• Aucun résultat trouvé

Performances du système éducatif

CHAPITRE II: DIAGNOSTIC DU SYSTEME EDUCATIF SENEGALAIS

2.3.13.2. Performances du système éducatif

L'un des objectifs majeurs d'une politique éducative nationale est l'amélioration de la qualité de l'éducation. Il est donc nécessaire d'inclure des indicateurs permettant d'apprécier la qualité ou la performance du système éducatif. A cet effet, deux types d'approche sont utilisés pour la mesurer : l'approche en termes d'inputs et celle en termes d'outputs. Dans la première, on considère les ressources qui sont consacrées à 1' éducation. On mesure la qualité de l'éducation par les ratios nombres d'élèves par maître ou par les dépenses en termes des salaires des enseignants, l'achat de manuelles et de matériels didactiques. Cette mesure présente une limite car le volume de ressource n'est pas lié à la performance scolaire.

Seulement, il a la particularité de présenter les efforts publics en termes de satisfaction des besoins essentiels compte tenu des contraintes financières. Ces ratios indiquent la qualité d'encadrement du système éducatif.

Le tableau n° 9 (voir annexe 1, page 99) nous donne l'évolution des ratios élèves par classe et élèves par maître dans le primaire, mais aussi étudiants par enseignant dans le supérieur. Il montre que dans le primaire, la moyenne par classe est de 53 alors que celle par enseignant est de 4 7. Ces données masquent les surcharges des classes et des cours surtout en milieu urbain à partir 1989. Depuis 1996 on enregistre une baisse des effectifs par classe (51 en 2000) ainsi que par enseignant. Ce résultat est favorisé par la maîtrise des effectifs avec le recrutement des volontaires de l'éducation dont les effets se font sentir depuis 1996.

Dans le secondaire, le nombre moyen d'élèves par enseignant varie de 48,5 dans le cycle moyen à 35,1 dans le cycle secondaire général. C'est en milieu urbain que le problème des effectifs pléthoriques dans les classes d'enseignement primaire semble se poser avec plus d'acuité. Dans l'enseignement supérieur, la moyenne êst de 25 étudiants par enseignant. Mais dans les facultés de lettre et de sciences humaines ou à la faculté de droit, le nombre d'étudiants par groupe de travaux dirigés est de 35 par cours ou par enseignement surtout à l'UCAD.

Quant à la deuxième approche (test de la performance cognitive), elle est mesurée par les réalisations dans 1' enseignement en comparant directement les résultats obtenus entre les élèves d'un même groupe d'âge et suivant les pays. Il s'agit surtout des indicateurs suivants :

taux de réussite, taux d'abandon et taux de redoublement dans l'ensemble des mveaux d'éducation.

Le tableau no 10 (voir annexe1, page 99) qui regroupe les indicateurs de performance durant la période 1991/98, montre que le taux de redoublement est relativement élevé même s'il a baissé au cours de la période. Dans l'enseignement supérieur comme à l'Université Gaston Berger (UGS). ce taux dépasse les 30% en moyenne. Dans l'enseignement primaire public, il a diminué avec 18% en 1992 et 13,7% en 1998. Dans le secondaire privé, le taux a doublé (de 8% à 16,3%) alors que dans le secondaire public il était relativement élevé (plus de 20% en moyenne).

En ce qui concerne le taux d'abandon, il a doublé passant de 10,7% en 1992 à 20,5% en 1998 dans le primaire public et est plus élevé dans l'enseignement moyen secondaire privé (32,6% en 1998). Cela pourrait s'expliquer par le coût élevé de l'éducation privée qui attire le plus souvent les exclus de l'enseignement public. Le taux de réussite est plus appréciable dans le supérieur avec 72.7% en moyenne et celui du primaire pour le taux de réussite au CEPE qui s'est amélioré. Mais par rapport aux cycles supérieurs, la réussite dans le primaire est trop faible, expliquant du reste le nombre de sans qualification grandissant de la population tant active que totale qui n'ont pas de diplôme.

2.3.1.4. Evolution des dépenses publiques.

Les dépenses publiques d'éducation se composent des différents budgets l'Etat dans le sous secteur de l'éducation même si on retrouve d'autres sources de financement que nous ne prendrons pas en compte dans l'analyse. On retrouve dans les dépenses d'éducation plusieurs composantes telles que les dépenses de fonctionnement qui sont composées de dépenses de personnels, de matériels, d'entretien et des transferts, et les dépenses d'investissements qui comprennent le financement des constructions et l'acquisition d'équipements scolaires. Tout d'abord, il nous faut passer en revue l'évolution du budget de l'éducation avant de faire l'analyse de ses différentes composantes.

2.3.1.4.1. Evolution du budget de l'éducation

Bien que le financement du système éducatif ne repose pas uniquement sur les efforts de l'Etat, ce dernier joue le rôle d'avant-garde à côté des ressources de l'aide publique au développement, mais aussi des efforts des ménages, de la collectivité locale avec la décentralisation et également l'action des organisations non gouvernementales.

En analysant le tableau no 11 (voir annexe1, page 100) qui donne le budget de l'éducation on observe que les dépenses d'éducation durant la période sont en moyenne de 22,7% du budget de l'Etat et 3,49% du PIB courant. En valeur, le budget de l'éducation a connu une forte progression de 7,691 milliards en 1970 à 92,594 milliards en 2000.

L'évolution du budget de 1' éducation a certes connu une croissance mais son ampleur reste limitée par rapport aux ressources de l'Etat si l'on fait la relation par rapport au budget ou au PIB courant.

Graphique 7: Evolution du PIB, du budget de l'Etat et du budget de l'éducation.

(En millions) 4000000

3000000 2000000 1000000 0

0 (") <0 O"l

"'

L() CX) ... """'"

1'- 0

1'- 1'- 1'- 1'- CX) CX) CX) O"l O"l O"l 0

O"l O"l O"l O"l O"l O"l O"l O"l O"l O"l 0

... ... ... ... ... ... ... ... ... ...

"'

1---

BugEdu -ts-PIBcour --7(---BudgEtat

1

SOURCE: Ministère de l'Education Nationale

L'évolution du PIB, du budget de l'Etat et du budget de l'éducation montre que, de 1970 à 1980, le budget de l'Etat a augmenté plus que le PIB. A partir de 1980, le budget de l'Etat a connu une baisse de 0,20% alors que le PIB continuait d'augmenter. La croissance du budget constitue une très faible proportion du PIB mais reste inférieure à son niveau initial. Elle a légèrement augmenté mais reste en deçà de celle du PIB ce qui a creusé 1' écart. Cette situation coïncide avec les programmes d'ajustement structurel où la maîtrise des dépenses était poursuivie.

Graphique 8: Evolution de la part des dépenses d'éducation dans le PIB.

L'évolution de la part des dépenses d'éducation dans le PIB indique que le maximum de ressources allouées à l'éducation a été enregistré en 1993 et représente 4,4% du PIB. On note une progression dans la part du budget de 1970 à 1991, puis une baisse jusqu'en 1994 et depuis 1' effort de 1 'Etat en faveur de 1' éducation a fortement diminué. En vue de mesurer l'effort public en faveur de l'éducation, on peut se référer au pays à fort taux de scolarisation.

Ainsi on voit que ces derniers ne consacrent pas moins de 7% de leur PIB aux dépenses d'éducation, ce qui montre que le Sénégal doit encore fournir des efforts pour réaliser une scolarisation universelle ou pour assurer l'éducation d'un plus grand nombre de jeunes. Pour mieux cerner les écarts de dépenses, nous allons considérer la composition des dépenses de fonctionnement.

2.3.1.4.2. Dépenses de fonctionnement

Les dépenses de fonctionnement comprennent les dépenses de personnels, de matériels d'entretiens et de transferts. Elles constituent la composante majeure des dépenses d'éducation. Le tableau no 12 (voir annexe 1, page 101) nous montre l'évolution des dépenses de fonctionnement de l'éducation. L'analyse du tableau montre que les dépenses de personnels absorbent la plus grande part des ressources de l'éducation. Même si durant la première décennie on note une baisse de celles-ci, à partir de 1980, le volume a augmenté. Les dépenses de personnels représentent en moyenne 70% des dépenses totales alors que les dépenses en

matériel restent faibles et occupent la troisième place avec 6,48% derrière les transferts qui représentent 23,6%. Il n'y a presque pas de dépenses d'entretiens (0.23%) et elles n'ont commencé qu'à partir de 1985.

Les dépenses de personnels ont augmenté régulièrement, passant de 5,192 milliards en 1970 à 66,524 milliards en 2000 alors que les dépenses en matériels ont subi des coupes depuis 1980 et ensuite en 1988 où elles ne représentaient que 2,99% des dépe~ses totales.

Elles ont subi des mesures de réduction des dépenses pendant les PAS alors que les besoins exprimés en construction de classes liés à la croissance continue de la demande restaient entiers, ce qui a entraîné un sureffectif des classes. Pourtant, la politique de réduction de la masse salariale dans la fonction publique n'a pas réussi à réduire le niveau de dépenses de personnel dans l'éducation et c'est cette gestion des dépenses qui explique l'instauration du système de volontariat au début des années 90. Ainsi, de 74% en 1985, la part du personnel est passée à 66% en 1994 et se stabilise autour de 69% en 2000.

Quant aux dépenses de transferts qui sont constituées des bourses et des subventions d'études allouées aux élèves et aux· étudiants, le montant a augmenté progressivement, passant de 823 millions en 1970 à 8,412 milliards en 2000. Mais cette augmentation n'est véritablement significative qu'à partir de 1995 alors que de 1988 à 1994 elles ont été maîtrisées.

Cependant l'évolution globale du budget de fonctionnement de l'éducation cache des disparités entre les différents sous secteurs de l'éducation et les dépenses allouées aux élèves et étudiants. Ainsi, on peut aussi voir l'évolution des dépenses publiques d'éducation suivant les différents sous-secteurs de l'enseignement public. Le tableau n°13 (voir annexe1, page 102) montre que, durant la période 1983-1999, l'ensemble des sous secteurs de l'éducation ont enregistré une augmentation de leur budget. Le primaire occupe toujours la plus grande part du budget de l'éducation qui passe de 16,338 milliards en 1983 à 40,085 milliards en 1996 alors que le budget du supérieur ne représente que 10,521 milliards en 1999.

Durant la période (1983-2000), il y a eu une amélioration en faveur de l'enseignement technique dont les ressources ont augmenté de 17,5% annuellement alors que dans l'enseignement primaire, elles n'ont augmenté que de 12%. Dans l'enseignement moyen et le secondaire général, les dépenses publiques se sont accrues de 9,9%. C'est seulement dans

l'enseignement supérieur où on a enregistré une baisse de ressources de 3,5%. Le resserrement des contraintes budgétaires et la forte inflation après la dévaluation de 1994 ont considérablement réduit les ressources publiques réelles mises à la disposition de l'éducation.

Pour voir comment les ressources publiques ont été allouées pour la scolarisation de la population (CREA 2000), nous allons analyser les tableaux n°14 (voir annexel, page 103). En Francs courant, le budget individuel suivant le niveau d'éducation a connu une progression montre que 1' enseignement primaire est resté prioritaire par rapport aux autres secteurs qui ont subi les coups de la dévaluation. En valeurs courantes, les dépenses éducatives ont enregistré une augmentation plus importante en moyenne dans le primaire 2,73% et 0,42% pour l'enseignement supérieur alors que dans l'enseignement secondaire, la baisse est nette soit en moyenne 0,72%.

Les composantes du sous secteur secondaire que ce soit 1' enseignement moyen, le secondaire général ou l'enseignement technique, ont bénéficié de moins de ressources que le primaire ou le supérieur. Ceci traduit une absence de politique éducative dans 1' enseignement secondaire comme dans les autres sous secteurs.

Graphique 9: Dépenses publiques d'éducation par élève du primaire.

QI 50000

...--...

Les dépenses publiques d'éducation par élève de l'enseignement primaire ont fortement augmenté entre 1983 et 1985. Elles ont diminué par la suite jusqu'en 1988 et demeurent

constantes jusqu'en 1991. Dans l'enseignement secondaire, les dépenses publiques d'éducation par élève ont baissé régulièrement depuis 1983 comme le montre le graphique n°10.

Graphique 10: dépenses publiques d'éducation par élève du secondaire.

Q)

....

Graphique 11: Dépenses publiques d'éducation par étudiant du supérieur.

10

g

900000 d'éducation secondaire n'arrive toujours pas à accueillir davantage de ressources publiques.

2.3.1.4.2. Dépenses d'investissement

L'investissement dans l'éducation a longtemps été une préoccupation de l'Etat, c'est pour cela que nous allons faire l'analyse du budget d'investissement global que l'Etat alloue au sous-secteur de l'éducation à côté des bailleurs de fonds. Le tableau N° 15 (voir annexe1, page 104) rend compte du rôle de l'Etat dans le financement de l'investissement de 1' éducation sous la contrainte de la faiblesse de ses ressources financières. Les montants alloués à l'éducation n'ont pas connu une augmentation régulière. Le volume des investissements est passé de 496 millions en 1970 à 9272 millions avec une ponction durant la période 1983-1987.

Une analyse des investissements réalisés suivant chaque mveau d'éducation montre l'importance des politiques éducatives qm sont souvent accompagnées de budget d'investissement que l'Etat réalise à côté des bailleurs de fonds. Mais la répartition des dépenses d'investissement entre les différents niveaux d'éducation est très inégalitaire et est fonction des projets définis aussi bien par l'Etat que par les bailleurs. En effet, la plupart des investissements sont réalisés dans 1' enseignement supérieur. Dans 1 'enseignement primaire, 1' enveloppe est passée de 100 millions en 1970 à 4494 millions en 2000 et représente 49% du budget total d'investissement. Dans l'enseignement supérieur, le montant est passé de7 millions à 3770 millions alors que dans l'enseignement secondaire et l'enseignement technique, il est respectivement de 210 et 179 millions en 1970 à 750 et 260 millions en 2000.

Cette répartition de l'investissement montre que durant les 10 premières années l'Etat avait accompagné les secteurs primaire et secondaire en leur consacrant plus de 75% des investissements. Mais à partir de 1976, déjà l'enseignement supérieur à lui seul comportait plus de 80% du budget. Actuellement, dans lecadre du PDEF, l'enseignement primaire, avec son objectif d'éducation pour tous, mobilise presque plus de la moitié des investissements.

Le choix des investissements dans les différents niveaux d'enseignement reste tributaire des besoins identifiés en accord avec les bailleurs de fonds qui représentent les premiers acteurs auprès de l'Etat. C'est pourquoi la satisfaction de la demande suivant les niveaux est source d'un arbitrage qui ne tient pas compte de la situation nationale. Mais l'espoir est permis

des universités régionales dans tout le pays, ce qui est une préoccupation des populations bénéficiaires.