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Première'partie ! :"Introduction !

7. Symboles vocaliques (API)

The IPA was originally designed for transcribing phonemic oppositions. The articulatory characterization that it provides is not precise enough to pinpoint a specific vowel quality… the same symbol occasionally receives contradictory characterizations.

(Vaissière, 2011, p. 53)

Résumé : Le chapitre sept compare les symboles phonétiques utilisés pour décrire les systèmes vocaliques des deux langues. Les symboles de l’API que nous avons choisis pour décrire le système phonétique du tchèque sont les suivants : [a, a:, ɪ, i, u, u :, ɛ, ɛ: o, o:]. Ce choix est en concordance avec la littérature récente (Dankovicova, 1997a). Cependant, en considérant également les autres symboles utilisés pour décrire le système vocalique tchèque, seules les voyelles du français [y, ø, œ] seraient nouvelles alors que [a, i, u, e, ɛ, o, ɔ] seraient similaires ou identiques aux voyelles du tchèque.

L’API a été conçu à l’origine pour faciliter l’apprentissage des langues, comme exposé en 4.1.

Dans le cas de la transcription des voyelles, chaque symbole est une abstraction du timbre concret de la voyelle et il représente les multiples allophones d’un même phonème. Les mêmes symboles, comme souvent /a/, /e/, /i/, /o/, /u/, sont utilisés pour décrire les systèmes phonologiques des langues à cinq voyelles, sans prendre en compte la réalisation exacte du son dans chaque langue (Vaissière, 2006).

Dans ce sens, l’utilisation de l’API peut induire une certaine ambiguïté et complexifier l’apprentissage du timbre exact en L2 plutôt que le simplifier (Vaissière, 2007).

Alors qu’il existe un consensus sur le choix des symboles phonétiques de l’API pour transcrire les voyelles du français, la transcription phonétique de certaines voyelles du tchèque varie d’un auteur à l’autre. Les deux triangles vocaliques représentant les voyelles du français et du tchèque sont illustrés à la Figure 37. Les symboles alternatifs utilisés pour transcrire une même voyelle tchèque sont indiqués entre parenthèses.

Figure 37 : Triangle vocalique du français standard actuel (à gauche) et du tchèque de Bohème (à droite), les symboles divergents sont entre parenthèses

Les axes d’un triangle vocalique représentent à peu près les valeurs attendues du premier formant, lié principalement au trait d’aperture et deuxième formant, lié principalement au trait d’antériorité-postériorité. Notons que la labialité joue un rôle important sur les premier et second formants. Les voyelles nasales du français /ɑ̃, ɛ̃, ɔ̃/ et les voyelles diphtongues du tchèque /a͜ u, e͜ u, o͜ u/

ne sont pas représentées à la Figure 37. Cependant les voyelles nasales du français sont souvent

confondues avec des voyelles orales même si elles sont différentes des points de vue articulatoire et acoustique (Delvaux et al., 2002). Ces dernières posent également des problèmes pour leur apprentissage.

7.1 En français

Le système phonologique des voyelles du français est composé, selon les régions et les pays, de 13 à 15 voyelles (Vaissière, 2006). Le système vocalique du français standard actuel compte treize voyelles : dix voyelles orales /i, e, ɛ, a, u, o, ɔ, y, ø, œ/ et trois voyelles nasales /ɑ̃, ɛ̃, ɔ̃/. Cependant l’opposition entre les voyelles moyennes e/ɛ, o/ɔ et ø/œ est neutralisée en position inaccentuée et il convient pour des raisons didactiques de transcrire les voyelles /e, ɛ/ en syllabe non-finale du mot phonétique par l’archiphonème /E/, /o, ɔ/ par /O/ et /ø, œ/ par /Œ/ (Wioland, 2005).

Le système vocalique maximal comprend en plus le /ɑ/ postérieur opposant « Anne » et « âne » et /œ̃/ opposant « brun » et « brin » qui est un contraste encore réalisé dans les parlers du sud de la France (Léon and Léon, 2007).

Enfin, quoique le schwa /%/ soit inclus par de nombreux auteurs dans le système phonologique du français, son caractère phonémique est discutable. Cette voyelle apparaît en effet seulement en position inaccentué et elle peut disparaître (Wioland, 2001).

Ainsi les voyelles monophtongues du tchèque seront comparées avec dix voyelles orales du français retranscrites par les symboles phonétiques [i, e, ɛ, a, u, o, ɔ, y, ø, œ].

7.2 En tchèque

! L’inventaire vocalique du tchèque est traditionnellement composé de dix voyelles monophtongues /i, i:, e, e :, o, o:, u, u:, a, a:/ avec cinq « catégories spectrales »15, phonologiquement brèves et longues (Kucera and George, 1968; Ludvikova and Kraus, 1966;

Mazlova, 1946).

! Le timbre des trois voyelles extrêmes longues du tchèque de Bohème est toujours noté par les symboles phonétiques [a:, i:, u:].

! L’équivalent bref de [a:] est retranscrit avec [a] par tous les auteurs.

! Les homologues brèves des voyelles [i:] et [u:] sont en revanche retranscrits respectivement par [i] ou [ɪ] puis [u] ou [ʊ] pour montrer en plus de la différence de quantité également la différence de qualité (Dankovicova, 1997a; Dubeda, 2005; Dubeda and Januska, 2006;

Simackova et al., 2012; Skarnitzl and Volin, 2012).

! La transcription des voyelles moyennes du tchèque varie également selon les auteurs. Dans la description du tchèque ayant un système vocalique à trois degrés d’aperture, les chercheurs doivent choisir parmi les symboles offerts par l’API et donc d’indiquer soit la qualité mi-fermée, soit la qualité mi-ouverte. Traditionnellement, Hála (1941) ou Borovičková and Maláč (1967) utilisent les symboles correspondant aux voyelles mi-fermées [e] (et [e:]) ainsi que [o]

(et [o:]). Plus récemment, les auteurs retranscrivent la voyelle antérieure moyenne avec le symbole mi-ouvert [ɛ] pour la voyelle brève et [ɛ:] pour la voyelle longue (Dankovicova, 1997a; Dubeda, 2005; Dubeda and Januska, 2006; Simackova et al., 2012; Skarnitzl and Volin, 2012). De même, la voyelle postérieure moyenne est retranscrite par certains auteurs avec le symbole mi-ouvert [ɔ] (Dubeda, 2005; Dubeda and Januska, 2006; Podlipsky, 2009).

15 Terme „spectral categories“ utilisé par Strange, W., Akahane-Yamada, R., Kubo, R., Trent, S. A.

and Nishi, K. (2001). Effects of consonantal context on perceptual assimilation of American English vowels by Japanese listeners. Journal of the Acoustical Society of America, 109.

Notre propre choix des symboles de transcription phonétique des voyelles tchèques est en concordance avec la littérature récente (Dankovicova, 1997a) et correspond aux [a:, u:, i:, ɛ:, o:] pour les voyelles longues et aux [a, u, ɪ, ɛ, o] pour les voyelles brèves.

Les symboles [ɛ/ɛ:] marquant la qualité mi-ouverte, [o/o:] marquant la qualité mi-fermée et [ɪ] marquant le caractère relâché sont choisis suite aux résultats de nos analyses acoustiques et perceptives des voyelles tchèques, exposés dans les chapitres 8 et 9 ci-dessous et sont en accord avec la littérature récente.

Ainsi, en se basant uniquement sur le critère des symboles phonétiques utilisés par les différents auteurs, les voyelles du français similaires ou identiques aux voyelles tchèques sont [a, i, u, e, ɛ, o, ɔ] et les voyelles nouvelles [y, ø, œ].

8. Propriétés acoustiques des voyelles