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STRUCTURES DISCURSIVES ET RELATIONS DE DISCOURS 13 Dans la rst, Mann et Thompson (1988) distinguent des relations de contenu, liées au

La structure du discours Sommaire

1.2. STRUCTURES DISCURSIVES ET RELATIONS DE DISCOURS 13 Dans la rst, Mann et Thompson (1988) distinguent des relations de contenu, liées au

contenu sémantique des propositions à relier et des relations de présentation, liées aux buts communicatifs. Mais toutes les relations sont définies selon les intentions du scrip-teur/locuteur : soit il a l’intention de signaler qu’il existe dans le monde une relation entre deux segments (relations de contenu), soit il cherche à influencer le point de vue de l’allocuteur ou lecteur sur le contenu du noyau (relations de présentation).

S’appuyant sur les travaux de Halliday (1985), Hovy et Maier (1991) rajoutent la ca-tégorie des relations textuelles. Ces relations n’ont pas de sens sémantique ou intentionnel (Conjonction, Pre-Séquence...). Contrairement aux relations de contenu et aux relations de présentation qui font appel à des connaissances extérieures aux textes (faits sur le monde, informations liées au scripteur et lecteur impliqués dans le discours), les relations tex-tuelles concernent des liens internes au texte. Les relations textex-tuelles s’appliquent entre deux segments seulement si leur juxtaposition est imposée par la linéarité du texte. Elles sont typiquement utilisées pour énumérer une séquence d’arguments.

Dans le modèle de la sdrt, sont opposées les relations de contenu, liées au contenu sémantique des propositions à relier et les relations structurelles (text structuring relations), inférées sur la base d’un isomorphisme des structures ou la présence de marqueurs lexicaux spécifiques.

Revenons à nos deux exemples (1) et (2). Une approche utilisant des relations intention-nelles décrira la relation à l’œuvre via la reconnaissance d’une intention : en (1), le lecteur reconnaît dans le satellite la cause de l’action décrite dans le noyau et en (2), le lecteur reconnaît dans le satellite la cause de l’action délibérée décrite dans le noyau. Dans une approche sémantique, l’inférence de la relation d’Explication s’appuie sur des informations encodées dans les types des événements : l’événement décrit en (b) est un type d’événement étant une cause possible du type de l’événement décrit en (a).

1.2.4 Structure hiérarchique

La plupart des approches discursives s’accordent sur le fait que les relations de discours imposent une structure. À un point donné d’un discours, la contribution d’un nouveau segment en cours de traitement peut être de deux sortes : continuer ce qui est en cours dans le segment précédent ou le déterminer (expliquer, préciser...). Ces deux types de contribution sont qualifiés dans la plupart des théories du discours de coordination ou de subordination. Généralement, la coordination et la subordination sont représentées de façon arborescente par un trait horizontal pour les relations coordonnantes et un trait vertical pour les relations subordonnantes (Grosz et Sidner, 1986; Asher et Lascarides, 2003). On retrouve cette distinction dans (Hobbs, 1990) et dans la sdrt bien que toutes les relations, notamment celle d’Élaboration, ne soient pas toujours considérées comme imposant le même type de contrainte hiérarchique sur le discours : Hobbs (1990) considère la relation comme coordonnante et Asher et Lascarides (2003) comme subordonnante (Cf. Chapitres 2 et 3). Dans la rst, Mann et Thompson (1987) distinguent les relations asymétriques des relations symétriques, distinction qui renvoie directement aux notions de coordination et subordination. Les relations asymétriques établissent une relation entre un noyau et un

(ou des) satellite(s), le satellite étant le segment de moindre importance. Une relation de dominance est ainsi appliquée entre le noyau et le satellite, tout comme le fait la subordi-nation. Les relations symétriques établissent une relation entre deux noyaux, plaçant ces deux noyaux au même niveau d’importance, tout comme le fait la coordination.

1.2.5 Reconnaissance des relations de discours

Dans les approches basées sur les intentions (Grosz et Sidner, 1986; Mann et Thompson, 1987), la reconnaissance des relations de discours est établie par le biais de la reconnaissance des buts communicatifs du scripteur/locuteur. La rst (Mann et Thompson, 1987) propose un modèle descriptif des relations de discours, dans la perspective du Recueil des Données (Mann et Thompson, 2001) : la rst est essentiellement décrite comme une méthode pour recueillir des données. Cette démarche apparaît clairement à travers les types d’exemples qu’ils analysent, qui sont toujours des exemples attestés.

Par opposition à cette approche descriptive de la structure des textes, les approches sémantiques (Hobbs, 1990; Polanyi et Scha, 1984; Asher et Lascarides, 2003) cherchent à déterminer des règles d’inférence des relations de discours. Hobbs (1990) propose un raisonnement abductif, les inférences ainsi obtenues sont uniquement plausibles. Polanyi et Scha (1984) proposent des grammaires de discours qui cherchent à établir des analogies entre la composition des syntagmes dans une phrase et celle des énoncés dans un discours. Dans la sdrt (Asher et Lascarides, 2003), la reconnaissance des relations de discours est établie sur la base de la sémantique des énoncés individuels et des relations sémantiques qui existent entre les types d’état et d’événement pour atteindre compositionnellement le sens du discours. Les informations liées aux marqueurs lexicaux, structures syntaxiques, marqueurs aspectuo-temporels, sémantique lexicale et connaissances du monde et leurs interactions sont également pris en considération. La sdrt prend en compte ces différentes sources d’information et s’appuie sur une logique propositionnelle non monotone pour l’inférence des relations de discours et une logique pour représenter la sémantique des énoncés.

Par opposition à la rst qui défend fortement l’idée que les relations de discours sont accessibles en tenant compte uniquement des intentions et buts communicatifs des scrip-teurs/locuteurs, Knott (1996) défend, dans sa thèse, l’hypothèse que la reconnaissance des relations de discours peut se faire par le biais des marqueurs lexicaux, et uniquement par ce biais là. Nous reviendrons plus en détail sur la question de la signalisation des relations de discours dans le chapitre 4.

1.2.6 Positionnement

En considérant la relation de discours Élaboration, que nous présentons en détail dans les chapitres 2 et 3, nous nous interrogeons dans cette thèse, sur la signalisation des rela-tions de discours (Cf. Chapitre 4). Nous n’essaierons pas de déterminer les intenrela-tions des scripteurs/locuteurs qui ont amené à la production de chaque segment de discours du fait que celles-ci ne sont généralement pas explicitement signalées dans les textes. Nous cher-cherons plutôt à déterminer les divers indices (marqueurs lexicaux, procédés syntaxiques, et connaissances lexicales et grammaticales sur les types d’éventualité et d’entité) et leurs

1.3. LA SDRT 15 interactions sur lesquels se basent la reconnaissance des relations de discours dans une visée explicative en nous inscrivant dans le modèle théorique de la SDRT (qui accorde une place importante aux manifestations linguistiques des relations de discours). Cette approche sémantique implique de porter une attention particulière et détaillée aux réali-sations linguistiques et à la compléxité de leurs interactions. Cela entraîne nécessairement une limitation des données traitées. Étant donné que nous nous concentrons sur une seule relation de discours, cela va nous permettre de tester les descriptions proposées par le modèle sur un ensemble plus vaste de données attestées.

1.3 La sdrt

La sdrt est, comme la drt dont elle constitue une extension, une théorie représenta-tionnelle dynamique du discours. Elle ajoute à la drt la prise en compte de la segmentation et de l’organisation structurelle du discours. Elle cherche à rendre compte des liens entre le contenu sémantique des propositions et la structure globale du discours. La SDRT, contrairement à la majorité des théories que nous avons abordées, est une théorie formelle qui décrit dans un cadre logique les mécanismes qui permettent aux lecteurs/allocutaires d’inférer une relation entre deux segments du discours.

Nous commencerons par présenter les principes généraux de la drt, base théorique de la sdrt, qui vise à représenter le contenu sémantique des énoncés, puis nous présenterons la sdrt, qui vise à représenter la macro-structure du discours, en nous appuyant sur les synthèses de Busquets et al. (2001), Prévot (2004) et Bras (2008).

1.3.1 Représenter la sémantique du discours en drt

La Théorie des Représentations Discursives (drt - Discourse Representation Theory), introduite par Kamp (1981), vise la représentation du contenu sémantique du discours. La drt est une approche logique de la sémantique des séquences d’énoncés. Elle propose d’en construire des représentations qui constituent un niveau intermédiaire entre la structure syntaxique et l’interprétation de ces représentations dans un modèle (représentation du monde suivant la tradition logique de la théorie des modèles).

1.3.1.1 Une théorie représentationnelle et dynamique

Les premiers travaux formels sur la signification proposent une représentation du sens des énoncés linguistiques en termes de conditions de vérité (Frege, 1892; Montague, 1974). Il s’agit d’une vision statique : les expressions linguistiques sont décrites selon la façon dont elles font référence à des objets (au sens large) du monde dont elles parlent. Ces approches sont limitées à la phrase et ne peuvent pas rendre compte des phénomènes de cohésion apparaissant au niveau discursif (anaphore interprastique, structure temporelle...)

La drt s’appuie sur ces travaux et ajoute à la dimension référentielle statique une dimension interprétative dynamique. Les représentations, appelées drs (Discourse Repre-sentation Structure), rendent compte du niveau interprétatif, à mi-chemin entre la structure syntaxique de la phrase et le modèle dans lequel l’énoncé est évalué en termes de condition de vérité relativement à une représentation du monde.

La représentation d’un discours est construite progressivement, au fur et à mesure de l’avancée de l’interprétation des séquences d’énoncés. Ce mode de construction rend compte de la nature incrémentale du processus d’interprétation (conception influencée par les approches procédurales de la psycholinguistique) et de la faculté des expressions à mo-difier le contexte. L’interprétation de chaque nouvelle expression linguistique met à jour un contexte discursif préalable (drs construite jusque là) pour aboutir à un nouveau contexte discursif (nouvelle drs mise à jour avec le contenu de l’énoncé en cours de traitement). 1.3.1.2 La représentation du discours

Dans l’analyse descendante proposée par Kamp et Reyle (1993), la représentation d’un discours est dérivée des arbres syntaxiques obtenus pour chacune des phrases. Le processus d’interprétation se fait en deux étapes : d’abord une analyse grammaticale classique et ensuite des structures déclenchantes qui permettent de passer d’une règle syntaxique à une règle de construction représentationnelle.

Nous allons illustrer le processus incrémental de l’interprétation en drt avec l’ana-lyse du mini-discours suivant et présenter en parallèle les propositions graphiques pour la représentation :

(4) (a) Catherine mesure 157 cm. (b) Elle a les cheveux bruns et les yeux bleus. (c) Elle enseigne à l’université.2

La drs est graphiquement représentée sous la forme d’une boîte, Cf. Figure 1.1. Une drs K est définie par la donnée d’un couple < UK, CK>. La première partie de la boîte de la drs contient l’ensemble des référents du discours, i.e. l’Univers UK. Et la deuxième partie contient l’ensemble des conditions, i.e. CK, autrement dit l’ensemble des spécifications sur les référents du discours et les relations qui les relient.

Une drs se construit de façon incrémentale de la façon suivante : le point de départ est la drs K0, qui représente le contexte vide. Le traitement de la première phrase (a) produit la drs Ka. Cette drs sert alors de contexte pour le traitement de la seconde phrase (b) pour aboutir à Kb. Enfin, la drs Kb va servir de contexte pour le traitement de la dernière phrase (c) pour aboutir à la drs finale Kc (Figure 1.1).

Chaque expression linguistique de chaque phrase apporte sa propre contribution lors de la construction de la drs.

Pour la phrase (a) de l’exemple (4), le nom propre Catherine permet d’introduire un référent de discours, nommé v et une condition Catherine(v) qui rattache le référent v au nom propre Catherine. Le référent s1 est un référent d’état. Les éventualités, événements et états, sont représentées par un référent de discours, suivant les propositions de Davidson (1967). Le contenu propositionel d’un état comme «mesurer 157 cm» est représenté par un prédicat à deux arguments s1− mesurer 157 cm(v) qui est la notation employée dans (Asher, 1993) ou mesurer 157 cm(s1, v) qui est une notation équivalente. Enfin dans cette drs, une constante temporelle n est introduite, qui représente le moment de la parole now. Ces deux référents temporels, référent d’état et constante temporelle, sont mis en relation dans une condition temporelle de chevauchement, notée ◦.

2

Cet exemple est traduit de (Asher, 1993, p. 276). Il sera repris Section 3.1.1 lors de la présentation de la relation d’Élaboration.

1.3. LA SDRT 17

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