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LA SDRT 19 l’interprétation est cohérente

La structure du discours Sommaire

1.3. LA SDRT 19 l’interprétation est cohérente

2. Plus les expressions anaphoriques sont résolues, meilleure est la qualité de la cohé-rence de l’interprétation.

3. Certaines relations rhétoriques sont elles-mêmes scalaires. Par exemple, la qualité d’une Narration dépend de la spécificité du topique commun qui résume les segments de l’histoire ; et la qualité d’un Contraste est dépendante des éléments contenus dans les segments qui sont en relation. Une interprétation qui maximise la qualité des relations rhétoriques est plus cohérente qu’une qui ne le fait pas.

Dans la version de la sdrt de (Asher et Lascarides, 2003), une liste de relations de discours est proposée (par ordre alphabétique) : Alternation, Arrière-plan, Commentaire, Conséquence, Continuation, Contraste, Élaboration, Explication, Narration, Parallèle, Pré-condition, Résultat, Topique4.

La structure hiérarchique Les relations de discours posent des contraintes sur la re-présentation du discours. L’ensemble des relations de la sdrt se divise en relations coor-donnantes et suborcoor-donnantes.

Les relations subordonnantes introduisent une hiérarchie entre deux segments. Un des deux segments est dominé par l’autre. La relation d’Élaboration a été la première relation considérée comme subordonnante.

Les relations coordonnantes placent les deux segments au même niveau. Les deux seg-ments ainsi reliés forment alors un nouveau segment complexe et se trouvent automatique-ment dominés par un constituant, appelé topique discursif . Si ce topique n’est pas donné dans le discours, il faut alors construire le contenu sémantique de ce topique à partir du contenu des énoncés qu’il domine et de la relation qui les lie (sauf pour Résultat). On parle dans ce cas de topique implicite.

La hiérarchisation du discours obtenue par la distinction des relations coordonnantes et subordonnantes permet de définir, parmi les constituants reliés par des relations de dis-cours, ceux qui sont disponibles comme point d’attachement pour la poursuite du discours. Les constituants ou sites disponibles pour la poursuite du discours sont dits ouverts (par opposition à fermés). Ils se situent sur la frontière droite, Cf. Figure 1.2.

Fig. 1.2 – Illustration de la frontière droite

En plus de définir les sites d’attachement disponibles pour la poursuite du discours,

la frontière droite permet également de déterminer l’accessibilité des référents pour la résolution anaphorique. Seuls les référents introduits dans des constituants sur la frontière droite sont accessibles pour la résolution anaphorique.

Les constituants situés à droite du schéma sont les constituants ouverts. L’attachement d’un constituant par une relation coordonnante à un autre constituant a pour effet de rendre ce constituant inaccessible pour l’attachement d’un nouveau constituant et pour la résolution anaphorique.

La reconnaissance des relations de discours La reconnaissance des relations de discours, comme nous l’avons déjà mentionné, est établie sur la base de la sémantique des énoncés individuels, des marqueurs lexicaux, des structures syntaxiques, des marqueurs aspectuo-temporels, de la structure lexicale et des connaissances du monde. La sdrt est en cela une théorie de l’interface sémantique/pragmatique.

Asher et Lascarides (2003) accordent au contexte une place importante dans l’interpré-tation des discours. Le contexte étroit est l’ensemble des informations nécessaires (identité du locuteur, environnement spatio-temporels) pour résoudre certaines expressions référen-tielles (i.e. les indices linguistiques de la cohésion) et le contexte large est tout ce que le lecteur ou l’allocutaire va utiliser pour déterminer les intentions communicatives du scripteur ou locuteur.

La sdrt intègre toutes ces informations qui interviennent dans le processus d’inter-prétation du discours dans un but opératoire dans la construction des représentations du discours au moyen de règles de déclenchement des relations de discours.

1.3.2.2 Construction des sdrs

Les constituants élémentaires ou drs sont reliés entre eux par des relations de dis-cours pour former des constituants complexes représentés au moyen de sdrs. Dans les premières versions de la sdrt (Asher, 1993), les relations de discours relient directement les constituants (représentation du contenu propositionnel) entre eux. Dans les versions plus récentes (Asher et Lascarides, 2003), les relations de discours relient les étiquettes des constituants5. Les étiquettes sont généralement représentées dans les schémas par des lettres grecques (α, β, γ, σ). On note Kα une drs étiquetée par α et eαl’éventualité décrite par Kα. Le constituant ou énoncé est noté α : Kα. Une relation de discours entre deux étiquettes est notée R(α, β).

Une sdrs peut être graphiquement représentée sous la forme d’une boîte (tout comme les drs). Une sdrs est définie par la donnée d’un couple < U, C > tel que U est un ensemble d’étiquettes et C un ensemble de conditions. Les étiquettes renvoient à des constituants simples ou à des constituants complexes. Les conditions sont soit la représentation d’une instance de proposition α : Kα, soit la représentation d’une relation R(α, β).

Nous allons illustrer la construction d’une sdrs à partir des exemples suivants emprun-tés à Bras (2008, p. 33) :

(5) (a) Marie a appris une poésie. (b) Puis elle a fait un exercice.

1.3. LA SDRT 21 (6) (0) Marie a fait ses devoirs. (a) Elle a appris une poésie. (b) Puis elle a fait un

exercice.

Si l’on admet que les deux segments de l’exemple (5) sont reliés par la relation de Narration, nous obtenons la sdrs en Figure 1.3 où U est l’ensemble des étiquettes πaet πbdont les drs sont données, et C est l’ensemble des trois conditions πa: Kπa, πb: Kπb, N arration(πa, πb).

Fig. 1.3 – sdrs de (5)

Dans l’exemple (6), πa et πb forment ensemble le constituant complexe étiqueté π0, qui élabore le constituant π0 en Figure 1.4.

Fig. 1.4 – sdrs de (6)

Les sdrs peuvent être représentées sous forme de graphique (Cf. Figure 1.5), qui tout en occultant le contenu sémantique de chaque drs, met en évidence la structure hiérarchique

avec des traits verticaux pour les relations subordonnantes et horizontaux pour les relations coordonnantes.

Nous optons pour la représentation graphique (celle de droite) qui utilise des boîtes pour les constituants complexes. Ces types de graphique seront notamment employés dans le projet annodis car ceux-ci représentent, de façon simplifiée, les constituants complexes sous la forme d’un cadre.

Fig. 1.5 – Graphiques sdrs de (6)

Les sdrs, tout comme les drs, sont construites de façon incrémentale par le traitement une à une des ude suivant trois étapes principales :

La première étape consiste à associer à chaque ude une drs. Suivant le modèle de la drt, la drs est construite à partir de l’analyse syntaxique de l’unité en cours de traitement.

La deuxième étape consiste à déterminer les sites ouverts pour l’attachement de l’éti-quette du constituant en cours de traitement. Contrairement à la drs, la sdrs est une structure hiérarchisée. L’étiquette associée à un constituant peut donc être attachée en divers points de la structure définis par la frontière droite. Les sites ouverts (ou la fron-tière droite) correspondent au dernier constituant introduit et à tous les constituants qui le dominent hiérarchiquement.

Pour tous les sites accessibles, il faut déterminer la ou les relations de discours qui existe(nt) pouvant réaliser l’attachement de la nouvelle étiquette. Les relations de discours sont inférées, comme nous l’avons déjà mentionné, en s’appuyant sur des informations de diverse nature. Tous ces indices relevés qui jouent un rôle dans l’interprétation d’une relation de discours sont partiels et généralement ambigus, la sdrt a donc fait appel à des mécanismes de raisonnement non monotone, permettant d’exprimer des règles révisables. Les règles peuvent être exprimées avec l’opérateur → (pour les règles monotones, inférées en dur et non révisable) et  (pour les règles non monotones révisables). Ces règles sont appelées règles de déclenchement des relations de discours. D’autres règles sont ensuite associées aux relations de discours, ce sont les règles formalisant les effets sémantiques des relations de discours. Ces règles expriment des conséquences discursives sur les constituants reliés ou sémantiques sur le contenu des constituants reliés.

Dans la section 1.3.2.3, nous donnerons les descriptions (régles de déclenchement et effets sémantiques) des relations de discours que nous utiliserons dans nos futures analyses.

1.3. LA SDRT 23 Enfin, la dernière étape de la construction d’une sdrs consiste en sa mise à jour. La mise à jour se fait une fois que sont déterminés le site d’attachement et la ou les relation(s) de discours, en deux temps : d’abord la mise à jour de la structure avec les constituants complexes et les topiques implicites le cas échéant ; ensuite une mise à jour du contenu des constituants avec la résolution des sous-spécifications.

Une illustration de la construction d’une sdrs est donnée dans le chapitre 3 (section 3.1.3.3) consacré à la description de la relation d’Élaboration dans la sdrt.

L’interprétation d’un discours en sdrt est conditionnée par le succès de l’attachement d’une nouvelle étiquette à un site ouvert et l’inférence d’une relation de discours pour réaliser cet attachement. Si cette construction échoue, le discours est déclaré incohérent.

Pour qu’une sdrs soit cohérente, toute étiquette d’un constituant doit être reliée à une autre étiquette de la sdrs par au moins une relation de discours. L’interprétation d’un discours en sdrt peut aboutir à plusieurs sdrs cohérentes. La théorie fait alors appel à un principe, appelé Maximise Discourse Coherence (ci-après mdc) qui ordonne les sdrs selon le nombre de relations de discours qui relient les étiquettes. La sdrs comportant le maximum de relations de discours, le minimum de noeuds entre étiquettes et les meilleures résolutions sera considérée comme la représentation la plus cohérente du discours.

1.3.2.3 Inférence des relations de discours

Dans cette section, nous allons décrire les relations de discours que nous emploierons dans nos analyses au sein de cette thèse, sauf celles d’Élaboration et de Continuation dont les descriptions seront données au chapitre 3, en nous appuyant sur l’ouvrage de Asher et Lascarides (2003). Toutes ces relations, excepté Alternation, sont des relations véridiques, c’est-à-dire que le nouveau contexte qu’elles établissent satisfait le contenu propositionnel des constituants reliés.

Les relations de discours sont décrites en deux temps. Les règles de déclenchement, d’une part, indiquent sous forme d’axiome de la Glue Logic la façon dont on infère les relations de discours. Ces règles utilisent un méta-langage qui manipule des sdrs. À gauche de la règle, on trouve un prédicat à trois places R(α, β, λ) avec R pour relation, α et β pour les étiquettes et λ le constituant minimal qui contiendra α et β. R(α, β, λ) indique qu’α et β sont reliés par une relation R dans la sdrs λ. ?(α, β, λ) signifie qu’il existe une relation, non encore déterminée, entre α et β dans la sdrs λ. À droite de la règle, on trouve des formules s’appuyant sur un marqueur du contenu propositionnel des constituants, noté [marqueur]α, une structure syntaxique et/ou un prédicat spécifique.

Les effets sémantiques des relations de discours sont donnés dans un second temps. Le rôle des effets sémantiques est double. Ces effets définissent les conséquences des relations et des contraintes sémantiques qui viennent enrichir le contenu des constituants reliés. Au niveau du Maximise Discourse Coherence, il est assuré que deux relations de discours avec des effets sémantiques incompatibles ne soit pas inférées en même temps.

Dans (Asher et Lascarides, 2003), ces règles sont écrites dans le langage du contenu informationnel des sdrs.

Nous ne visons pas l’exhaustivité pour les descriptions de ces relations. Nous nous limi-terons aux axiomes majeurs que nous emploierons dans nos analyses.

Les premières définitions que nous fournirons sont celles des relations dites «de contenu» (Content-Level Relations). Les relations de ce type sont entièrement définies sur la base de la sémantique des éventualités et individus introduits dans les sdrs.

Narration Deux segments reliés par la relation de Narration décrivent deux événements d’une même histoire qui se sont déroulés successivement. La relation de Narration est une relation coordonnante. Nous illustrons cette relation avec les exemples de (Bras, 2008, p. 40).

(7) Pierre frappa à la porte. Il entra. (8) Pierre tomba. Puis Paul le poussa.

La relation de Narration peut être inférée entre deux segments en s’appuyant sur la présence du marqueur spécifique «Puis» comme dans (8). Cette inférence est rendue possible par la règle d’inférence monotone suivante (Bras et al., 2001, p. 123) :

Axiome 1.1 Inférer Narration Puis (?(α, β, λ) ∧ [puis](β)) → N arration(α, β) La relation de Narration peut également être inférée sur la base d’un prédicat spéci-fique appelé Occasion, appliqué aux types des éventualités décrites dans les constituants à relier. Ce prédicat est vérifié si les types des éventualités décrites dans les deux segments appartiennent à une même histoire, sur la base d’informations de sémantique lexicale et de connaissances du monde. Pour l’exemple (7), les types des éventualités «frapper à la porte» et «entrer» peuvent appartenir à la même histoire, l’un arrivant généralement après l’autre, nous amenant à l’inférence de Narration (Bras et al., 2001, p. 120).

Axiome 1.2 Inférer Narration Occasion (?(α, β, λ) ∧ Occasion(α, β)) > N arration(α, β)

Dans les premières versions de la sdrt Narration est considérée comme la relation de discours par défaut, se déclenchant alors dans tous les cas mais pouvant être révisée par une règle plus spécifique. Avec l’introduction de la règle basée sur le prédicat Occasion, une nouvelle règle est introduite spécifiant que Narration est inférée si et seulement s’il n’existe pas d’indices d’autres relations de discours (Bras et al., 2001, p. 120).

Axiome 1.3 Inférer Narration Défaut

?(α, β, λ)∧¬clues_R1(α, β, λ)∧¬clues_R2(α, β, λ)∧...∧¬clues_Rn(α, β, λ) > N arration(α, β) La relation de Narration impose des contraintes temporelles sur le contenu propositionnel des constituants reliés. Les éventualités décrites par les constituants reliés doivent être ordonnées temporellement (Lascarides et Asher, 1993) :

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