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Stress et activité unitaire des neurones monoaminergiques

Dans le document en fr (Page 191-196)

Un grand nombre d'études suggère que les systèmes NA du LC et 5-HT du NRD sont activés dans les situations de stress (Fornal et Jacobs, 1988; Stanford, 1995; Valentino et Aston-Jones, 1995; Houdoin et coll., 1991; Chaouloff, 1993; Cespuglio et coll., 1995). En dépit de l'absence de signes comportementaux de stress et de troubles majeurs du sommeil, on ne peut pas exclure définitivement l'hypothèse d'une activation de l'axe hypothalamo- hypophysaire, susceptible d'interférer avec l'activité unitaire des neurones monoaminergiques.

La fréquence de décharge spontanée des neurones NA du LC est en effet significativement augmentée par des stimuli stressants tels que l'exposition au froid ou une immobilisation prolongée (Abercrombie et Jacobs, 1987a, 1987b; Pavcovich et coll., 1990). L'activité unitaire des neurones 5-HT du NRD ne présente pas ou peu de variation au cours du stress (Fornal et coll., 1987; Wilkinson et Jacobs, 1988; Jacobs et coll., 1990). En revanche, elle serait affectée par un état de privation de sommeil. En effet, il a été montré chez le chat que les neurones 5-HT du NRD ont un taux de décharge augmenté jusqu'à 18% pendant l'éveil calme et l'éveil actif après une privation totale de sommeil (Gardner et coll., 1997). Dans nos conditions expérimentales, les rats ne semblent pas en situation de privation de sommeil. Bien qu'on ne puisse effectuer de comparaison avec le rat libre de se mouvoir, les taux de décharge mesurés ne semblent pas anormalement élevés et restent inférieurs à ceux observés chez le chat. Ceci suggère que les neurones 5-HT du NRD enregistrés dans notre étude n'aurait pas une activité spontanée significativement modifiée par une privation de sommeil.

Dans notre modèle, une activation du LC se produit très vraisemblablement sous l'effet du stress au cours des premiers séjours dans l'appareil de contention. Cependant, en dépit du caractère chronique de la contention, les neurones NA du LC enregistrés dans notre étude ne présentent pas une activité spontanée anormalement élevée. Les taux de décharge mesurés

sont tout à fait similaires à ceux observés par Aston-Jones et Bloom (1981a) chez le rat libre de ses mouvements. Ceci suggère que le stress dans notre préparation serait soit très modéré soit au contraire élevé mais avec des effets contrebalancés par des mécanismes inhérents à la réponse au stress.

L'absence d'une élévation de l'activité tonique des neurones NA au terme de l'habituation pourrait en effet être la conséquence de processus adaptatifs. La réponse au stress pourrait par exemple être diminuée du fait d'une désensibilisation des récepteurs aux neurotransmetteurs excitateurs ou bien contrebalancée par l'action inhibitrice d'autres neurotransmetteurs. Dans le cas de stress chroniques, il a ainsi été montré que les effets de la noradrénaline au niveau des tissus cibles seraient atténués par des modifications de l'efficacité de la transmission NA (Mc Ewen, 1987). De la même façon, les réponses post-synaptiques à la sérotonine seraient atténuées en raison d'une diminution de la densité de ses récepteurs (Dickinson et coll., 1985; Biegon et coll., 1985). Or, les neurones NA et 5-HT sont précisément la cible de leur propre neurotransmetteur respectivement via les autorécepteurs

α2-adrénergiques et 5-HT1A. S'il se produisait une désensibilisation progressive des

autorécepteurs dans nos conditions expérimentales, on pourrait éventuellement s'attendre à observer des altérations du mode de décharge des neurones NA et 5-HT (et vraisemblablement du cycle veille-sommeil), ainsi qu'à une diminution de l'efficacité des agonistes α2-adrénergiques et 5-HT1A. En faveur de ces hypothèses, il a été montré chez des

rats exposés à un stress chronique que les neurones NA présentent davantage de bouffées spontanées (Page et Abercrombie, 1996) ainsi qu'une réactivité accrue à des stimuli sensoriels non stressants (Pavcovich et coll., 1990; Brady, 1994). En outre, il a été montré chez le rat que certaines situations de stress de longue durée, comme l' exposition à un environnement nouveau pendant 16 heures, induisent une diminution de la réponse des neurones 5-HT (enregistrés in vitro) à l'application d'un agoniste 5-HT1A (Laaris et coll., 1997). Dans notre

étude cependant, le mode de décharge des neurones NA et 5-HT et leur réponse à une stimulation auditive sont tout à fait similaires à ceux observés chez le rat non stressé (Aston- Jones et coll., 1981b). Nos conditions expérimentales ne nous ont pas permis d'établir une courbe dose-réponse afin de suivre l'efficacité des agonistes NA et 5-HT au cours du temps. Nos résultats indiquent qu'aux doses utilisées, l'application de NA ou de 8OH-DPAT sur les neurones enregistrés après habituation sont toujours suivies d'une inhibition complète des neurones enregistrés. Il serait cependant particulièrement intéressant de vérifier à l'aide de notre modèle si des doses plus fortes d'agonistes seraient nécessaires pour arrêter les neurones lorsque les rats sont placés dans diverses situations de stress.

La grande similarité de la décharge spontanée des neurones NA et 5-HT chez le rat en contention et de celle d'animaux libres de leurs mouvements est vraisemblablement la résultante de mécanismes adaptatifs qui se mettent en place progressivement au cours de l'habituation et lors des sessions expérimentales. De tels mécanismes pourraient en particulier contrebalancer une élévation de la fréquence de décharge des neurones NA. Nos données électrophysiologiques, ainsi que notre étude quantitative du sommeil suggèrent toutefois que dans nos conditions expérimentales, les systèmes NA et 5-HT sont, au final, peu pertubés par le stress.

Dans notre étude, la contention ne semble donc pas avoir de retentissement sur l'activité spontanée des neurones NA du LC et 5-HT du NRD, ni sur l'activité évoquée par une stimulation sonore. Les neurones enregistrés ont une activité spontanée similaire à celle observée chez l'animal libre de ses mouvements et corrélée au cycle veille-sommeil. L'ensemble de ces données suggère que notre modèle expérimental est bien adapté à notre problématique.

TROISIEME PARTIE :

Dans le document en fr (Page 191-196)