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Situé dans la plaine alluviale de La Birse, le lieu-dit Le Tayment est localisé au pied nord-est de la colline du Montchaibeux (chap. 1, fig. 1 et 2). Il est limité par la route cantonale Courrendlin – Delémont à l’est et par le plateau de La Beuchille, première large terrasse sur le versant nord du Montchaibeux, au sud-ouest. Une grande partie de la plaine est actuellement occupée par les instal-lations d’une entreprise de matériaux de construction. La pente qui descend du plateau de La Beuchille vers la plaine alluviale porte également le nom de Le Tayment. Dans la partie orientale de cette pente, une ancienne gravière, utilisée postérieurement comme dépôt de déchets, se dessine toujours dans le relief du versant.

Le lieu-dit est situé sur deux communes, respectivement Delé-mont et, dans une moindre mesure, Courrendlin. Le périmètre de la fouille ne s’étend que sur la commune de Delémont. Après avoir traversé la plaine de la Birse entre Courrendlin et Delémont, le tracé de l’A16 coupe le plateau de La Beuchille par une longue tranchée couverte. Son portail oriental se trouve à l’extrémité occidentale du Tayment. Le projet autoroutier englobe également une piste de chantier qui monte depuis la route tertiaire menant aux Matériaux Sabag SA vers le plateau de La Beuchille (fig. 14). Cette piste de chantier a servi principalement à la circulation des camions et des engins lors de la construction de la tranchée.

L’emprise du portail et de la piste de chantier a été prospectée par l’équipe des sondages en septembre 1999 et entre mi-février et mi-avril 2000. Les dernières tranchées creusées lors de la pros-pection 2000 ont permis de mettre au jour un site protohisto-rique. Approximativement délimitée par les sondages 668, 669, 681 et 682, la zone archéologique est bien restreinte (fig. 15).

Mesurant environ 300 m2, elle est située sur un léger replat to-pographique dans la partie supérieure du coteau menant de la plaine alluviale sur le plateau de La Beuchille.

Vu l’urgence des travaux de génie civil pour la piste de chantier, une intervention archéologique immédiate a été décidée. L’au-teur, engagé sur les fouilles du site voisin des Prés de La Commu-nance, a pu profiter des collaborateurs de l’équipe des sondages et de leur infrastructure mobile pour réaliser les travaux. Ils ont duré du 14 avril au 2 mai, y compris les jours fériés de Pâques. La taille réduite de la zone archéologique a imposé d’intégrer au mieux les travaux déjà effectués lors de la prospection. C’est pourquoi, les quatre sondages positifs ont constitué la base de départ de la fouille, d’autres unités, appelées extensions, y ayant été ajoutées (fig. 15). Elles ont été topographiées et décapées à la pelle mécanique sous la surveillance continue de deux colla-borateurs. L’épaisseur de chaque décapage n’a pas dépassé 2 cm. L’orientation des extensions est dépendante de la pente du ter-rain ainsi que de la place disponible pour la machine et pour les dépôts de terre stockés sur le chantier. Leurs largeurs varient entre 1,6 et 2,2 m, leurs longueurs entre 4 et 7 m. Chaque exten-sion a un point d’origine 0, référence de toutes les coordonnées

x et y mesurées.

3.2 La stratigraphie

Pour obtenir une vision complète de la stratigraphie du site, les trois petites coupes effectuées dans les sondages 668, 669 et 681 ont été prolongées et complétées. Elles constituent les coupes 1, 2 et 3 (fig. 15).

Située dans la zone sud de la surface fouillée, la coupe 1 suit la pente du terrain descendant, d’ouest en est, avec un dénivelé de 3,5 m (chap. 2.5). Elle a une longueur de 17 m, avec une inter-ruption technique d’environ 2,2 m.

La coupe 2 traverse le site du sud au nord. Elle a une longueur de 16 m et a été divisée en trois tronçons, pour des raisons tech-niques. Ceux-ci ne sont pas strictement alignés sur le même axe. Du point de vue archéologique, la coupe 2 est la plus intéres-sante. Plus riche en strates que les autres, elle montre surtout la totalité des couches protohistoriques découvertes (fig. 16). La coupe 3 a la même orientation que la coupe 1. Il s’agit d’une coupe stratigraphique complémentaire située au nord-ouest du site. Elle mesure 6,5 m de longueur.

L’importance du site du Tayment se manifeste dans sa séquence stratigraphique. D’une part, c’est actuellement le seul site dans le bassin de Delémont révélant diverses couches protohistoriques Fig. 14. Le Tayment. Vue depuis le sud-est avec, au premier plan, les

Occupations protohistoriques au sud de Delémont : de l’âge du Bronze final au Second âge du Fer CAJ 31

Fig. 16. Le Tayment. Stratigraphie de la coupe 2.

et historiques superposées, datant de l’âge du Bronze (c. 5.4) jusqu’au Haut Moyen Age (c. 4.2.3). D’autre part, c’est le premier site dans la vallée révélant un gisement daté par 14C de l’âge du Bronze moyen.

L’ensemble de la séquence protohistorique (c. 5.4 à 5.1), ainsi que les couches suivantes (c. 4.2.3 à 4.1) se sont déposés dans une cuvette provoquée par un glissement de terrain qui a déplacé les couches molassiques 6.2 et 6.1 (chap. 2.5). Cette cuvette atteint une longueur approximative de 15 m et une largeur d’environ 10 m. Le sous-sol est composé de sables molassiques en strates de di-verses couleurs : jaune, gris et brun. Le niveau supérieur de la molasse se révèle fortement altéré. Les précipitations manga-niques sont nombreuses, alors que les précipitations ferriques sont plutôt rares.

3.2.1 La couche 5.4

Elle occupe le fond de la cuvette. Elle se compose de limons sableux gris jaunâtre parcourus de nombreuses fissures rem-plies d’argile grise. La base étant irrégulière, l’épaisseur varie fortement. A l’exception de trois fortes concentrations dans le sondage 681, situées à quelques centimètres du sommet de la couche 5.4, les charbons de bois se bornent à quelques paillettes et fragments dans la partie sommitale de la couche.

Une trentaine d’objets protohistoriques a été repérée dans cette couche, le plus souvent dans sa partie sommitale. Ce mobilier n’est pas le résultat direct d’une activité humaine dans cette cuvette, mais s’est déposé lors du comblement naturel de cette dernière. Elle signale la présence d’un site protohistorique érodé situé à proximité, sans doute au bord nord-est du plateau de La Beuchille.

Fig. 15. Le Tayment. Situation topographique et plan de la zone fouillée. 435,00 436,00 437,00 435,00 436,00 M1 M6 M7 M16 2 m 0 4.2.2 4.2.3 4.2.1 5.2 5.1 3 2 4.1 6.2 6.1 5.3 6.2 2 1 6.2 5.2 4.2.1 1 4.2.3 5.3 5.4 S N 668 Ancienne gravière

N

4 m 0 439,00 435,00 681 682 669 463 244 600 59 3 850 Coupe 1 Coupe 1 Coupe 1 Coupe 2A Coupe 2A Coupe 2B Coupe 3 Anomalie 1 M-7 M-3 M6 M0 M7 M11 M12 M16 M-2 M4 M0 M3 M10

3.2.2 La couche 5.3

Elle a une épaisseur moyenne de 4 cm. Absente des coupes 1 et 3, elle n’a pas été observée sur toute la longueur de la coupe 2. Elle se compose de limons argileux, légèrement sableux et gris jaune. Elle contient des fragments et des paillettes de charbon de bois. A l’exception d’un minuscule fragment de terre cuite, cette couche est stérile en mobilier archéologique. Ne montrant aucune bioturbation à sa base, ce mince horizon ne peut être interprété comme un sol enfoui.

3.2.3 La couche 5.2

Composée de limons argileux, par endroits légèrement sableux, de couleur brun gris à orangé jaune, la couche 5.2 constitue la troisième phase du comblement naturel de la cuvette. Elle a une épaisseur maximale de 25 cm. A part quelques paillettes de charbon de bois et quelques gravillons épars, une trentaine de fragments de céramique y ont été repérés. Similaires au mobilier provenant de la couche 5.4, ces tessons ont été déposés par l’éro-sion naturelle d’un site protohistorique.

3.2.4 La couche 5.1

Elle constitue le premier gisement anthropique sûr. Elle se com-pose de limons argileux de couleur gris foncé à brun-gris, deve-nant sableux vers l’est. Elle contient beaucoup de fragments et de paillettes de charbon de bois isolés ou regroupés en taches irré-gulières, ainsi que du mobilier archéologique. Les nombreuses bioturbations repérées à la base indiquent clairement qu’il s’agit d’un sol enfoui. La seule structure anthropique de ce site peut être associée à cet horizon. Au centre de la coupe, le décalage de la couche marque une reprise d’activité de l’instabilité du ter-rain, sans doute un tassement des sédiments de comblement à une période plus récente. Ce phénomène a pu être également constaté dans d’autres parties du gisement.

3.2.5 La couche 4.2.3

Elle se compose de limons parfois argileux, parfois sableux brun-gris contenant quelques charbons de bois et quelques galets. Son épaisseur varie entre 20 et 30 cm. Une dizaine d’objets

archéologiques y ont été récoltés. Sa base est fortement marquée par des bioturbations dont quelques-unes traversent même les couches inférieures.

3.2.6 La couche 4.2.2

Elle n’est présente que sur une section courte des coupes 1 et 2. Son épaisseur dépasse rarement 10 cm. Elle se compose de limons argileux brun-gris-jaune. Des fragments et des paillettes de charbon de bois sont fréquents. Les bioturbations à la base signalent qu’il s’agit d’un ancien sol enfoui. Aucun mobilier archéologique ne peut être attribué à ce niveau.

3.2.7 Les couches 4.2.1 et 4.1

Ces deux couches de colluvions ne se distinguent guère l’une de l’autre. Elles atteignent ensemble une épaisseur maximale de 50 cm. Composées de limons argileux, parfois un peu sableux, la couche inférieure est de couleur brun-gris-jaune, tandis que la couche supérieure tend vers le jaune-brun. Les deux sédiments contiennent un peu de charbons de bois et quelques cailloux. Ils ne contiennent pas de mobilier archéologique.

3.2.8 La couche 3

Elle constitue la phase la plus récente du comblement de la cuvette. Contenant des charbons de bois, quelques fragments minuscules de terre cuite et de rares tessons de céramique, elle se compose de limons légèrement argileux brun-gris-jaune. Les nombreuses bioturbations à la base indiquent qu’il s’agit d’un autre ancien sol enfoui.

La couche 2 (colluvions modernes) et la couche 1 (humus) scellent ce site.

3.3 La structure 1

Une seule structure anthropique a pu être mise au jour. Il s’agit d’un trou de poteau découvert dans le sondage 669, extension Nord 4 (fig. 15 et 17). Il a un diamètre de 18 cm, une base plane et des parois évasées. La profondeur conservée mesure 28 cm.

Fig. 17. Le Tayment. Plan et coupe de la structure 1. A B 435,00 435,00 4.2.1 4.2.3 5.1 5.2 5.3 5.3 5.4 5.2 ? ? B A 0,2 m 0

N

0,2 m 0 1 A 1

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Une fosse de creusement ne peut pas être distinguée du poteau. En coupe, deux couches de comblement se dessinent, la plus récente étant identique à la couche 5.1, à laquelle la structure 1 doit être attribuée. Les couches 5.2 et 5.3 ont été coupées par le creusement de la structure.

A défaut d’autres trous de poteau et d’autres structures obser-vables, le fonctionnement de cette structure reste inconnu. Il peut s’agir d’un trou de poteau isolé, mais aussi d’une structure signalant une bâtisse. Il est possible que cette structure soit en rapport avec les trois fortes concentrations de charbons de bois et de cendres qui ont été observées à environ deux mètres au sud-ouest de la structure 1.