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Inégalités d'accès à un emploi de qualité

ÉGALITÉ DES CHANCES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL ______________________________________________

1. D ETERMINATION DES GROUPES A RISQUE D ' INSERTION LIMITEE SUR LE MARCHE DU TRAVAIL

1.2.1. Population en emploi

1.2.1.2. Inégalités d'accès à un emploi de qualité

La qualité de l'emploi peut se mesurer à l'aune de différents indicateurs. On parle d'emploi pré-caire lorsque la pérennité de l'emploi n'est pas assurée (contrat temporaire, travail intérimaire).

Le travail à temps partiel peut également être une forme d'emploi précaire lorsqu'il n'est pas choisi et que le salaire qui en découle est insuffisant pour vivre décemment. En revanche, le temps partiel choisi permet de concilier plus harmonieusement la vie professionnelle et la vie familiale. D'autres formes d'emplois rendent au contraire particulièrement difficiles cette conci-liation, comme le travail du soir ou du WE, particulièrement dans le cas des familles monoparen-tales. L'exercice de certaines activités, dites pénibles ou dangereuses, ou certaines conditions de (vie au) travail (travail de nuit, stress, harcèlement physique ou psychique) peuvent avoir un im-pact sur la santé des travailleurs et perturber la vie économique des entreprises.

Dans le cadre de ce rapport, l'analyse est limitée par les variables disponibles dans les enquêtes sur les forces de travail et la taille des populations concernées. Les domaines de qualité de l'em-ploi qui ont pu être étudiés sont respectivement le travail temporaire, le travail à temps partiel et les horaires de travail atypiques. En ce qui concerne l'emploi à temps partiel, il n'a pas été possible de distinguer temps réduit choisi et temps partiel involontaire pour l'ensemble de 50 groupes de population, car ces résultats ne sont pas représentatifs. De même, en ce qui concerne les horaires de travail atypiques, pour la même raison, il n'a pas été possible de distin-guer les formes rendant plus difficile de concilier vies professionnelle et familiale (travail du soir, du samedi et du dimanche) et celles exerçant un effet défavorable sur la santé (travail de nuit).

1.2.1.2.1. L'emploi temporaire

Le travail temporaire concernait 8 p.c. des travailleurs salariés en Belgique en 2005. Il s'agit en majorité d'individus jeunes très qualifiés ou moyennement qualifiés. Ensemble, ces groupes de population représentaient plus de 40 p.c. des emplois temporaires. Les jeunes peu qualifiés, en revanche, n'en représentent que 12 p.c.

Les contrats temporaires sont de plus en plus fréquemment utilisés pendant la phase d'insertion sur le marché du travail, ce qui explique la prépondérance des jeunes dans ce type d'emploi. Les travailleurs de 30 à 49 ans représentent ensemble 37,4 p.c. des travailleurs temporaires, en pro-portion identique pour les trois niveaux de qualification. En revanche, parmi les plus de 50 ans, 8,8 p.c. des travailleurs seulement ont un emploi temporaire. Ils sont environ deux fois plus nombreux parmi les peu qualifiés que parmi les deux autres groupes de qualification.

Étant donné l'importance prépondérante des jeunes parmi les travailleurs temporaires, on a choisi de présenter les indices d'(in)égalité par groupe d'âge pour cet indicateur, en regroupant néanmoins, au sein de ces trois graphiques, les groupes présentant un niveau de qualification identique.

En moyenne, un jeune de 15 à 29 ans sur cinq est occupé dans un emploi temporaire, soit une proportion trois fois supérieure à la moyenne nationale. Les groupes de population représentatifs regroupent uniquement les jeunes de nationalité belge. Parmi eux, le taux d'emploi temporaire des femmes est systématiquement supérieur (de quelque 5 points de pourcentage) à celui des hommes, quel que soit le niveau de qualification. Parmi les groupes non représentatifs, ce sont les jeunes non européens qui présentent les taux d'emploi temporaire les plus importants.

Contrairement à la situation observée pour les nationaux, les hommes de nationalité étrangère seraient proportionnellement plus présents que les femmes dans les emplois temporaires.

Pour les travailleurs âgés de 30 à 49 ans, on observe également une occurrence du travail tempo-raire plus importante pour les femmes que pour les hommes, tant pour les nationaux que pour les étrangers. Les non Européens seraient par ailleurs surreprésentés dans l'emploi temporaire.

Vu la faible importance de l'emploi temporaire parmi les 50-64 ans, les groupes de population ne sont pour la plupart pas représentatifs. Seuls les peu qualifiés de nationalité belge sont suffi-samment nombreux dans l'emploi temporaire pour pouvoir être pris en compte. Parmi eux, les femmes présentent un taux de travail temporaire de 12 p.c., supérieur à la moyenne nationale et trois fois plus élevé que celui des hommes présentant les mêmes caractéristiques.

Graphique 2 Indices d'(in)égalité de qualité de l'emploi: le travail temporaire en 20051

(classement des indices d'(in)égalité décroissant par niveau de qualification; à gauche, données représenta-tives; à droite, données non représentatives2)

Source: CE (EFT).

1 Un indice supérieur à 100 signifie que le groupe de population est surreprésenté dans l'emploi tempo-raire par rapport à sa part dans l'emploi salarié et vice-versa.

2 Le seuil de représentativité est de 4.500 personnes pour les 50 groupes de la population occupée sous un contrat de travail temporaire.

1.2.1.2.2. L'emploi à temps partiel

Le travail à temps partiel concernait au total 21,7 p.c. des personnes occupées en 2005. Même si l'importance relative des hommes occupés à temps réduit est en croissance, il s'agit encore d'un phénomène essentiellement féminin. En 2005, plus de 80 p.c. des postes à temps partiel étaient occupés par des femmes. Au total, 40 p.c. des travailleuses étaient occupés à temps partiel, contre 7 p.c. seulement des hommes en emploi.

Près de 21 p.c. des hommes travaillant à temps partiel le font par défaut d'avoir trouvé un em-ploi à temps plein. Les femmes sont 15,5 p.c. dans ce cas. En revanche, les femmes sont propor-tionnellement plus nombreuses à mentionner l'assistance à des enfants ou à des adultes incapa-bles de travailler que les hommes (17,9 p.c., contre 3,6 p.c.). Les hommes sont par ailleurs rela-tivement plus nombreux à citer la maladie ou l'incapacité de travail (6,5 p.c.) et les études (7,4 p.c.) pour justifier leur temps de travail réduit, alors que ces motifs sont d'importance né-gligeable pour les femmes. Plus de six travailleurs sur dix, hommes et femmes, ne précisent pas la raison de leur choix (rubrique "autres raisons").

Tableau 3 Population occupée à temps partiel: ventilation par raison en 2005 (pourcentages du total)

15-64 ans 15-24 ans 25-49 ans 50-64 ans

Total

temps plein 16,5 20,8 15,5 38,5 30,8 42,5 16,1 28,5 14,3 9,2 6,6 10,2

Est malade ou en

-Autres raisons 62,4 61,6 62,6 32,8 30,4 34,0 59,7 56,3 60,2 81,7 82,4 81,4

Source: EC (EFT).

Le taux de temps partiel est, pour les hommes comme pour les femmes, d'autant plus élevé que le niveau de qualification est faible. Un peu plus de la moitié des femmes peu qualifiées sont occupées à temps partiel. Cette proportion passe à 44 p.c. pour les moyennement qualifiées et à 31 p.c. seulement pour les hautement qualifiées. Dans le cas des hommes, ces proportions sont respectivement de 9,6, 6,5 et 5,8 p.c.

Le travail à temps partiel est davantage présent chez les plus de 50 ans. Près du quart des tra-vailleurs de ce groupe d'âge travaillent à temps réduit. Pour les 30-49 ans, cette proportion, de 22,1 p.c., est proche de la moyenne. En revanche, les jeunes ne sont que 17,7 p.c. à travailler à temps partiel, en grande partie parce qu'ils n'ont pas trouvé d'emploi à temps plein. Le temps partiel non choisi est en effet surtout présent parmi les jeunes de 15 à 24 ans (la ventilation par âge disponible dans les tableaux standards d'Eurostat diffère de celle utilisée pour ce rapport):

42 p.c. des jeunes femmes et 31 p.c. des jeunes hommes invoquent ce motif. La formation à temps partiel justifie aussi une grande part du temps de travail réduit (18 p.c. pour les femmes, 38 p.c. pour les hommes). Ces deux motifs ont une importance relative moindre pour les person-nes de 25 à 49 ans: les études à temps partiel ne représentent plus qu'une faible part de l'emploi à temps réduit, et les femmes évoquent davantage la présence d'enfants ou d'adultes à charge pour justifier leur temps de travail limité (23 p.c., contre 6 p.c. seulement pour les hommes).

Graphique 3 Indices d'(in)égalité de qualité de l'emploi: le travail à temps partiel en 20051

(classement des indices d'(in)égalité décroissant par niveau de qualification; à gauche, données représenta-tives; à droite, données non représentatives2)

Source: CE (EFT).

1 Un indice supérieur à 100 signifie que le groupe de population est surreprésenté dans l'emploi à temps partiel par rapport à sa part dans l'emploi total et vice-versa.

2 Le seuil de représentativité est de 4.500 personnes pour les 50 groupes de la population occupée à temps partiel.

Étant donné l'importance prépondérante des femmes dans le travail à temps partiel, quelles que soient les caractéristiques retenues, on a choisir de présenter les résultats par sexe, en regrou-pant, pour les hommes et les femmes, les catégories de personnes ayant le même niveau de qua-lification.

Tous les groupes de femmes présentent des indices d'(in)égalité nettement supérieurs à 100, sauf les jeunes femmes hautement qualifiées de toute nationalité et les femmes européennes de plus de 50 ans hautement qualifiées.

Parmi les groupes de population féminine représentatifs - qui comprennent essentiellement des femmes de nationalité belge -, les peu qualifiées présentent les indices d'(in)égalité les plus im-portants, ce qui signifie que ces groupes de personnes présentent des taux de temps partiel, al-lant de 52 à 54 p.c., largement supérieurs à la moyenne. À ce faible niveau de qualification, les taux de temps partiel sont homogènes pour les différentes catégories d'âge. En revanche, le taux de temps partiel varie avec l'âge pour les moyennement qualifiées et les hautement qualifiées.

On observe peu de différences entre les femmes belges âgées de 30 à 49 ans et celles de plus de 50 ans (le taux de temps partiel est dans les deux cas respectivement de 47 et 37 p.c. pour les femmes moyennement et très qualifiées); les jeunes présentent en revanche un taux de temps partiel systématiquement plus faible (respectivement 35 et 15 p.c.). Ces jeunes femmes sont sans doute proportionnellement moins nombreuses à avoir des enfants, surtout celles qui ont accompli des études supérieures de longue durée et se trouvent dans une phase de leur vie où la construction de la carrière professionnelle est prioritaire.

Les femmes de nationalité étrangère ne présentent pas de taux de temps partiel systématique-ment supérieurs ou inférieurs à celui des Belges présentant des caractéristiques identiques. Ces résultats doivent cependant être interprétés avec prudence, étant donné la faible représentati-vité des groupes de personnes étrangères.

Pour les hommes, rares sont les groupes de population dont le taux de temps partiel est supé-rieur à la moyenne. Ce n'est le cas que pour certains groupes non représentatifs, soit les jeunes non européens, quel que soit leur niveau de qualification, et des hommes non européens peu qualifiés de plus de 50 ans. Dans les groupes représentatifs, ce sont les travailleurs peu qualifiés jeunes ou âgés de plus de 50 ans qui présentent les taux de temps partiel les plus importants (15 p.c.), mais encore inférieurs à la moyenne nationale. Les travailleurs âgés moyennement ou hautement qualifiés ont un taux de temps partiel proche de 10 p.c. Les travailleurs de 30 à 49 ans présentent les taux de temps partiel les plus faibles, soit 4 ou 5 p.c.

1.2.1.2.3. Les horaires de travail atypiques

Le travail du soir, de nuit ou du weekend comporte des contraintes plus difficilement compati-bles avec une vie sociale ou familiale que les emplois de jour de type classique. Certains horaires de travail comportent par ailleurs des risques pour la santé des travailleurs.

Les femmes sont légèrement moins représentées dans ce type d'emploi que les hommes: au to-tal, 46 p.c. travaillent régulièrement ou occasionnellement selon des horaires atypiques, alors que 52 p.c. des hommes sont dans le cas.

Les différences par niveau de qualification sont peu marquées: 47 p.c. des peu qualifiés ont un emploi comportant des horaires atypiques, 51 p.c. des travailleurs moyennement qualifiés sont dans le cas et les travailleurs très qualifiés, 49 p.c.

Les emplois exercés par les travailleurs atypiques ne sont cependant pas les mêmes pour les hommes et les femmes, ni selon les niveaux de qualification. Les hommes peu ou moyennement qualifiés ayant des horaires atypiques sont principalement présents dans l'industrie (environ 27 p.c.), le commerce (16 p.c. pour les peu qualifiés et 18 p.c. pour les moyennement qualifiés) et les transports et communications (17 et 13 p.c.). Les travailleurs aux horaires atypiques munis d'un diplôme de l'enseignement supérieur sont davantage concentrés dans les services aux entre-prises (27 p.c.) et l'enseignement (20 p.c.). Les femmes peu ou moyennement qualifiées oc-cupées selon des horaires atypiques sont surtout présentes dans le commerce (un peu plus de 30 p.c.) et la santé et l'action sociale (18 p.c. pour les peu qualifiées et 25 p.c. pour les moyen-nement qualifiées), alors que les femmes très qualifiées sont plus présentes dans la santé et l'ac-tion sociale (37 p.c.) et l'enseignement (29 p.c.).

Tableau 4 Travailleurs occupés régulièrement ou occasionnellement selon des horaires atypiques en 2005

(pourcentages du total)

Hommes Femmes

Peu

qualifiés Moyen-nement qualifiés

Très

qualifiés Total Peu

qualifiés Moyen-nement qualifiés

Très

qualifiés Total

Agriculture 7,1 4,2 1,0 3,8 5,0 3,1 0,9 2,6

Industrie (y compris énergie et eau) 27,4 27,2 14,4 23,0 9,8 7,5 4,0 6,5

Construction 7,4 6,6 3,2 5,7 0,7 0,7 0,4 0,6

Commerce 16,3 18,5 9,8 15,1 32,0 31,4 9,3 22,5

Horeca 5,6 6,7 1,3 4,7 12,5 7,1 1,8 6,0

Transports et communication 17,5 13,3 4,6 11,4 3,6 4,6 2,3 3,5

Services financiers, immobiliers et aux

entreprises 4,2 6,1 26,9 12,5 4,1 4,6 11,4 7,3

Administration publique et

enseigne-ment 8,9 10,7 19,8 13,3 6,8 6,3 28,8 15,6

Santé et action sociale 1,5 2,2 14,0 5,9 18,0 25,3 37,0 28,7

Autres services 4,1 4,5 5,0 4,6 7,5 9,3 4,2 6,8

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source: CE (EFT).

Les différents groupes d'âge sont presque également concernés par les horaires atypiques. En revanche, par nationalité, on observe que les non Européens sont proportionnellement plus nom-breux (56 p.c.) dans le travail atypique que les Belges (49 p.c.) et les autres Européens (50 p.c.), dont le score est proche de la moyenne nationale.

Graphique 4 Indices d'(in)égalité de qualité de l'emploi: le travail atypique en 2005

(classement décroissant des indices d'(in)égalité; à gauche, données représentatives; à droite, données non représentatives2)

Source: CE (EFT).

1 Un indice supérieur à 100 signifie que le groupe de population est surreprésenté dans l'emploi atypique par rapport à sa part dans l'emploi total et vice-versa.

2 Le seuil de représentativité est de 4.500 personnes pour les 50 groupes de population travaillant réguliè-rement ou occasionnellement le soir, la nuit ou le WE.

Parmi les peu qualifiés, seules les jeunes femmes belges et non européennes présentent un score sensiblement supérieur à la moyenne. Les hommes sont généralement davantage impliqués que les femmes dans le travail atypique, même si les différences sont peu marquées. Chez les moyennement qualifiés, le travail atypique est un peu plus présent pour les Belges et les Euro-péens d'âge médian. La fracture entre les sexes est moins marquée. Parmi les étrangers, les jeu-nes seraient davantage concernés.

C'est pour les hautement qualifiés que la fourchette des indices d'(in)égalité est la plus étendue.

Les hommes de ce niveau de qualification sont sensiblement plus présents dans le travail atypi-que atypi-que les femmes. Parmi les Belges et les Européens, les travailleurs d'âge médian et les tra-vailleurs de plus de 50 ans sont proportionnellement plus nombreux que les jeunes à exercer de tels emplois.

1.2.2. Population à la recherche d'un emploi au sens du BIT