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Syndromes neurologiques sans génétique connue

II.6 Syndromes neurologique et comportements de type autistique

II.6.1 Syndromes neurologiques sans génétique connue

II.6.1.1 L’épilepsie

L’épilepsie est une condition neurologique caractérisée par de brefs et soudains changements du fonctionnement cérébral se manifestant de façon répétée (Fisher et al., 2005). Le diagnostic simultané des TSA et d'épilepsie est bien reconnu et a intéressé des cliniciens et des chercheurs. Néanmoins, la relation entre ces deux conditions n'a pas été établie au niveau physiopathologique (Tuchman and Rapin, 2002). La présence simultanée de ces troubles est

34 constatée chez les personnes avec TSA, dans 11 à 39 % des cas (Olsson et al., 1988; Tuchman and Rapin, 2002; Canitano, 2007). La prévalence des TSA chez les personnes avec épilepsie varie de 15 à 47 % (Clarke et al., 2005).

Malgré le lien fort et bien établi entre les TSA et l’épilepsie, l'origine de cette association reste méconnue. Les caractéristiques des individus qui présentent à la fois des TSA et de l’épilepsie ont été explorées dans plusieurs études transversales de population (Amiet et al., 2008; Bolton et al., 2011; Viscidi et al., 2013; Jokiranta et al., 2014). Ces études ont cherché à identifier des variables démographiques (telles que l'âge d'apparition, le ratio de genre, le type d'épilepsie, la capacité cognitive et la capacité verbale) qui seraient associées à l’apparition des deux troubles simultanés. Seules les capacités cognitives et sociales déficitaires ont été associées de façon consistante à l’apparition simultanée de ces deux troubles (Ko et al., 2016). Aucun syndrome épileptique spécifique ou type de crise n'a été associé aux TSA, bien que des crises focales soient souvent signalées (Bolton et al., 2011). Alors que l’épilepsie chez les individus sans TSA se manifeste souvent dans la première année de vie (Ellenberg et al., 1984; Hauser, 1994), elle peut apparaître chez les personnes avec TSA au début de l'enfance (Volkmar and Nelson, 1990) ou à l'adolescence (Tuchman and Cuccaro, 2011; Viscidi et al., 2013).

D’autres études ont comparé les profils cliniques des individus avec TSA et d'épilepsie à des individus avec TSA sans épilepsie (Turk et al., 2009; Smith and Matson, 2010; Viscidi et al., 2014; Ko et al., 2016). Turk et al 2009 ont montré un plus grand retard de développement et plus de comportements stéréotypés chez les enfants avec épilepsie et TSA, suggérant que la présence d'épilepsie pourrait aggraver les déficits et accroître les troubles de comportement

35 (Turk et al., 2009). Tuchman et Cuccaro ont trouvé une association entre l’épilepsie et l'utilisation répétitive d'un objet et des intérêts sensoriels inhabituels (Tuchman and Cuccaro, 2011). Une étude récente a examiné les dossiers médicaux complets de 182 individus avec épilepsie, dont 22 ont été diagnostiqués avec TSA. Les auteurs ont évalué le fonctionnement social des participants avec l'échelle SRS et ont rapporté significativement plus de déficiences sociales chez les participants avec TSA et épilepsie que les participants avec TSA seuls (Ko et

al., 2016). Ces résultats suggèrent que les personnes avec des TSA et de l'épilepsie ont des

symptômes plus accentués. Toutefois, des études systématiques à grande échelle ainsi qu'un suivi longitudinal approprié sont nécessaires pour mieux éclairer la relation entre les TSA et l’épilepsie.

II.6.1.2 Malformations cérébelleuses

L'incidence des malformations cérébelleuses diagnostiquées chez les nouveau-nés est estimée à 1 sur 5000 naissances vivantes. Les malformations cérébelleuses fœtales sont aujourd'hui parmi les malformations cérébrales les plus fréquemment diagnostiquées in

utero, bien que la prévalence réelle soit encore inconnue (Limperopoulos and du Plessis, 2006;

Limperopoulos, Robertson, et al., 2008). Diverses malformations cérébelleuses ont été associées à des symptômes de type autistique (Bolduc and Limperopoulos, 2009). Par exemple, le syndrome de Joubert qui se caractérise par une malformation congénitale du tronc cérébral et une agénésie ou une hypoplasie du vermis cérébelleux est associé à des troubles de comportement et de socialisation (Fennell et al., 1999; Torres et al., 2001). En effet, les patients atteints du syndrome de Joubert ont également été décrits comme hyperactifs, agressifs ou ayant des déficits sociaux importants (Ray et al., 2007). Un autre

36 exemple est celui de l’hypoplasie du vermis inférieur qui a été associée à un retard du développement, à des déficits sociaux et de communication ainsi qu'à des troubles du comportement (Limperopoulos et al., 2006; Bolduc and Limperopoulos, 2009). Enfin, plus de la moitié des enfants avec une hypoplasie ou une dysplasie cérébelleuse présentent un retard de développement, des déficiences cognitives, ou des caractéristiques de type autistiques telles que des difficultés sociales ou comportementales (Wassmer et al., 2003; Ventura et al., 2006; Tavano, Grasso, et al., 2007).

II.6.1.3 L’agénésie du corps calleux (ACC)

L’agénésie du corps calleux est une malformation du cerveau qui correspond à l’absence du corps calleux. Les patients ayant une ACC peuvent présenter un retard mental (60 %), des troubles visuels (33 %), un retard de langage (29 %), des convulsions (25 %) et des problèmes alimentaires (20 %) (Schell-Apacik et al., 2008).

Même lorsque l’ACC n’est pas accompagnée d’un diagnostic de retard de développement ou de déficience intellectuelle, un pattern de déficits cognitifs plus subtils tels que des problèmes de comportement ou de socialisation a été rapporté (Brown and Paul, 2000; Doherty et al., 2006). En effet, une littérature croissante indique des déficits de cognition sociale chez les patients avec ACC (Brown and Paul, 2000; Paul et al., 2003, 2004; Badaruddin et al., 2007; Symington et al., 2010; Lau et al., 2013). Baddarudin et al. 2007 ont évalué 61 enfants de 2 à 11 ans avec ACC par avec l’échelle de comportements de l’enfant (The Child Behavior Checklist ; CBCL), constatant que 39 % présentaient des problèmes de socialisation. De plus, dans un questionnaire sur les critères diagnostiques des TSA, les enfants avec ACC présentent des traits autistiques dans les domaines de l'interaction et de la communication sociales

37 (Badaruddin et al., 2007). Symington et al. 2010 ont rapporté, pour des patients avec ACC de 15 à 55 ans, des déficits dans la reconnaissance de l'émotion, dans la compréhension du sarcasme et dans l’interprétation des indices textuels (Symington et al., 2010). Lau et al. 2013 ont utilisé le quotient du spectre autistique (AQ) pour étudier les traits autistiques dans une grande cohorte d'individus de 4 à 11 ans présentant une ACC et ont rapporté qu'elles avaient des scores à l’AQ significativement plus élevé que les témoins (Lau et al., 2013).