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Une vingtaine de structures ont été mises au jour lors de la prospection et des fouilles archéologiques. Seules sept sont protohistoriques (fig. 23). Les autres sont des fossés de drainage modernes ou des fosses postmédiévales. Dans cette étude, seules les structures protohistoriques seront traitées.

Lors de la prospection sur le tracé autoroutier, les fosses 1 et 2 ont été découvertes dans le sondage 865. La fouille à la pelle mécanique a fait apparaître quatre autres structures proto- historiques, à savoir les fosses 13 et 17 ainsi que les structures de pierre rubéfiées 10 et 24. A cela s’ajoute la fosse 4 qui a été obser-vée lors de la rectification de la coupe de référence.

Parmi ces structures, seule la structure 4 est située dans la zone A, toutes les autres sont éparses dans la zone B où les conditions sont défavorables à une bonne conservation. C’est dans cette zone qu’il faut supposer les habitats.

4.3.1 Les fosses

4.3.1.1 Les fosses 1 et 2

Ces deux structures ont été découvertes et intégralement fouil-lées en automne 2000 par l’équipe des sondages de P. Paupe. Elles sont séparées par un petit espace resté non fouillé, ce qui ne permet qu’une restitution partielle de la structure 2 (fig. 24). La surface occidentale, qui englobe la structure 1, a été docu-mentée par deux décapages et une coupe transversale est/ouest.

Pour la surface orientale, qui ne révèle que partiellement la structure 2, on possède huit décapages et une coupe nord/sud. Aucune coupe reliant les deux zones n’existait. Sur la base des données récoltées lors des huit décapages, une coupe est/ouest a pu être reconstituée dans le prolongement de la première. La structure 2 a pu être intégrée dans la prolongation de la coupe ouest-est. La raison de l’espace d’investigation entre les deux sur-faces n’est pas connue, ce qui ne permet qu’une restitution par-tielle de la structure 2.

Les limites des structures 1 et 2 n’ont pas toujours été clairement observables, elles étaient même par endroits invisibles. Lors de la fouille, elles n’ont donc pu être déterminées qu’au travers de la répartition du mobilier. Il faut donc garder une certaine réserve en ce qui concerne la partie orientale de la structure 1 et la partie occidentale de la structure 2.

La fosse 1 semble avoir une forme circulaire d’environ 100 cm de diamètre (fig. 25). Fortement bioturbé, le fond est légèrement concave et les parois sont évasées. La profondeur conservée n’est que de 9 cm. Composé de limons sableux brun beige, le remplis-sage est riche en charbons de bois, en morceaux de terre cuite et en tessons de céramique. La quasi-totalité de ces derniers sont des fragments de panse non décorés en pâte grossière ne permettant aucune datation précise. Seuls deux minuscules fragments sont attribuables à la céramique fine et signalent vaguement une data-tion dans la phase Ha B. Les fragments de terre cuite marquent un niveau assez régulier dans la partie sommitale du remplis-sage où ils sont majoritairement présents. Parmi eux, les pièces

N

20 m 0 Zone A Zone B 4 17 13 1 et 2 10 24

Fig. 23. La Beuchille. Plan des structures des zones A et B.

Fig. 24. La Beuchille. Plans et coupes des fosses 1, 2, 4, 13 et 17. Remplissage A A B 439,30 439,30 B A 6.2 0,2 m 0

N

0,2 m 0 17 17 A A B B A 6.2 439,50 439,50 13 13 A 438,50 438,50 M 18 M 16,5 ? 6.2 Fosse 4 A 2 / 6.1.2 Humus 4 A B 6.2 6.2 B A 439,80 439,80 Fosse 1 Fosse 2

N

0,2 m 0 1 et 2 ? ? A

Occupations protohistoriques au sud de Delémont : de l’âge du Bronze final au Second âge du Fer CAJ 31

montrant une surface plane sont nombreuses. Il peut s’agir de débris de parois en torchis sur clayonnage. A défaut d’indices, la fonction de la structure demeure inconnue.

La fosse 2 possède probablement une forme ovale de 105 cm de long. La limite occidentale doit se situer dans la zone non fouillée entre les structures 1 et 2, car elle n’apparaît pas dans la coupe ouest-est de la structure 1, ce qui lui confère une lar-geur maximale de 70 cm. Profonde d’environ 35 cm, son fond est concave et ses parois évasées. Des limons sableux bruns consti-tuent la seule couche de comblement observable. Une centaine de tessons de céramique ont été recueillis dans le remplissage (pl. 2). Contrairement à la fosse 1, la céramique fine y est bien présente avec des écuelles à décor incisé de grandes dimensions, des écuelles munies d’un degré à la surface intérieure, des bords et des fragments de panses de vases à épaulement, ainsi que des tessons décorés d’incisions ou de cannelures horizontales. L’en-semble de la céramique peut être attribué aux phases Ha B1 à B2/ancien. Aucun indice portant sur la fonction n’ayant été détecté, son utilisation primaire reste inconnue.

4.3.1.2 La fosse 4

Située au bord sud de l’emprise de l’autoroute, la structure 4 est la seule observée dans la zone A (fig. 24). Elle a été découverte lors de la rectification de la longue coupe de référence 1. Lors de fortes pluies, l’écroulement d’une section de cette coupe a détruit la structure avant sa documentation intégrale. Les seules informations disponibles sont par conséquent celles observées dans la coupe, son plan n’est donc pas connu. Il s’agit proba-blement d’une petite fosse d’un diamètre d’environ 100 cm avec des parois évasées et un fond concave. Creusée dans la couche 6.2, la profondeur conservée mesure approximativement 25 cm. Le remplissage de limons sableux bruns ne se distingue de la couche 2/6.1.2 que par une concentration plus élevée de char-bons de bois. Aucun mobilier ne peut être attribué à cette struc-ture. Sa fonction demeure inconnue.

4.3.1.3 La fosse 13

Cette structure présente une forme ovale de 180 cm de long sur 100 de large (fig. 24). Profonde de seulement 12 cm, elle a des parois verticales à certaines endroits, évasées à d’autres et un fond assez plat. Un seul remplissage de limons sableux gris-brun est observable. Riche en mobilier archéologique, il a livré de nombreux restes archéobotaniques, quelques batti-tures de fer et une soixantaine de tessons de céramique. Ces derniers comportent en majorité des fragments de panses de céramique fine non décorée. On peut également mention-ner le bord d’une jatte ou d’une urne (pl. 3.5), deux écuelles tronconiques dont l’une montre un degré sous l’embouchure intérieure (pl. 3.4,6) et une petite fusaïole de forme conique

à base concave (pl. 3.7). La céramique est sans aucun doute la marque d’un ensemble clos datant de l’âge du Bronze final. Les quelques tessons caractéristiques font penser au plus tôt à la phase Ha B2/ancien. Dans ce contexte chronologique, la présence d’un éclat métallique et d’une dizaine de battitures de fer est inattendue et ne peut être expliquée que par une infiltration ultérieure dans le remplissage de la fosse. L’étude des macrorestes archéobotaniques confirme bien l’attribu-tion à l’âge du Bronze final (chap. 4.6). Aucun indice ne parle pour une datation plus récente. Aucun élément, que ce soit empreinte ou mobilier, ne permet de déterminer la fonction primaire de cette structure.

4.3.1.4 La fosse 17

Les limites, souvent peu observables, dessinent une forme circulaire d’un diamètre d’environ 75 cm (fig. 24). Les parois sont assez verticales et le fond plus ou moins plat. La profon-deur conservée est de 17 cm. La seule couche de comblement se compose de limons argileux brun foncé gris contenant des fragments et des paillettes de charbon de bois. Le remplissage est riche en mobilier archéologique et archéobotanique. On peut mentionner une quarantaine de tessons de céramique, un fragment de chenet (pl. 3.12), une dizaine de petits mor-ceaux de terre cuite ainsi que quelques fragments de roche vosgienne. Grâce au tamisage du sédiment, une dizaine de minuscules éclats de scories, 55 battitures de fer et des restes végétaux carbonisés complètent l’ensemble. Les tessons sont essentiellement des fragments de panses de céramique fine non décorée et, à un degré moindre, de céramique grossière. Malgré le nombre très restreint de tessons caractéristiques, le mobilier céramique présente un ensemble clos attribuable à l’âge du Bronze final (pl. 3.10-11). Cette datation est corrobo-rée par l’étude archéobotanique qui n’a fourni aucun indice permettant une attribution plus récente (chap. 4.6). Du point de vue chronologique, seules les battitures de fer et les très petits fragments de scorie s’opposent à cette datation. La répar-tition des scories (chap. 4.5.4, fig. 36) montre que la fosse 17 est située dans une zone de déchets de scories marquant une activité paléométallurgique postérieure. Mais aucun indice ré-vélant un rapport entre la fosse 17 et l’artisanat métallurgique n’est détectable. La présence des minuscules déchets ferriques dans le remplissage de cette structure ne peut être expliquée que par une infiltration ultérieure.

4.3.2 Les structures de pierres 10 et 24

En général, les sédiments de la couche 2/6.1.2 se révèlent très pauvres en pierres. Les deux concentrations 10 et 24, dont les éléments ne proviennent pas du plateau de La Beuchille, sont donc certainement d’origine anthropique (fig. 26), les pierres provenant d’un endroit plus éloigné.

Fosse Dimensions

cm

Profondeur cm

Céramique Terre cuite Os calciné Scorie /

battiture déterminéeGraine Autre reste végétal

1 100 x 94 9 64 env. 250 1 – / –

2 105 x 70 35 105 4 – / – 2 4

4 100 ? 25 ? ? ?

13 180 x 100 12 57 – / 14 323 148

17 80 x 70 17 40 9 14 / 55 69 3

Fig. 25. La Beuchille. Dimen-sions et contenu des fosses 1, 2, 4, 13 et 17.

4.3.2.1 La structure 10

Elle se compose d’une trentaine de pierres, d’environ 70 tessons de céramique et de quelques morceaux de terre cuite. Ce mobi-lier est concentré sur une surface approximative de 100 cm sur 50. Les tessons ont été déposés au ras du sol, par endroits sur plusieurs assises. En coupe, aucun aménagement ne peut être décelé.

La majorité des roches sont des grès soit à grain fin soit quartzi-tiques. Le reste est composé de quartzites, de granites, de rhyo-lites et de porphyres. Elles ont presque toutes subi des chocs thermiques provoquant souvent des éclatements en fragments, rarement plus grands que 15 cm. Quelques-unes sont couvertes de minces taches de charbons de bois.

Entourés de ces pierres, tous les fragments de terre cuite et la plu-part du mobilier céramique sont concentrés à l’extrémité septen-trionale du dépôt. L’ensemble céramique date de l’âge du Bronze final. Les tessons appartiennent à plusieurs pots non décorés (pl. 3.1-3, pl. 4.3, pl. 5.12). Les formes ouvertes sont absentes. Contrairement aux pierres, les tessons ne montrent aucune trace de forte rubéfaction ou de cuisson secondaire. La présence de charbons de bois dans le sédiment, sous la concentration li-thique et céramique, n’est pas plus forte que dans le reste de la couche 2/6.1.2. Ces observations font douter qu’il s’agisse d’un foyer détruit. Déposés fortuitement avec la céramique et les frag-ments de terre cuite, les pierres rubéfiées ont été utilisées dans un autre secteur du site. Lors de la fouille, les fosses voisines 12 et 23, stériles en mobilier archéologique, ont révélé des parois

fortement rubéfiées et ont fourni de nombreux calcaires brûlés. Elles auraient pu constituer une origine possible. Les datations 14C ont clarifié la situation en montrant que le charbon de bois collé sur les pierres rubéfiées date de la même période que la céra-mique ramassée entre les galets (chap. 4.4 ; annexe 4.1, p. 54). Il n’y a donc aucun rapport entre la structure de pierres 10 et les deux fosses 12 et 23. Celles-ci étant postmédiévales, elles ne figurent pas dans la présentation des structures.

Une question demeure cependant sans réponse. Est-on en présence d’un foyer détruit avec des tessons de céramique et des fragments de terre cuite ou s’agit-il simplement d’un dépôt fortuit ?

4.3.2.2 La structure 24

La structure 24 présente une concentration d’environ 25 pierres déposées au ras du sol sur une surface de 50 cm sur 50 (fig. 26). Aucun aménagement n’est visible. Souvent éclatées, toutes ces pierres montrent des chocs thermiques. Pour cette raison, leurs dimensions oscillent seulement entre 5 et 15 cm. On trouve des rhyolites, des grès roses, des grès conglomératiques, des grès quartzitiques et des quartzites, les deux derniers étant domi-nants. Aucun mobilier archéologique n’a été trouvé dans cet amas lithique.

Le manque de structure visible en plan et en coupe, ainsi que la quasi-absence de charbons de bois aux alentours font suggérer qu’il s’agit d’un simple dépôt de pierres abandonnées après avoir été utilisées dans un autre secteur du site.

Céramique Terre cuite Galet

A B B A 6.2 2 / 6.1.2 439,80 439,80

N

0,2 m 0 24 24 0 0,2 m A B 6.2 2 / 6.1.2 B A 439,80 439,80 10 10

Fig. 26. La Beuchille. Plans et coupes des structures de pierres 10 et 24.

Occupations protohistoriques au sud de Delémont : de l’âge du Bronze final au Second âge du Fer CAJ 31

4.4 Les datations 14C

Trois échantillonsde charbons de bois provenant respectivement des structures 10, 12 et 23 ont été soumis à une datation 14C (annexe 4.1, p. 54). Les résultats obtenus montrent que seule la structure 10 est protohistorique. L’échantillon de cette structure a été pris dans une tache de charbons de bois collés sur une pierre rubéfiée. Le résultat à 1 sigma, situe la rubéfaction des pierres dans le Bronze final, plus précisément dans une période couvrant le dernier tiers du 12e siècle et le 11e siècle av. J.-C. La rubéfaction des pierres est donc contemporaine de la céramique découverte avec elles. Par contre, la structure 10 n’a aucun rapport avec les fosses avoisinantes 12 et 23 qui sont postmédiévales.