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ÉTAT DE L’ART DES DÉFINITIONS DONNÉES À L’ÉLABORATION 63 L’exemple suivant nous amène à discuter la prise en compte de cette relation d’Exemplification

Les descriptions de l’élaboration

2.2. ÉTAT DE L’ART DES DÉFINITIONS DONNÉES À L’ÉLABORATION 63 L’exemple suivant nous amène à discuter la prise en compte de cette relation d’Exemplification

en plus de la relation d’Élaboration :

(36) (a) We cannot affirm that the technical evolution of East Asia followed the same course as it did in the West. (b) Certainly no stage corresponding to the Mousterian tradition has been found in China. (Hobbs, 1990, p. 99)

(a) Nous ne pouvons pas affirmer que l’évolution technique de l’Asie de l’Est a suivi le même cours que dans l’Ouest. (b) Assurément aucune étape correspondant à la tradition Mousteriane n’a été trouvée en Chine.

L’analyse de Hobbs est la suivante : on établit une correspondance entre «cannot affirm» (ne peut pas affirmer) et «no stage... has been found» (aucune étape... n’a été trouvée). L’inférence s’appuie également sur des connaissances du monde, à savoir que la Chine fait partie de l’Asie de l’Est et que la tradition Mousteriane est une période de l’évolution technique de l’Asie de l’Ouest.

La limite entre Élaboration et Exemplification ne semble pas claire au vu de l’analyse de l’exemple (36). Il nous semble tout à fait justifiable d’inférer Élaboration entre (a) et (b) dans (36) avec la proposition P commune : «Nous ne pouvons pas établir de correpondance entre l’évolution technologique de l’Asie de l’Est et celle de l’Asie de l’Ouest». Pour inférer Élaboration, nous nous basons sur les mêmes inférences décrites ci-dessus. Nous considérons donc la relation d’Exemplification comme un cas particulier de l’Élaboration lorsque les inférences s’appuient sur des relations d’inclusion entre les éléments contenus dans S0 et S1 : «la Chine est une part de l’Asie de l’Est » ; «la tradition Mousteriane est une période de l’évolution technique de l’Asie de l’Ouest ».

Conclusion Les relations d’Élaboration et d’Exemplification chez Hobbs ne permettent de rendre compte que des cas d’Élaboration qui impliquent une redescription d’une même éventualité (Élaboration) ou le passage d’une généralisation à une spécification (Exempli-fication). Tous les autres types d’élaboration qui sont décrits dans les autres théories ne peuvent pas être analysés dans la théorie de Hobbs, comme par exemple les élaborations de type process-step dont nous avons donné un exemple dans cette section, mais également les élaborations du type object-attribute, object-function et whole-part. Les travaux que nous allons présenter dans la prochaine section sont directement inspirés des travaux de Hobbs (1990).

2.2.3.2 La relation d’Élaboration chez Kehler (2002, 2004)

Kehler (2002, 2004) propose une théorie des relations de discours basée sur les travaux de Hobbs (1979, 1990). Il regroupe les mêmes relations (Parallèle, Élaboration, Exemplifica-tion, Généralisation...) dans la famille de relations nommées RESSEMBLANCE et propose des définitions très similaires pour chacune d’entre elles. Toutefois il ajoute dans les dé-finitions la prise en compte d’un ensemble d’entités. La relation d’Élaboration est un cas particulier de la relation de Parallèle dans laquelle les deux segments reliés par la relation décrivent en fait la même éventualité.

(Elaboration) Infer p(a1, a2) from the assertion of S1 et S2. (Kehler, 2002, p. 18)

Kehler (2002, 2004) met également en avant dans sa définition l’identité des deux segments reliés par la relation : «Elaborations are generally restatments» (Kehler, 2002, p. 18), en insistant sur le fait que l’on infère une même proposition P à partir de S1 et S2 et qu’un ensemble d’entités (i.e. référents) obtenu à partir des deux propositions S1 et S2 sont identiques. Selon Kehler, la différence entre les deux segments provient du point de perspective choisi ou du niveau de détail auquel les entités sont décrites.

(37) (a) A young aspiring politician was arrested in Texas today. (b) John Smith, 34, was nabbed in a Houston law firm (c) while attempting to embezzle funds for his campaign. (Kehler, 2002, p. 18)

(a) Un jeune aspirant à devenir politicien a été arrêté au Texas aujourd’hui. (b) John Smith, 34 ans, s’est fait pincer dans un cabinet d’avocat à Houston (c) alors qu’il tentait de détourner des fonds pour sa campagne.

Lorsqu’un lecteur interprète (37), celui-ci comprend qu’un seul et même événement est décrit dans les deux propositions, i.e. «l’arrestation de John Smith». Il comprend que les expressions référentielles «A young aspiring politician» dans la première phrase et «John Smith, 34» dans la seconde renvoient au même référent et que les entités correspondant aux prédicats des deux phrases, respectivement «was arrested» et «was nabbed» renvoient à la même action. Les informations nouvelles sont apportées avec la localisation plus précise de l’événement, s’appuyant sur des connaissances du monde, à savoir que «Houston» se situe dans le «Texas» et par une explicitation des circonstances de l’arrestation «while attempting to embezzle funds for his campaign», que l’on peut également comprendre comme étant les raisons de l’arrestation. Toutes ces inférences permettent d’établir que la relation d’Élaboration relie les segments (a) et (b-c).

(38) (a) The new Republican president took a swipe at abortion in his first week of office. (b) In a White House ceremony yesterday, George W. Bush signed an exe-cutive order banning support to international agencies which offer abortion as one of their services. (Kehler, 2004, p. 250)

(a) Le nouveau président républicain a porté un rude coup à l’avortement dès la pre-mière semaine de son mandat. (b) Hier lors d’une cérémonie à la Maison Blanche, George W. Bush a signé un ordre exécutif supprimant les aides financières aux agences internationales qui proposent la possibilité d’avorter.

De même pour (38), lorsqu’un lecteur interprète ce discours, celui-ci comprend qu’une seule et même action est décrite dans les deux propositions, i.e. «Le président a porté un rude coup à l’avortement». Il comprend que les expressions référentielles «The new Republican president» du segment (a) et «George W. Bush» du segment (b) renvoient au même référent. Les informations nouvelles apportées par le segment (b) concernent à la fois la localisation «In a White House ceremony» et l’explicitation de «took a swipe at abortion» par «signed an executive order banning support to international agencies which offer abortion as one of their services».

2.3. ÉLABORATION EN GÉNÉRATION AUTOMATIQUE DE TEXTE 65 Kehler (2002, 2004) conserve également la relation d’Exemplification de Hobbs (1990).

Exemplification : Infer p(a1, a2, ...) from the assertion of S1and p(b1, b2, ...) from the assertion of S2, where biis a member or subset of aifor some i. (Kehler, 2002, p. 17)

Nous allons voir en quoi l’exemple de la relation d’Exemplification (39) diffère de l’exemple (38) d’Élaboration :

(39) (a) Republican presidents often seek to put limits on federal funding of abortion. (b) In his first week of office, George W. Bush signed a ban on contributing mo-ney to international agencies which offer abortion as one of their services. (Kehler, 2004, p. 249) (a) Les présidents républicains cherchent souvent à imposer des li-mites aux fonds donnés par l’état fédéral en faveur de l’avortement. Lors de la première semaine de son mandat, George W. Bush a signé un décret interdisant toute contribution financière en faveur des agences internationales qui proposent la possibilité d’avorter.

La différence avec l’exemple (38) d’Élaboration provient du fait que les expressions référen-tielles «Republican presidents» et «George W. Bush» ne renvoient pas au même référent, mais que «George W. Bush» est un élément de l’ensemble donné par «Republican pre-sidents». Les événements décrits dans les segments (a) et (b) sont également dans une relation d’inclusion : «signed a ban on contributing money...» est un événement parmi l’ensemble des événements décrits dans «put limits». Comme nous l’avons souligné dans la section 2.2.3.1, l’Exemplification nous semble être un cas particulier d’Élaboration. Nous verrons par la suite que ces deux types d’exemple sont traités comme des élaborations dans le cadre de la sdrt.

2.3 Élaboration en génération automatique de texte

Les relations de discours ont joué un rôle important dans le domaine de la génération de texte (incluant la génération de dialogue, les systèmes de question-réponse...) (McKeown, 1985; Hovy, 1988a,b, 1989; Moore, 1989; Moore et Swartout, 1990; Paris, 1990; Cawsey, 1990; Maybury, 1990). Les auteurs s’appuient sur des théories du discours existantes. Hovy (1988a,b, 1989), Moore (1989), Moore et Swartout (1990) et Paris (1990) ont formalisé les relations de discours de la rst tandis que McKeown (1985) s’est appuyée sur les prédicats rhétoriques de Grimes (1975).

Nous souhaitons présenter dans cette section la ou les relations de discours autour de la notion d’élaboration qui ont été retenues dans le cadre de la génération de texte, Cf. Tableau 2.2.

Le tableau 2.2 est basé sur les relations de la rst, mais une relation supplémentaire est utilisée dans deux théories, nommée Object-Function. Les applications de génération de texte qui font appel aux relations de discours nécessitent des relations spécifiques. De ce fait, aucune théorie n’utilise la relation d’Élaboration telle quelle, mais plutôt des sous-types de celle-ci (en bas de la hiérarchie de Hovy et Maier (1991)).

Les applications de génération de texte ont également souligné le fait que l’utilisation de marques de surface permet d’améliorer la cohésion des textes produits. Les théories du

(Ho vy et Maier, 1991 ) (McKeo wn, 1985) (Ho vy, 1988a,b, 1989) (Mo o re, 1989; Mo ore et Sw artout, 1990; P aris, 19 90) (Ca wsey, 1990) (Ma ybury, 1990) Élaboration Objet-attribut Objet-fonction Ensemble-membre Procès-étape Partie-tout Général-spécifique Abstrait-exemple

2.4. SYNTHÈSE 67 discours auxquelles elles font appel doivent être capable de mettre en corrélation relations de discours et marques de surface. Tout au long de ce chapitre, nous avons relevé des marques de discours qui peuvent signaler la relation ou la rendre explicite.

Relations Marqueurs

Exemplification for instance, for example, in particular, i.e., an example would be, etc.

Reformulation or (rather), or in other words, a better way of putting it, it would be better to say, or again, namely, that is to say etc.

Résumé in brief, in all, I will sum up by saying, I shall conclude by saying, etc.

Tab. 2.3 – Type de marqueurs de discours pour des sous-types de la relation d’Élaboration Nous voyons à partir du tableau 2.3 que les marqueurs de discours que nous avons relevés ne couvrent pas tous les sous-types de la relation d’Élaboration et nous reviendrons sur ce point dans les chapitres qui suivent et notamment dans le chapitre 4 consacré à la question de la signalisation des relations de discours.

2.4 Synthèse

Les travaux que nous avons présentés dans ce chapitre montrent la nécessité de tenir compte de relations de discours intersegments (entre propositions, phrases, paragraphes...) pour guider les inférences et les processus d’organisation des textes. Nous avons montré que la notion d’élaboration est une notion incontournable, à la fois dans les théories du discours mais également dans des applications telles que la compréhension et la génération de texte. Enfin, nous avons montré la diversité des définitions et les difficultés rencontrées par les théories pour établir une définition robuste et rigoureuse.

La première section de ce chapitre a mis en exergue la variété des notions que l’on peut rapprocher de l’élaboration. De ce fait, il n’est pas étonnant que les théories du discours aient proposé une relation d’Élaboration dominant plusieurs sous-types (Mann et Thompson, 1987; Hovy et Maier, 1991; Halliday, 1985). Le tableau 2.4 propose un récapitulatif des sous-types d’Élaboration pris en compte dans les théories que nous avons présentées dans cette section sur la base de la taxonomie de Hovy et Maier (1991).

Certaines théories emploient une seule relation pour exprimer plusieurs concepts d’éla-boration, par exemple la définition de Halliday (1985). D’autres théories, quant à elles, préfèrent distinguer plusieurs relations, par exemple Mann et Thompson (1987) distinguent l’Élaboration et la Reformulation et Hobbs (1990) et Kehler (2002) distinguent l’Élaboration et l’Exemplification. Nous partageons le point de vue de Hovy et Maier (1991) selon lequel il peut être suffisant de considérer une seule relation de discours pour exprimer le concept d’élaboration et que celle-ci peut être affinée selon les besoins et les buts de l’analyse. Nous serions d’avis d’inclure l’Exemplification comme un cas particulier d’Elaboration. De

(Ho vy et Maier, 199 1) (Williams, 1893) (Quirk et Green baum, 1973) (Grimes, 1975) (Reic hman, 1978 ) (Hallida y, 198 5; Thompson, 2004) (Hobbs, 1979, 1985, 1990; Kehler, 2002) (Mann et Thompson, 1987, 19 88) Élaboration d’objet Objet-attribut Objet-fonction Ensemble-membre Élaboration de partie Procès-étape Partie-tout Élaboration de généralité Général-spécifique Abstrait-exemple Autres Identification Reformulation

2.4. SYNTHÈSE 69

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