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Spécificité de l’approche de sûreté du dossier 2005 argile

Après avoir introduit les grands principes sur lesquels s’est fondée la constitution du dossier 2005, et avant de passer au contenu même du tome « évaluation de sûreté », il est apparu utile de préciser au lecteur quelles pouvaient être les spécificités de l’approche de sûreté adoptée, en regard d’approches plus classiques mises en œuvre pour les rapports de sûreté des installations nucléaires de base.

1.6.1 Place de la faisabilité dans l’évaluation de sûreté

La démarche de sûreté du dossier 2005 prend en compte le fait que les études sont au stade de la faisabilité. Cela induit, par rapport à un dossier de sûreté plus classique, des spécificités. Le but de la faisabilité est de mettre en évidence l’existence de solutions techniques, mais pas de les figer de manière irrévocable. En particulier, les concepts pourront évoluer au fil des étapes de conception qui pourraient conduire jusqu’à l’ouverture d’un stockage. Dans un certain nombre de cas, plusieurs solutions technologiques existent pour répondre à un problème donné, en particulier en exploitation.

L’évaluation de faisabilité se fonde alors sur une des technologies les mieux maîtrisées, mais il demeure possible d’en mettre en œuvre une autre.

De ce fait, et bien que la sûreté ait été un critère majeur pour la définition des architectures et leur développement, leur optimisation n’a pas nécessairement été conduite jusqu’à son terme ultime. En fonction des progrès de connaissances, des voies d’amélioration sont possibles et pourraient être développées dans des phases ultérieures du projet. Une démarche « ALARA », conduisant à optimiser la protection radiologique des travailleurs et du public, n’est pas développée dans toute sa complétude.

Nonobstant, les concepts proposés présentent déjà un niveau de sûreté important, et constituent des fondements solides pour des travaux ultérieurs.

1.6.2 Place et rôle du site de Meuse / Haute-Marne

La particularité du dossier 2005 argile est qu’il s’appuie sur les observations et les résultats d’expérimentations réalisées sur un site réel, en l’occurrence sur le site du laboratoire de Meuse / Haute-Marne. Ce contexte particulier permet d’asseoir la faisabilité, et donc en particulier les évaluations de sûreté, sur des données de site. Il ne doit cependant pas induire de confusion sur le sens de la démarche de sûreté du dossier 2005. Son but n’est pas de positionner le stockage sur un site particulier en vue de solliciter une autorisation de création. La décision de mettre en œuvre une telle démarche ne relève pas de la responsabilité de l’Andra. Il appartient à la Représentation nationale de décider si un stockage doit être construit, et dans quelles conditions. Si cette décision était prise, un processus d’instruction en vue de l’autorisation de construction, puis d’exploitation serait enclenché.

Les étapes de ce processus ne sont pas définies à ce jour, mais on peut imaginer qu’elle impliquerait une consultation large du public et une instruction détaillée de dossiers portant sur la sûreté du stockage, par les autorités compétentes. Le dossier 2005 ne constitue pas un tel dossier.

L’objet du dossier 2005 est d’évaluer la faisabilité du stockage dans une formation géologique particulière, le Callovo-Oxfordien. À ce titre, elle traite bien évidemment de la sûreté du stockage, partie intégrante de la faisabilité. Elle s’appuie sur les données recueillies sur le site du laboratoire de Meuse / Haute-Marne. Ce site est celui qui a, par nature même, fait l’objet de la reconnaissance la plus détaillée. L’Andra s’est cependant assurée que les grandes caractéristiques de la couche, observées localement, étaient extrapolables à une zone plus large, dite « zone de transposition », dont on trouvera la définition dans [17]. Cette transposabilité est le gage que les résultats obtenus ne sont pas dépendants des spécificités d’une zone de faible dimension.

Aborder la question de la localisation exacte du stockage dans ce cadre est en revanche prématuré. On verra que, pour les besoins de certaines évaluations de sûreté (chapitre 5, chapitre 7), il est nécessaire de « localiser » le stockage dans la zone. Dans un tel cas, le choix a été fait en général de positionner le stockage conventionnellement à l’emplacement du laboratoire (choix effectué pour les études d’ingénierie, pour les études d’impact). On prend cependant en compte dans les évaluations, et

notamment dans la gestion des incertitudes, la possibilité que, à d’autres emplacements au sein de la zone, les propriétés de la roche puissent être un peu différentes. La nécessité d’effectuer ce type de choix ne doit pas induire de confusion sur le sens de la démarche : il n’est procédé à aucune

« optimisation » de la position du stockage en fonction de critères de sûreté ou d’autres critères.

1.6.3 Sûreté en exploitation et sûreté à long terme

Les considérations précédentes conduisent à souligner la double spécificité de l’approche de sûreté du dossier 2005 :

- pour la part relative à la sûreté d’exploitation, elle s’apparente globalement à une démarche classique. Elle se concentre sur les problématiques spécifiques au stockage, et ne traite pas de manière détaillée l’ensemble des dispositions de sûreté dès lors que celles-ci sont déjà bien connues dans un autre contexte. C’est en particulier le cas pour les installations de surface. Elle ne s’inscrit pas non plus dans une démarche de demande d’autorisation de création d’installation ; - pour la part relative à la sûreté à long terme, l’accent est porté sur la maîtrise des connaissances

scientifiques et des incertitudes.

L’Andra a donc développé deux volets complémentaires : l’un destiné à la sûreté d’exploitation, l’autre destiné à l’évaluation de la sûreté en phase de post-fermeture. Chacun se doit de prendre en compte les contraintes de l’autre.

En effet, les conditions d’exploitation, au sens le plus large, sont contraintes par les besoins de sûreté à long terme. Une solution technologique (par exemple pour le creusement des ouvrages, ou pour la manutention des colis) qui apparaîtrait la plus adaptée du point de vue des conditions d’exploitation, mais qui induirait une non maîtrise des conditions d’évolution à long terme (endommagement de la roche d’une ampleur inconnue, risque au regard de la stabilité à long terme de la roche, etc.) est proscrite.

On notera que la sûreté à long terme est également contrainte dans une certaine mesure par l’exploitation. D’une part, les concepts ne doivent pas correspondre uniquement à une vision optimale de la sûreté à long terme, mais ils doivent pouvoir également être exploités dans des conditions sûres et sans complexité technique excessive. On s’assure, lors de la définition des concepts, qu’ils sont effectivement réalisables dans de bonnes conditions, et que les solutions proposées sont réalistes.

D’autre part, il peut s’avérer nécessaire dans l’analyse de sûreté à long terme de prendre en compte explicitement les conditions dans lesquelles les architectures de stockage auront été construites et exploitées : comment les ouvrages ont-ils été creusés, et cela influe-t-il sur leur état après fermeture ? Pendant quelle durée les ouvrages ont-ils été laissés sans remblayage ? Quels vides peuvent être présents entre les colis ?... Les conditions de déroulement de la phase d’exploitation au sens large (construction, incorporation des colis, observation et fermeture) définissent pour partie l’état initial du stockage pour son évolution en post-fermeture.

Le principe d’équité intergénérationnelle impose de ne pas privilégier une échelle de temps plus qu’une autre. Les conditions de sûreté en opération et à long terme sont donc prises en compte toutes deux au moment des choix de concepts.

Dans le dossier 2005, la description des concepts et l’explication des choix effectués font donc appel en tant que de besoin à la sûreté de l’exploitation et à celle à long terme. En revanche, et en cohérence avec le principe évoqué ci-dessus, une fois cette description effectuée, les évaluations de sûreté en exploitation et à long terme sont conduites de manière indépendante, mais avec une approche similaire.

L’approche de sûreté du dossier 2005, si elle reprend les concepts et l’esprit général d’une démarche de sûreté « classique » d’installation nucléaire, s’en distingue en définitive par quelques traits principaux :

- la nécessité d’aborder de manière coordonnée des phases de vie différentes (exploitation, post-fermeture) ;

- la prise en compte d’échelles de temps dépassant l’expérience humaine ;

- le lien très étroit entre conception, acquisition de connaissances et évaluation de sûreté, dans un objectif d’évaluation de faisabilité ;

- la place centrale accordée à la notion de maîtrise des incertitudes, en particulier pour la phase de post-fermeture.

Ces particularités résultent tant de la spécificité de l’objet étudié (le stockage en formation géologique profonde) que de la question posée (celle de la faisabilité). Elles requierent l’appel à des disciplines nombreuses (ingénierie minière et nucléaire, sciences de la terre, sciences des matériaux, sûreté) et la mise en œuvre de méthodes spécifiques, à l’interface entre ces disciplines.

1.7 Présentation générale de la démarche – introduction aux chapitres

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