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HISTORIQUE DE LA NOTION D’ÉLABORATION 35 du paragraphe, comme illustré dans l’exemple (1) (le prédicat est annoté à la fin de chaque

Les descriptions de l’élaboration

2.1. HISTORIQUE DE LA NOTION D’ÉLABORATION 35 du paragraphe, comme illustré dans l’exemple (1) (le prédicat est annoté à la fin de chaque

phrase). Le prédicat attribué à chaque phrase correspond à une fonction que la phrase occupe au sein du paragraphe.

(1) What, then, are the proper encouragements of genius ? (Topic)

I answer, subsistence and respect, for these are rewards congenial to nature. (Am-plification)

Every animal has an aliment suited to his constitution. (General Illustration) The heavy ox seeks nourishment from earth ; the light chameleon has been supposed to exist on air. (Particular Illustration)

(Williams, 1893) cité dans (McKeown, 1985, p. 24)

Quelles sont, alors, les véritables motivations des génies ? (Topique) Je réponds, la subsistance et le respect, pour lesquels la nature offre une agréable récompense. (Am-plification) Chaque animal a un mode d’alimentation qui convient à sa morphologie. (Illustration générale) Le boeuf, imposant, se nourrit de la terre ; le caméléon, léger, est supposé exister dans l’air. (Illustration particulière) (Notre traduction)

La première phrase de (1) classifiée comme Topique donne le thème général abordé dans le paragraphe. Le topique est ici donné sous la forme d’une question. La suite du paragraphe, en répondant à la question, élabore le thème du paragraphe. La phrase suivante constitue une réponse directe à cette question, classifiée comme Amplification. L’Amplification est proche de la notion d’élaboration dans le sens où la phrase annotée Amplification donne une information plus spécifique en précisant quels sont les «véritables motivations des génies» données dans le Topique, c’est-à-dire «la subsistance et le respect». Puis, la troisième phrase est classifiée Illustration générale. Cette phrase est une illustration de la phrase précédente : «une des récompenses de la nature est de répondre aux besoins de subsistance des animaux en adaptant leur besoin en nourriture à leur constitution». Ensuite, la quatrième phrase est classifiée Illustration particulière. Cette phrase est également une illustration de la phrase précédente : «les bœufs étant lourds se nourissent sur terre et les caméléons, qui sont légers, se nourissent dans l’air». Nous considérons l’illustration comme un moyen d’entrer dans les détails, et donc d’élaborer. Enfin, nous souhaitons également rapprocher pour le moment le prédicat Conclusion qui n’est pas illustré ci-dessus de la notion d’élaboration, en tenant compte du fait qu’une conclusion est une façon de reformuler un contenu, en changeant de point de vue.

Williams (1893) propose une vision normative de l’écriture. Il décrit ce qu’il faut faire et ne pas faire dans l’écriture des paragraphes. Mais il ne dit rien sur comment combiner les phrases en paragraphes selon leur fonction. Williams (1893) cite des exemples de pa-ragraphes bien écrits et annote les prédicats au sein de ces papa-ragraphes, i.e. il fournit un typage de toutes les phrases du paragraphe bien écrit.

Cette approche vise à typer des phrases au sein d’un paragraphe et non pas à mettre ces phrases en relation comme dans les théories du discours que nous avons présentées dans le chapitre 1.

Dans le cadre d’une grammaire de l’anglais plus récente, Quirk et Greenbaum (1973) étudient la construction de la phrase complexe, i.e. les connections qui s’établissent entre deux propositions ou deux phrases, en identifiant la relation mise en place. Parmi les

configurations que nous allons rapprocher de la notion d’élaboration, se distinguent deux constructions tout à fait différentes. Les premiers cas que nous étudierons relèvent de la parataxe, plus exactement il s’agit des appositions non restrictives (ne permettant pas l’identification partielle ou totale du référent désigné par l’antécédent). La relation ici ne s’établit pas entre deux propositions ou phrases mais entre un nom et une apposition. Généralement l’apposition vient apporter des détails, permettant de nommer, désigner, identifier, reformuler, donner une description ou détailler une entité (Quirk et Greenbaum, 1973, p. 276-282) :

Appellation The company commander, (that is to say) Captain Madison. Designation Captain Madison, (that is to say) the company commander. Identification A company commander, (namely) Captain Madison. Reformulation He drew a triacontahedral, or thirty-sided figure. Attribution The house, an imposing building dominating the street... Inclusion Famous men (De Gaulle, Churchill, Roosevelt) have visited...

Les seconds cas relèvent de la macro-syntaxe, c’est-à-dire de la façon dont on peut relier deux phrases ou deux propositions au moyen d’un connecteur (Quirk et Greenbaum, 1973, p. 288-291). Les connecteurs que nous listons ci-dessous concernent plusieurs facettes de l’élaboration : les connecteurs relevant de l’Apposition permettent de rentrer dans le dé-tail en donnant un exemple ; les connecteurs relevant de la Reformulation permettent de reprendre le contenu de la phrase ou proposition précédente en d’autres termes ; les connec-teurs relevant de la Summation ont également été retenus dans le sens où le résumé est un cas particulier de la reformulation (reformulation en un nombre de mots inférieurs) ; enfin nous retenons également les connecteurs relevant de l’Énumeration, puisque nous avons l’intuition que lorsque l’on énumère, on détaille les éléments d’un tout. Nous reviendrons sur le lien entre structure énumérative et Élaboration dans le chapitre 6.

Apposition for example, another way to putting it is..., an example would be...

Reformulation/Replacement or rather, or in other words, a better way of putting it, it would be better to say, or again, or on the other hand, the alternative is, it might be better if...

Summation in brief, in all, I will sum up by saying, I shall conclude by saying...

Enumeration furthermore, first, finally, firstly, secondly, thirdly, above all, on top of it all, last but not least...

Cette liste d’expressions nommées connecteurs logiques par Quirk et Greenbaum (1973) constitue bien évidemment un point de départ pour la recherche de marqueurs de la relation d’Élaboration que nous souhaitons mener dans cette thèse (voir sur ce point le chapitre 4 concernant la signalisation des relations de discours).

2.1.2 Prédicats rhétoriques

Les travaux de Grimes (1975) font partie de la tradition des «grammaires de cas» qui accordent à la sémantique une place plus importante qu’à la syntaxe dans la représentation

2.1. HISTORIQUE DE LA NOTION D’ÉLABORATION 37 des phrases. Dans l’ouvrage The Thread of Discourse, Grimes (1975) étend l’analyse de la structure des phrases à l’analyse de la structure du discours.

Chez cet auteur, toutes les propositions dont les arguments ne sont pas reliés à leur prédicat via un rôle sémantique sont appelées des propositions rhétoriques. Les prédicats qui relient ces propositions sont appelés prédicats rhétoriques. Les prédicats rhétoriques sont récursifs : ils s’appliquent d’abord aux propositions, puis aux phrases, puis aux paragraphes jusqu’à couvrir de longues séquences de texte. Mais Grimes (1975) n’entre pas dans le détail de l’application des prédicats rhétoriques au-delà de la proposition et de la phrase. Il distingue trois familles de prédicats rhétoriques : Supporting/Supplementary pour les prédicats qui ajoutent des détails, expliquent ou justifient une information précédemment donnée ; Setting pour les prédicats qui situent un objet ou un événement dans l’espace et dans le temps ; et Identification pour les prédicats qui établissent et maintiennent la référence d’un objet.

Les prédicats rhétoriques tournés vers l’ajout de détails sont bien évidemment ceux qui nous intéressent, en lien avec la notion d’élaboration. Nous relevons les prédicats rhéto-riques suivants (les prédicats relient les segments de texte (a) et (b)) :

Attributive «adds qualities or color to another predicate as center» (Grimes, 1975, p. 214) :

(2) (a) Oh ! but we was a tight-fisted hand at the grindstone, Scrooge ! - (b) a squeezing, wrenching, grasping, clutching, covetous old sinner ! Hard and sharp as flint, from which no steel had ever struck out generous fire ; secret and self-contained, and solitary as an oyster. (C. Dickens, Christmas Carol). (a) Oh ! il tenait bien le poing fermé sur la meule, le bonhomme Scrooge ! - (b) Le vieux pêcheur branlant était un avare qui savait saisir fortement, arracher, tordre, pressurer, gratter, ne point lâcher surtout ! Dur et tranchant comme une pierre à fusil dont jamais l’acier n’a fait jaillir une étincelle généreuse, se-cret, renfermé en lui-même et solitaire comme une huître. (Traduction Amédée Pichot)

Les propositions du segment (b) contribuent à ajouter des détails à la description du personnage Scrooge. Le prédicat Attributive correspond sémantiquement au type d’apposition Attribution de Quirk et Greenbaum (1973).

Equivalent «rather than adding information, simply restates it» (Grimes, 1975, p. 215) : (3) (a) we planned to leave on May 1, (b) the day of the spring celebrations.

(a) Nous avons prévu de partir le 1er Mai, (b) le jour de la fête du printemps. (Notre traduction)

L’information subordonnée est présentée sous un aspect différent de l’information su-perordonnée. Le prédicat Equivalent est similaire au type d’apposition Reformulation chez Quirk et Greenbaum (1973).

Specifically «relates subordinate information that is semantically less inclusive to a cen-ter2 that is more inclusive and therefore less precise» (Grimes, 1975, p. 215) :

(4) (a) I heard a flock of birds flying south - (b) geese.

(a) J’ai entendu passer un vol d’oiseau qui allait vers le sud - (b) des oies. (Notre traduction)

Le prédicat Specifically indique le passage d’une information plus générale «birds» vers une information plus spécifique «geese». La relation de spécificité s’applique ici entre les items lexicaux. Mais cette relation peut également s’appliquer entre des sous-arbres sémantiques plus larges, par exemple si l’on introduit une histoire en des termes très généraux, puis si l’on redit cette histoire en des termes plus spécifiques : (5) (a) Unkle George told me a story about a little girl and three bears. (b) It seems that there was this little girl named Goldilocks who lived in a house on the edge of the forest. One day... .

(a) L’oncle George m’a raconté une histoire au sujet d’une petite fille et de trois ours. (b) Il semble que cette petite fille appelée Goldilocks vivait dans une maison à la lisière de la forêt. Un jour... (Notre traduction)

En anglais, des connecteurs tels que namely et that is permettent souvent d’intro-duire des sous-arbres subordonnés reliés à un sous-arbre dominant par le prédicat Specifically (Grimes, 1975). Ce prédicat semble correspondre au type d’apposition Inclusion de Quirk et Greenbaum (1973).

L’exemple suivant contient deux phrases reliées par le prédicat rhétorique Specifically : (6) He saved the day. He made three touchdowns.

La structure de cet exemple est représentée en Figure 2.1 avec l’ajout du prédicat Spe-cifically comme un argument supplémentaire à l’état général «he saved the day» qui constitue le center. Cette notion de center indique que l’argument est superordonné et qu’il est relié à une autre proposition traitée comme un argument supplémentaire via un prédicat rhétorique :

(a1 : he saved the day (omitting other details)) (a2 : he made three touchdowns)

(a3 : specifically a1 (center) a2)

Fig. 2.1 – Structure de (6) chez Grimes (1975)

Les prédicats rhétoriques sont des précurseurs des relations de discours. Comme le souligne Grimes (1975), les prédicats rhétoriques, tout comme les relations de discours, permettent de relier entre elles des propositions mais également des portions de textes plus importantes via la récursivité. Les travaux de Reichman (1978) sur l’analyse

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