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Stratégies éducatives de l'Etat

CHAPITRE II: DIAGNOSTIC DU SYSTEME EDUCATIF SENEGALAIS

2.3.1.2. Offre d'éducation

2.3.1.3.1. Stratégies éducatives de l'Etat

L'éducation a été très tôt un enjeu dans le développement économique et social du Sénégal. C'est pour renforcer le potentiel productif et préparer les populations à faire face aux changements qui s'imposent dans la vie nationale et à accéder à des revenus meilleurs que 1 'Etat a pris 1' éducation comme un facteur de développement humain durable. Dès lors, il a pris en charge son fonctionnement et ce à tous les niveaux. Plusieurs réformes de politiques éducatives ont vu le jour et l'Etat est resté le maître d'œuvre. Entre autre, nous retrouvons les EGEF (1981), le PDRH1 et le PRDH2 (1994-1999) et aujourd'hui le PDEF (1998-2008) qui est plus large et prend en compte tous les niveaux d'enseignement. Dans l'enseignement supérieur nous retrouvons la CNES (1992) qui a donné naissance au PAES (1996-2002).

• Etats Généraux de l'Education et de la Formation (EGEF, 1981)

Ils découlent des réformes des PAS dans un contexte de stabilisation et de rationalisation des dépenses de l'Etat. Les mesures prises sont importantes, notamment la restriction des dépenses de fonctionnement dans le budget national au cours de l'année 1978/79 à 99 milliards et celle des dépenses d'équipements à 9 milliards. La réflexion devait permettre de remédier à la crise du système éducatif et d'impulser une dynamique de réhabilitation de l'éducation nationale. A partir de 1987, sont ouvertes les premières classes pilotes de l'éducation préscolaire et de l'enseignement primaire, consécutivement à l'application des

nouveaux programmes. Elles sont· sm vies en 1990 par les écoles communautaires de 1' enseignement primaire.

• Projet de Développement des Ressources Humaines Education/ Formation (PD RH)

Le Sénégal a sollicité le concours des bailleurs de fonds pour le financement d'un important "Programme de Développement des Ressources Humaines (PDRH)", axé sur l'éducation et la formation. Son objectif était d'aider le pays à accroître sensiblement l'accès à l'éducation primaire tout en luttant contre les diverses disparités et de renforcer la qualité et 1' efficacité, en concentrant particulièrement les efforts sur les zones rurales et sur la participation des filles. Parmi les objectifs de ce programme figurent également l'amélioration de la qualité et de l'efficacité de l'enseignement secondaire et supérieur ainsi que le renforcement de la planification et de la gestion du secteur de l'éducation.

Il s'agissait d'aider le Sénégal à réaliser ses objectifs de développement de l'Education pour la période 1994/1998, lesquels consistent principalement à améliorer l'accès à l'enseignement primaire ainsi que sa qualité et son efficacité, de manière à porter le taux de scolarisation de 58% en 1991/92 à 65% en 1997/1998. Les objectifs secondaires portent sur l'amélioration de la qualité et de l'efficacité de l'enseignement secondaire et supérieur ainsi que sur le renforcement de la planification et de la gestion du secteur de l'éducation. Ces programmes s'inscrivent dans le cadre de la politique sectorielle.

Dans l'enseignement primaire l'accent est mis sur les zones rurales et la scolarisation des filles en vue d'élargir l'accès de l'éducation à tous. Il faut réaliser aussi une éducation efficace et de qualité. Pour ce faire, le programme s'appuie sur la mise en œuvre d'un programme de construction, d'entretien et de rénovation de salles de classe. Des mesures spéciales sont définies pour promouvoir la scolarisation des filles, développer un système de production de manuels scolaires et renforcer la formation initiale des maîtres. L'appui aux initiatives privées en vue d'améliorer la qualité de l'enseignement est aussi une composante du PDRH, dans le cadre de la réforme de 1' enseignement dans les écoles primaires en vue d'améliorer la qualité de l'enseignement et d'augmenter le taux de scolarisation des filles. A court terme, les ratios élèves /manuels et élèves/ table bancs devront s'améliorer.

• Programme Décennal de l'Education et de la Formation (PDEF, 1998-2008)

C'est une approche participative de «l'Initiative Spéciale des Nations Unies pour 1 'Afrique », planifiée sur 10 ans et fondée sur 1 'utilisation des ressources nationales avec un maintien de la part du budget de l'Etat allouée à l'éducation à 33%. C'est la principale réforme politique et institutionnelle qui prend en compte l'accès pour tous à l'éducation, qu'il s'agisse du préscolaire ou du primaire. La réforme repose sur l'élargissement de l'accès à l'éducation et à la formation, l'amélioration de la qualité et de l'efficacité du système éducatif à tous les niveaux ; la création des conditions pour une coordination efficiente des politiques, plans et programmes d'éducation, la rationalisation de la mobilisation et de l'utilisation des ressources.

Dans l'enseignement pnma1re, l'Etat se définit comme priorité décennale, la scolarisation universelle des enfants âgés de 6 ans en 2010, la construction de 2000 classes et la réfection de 300 autres par an, la consolidation des classes à double flux et multigrades ( objeètifs : 30% des élèves scolarisés dans ces classes avec un ratio de 55 par classe, et tous les cycles des petites écoles rurales complétées), la mise en œuvre d'un dispositif de soutien aux écoles privées et communautaires, le développement des écoles franco-arabes ainsi que la mise en place de petits collèges de proximité. Il faut aussi prendre en compte 1 'éradication de l'analphabétisme à travers le renforcement des centres d'alphabétisation des adultes et le recours aux Ecoles Communautaires de Base comme solution provisoire à la scolarisation des enfants âgés de 9-15 ans.

Au niveau des enseignants, il s'agit de réformer à la fois le mode de reçrutement, de formation et de gestion des enseignants. On peut noter entre autres l'uniformisation de la formatio_n des maîtres (tous seront formés dans les écoles de formation des instituteurs (EFI)), l'augmentation de la durée de la formation des volontaires qui passe de 3 à 5 mois, le recrutement des nouveaux enseignants comme volontaires parmi les sortants des EFI et la réduction du taux de suppléance de 10,8% à 5%. La mise en œuvre d'un dispositif de formation continue basée sur l'initiative des enseignants dans le cadre des projets d'école est envisagée ainsi que la décentralisation de la gestion des volontaires et des maîtres contractuels au niveau des IDEN.

Afin d'élargir 1' accès à 1' éducation, il convient d'accorder un appui particulier aux écoles privées réglementées, mais aussi, aux initiatives de scolarisation enregistrées à titre non formel dans plusieurs localités du pays. Pour favoriser la scolarisation des enfants issus des milieux pauvres et celle de filles, le Gouvernement facilitera l'approvisionnement en eau dans les zones pauvres, contribuera au développement de 1 'hygiène à 1' école, améliorera l'alimentation des enfants dans les zones pauvres, fournira un soutien en matériel didactique aux enfants des milieux démunis et aux filles.

Dans l'enseignement moyen, le taux d'accès en classe de seconde de l'enseignement secondaire général passera de 55% actuellement à 35% en 2007. Les autres élèves sortant du cycle moyen s'orienteront vers la formation professionnelle, 1 'enseignement technique ou la vie active. L'augmentation du taux d'accès en classe de sixième s'accompagnera d'une croissance plus modérée des effectifs de l'enseignement secondaire général, par une baisse progressive du taux d'accès en seconde. Le triplement des effectifs de l'enseignement moyen dans la période décennale implique à l'évidence un recrutement massif d'enseignants. Les recrutements à effectuer de 1999 à 2007 pour l'enseignement moyen s'élèvent à 6863 enseignants. L'accroissement des effectifs attendus dans le cycle moyen nécessite la construction de 7.431 salles de classe. Les besoins sont de 998 salles dans le cycle secondaire général. De nouveaux lycées seront construits dans 1 'Académie de Dakar pour désengorger les lycées existants et de nouveaux lycées par extension de collèges seront ouverts dans les localités où cela est nécessaire. Les filières seront rééquilibrées au profit des séries scientifiques dans l'enseignement secondaire pour les élèves appelés à poursuivre leurs études en cycles longs.

Dans l'enseignement technique et la formation professionnelle, la stratégie consiste à rationaliser la carte des options et la correction des disparités régionales pour accueillir dans les filières FPT 25% des sortants de l'école fondamentale en 2010 et 50% en 2017. Ceci passe par la rentabilisation des structures existantes et la valorisation de l'apprentissage ainsi que l'implication des partenaires (collectivités locales, patronat, syndicats et partenaires au développement) pour étendre l'offre de formation. Il est aussi nécessaire de renforcer l'autonomie juridique et financière des centres de formation pour leurs donner un statut de prestataires de services pour favoriser l'accès pour tous à la formation professionnelle; cela

grâce à la création, dans chaque région, d'au moins un lycée professionnel, d'un lycée scientifique ou d'un lycée technique.

Dans l'enseignement supérieur, il faut décentraliser pour les premiers cycles en s'appuyant sur le développement de l'enseignement supérieur privé. Il faut aussi développer la contractualisation entre les établissements d'enseignement supérieur et l'Etat d'une part, entre les entreprises et les établissements d'enseignement supérieur d'autre. Enfin, il faut renforcer les infrastructures, les équipements, les méthodes de formation initiale et continue et la recherche.

Au niveau de l'accès, il s'agira d'accroître et d'améliorer les capacités d'accueil en mettant en place des centres universitaires régionaux à partir d'un centre universitaire équilibré en tenant compte des besoins de la demande économique et non de la demande sociale. Au total, 5 Centres Universitaires Régionaux seront ouverts dans la décennie du plan.

Par ailleurs, un fonds sera mis en place pour promouvoir les universités et établissements d'enseignement supérieur privé. Malgré les multiples réformes de notre système éducatif, le mode d'enseignement obéit toujours à la même logique des années 1960 durant lesquelles l'objectif principal était de lutter contre les déperditions et l'obtention d'un diplôme à la fin de chaque cycle d'enseignement. Il apparaît que l'enseignement formel a été la cible des efforts déployés en matière d'éducation au détriment des voies non formelles. Mais il y a eu des lenteurs, voire des contraintes dans la redéfinition des besoins éducatifs, en particulier en ce qui concerne les contenus reflétant la diversité culturelle et répondant aux besoins spécifiques de notre société.

Le problème des inégalités reste entier surtout entre le milieu urbain et le monde rural où il n'est pas rare de trouver des écoles fermées. C'est pourquoi il faut tenir compte du fait qu'il ne suffit pas seulement d'avoir accès à l'école, mais il faut aussi que d'autres conditions essentielles soient remplies comme la disponibilité d'enseignants de qualité qui sont motivés, et un environnement global favorable à l'éducation. Avec le lancement de l'objectif d'éducation pour tous, il s'agit bien de mettre l'accent sur l'apprentissage au sens large c'est-à-dire un apprentissage qui peut se faire à n'importe quelle phase de la vie de l'individu.