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Compositions et structuration des communautés prairiales : qu’en sait-on de plus ?

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Partie II : Cadre pratique

Encadré 7. Cadre théorique de la mise en place du protocole de suivi

4.3. Compositions et structuration des communautés prairiales : qu’en sait-on de plus ?

Les deux premiers axes de l’analyse factorielle de correspondances (AFC) expliquent environ 27.48 % de la variance du nuage des points (Figure 56).

Le premier axe de l’AFC scinde les relevés en deux groupes en fonction de l’intensité du piétinement (Figure 56-B). Les relevés des pelouses fortement piétinées sont situés en haut du plan factoriel et les pelouses peu piétinées en bas. Toutefois, certains relevés s’opposent à cette distribution à l’instar des relevés effectués au niveau de la pelouse faiblement piétinée au sein du Jardin des Deux Rives qui se positionnent au-dessus de l’axe factoriel. Ce positionnement pourrait s’expliquer par la similarité en termes de composition floristique ou bien des caractéristiques édaphiques. Le deuxième axe de l’AFC oppose les parcs à faible

155 urbanité aux parcs à forte urbanité (Figure 56-C). La répartition de nuage des points montre que les parcs à faible urbanité sont dispersés sur le plan factoriel tandis que les parcs à forte urbanité se regroupent en une seule masse. Cette distribution met en exergue l’effet homogénéisateur de l’artificialisation du milieu.

L’AFC discrimine aussi les associations d’espèces en fonction de leurs caractéristiques écologiques (Figure 30-D). A titre d’exemple le Medicago arabica, Glechoma hederacea, Potentilla reptans, Prunella vulgaris, qui sont des espèces sensibles à la compaction du sol, se regroupe dans une association qui se positionne au niveau des transects faiblement piétinés.

Quant à la deuxième association, elle est formée par les espèces qui résistent au piétinement : Planago major, Trifolium repens, Taraxacum campylodes. Nous signalons l’exception de Bellis perennis qui est mal classéee car c’est une espèce sensible eu piétinement. Son emplacement à proximité des espèces résistantes peut s’expliquer par le fait qu’elle partage avec ces dernières un degré d’abondance assez élevé.

156 Figure 56. Plan factorielle de l’analyse factoriel des correspondances (AFC). Toutes les espèces

ont été prises en compte. L’AFC est lu sous différents angles (B : en fonction de l’intensité du piétinement ; C : en fonction de l’intensité de l’artificialisation et D : selon la distribution des

espèces)

157 4.4. Communautés prairiales et facteurs déterminants

Le but fixé dans cette partie est de déterminer si le protocole de suivi nous révèle des informations sur les facteurs qui pourraient influencer l’état des communautés prairiales des pelouses urbaines. Ayant un nombre limité de relevés, nous proposons d’apprécier cet impact en ayant recours au test de corrélation de Spearman et au modèle mixte (voir détails dans le chapitre n°4). Nous rappelons que la taille de l’échantillonnage a été conditionnée par les caractéristiques du terrain d’étude (manque de pelouses découvertes et d’une superficie supérieure à 1 ha).

L’analyse par modèle linéaire mixte (Tableau 21) montre que l’impact du gradient de piétinement n’est pas significatif sur l’abondance, la richesse et la diversité spécifiques. Le même modèle statistique montre que ces trois paramètres sont potentiellement influencés par l’intensité de piétinement, les analyses de la variance proposées dans les paragraphes précédents en témoignent.

Une comparaison entre les pelouses peu piétinées et les pelouses fortement piétinées révèle à travers les tests de corrélation que l’impact des différentes variables est constaté au niveau des pelouses fortement piétinées (Tableau 22). A titre d’exemple le pourcentage en zone bâtie est significativement anti-corrélé avec l’abondance, la richesse et diversité spécifique moyenne au niveau des pelouses peu piétinées (p-value ≤ 0.0001) tandis qu’au niveau des pelouses peu piétinées le p-value est compris entre 0.05 et 0.25. Les pelouses qui enregistrent le plus de richesse spécifique sont celles situées à proximité des zones forestières (p-value < 0.0001 pour les pelouses fortement piétinées et 0.03 <p-value< 0.11 pour les pelouses faiblement piétinées).

Nous pouvons conclure que les facteurs environnementaux (artificialisation, proximité des zones naturelles) influencent les communautés prairiales en termes d’abondance, richesse et diversité spécifique. Toutefois, l’impact de la présence des cours d’eau à proximité des parcs demeure mal cerné.

Globalement, le facteur édaphique agit aussi sur l’état de la diversité floristique au sein des pelouses urbaines. En effet, l’abondance, la richesse et la diversité spécifique sont plus importantes dans les pelouses plantées sur des sols riches en azote et en carbone organique mais moins importantes dans les pelouses développées sur des sols relativement compacts (p-0.007 < p-value <0.440). En revanche, les liens entre, d’une part la teneur en CaCo3, le pH et le rapport C/N et l’état de la flore des pelouses urbaines demeurent encore lacunaires car la

158 significativité de la corrélation entre ces derniers est relativement faible dans le cadre de notre étude.

Outre l’environnement immédiat et le facteur édaphique, les caractéristiques des parcs agissent aussi sur la flore des pelouses.

La surface du parc ainsi que la superficie des pelouses qui le composent sont corrélées positivement avec la richesse et la diversité spécifique (p-value = 0.01) mais cette corrélation n’est pas significative au niveau des pelouses faiblement piétinées.

Quant à l’âge du parc, nous remarquons que les pelouses situées dans les parcs les plus récents sont plus riches que dans les parcs anciens (p-value = 0.005). Cette variation peut être le résultat de la compaction du sol qui marque les plus anciens parcs et les teneurs assez élevées en termes de carbone organique et d’azote au niveau des parcs récents (Fouvrel, 2013).

Enfin, l’impact du facteur gestion a été partiellement apprécié, le test de Spearman montre une corrélation négative entre la fréquence de tonte et l’état des communautés prairiales et une corrélation positive entre ce dernier et la hauteur de tonte. Toutefois, la significativité de telle corrélation est faible (0.3 < p-value <0.91).

159 Tableau 21. Résultats des modèles linéaires mixtes des paramètres de diversité de la végétation herbacée (richesse spécifique, abondance (nombre de

pieds par 4 m²) et indice de Shannon) en fonction de l’intensité de piétinement des pelouses (deux classes) et de la position par rapport aux pistes fréquentées par les promeneurs (gradient de piétinement : cinq classes) comme facteurs fixes, tout en tenant compte de l’identité du parc

échantillonné comme facteur aléatoire.

Effet Richesse spécifique Abondance Diversité de Shannon

F P F P F P

Intensité de piétinement (faible/forte)

29.65 < 0.0001 22.17 < 0.0001 27.31 < 0.0001

Gradient de piétinement 0.44 0.7765 0.26 0.8997 0.28 0.8892

Tableau 22. Corrélations de Spearman des paramètres de la végétation avec les caractéristiques des parcs dans le cas des pelouses fortement piétinées et celles peu piétinées. Les corrélations significatives au seuil de 5% sont indiquées en gras (Rsp = richesse spécifique ; Dsp = diversité spécifique, Ab

= abondance)

Pelouses fortement piétinées Pelouses faiblement piétinées

Variables Rsp p-value Dsp p-value Ab p-value Rsp p-value Dsp p-value Ab p-value

Surface de la pelouse

0.524 0.019 0.461 0.042 0.375 0.103 0.289 0.170 0.169 0.426 0.150 0.481

Surface du parc

0.524 0.019 0.461 0.042 0.375 0.103 0.333 0.112 0.210 0.323 0.238 0.260

Age -0.611 0.005 -0.473 0.037 -0.462 0.042 -0.504 0.013 -0.460 0.025 -0.485 0.017

Fréquence de tonte

-0.133 0.576 -0.027 0.910 -0.058 0.807 -0.217 0.307 -0.203 0.339 -0.157 0.463

Hauteur de la tonte

0.216 0.357 0.089 0.707 0.098 0.679 0.323 0.124 0.287 0.172 0.256 0.226

160 Zones bâties -0.848 < 0.0001 -0.792 < 0.0001 -0.754 0.000 -0.392 0.059 -0.308 0.142 -0.242 0.254 Zones

forestières

0.848 < 0.0001 0.792 < 0.0001 0.754 0.000 0.436 0.034 0.349 0.095 0.330 0.115

Cours d’eau 0.003 0.989 -0.092 0.699 -0.126 0.595 0.069 0.745 0.005 0.980 0.005 0.980

Zones agricoles

0.610 0.005 0.633 0.003 0.589 0.007 0.072 0.735 0.026 0.903 0.027 0.900

pH -0.061 0.799 0.016 0.946 -0.039 0.872 0.087 0.685 0.162 0.446 0.191 0.370

CaCO3 0.014 0.954 0.113 0.632 0.037 0.876 0.316 0.132 0.333 0.111 0.357 0.087

Ctotal 0.573 0.009 0.476 0.035 0.472 0.037 0.444 0.031 0.408 0.049 0.332 0.113

Ntotal 0.513 0.022 0.428 0.061 0.474 0.036 0.316 0.132 0.276 0.190 0.176 0.407

Corganique 0.589 0.007 0.547 0.014 0.564 0.011 0.379 0.068 0.322 0.125 0.236 0.264

C/N 0.122 0.606 0.199 0.397 0.160 0.497 0.007 0.972 0.048 0.821 0.116 0.586

Compacité -0.524 0.019 -0.461 0.043 -0.375 0.104 -0.037 0.863 0.067 0.754 -0.002 0.995

161 5. Discussions et éléments de réflexion

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