicago lupilina). La continuité spatiale en termes de composition floristique en fonction du gradient du piétinement est aussi confirmée en étudiant la similarité entre les quadrats qui augmente en progressant du bord du chemin jusqu’à la partie intérieure des pelouses.

A l’échelle du transect, le protocole de suivi met en avant la distinction entre pelouses peu piétinées et pelouses fortement piétinées en termes de richesse et de diversité spécifiques. En effet, les transects mis en place au niveau des pelouses peu piétinées affichent une richesse et une diversité spécifiques plus importantes que ceux implantés dans les pelouses situées à l’entrée des parcs ou à proximité des aires de jeu. A Paris, une étude menée en 2007 sur cent pelouses urbaines a aussi démontré que le piétinement affecte négativement la diversité floristique car il empêche le développement des communautés prairiales (Politi-Bertoncini et al., 2012).

Une telle information pourrait être utile au gestionnaire dans la mesure où elle leur permet d’identifier les pelouses (fortement ou faiblement perturbées), de choisir la vocation des pelouses (sociale ou écologique) en fonction de son degré d’exposition aux pressions anthropiques.

163 A l’échelle du parc, nous remarquons que le parc de Pourtalès et le Jardin des Deux Rives affichent une richesse et une diversité spécifique plus importantes que les autres parcs étudiés (Figure 57). Les tests de corrélation effectués entre, d’une part la richesse et la diversité spécifiques et d’autre part les variables du milieu et les caractéristiques du parc, montrent que ces deux indices sont sous l’influence des caractéristiques du milieu environnant. En effet, en prenant en compte l’occupation du sol à l’échelle de la ville de Strasbourg, les résultats montrent que la dominance de la zone bâtie aux alentours des parcs réduit la richesse et la diversité spécifiques qui sont corrélées positivement avec la présence des zones semi-naturelles. Ceci s’explique par l’effet de l’artificialisation du milieu qui conduit à l’isolement des parcs, l’homogénéisation de la matrice paysagère environnante et la perturbation des échanges écologiques avec les autres espaces à caractère naturel (Kim et Pauleit, 2005 ; Tian et al., 2014).

Figure 57. Richesse et diversité spécifique dans les différents parcs étudiés (vu d’ensemble à l’échelle de la ville de Strasbourg

164 En revanche, notre étude ne révèle qu’une information partielle concernant l’impact de la gestion sur les communautés prairiales. Le test de corrélation de la hauteur de la tonte montre une corrélation positive avec la richesse et la diversité spécifique mais qui n’est pas significative. La fréquence des tontes quant à elle est corrélée négativement avec ces deux indices mais reste elle aussi non significative. Ces résultats pourraient être expliqués par la taille de l’échantillon où uniquement six parcs ont été échantillonnés et la faible variation des pratiques de gestion comme l’ont révélé les enquêtes auprès des gestionnaires. L’impact des opérations de gestion sur la dynamique des communautés prairiales dans les pelouses est un sujet très peu étudié qui ne fait pas l’unanimité. En effet, des expérimentations menées sur des prairies expérimentales montrent que la tonte pourrait être considérée comme une activité qui favorise la diversité spécifique en raison de la réduction de la concurrence entre les espèces, qui par conséquent, limite la dominance de certaines espèces (Schippers et Joenje, 2002 ; Fenner et Palmer, 1998, Schaffers, 2002, etc.). En revanche, d’autres travaux soulignent que la tonte pourrait modifier la composition des communautés prairiales en favorisant le développement des légumineuses dont le besoin en lumière est comblé, mais n’agit pas sur sa diversité spécifique (Illmarinen et Mikola, 2009). Les auteurs expliquent ce résultat par le fait que le régime de tonte appliqué n’influence pas l’activité de décomposition du sol et par conséquent n’agit pas sur le développement des plantes, ibid.

L’agrégation des données a mis en évidence l’échelle d’observation la plus pertinente pour étudier l’impact de ces facteurs sur la composition et la diversité floristique des pelouses urbaines : il parait que l’influence du gradient de piétinement est susceptible d’être observée à l’échelle des quadrats tandis que l’intensité de piétinement est significative à l’échelle de la pelouse et à l’échelle du parc. Quant à l’impact de l’urbanisation, il est visible à l’échelle de l’agglomération.

La communauté prairiale des pelouses urbaines ne dépend pas exclusivement de ces variables, elle est aussi influencée par d’autres facteurs à l’instar des pratiques de fertilisation, la pollution, le passage des animaux, l’éclairage, la température, le nombre d’habitants, etc.

(Hruska, 2000 ; Interdonato et al., 2003 ; Benvenuti, 2004 ; Politi-Bertoncini et al., 2012 ; Pal et al., 2013).

Notre protocole de suivi mis en œuvre au niveau des parcs publics de la ville de Strasbourg permet d’appréhender la dynamique des communautés prairiales qui s’y installent. Le

165 fonctionnement dynamique de ces communautés, d’un point de vue composition et distribution, est soumis aux conditions du milieu urbain caractérisé par une forte perturbation humaine. Après avoir examiné l’ensemble des résultats issus de la mise en place du protocole de suivi, nous spécifions notre questionnement en examinant les enseignements tirés de cet outil et en discutant ses atouts, ses limites et ses perspectives.

5.2. Que révèle la mise en place du protocole de suivi des communautés prairiales

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