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UNE ÉLABORATION, DES ÉLABORATIONS ? 93 d’Élaboration peut relier deux constituants qui décrivent soit deux événements, soit deux

La relation d’Élaboration en sdrt Sommaire

3.3. UNE ÉLABORATION, DES ÉLABORATIONS ? 93 d’Élaboration peut relier deux constituants qui décrivent soit deux événements, soit deux

états. Nous allons donc à présent analyser des exemples d’Élaboration dans lesquels les consituants reliés sont deux états.

(17) [Un soir,]a [il faisait un temps horrible,]b [les éclairs se croisaient,]c [le tonnerre grondait,]d[la pluie tombait à torrent ;]e[c’était épouvantable !]f [Quelqu’un frappa à la porte du château,]g [et le vieux roi s’empressa d’ouvrir.]h (Wikisource, La Princesse au petit pois)

Nous pouvons établir SubtypeD entre le type de l’état «il faisait un temps horrible» et les types de chaque état suivant : «les éclairs de croisaient», «le tonnerre grondait», «la pluie tombait à torrent» sur la base de connaissances du monde. En conséquence, la relation d’Élaboration s’applique entre le constituant πb et les constituants πc, πd et πe. πc, πd et πepoursuivent la même fonction rhétorique, i.e. ce sont des élaborations du constituant πb qui joue le rôle de topique dans la structure. Ces trois constituants sont donc reliés entre eux par la relation de Continuation. Comme nous l’avons vu, la relation de Continuation est une relation dont la sémantique est faible. De plus, nous avons vu que les effets séman-tiques de l’Élaboration stipulent que l’éventualité élaborante est une partie de l’éventualié élaborée, ce qui a pour conséquence au niveau spatio-temporel que l’extension temporelle de l’éventualité élaborante est incluse dans celle de l’éventualité élaborée. Cet axiome, nous l’avons vu, fonctionne bien pour les cas d’Élaboration qui portent sur des événements. En revanche l’extension spatio-temporelle d’un état n’est pas aussi clairement délimitée que celle d’un événement. Les états, introduits par des phrases à l’imparfait, décrivent des situations en cours de déroulement par rapport à la narration des événements : «quel-qu’un frappa à la porte», «le vieux roi s’empressa d’ouvrir». Ces cas rendent nécessaire que les effets sémantiques de l’Élaboration admettent une équivalence entre les extensions spatio-temporelles des éventualités en jeu dans la relation. Il est ainsi possible de traiter ces deux types d’élaboration avec la seule définition de la relation d’Élaboration de (Asher et Lascarides, 2003).

3.3.3 Distinguer Particularisation et Généralisation

Danlos et Gaiffe (2000) étudient la coréférence événementielle entre deux phrases et les relations de discours. Ils s’intéressent donc tout particulièrement à la relation d’Élaboration, en distinguant deux relations de discours Particularisation et Généralisation. Dans un article plus récent, Danlos (2004) propose de formaliser ces deux relations dans le cadre de la sdrt.

Danlos et Gaiffe (2000) étudient un cas particulier de coréférence événementielle. Ils s’intéressent à la configuration <Pa. Pb.> où Pa et Pb sont deux phrases qui renvoient à la même action physique comme dans l’exemple (18) :

(18) [Fred a sali un vêtement.]a [Il a taché une chemise.]b (Danlos et Gaiffe, 2000)

Pour décrire la coréférence événementielle, Danlos et Gaiffe (2000) font appel à deux types de relation de coréférence : la particularisation et la généralisation. Dans la

configu-ration de deux descriptions successives notées Daet Dbd’une même entité notée x (pouvant être un événement ou un objet), Da et Db sont dans une relation de

– particularisation notée Db = PART(Da) si et seulement si Db apporte au moins une information nouvelle sur x par rapport aux informations données dans Da;

– généralisation notée Db = GEN(Da) si et seulement si Db n’apporte aucune informa-tion nouvelle sur x par rapport aux informainforma-tions données dans Da.

L’exemple (18) est un exemple de coréférence événementielle de type particularisation. Les deux GN indéfinis un vêtement et une chemise sont coréférents. Danlos et Gaiffe (2000) remarquent que ce sont des emplois inhabituels des indéfinis (qui ont toujours été décrits comme ayant une lecture existentielle, c’est-à-dire introduisant un nouveau référent de discours (Kamp et Reyle, 1993, entre autres). Il s’agit également d’un emploi inhabituel du couple hyperonymie/hyponymie qui est généralement introduit dans le discours dans le sens inverse : l’hyponyme apparaît en premier, puis il est repris anaphoriquement au moyen d’un hypéronyme.

La coréférence s’établit sur la base de connaissances lexicales : le verbe «salir» est un hyperonyme du verbe «tâcher» et de même le nom «vêtement» est un hyperonyme du nom «chemise».

La coréférence événementielle de type généralisation produit des discours dans lesquels la seconde phrase n’apporte pas d’information nouvelle mais est une reformulation présen-tant l’événement sous un jour nouveau, comme dans l’exemple suivant :

(19) [Fred a tâché une chemise.]a [Il a (donc) sali un vêtement.]b (Danlos et Gaiffe, 2000)

La seconde phrase généralise la première, étant donné que «tâcher» et «chemise» dans la première phrase sont respectivement des hyponymes de «salir» et «vêtement» de la seconde phrase.

A partir de ses observations, Danlos propose donc l’hypothèse suivante :

Une relation de coréférence événementielle de type particularisation s’applique si et seulement si chaque élément de la seconde phrase est un hyponyme, une anaphore ou une répétition d’un élément correspondant (s’il existe) dans la première phrase .

Une relation de coréférence événementielle de type généralisation s’applique si et seule-ment si chaque éléseule-ment dans la seconde phrase (comportant un connecteur comme donc) est un hyperonyme, une anaphore ou une répétition d’un élément correspondant dans la première phrase.

Dans un article plus récent, Danlos (2004) propose de passer de ces relations de coréfé-rence événementielle aux relations de discours dans le cadre de la sdrt.

Concernant les types de particularisation, la sdrt, ainsi que d’autres théories de dis-cours, proposerait la relation d’Élaboration pour traiter des exemples tels que (18). Toute-fois Danlos postule l’existence d’une nouvelle relation de discours, appelée Particularisa-tion qui implique une relaParticularisa-tion de coréférence événementielle. L’argument de Danlos est que, dans la sdrt et également dans les autres théories du discours, la définition de la relation d’Élaboration n’implique pas de coréférence événementielle. Toutefois dans la version la plus récente de la sdrt, le prédicat SubtypeD est vérifié entre les prédicats des deux phrases,

3.4. SYNTHÈSE 95 un événement est sous-type de lui-même et les conséquences spatio-temporelles sont égale-ment vérifiées, étant donné que P art − of inclut les cas de recouvreégale-ment spatio-temporel total. Nous considérons donc la relation de Particularisation comme un cas particulier d’Élaboration, qui peut effectivement être utile dans des tâches de compréhension de texte ou de génération de texte comme le signale Danlos (2004).

Concernant les types de généralisation, Danlos propose également une nouvelle relation de discours Généralisation, qui implique une relation de coréférence événementielle que l’on peut voir comme un cas particulier de Reformulation. Cette position tient à condition que l’on considère la Reformulation comme une relation de discours à part entière. Dans les exemples de Généralisation donnés par Danlos, nous aurions plutôt tendance à inférer la relation de Résultat sur la base du marqueur donc que Danlos et Gaiffe (2000) insèrent eux-même dans leurs exemples de Généralisation, Cf. (19).

Nous ne considérons donc que la relation de Particularisation comme un cas d’Élaboration.

3.4 Synthèse

Les relations disponibles concernant l’élaboration sont à l’heure actuelle, dans le cadre de la sdrt au nombre de deux : la relation d’Élaboration qui porte sur des éventualités et la relation d’Élaboration d’Entité qui porte sur des entités (relation qui couvre des cas très précis, reliant une entité à des propriétés permanentes). Elles permettent de recouvrir les élaborations présentées dans le tableau 3.1.

À ces relations, nous pouvons ajouter la relation de Topique, relation subordonnante sous-spécifiée qui implique une mise à jour du constituant topique avec le contenu séman-tique des constituants dominés. Une fois la mise à jour du topique effectuée, cette relation est similaire à la relation d’Élaboration.

Les définitions des relations de discours en sdrt sont strictes et précises, fournissant ainsi un cadre d’analyse dans lequel les frontières entre relations sont bien établies.

Les points qui restent à améliorer concernant la relation d’Élaboration dans la sdrt et qui nous intéressent dans ce travail concernent de notre point de vue les axiomes d’inférence. Les règles de déclenchement sont des heuristiques qui mettent en évidence la façon dont un analyste reconnaît la relation de discours. Ces règles font intervenir des élements lexicaux, grammaticaux, syntaxiques, pragmatiques...

Le prédicat SubtypeD s’applique entre des types d’éventualités dont l’un est un sous-type de l’autre. Nous avons déjà vu que la relation de sous-type est plus large qu’une simple hiérarchie de type et nécessite un lexique enrichi. Il serait utile d’avoir des indications plus précises sur les enrichissements nécessaires dans le lexique pour parvenir à l’inférence de la relation de sous-type (hyperonymie, méronymie, synonymie...). Nous avons mis en évidence la nécessité d’introduire un prédicat SubeventD pour rendre compte des exemples où un événement y est un type d’événement qui est sous-événement de x.

T yp es d’ Élab or atio n Élab or ati on (sdr t ) Élab or ation d ’entité (sdr t ) Exemples Élaboration d’objet Objet-attribut (16) Objet-fonction Ensemble-membre Élaboration de partie Procès-étape (Subevent) (5) Partie-tout (1) Élaboration de généralité Général-spécifique Subtype (4), (1) Abstrait-exemple Autres Identification Reformulation (18)

3.4. SYNTHÈSE 97

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