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Structures d'âge et de qualification des populations étrangères par rapport à la popu- popu-lation belge

Dans le document Conseil supérieur de l'emploi : rapport 2007 (Page 189-193)

ÉGALITÉ DES CHANCES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL ______________________________________________

Annexe 1 Tableau - Importance relative des 54 groupes de population au niveau du pays et des différentes

5. L ES PERSONNES D ' ORIGINE ETRANGERE

5.1.3. Structures d'âge et de qualification des populations étrangères par rapport à la popu- popu-lation belge

La structure par âges de la population étrangère en âge de travailler, et particulièrement de la population des non Européens, diffère de celle des Belges. La population des non Européens est plus jeune que la population belge: alors que près de 40 p.c. de cette dernière est âgée de 15 à 34 ans, la majorité des personnes étrangères non européennes - soit 3 personnes sur 5 - se re-44 Modifications après le mois de mars de l'année suivante.

45 SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, "L'immigration en Belgique: effectifs, mouvements et marché du travail", rapport 2006.

trouve dans cette tranche d'âge. Du côté des ressortissants de l'UE résidant en Belgique, il s'agit d'environ 30 p.c. de la population en âge de travailler. Corrélativement, les ressortissants de l'UE résidant en Belgique sont plus âgés que les populations belge et non européenne. En particulier, 28 p.c. de la population européenne résidant en Belgique (Belges non compris) est âgée de plus de 50 ans - une proportion toutefois proche de celle des Belges - alors que seuls 12 p.c. de la population non européenne peut être considérée comme "âgée".

Graphique 37 Structure de la population en âge de travailler en 2005 (pourcentages)

Source: CE (EFT).

Le niveau de qualification de la population étrangère diffère de celui de la population belge et de nouveau, les différences sont plus marquées pour la population non européenne qui est en moyenne moins qualifiée. Ce sont parmi les faiblement qualifiés que les écarts sont les plus im-portants puisque en moyenne, une personne non européenne sur deux est dans ce cas, contre un peu plus d'un tiers de la population belge et quatre sur dix parmi les autres ressortissants de l'UE.

Les personnes âgées non européennes sont les plus désavantagées avec près de 70 p.c. qui n'ont au plus que le diplôme de l'enseignement secondaire inférieur. Ceci correspond à un écart de près de 18 points de pourcentage avec la moyenne belge. Une telle fracture s'observe également pour les jeunes non européens, dont 64 p.c. sont faiblement qualifiés, de sorte que l'écart avec la moyenne belge s'élève de nouveau à 18 points. La population européenne est aussi caractéri-sée par davantage de personnes faiblement qualifiées par rapport à la population belge. Dans la catégorie des moyennement qualifiés et des hautement qualifiés, les écarts entre les populations sont moindres. Cependant, alors que 10 p.c. des jeunes Belges ont poursuivi des études supérieu-res, le seuil de représentativité n'est pas respecté pour les jeunes étrangers (UE et non-UE). Il convient de nuancer cette constatation en raison de la catégorie d'âge retenue (15-24 ans): il se peut que les études supérieures des jeunes Belges et étrangers ne soient pas encore terminées et donc sanctionnées d'un diplôme46. Quant à la proportion d'individus plus âgés qui sont hautement qualifiés, elle est généralement supérieure chez les Belges.

46 Cette remarque est également valable pour la proportion de jeunes faiblement qualifiés qui peut ainsi être suréva-luée.

Tableau 40 Niveau d'éducation des populations belge et étrangère en 2005 (pourcentages de la population correspondante)

Belges (1) UE25 non belges

(2) Étrangers à

l'UE25(3)

Écart Euro-péens-Belges

(2)-(1)

Écart non Euro-péens-Belges

(3)-(1) Faible

15-24 46,3 52,4 63,8 6,1 17,5

25-54 28,1 35,9 46,6 7,8 18,5

55-64 51,1 60,3 68,8 9,2 17,7

Moyen

15-24 43,4 41,4 29,8 -1,9 -13,5

25-54 38,0 33,0 26,7 -5,0 -11,3

55-64 26,8 21,0 n.r. -5,8 -11,2

Élevé

15-24 10,4 n.r. n.r. -4,2 -4,0

25-54 33,9 31,0 26,7 -2,8 -7,2

55-64 22,1 18,7 n.r. -3,5 -6,5

Source: CE (EFT).

n.r.= données non représentatives.

L'identification de la structure de la population étrangère en termes d'âge et de niveau de quali-fication a ainsi permis de relever des différences non négligeables avec la population belge. Cer-tains écarts sont surtout marqués pour la population non européenne: elle est plus jeune que la population belge et généralement moins qualifiée.

Étant donné l'importance des jeunes dans les populations étrangères résidant en Belgique, leur éducation à travers le système scolaire est un enjeu important.

5.1.4. Les performances des élèves d'origine étrangère au sein du système éducatif belge L’enquête de 2003 dans le cadre du "Programme international pour le suivi des acquis des élèves"

(PISA) de l’OCDE a mis en évidence que dans un certain nombre de pays, dont la Belgique, un pourcentage significatif des élèves d’origine immigrée ont des performances scolaires inférieures à celles des élèves autochtones. Pour les mathématiques, l’écart le plus important, parmi les pays membres de l'OCDE, est observé en Belgique. Les résultats concernant les performances en lecture sont très similaires.

Graphique 38 Performances relatives des enfants d'immigrés à l'enquête PISA en 2003

(Différences de résultats1 entre les élèves originaires du pays2 et les enfants d'immigrés aux tests PISA de compréhension de l'écrit, jeunes âgés de 15 ans)

Source: OCDE (PISA).

1 Le résultat moyen pour tous les pays de l'OCDE a été fixé à 500 points, avec un écart type de 100 points.

2 "Originaires du pays" désignent ici les enfants dont les parents sont nés dans le pays.

La composition de la population immigrée influence ces résultats. Si l’on tient compte des pays d’origine des parents et du statut économique, social et culturel de l’enfant, l’écart de perfor-mance entre les élèves autochtones, d’une part, et les élèves de première génération et les élè-ves allochtones, d’autre part, diminue très sensiblement, mais il reste significatif.

Outre le statut économique, social et culturel, le contexte linguistique joue un rôle important.

Dans tous les pays où l’enquête a été réalisée, des différences de performance apparaissent se-lon que la langue parlée à la maison est la même ou diffère de la langue d’enseignement. Sese-lon ce critère, c’est en Belgique que les disparités sont les plus marquées, même si l’on tient compte du milieu socio-économique.

Dans les résultats PISA publiés par l'OCDE, il n'est pas fait de distinction parmi les élèves étran-gers entre groupes de nationalité. Hirtt (2007) montre que les élèves étranétran-gers ne constituent pas un groupe homogène. Selon son analyse, les élèves d'origine française ou hollandaise qui sui-vent l'enseignement en Belgique influenceraient négativement les résultats des élèves étrangers, car il s'agirait souvent d'élèves faibles. Si l'on tient compte des facteurs socio-économiques, la différence entre élèves autochtones et d'origine maghrébine serait nulle en Communauté fran-çaise, alors que la nationalité expliquerait encore 10 à 20 p.c. des différences constatées en Flandre entre élèves belges et d'origine maghrébine, voire un pourcentage plus élevé pour les élèves d'origine turque. Toutefois, les élèves d'origine turque en Flandre sont surtout concentrés en province du Limbourg, avec un contexte socio-économique spécifique.

Ces conclusions de l'étude PISA 2003 (OCDE, 2004) permettent d'avancer plusieurs pistes afin d'améliorer la performance relative des élèves issus de l'émigration dans notre pays. Première-ment, l'importance de l'impact du milieu socio-économique et notamment du niveau d'éducation des parents sur les performances de l'élève démontre la nécessité de renforcer les mesures ci-blées sur les élèves provenant de milieux défavorisés, et parmi ceux-ci sur les élèves issus de

l'immigration. Deuxièmement, les difficultés linguistiques plus importantes sont sans doute inhé-rentes à tout pays multilingue et où la majorité de la population immigrée ou d'origine étrangère n'a pas eu de contact avec ces langues dans le pays d'origine. L'étude PISA accrédite également l'idée que l'âge de la migration ou des premiers contacts avec la langue du pays d'accueil est si-gnificatif, avec les meilleurs résultats lorsque les contacts se font plus tôt. Une information des populations d'origine étrangère sur les possibilités d'accueil de la toute jeune enfance dans notre pays, au travers des crèches et de l'école pré-gardienne, où les enfants de migrants sont encore sous-représentés, offrirait une réponse adéquate à cette observation.

De même, il convient de promouvoir une plus grande mixité entre populations à travers les diffé-rents établissements scolaires, afin que la langue véhiculaire entre enfants soit bien une des lan-gues d'enseignement.

La surreprésentation significative des élèves étrangers ou d'origine étrangère dans la filière pro-fessionnelle de l'enseignement secondaire est problématique selon l'étude de l'OCDE 2007, étant donné que cette filière est souvent considérée comme une voie de relégation, n'offrant pas de bonnes perspectives pour une intégration durable et de qualité au sein du marché du travail. Ce manque de valorisation de l'enseignement professionnel en Belgique est une problématique an-cienne, qui a déjà été maintes fois soulignées, notamment par le CSE dans son Rapport 2003.

De manière générale, le taux d'abandon des études semble beaucoup plus élevé parmi les jeunes issus de l'immigration que chez les élèves autochtones. Une recherche récente (Duquet, Glo-rieux, Laurijssen et Van Dorsselaer, 2006) montre que la probabilité d'abandon est de fait deux fois plus élevée pour les jeunes issus de l'immigration. L'écart reste significatif mais se réduit de 40 p.c. lorsque l'on tient compte de la situation socio-économique, approchée dans cette étude par le statut sur le marché du travail du père et le niveau d'éducation de la mère.

Dans le document Conseil supérieur de l'emploi : rapport 2007 (Page 189-193)