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Nouveau regard, nouvelles images : photographes et photographie de presse

1. Une nouvelle approche photographique de l’actualité

1.1. Sortir des studios pour aller à la rencontre de la guerre

1.1.1. Les premières circulations massives de la photographie

Selon Patricia Massé, la diffusion des photographies au format carte de visite (9 x 6 cm), dont l’apogée se situerait entre les années 1862 et 1877, donne naissance à la culture visuelle moderne du peuple mexicain :

Les populaires cartes de visite sont le premier témoignage et la première expression de la culture visuelle moderne d’une société qui n’avait pu, jusqu’alors, avoir un accès facile à une image de son visage et de son corps. Comme objet précoce de publicité, la photographie d’un individu ou d’un groupe d’individus, circulant de manière potentiellement illimitée, a des effets sur la conscience collective du corps et, par conséquent, sur l’identité.43

La demande d’un tel objet provenait surtout des couches aisées et urbaines de la population, pour d’évidentes raisons économiques, mais également pour des raisons sociales ; la carte de visite était un médiateur de socialisation, un moyen de

43 MASSÉ ZENDEJAS, Patricia, Simulacro y elegancia en las tarjetas de visita. Fotografías de Cruces y Campa, Mexico : INAH, 1998, p.15 : « Las populares tarjetas de visita son el primer testimonio y expresión de la cultura visual moderna de una sociedad que hasta entonces no había podido tener un fácil acceso a una imagen de su propio rostro y de su propio cuerpo. Como temprano objeto de promoción, la fotografía de un individuo o de un grupo de individuos, circulando en un número potencialmente ilimitado, tiene sus efectos en la conciencia colectiva del cuerpo y, por consiguiente, de la identidad ».

promouvoir sa propre personne. Elle incarnait les « aspirations de modernité de la société mexicaine ».44

Ce type de photographie, exclusivement réalisée en studio, répond à des conventions de représentation très strictes : l’élégance et le sérieux, le bien-être matériel et la décence morale. C’est une mise en scène de la réalité qui permet de façonner l’image que l’on souhaite montrer à la société. Trois éléments sont privilégiés avec la carte de visite : le corps (et son visage), l’habit et, dans une moindre mesure, le décor. Les portraits carte de visite fixent dans la deuxième moitié du XIXe siècle les codes de ce genre photographique qui sera encore en vigueur dans les années 1910, comme nous pouvons le constater grâce à ce portrait de Francisco León de la Barra, publié en 1911 (figure 1).

Figure 1. El Mundo Ilustrado, 28 mai 1911. « Monsieur Don Francisco León de la Barra. Président de la République par intérim »45

Le décor est ici minimal, mais non moins significatif ; la chaise sur laquelle le président a pris place est en bois sculpté et les volutes de son dossier rappellent discrètement les arabesques diffuses en arrière-plan, sans doute celles d’une tapisserie. La richesse et le goût pour les meubles raffinés sont évoqués par ces formes. L’habit est impeccable : costume trois pièces avec gilet et veste foncés et

44 Ibidem, p.15 : « Se trata de imágenes que pretenden autentificar las aspiraciones de modernidad en la sociedad mexicana ».

45 Toutes les légendes des figures correspondent à la traduction (par l’auteur) des légendes originales des revues. Ces légendes originales en espagnol se trouvent dans la Table des Illustrations. Toutes les figures de ce travail, sauf indication contraire, ont été reproduites dans les collections de l’Hémérothèque Nationale du Mexique et de la Bibliothèque Miguel Lerdo de Tejada, à Mexico.

pantalon à rayures plus clair, au pli parfaitement marqué au fer. On aperçoit la chaîne d’une montre de gousset et une bague à l’auriculaire de la main droite, seuls bijoux arborés. Tout dans cet habit respire l’élégance et le bon goût de l’époque. La posture, enfin, se veut à la fois austère et décontractée. Le bras droit nonchalamment posé sur le dossier de la chaise et la main ballante dénotent l’aisance avec laquelle Francisco L. de la Barra a pris place pour être immortalisé. Mais la droiture du port de tête et le regard sérieux qui fixe l’appareil rappellent son rang et son autorité. Ce portrait est l’héritier incontesté de la tradition de la photographie carte de visite du XIXe siècle. Il en reprend les codes iconographiques et les codes sociaux.

Plus d’une cinquantaine d’années ont été marquées par ce type de photographie, qui véhicule avant tout des images des élites, comme nous venons de le voir, mais également des clichés de « types mexicains ».46 Ce terme est employé pour désigner les photographies représentant des personnages mexicains typiques, caractérisés par leur appartenance à une ethnie ou à un corps de métier. Cette pratique était également en vigueur en Espagne à la même époque.47 Sont ainsi « typifiés », par exemple, le charbonnier, le vendeur d’eau, la enchiladera48 ou l’Indienne :

Chaque personnage est entouré des objets ou des outils du métier qu’il représente et à chacun d’eux correspond un décor spécifique qui est déterminant pour leur caractérisation. Leur apparence est celle d’hommes humbles emplis de dignité : ils sont vêtus d’habits très propres qui paraissent neufs, comme leurs chapeaux qu’ils semblent porter pour la première fois. La plupart d’entre eux exhibent des visages bien lavés, des cheveux bien peignés et des barbes bien coupées. Pour résumer, ils sont d’un aspect agréable et vif qui en fait des personnages pittoresques.49

La photographie carte de visite offre donc un espace d’exhibition aux deux extrémités de la société, mais les cantonne à un rôle de représentation ; les plus riches veulent étaler leur rang économique et souvent politique, les plus défavorisés sont contraints par les photographes eux-mêmes d’embellir leur rôle pour se transformer en archétypes de « mexicanité », en symboles de l’identité nationale et du patriotisme. Cette représentation sous formes de « types », permettant à la fin du XIXe siècle de promouvoir une image folklorique du Mexique, sera pourtant réutilisée par le discours

46 Traduction de « tipos mexicanos ». Pour deux exemples de photographies de « types mexicains » au format carte de visite, se reporter à l’Annexe 3.1.

47 Voir l’annonce publicitaire pour les types espagnols datant de 1870, in FRIZOT, Michel (dir), Nouvelle Histoire de la Photographie, Paris : Larousse, 2001, p.116.

Pour une réflexion sur les cartes de visite et les « types photographiques » en Espagne au XIXe siècle, voir également : CRISTINI, Corinne, Émergence et rôle de la photographie dans la littérature espagnole de 1839 au début des années 1870, Thèse de doctorat en Études romanes-Espagnol sous la direction du Professeur Sadi Lakhdari, Paris IV-Sorbonne, 2004, Tome I, p.22 et pp.192-196.

48 Enchiladera : celle qui fabrique et vend dans la rue les enchiladas, plat à base de galette de maïs fourrée à la viande. Tous les termes mexicains sont regroupés dans un glossaire en Annexe 2.5.

49 MASSE ZENDEJAS, Simulacro y elegancia en las tarjetas de visita, Op. Cit., p.105 : « Cada personaje está acompañado de los objetos o las herramientas del oficio que representa y a cada uno corresponde un escenario específico que es determinante en su caracterización. La apariencia de todos ellos es la de humildes decorosos : visten muy limpios con ropas que parecen nuevas, lo mismo que sus sombreros parecen recién estrenados. La mayoría luce rostros muy bien lavados, cabellos bien peinados y barbas bien cortadas. En suma, exhiben un aspecto agradable y vivaz que los consagra como personajes pintorescos ».

officiel post-révolutionnaire afin de « rehausser et de personnifier le sentiment et la reconnaissance dus à une histoire nationale porteuse d’un héritage humaniste et universaliste ».50 Autrement dit, les photographies de types sont, après 1921, l’un des vecteurs de promotion du concept de « mexicanité » si cher au nationalisme révolutionnaire.

En tant que premier vecteur important de diffusion de la photographie de l’individu au Mexique, la carte de visite constitue, comme l’indiquait Patricia Massé, le berceau d’une culture photographique mexicaine. Comme nous le verrons ultérieurement, avec la Révolution, ces images minutieusement codifiées sont peu à peu transformées.

Deux autres supports, la photographie stéréoscopique51 dès les années 1860, puis la carte postale au tournant du siècle, véhiculent les images de paysages, monuments, villes, etc. Elles constituent également un important vecteur de diffusion de la photographie, dans un registre différent, mais qui tend lui aussi à faire fructifier ce concept de « mexicanité » associé cette fois-ci à la beauté et à la diversité géographique du pays et non plus à l’aspect pittoresque de ses habitants :

L’histoire du paysage mexicain peut aussi se lire comme une construction nationaliste. […] Un secteur de la photographie mexicaine a adopté le paysage comme le genre qu’exigeait de façon évidente la nature du pays… et une forme de nationalisme qui s’entrelace et se confond avec la promotion touristique du territoire. Depuis les séries stéréoscopiques du XIXe siècle jusqu’aux amateurs des clubs photographiques des années quarante et cinquante, […] on peut peut-être définir cet élan « mexicaniste » par le choix de certaines scènes – dominées, comme dans les tableaux de José María Velasco et du Dr. Atl, par les cimes enneigées de l’Iztaccíhuatl et du Popocatépetl – et de certains éléments de la flore et de la géologie.52

Ces « éléments de la flore et de la géologie » sont par exemple les cactus, en particulier les agaves, thématique photographique développée dès les années vingt par Edward Weston ou Manuel Álvarez Bravo, entre autres. Les volcans, les paysages montagneux en général, les plages et les palmiers font aussi partie de cette imagerie associée à la « mexicanité ».

50 PLU JENVRIN, Raphaële, « La "Mexicanidad" como soporte para la representación de la institución presidencial en el México post-revolucionario : ¿hacia qué definición de la nación », HISTOIRE(S) de l’Amérique latine [En ligne], Volume 1, Numéro 1, 11 octobre 2005 : « La representación de “tipos” sociales […] no cumplen otra función que la de realzar y personificar el sentimiento y el reconocimiento debidos a una historia nacional portadora de una herencia humanista y universalista ».

51 La photographie stéréoscopique reproduit la vision binoculaire de l’être humain et permet de voir des vues photographiques en relief, grâce à la vision simultanée de deux prises de vues légèrement décalées du même objet.

52 DEBROISE, Olivier, Fuga mexicana. Un recorrido por la fotografía en México, Mexico : CONACULTA, 1994, p.54 : « La historia del paisaje mexicano también puede leerse como construcción nacionalista. […] Un sector de la fotografía mexicana adoptó el paisaje como el género natural que les solicitaba la naturaleza del país… y una forma de nacionalismo que se entrelaza y confunde con la promoción turística del territorio. Desde las series de estereoscopias del siglo XIX hasta los aficionados de los clubes fotográficos de los años cuarenta y cincuenta […], se puede definir quizás este aliento « mexicanista » en la elección de ciertos escenarios –dominados, como en los cuadros de José María Velasco y el Dr. Atl, por las cimas nevadas del Iztaccíhuatl y Popocatépetl– y de ciertos elementos de la flora y la geología ».

Les photographies stéréoscopiques, puis les cartes postales, développent surtout certains types de vues : les panoramas de villes, les édifices coloniaux, les lieux pittoresques, les paysages et certains éléments de la modernisation du pays sous Porfirio Díaz.53 Les êtres humains sont pratiquement absents de ces supports, tout comme les aspects politiques et sociaux de l’histoire mexicaine. Cependant, Ángel Miquel recense une série de cartes postales sur la grève dans la mine de Cananea (État du Sonora) en 1908. Mais cet ensemble – comme la grande majorité des séries de cartes postales sur la Révolution Mexicaine – a été réalisé par un photographe nord-américain.54 Miquel signale cependant une exception notoire, 250 cartes postales faites par le Mexicain Jesús H. Abitia au cours de l’année 1914 sur l’armée

constitutionnaliste55 ; ces initiatives nationales restent cependant très rares pendant la guerre civile. La couverture photographique de la Révolution Mexicaine au niveau national s’est donc faite principalement à travers la presse illustrée qui – en dehors de la frontière du Nord où circulaient de nombreuses cartes postales nord-américaines56 – a constitué au Mexique le premier vecteur de diffusion de la représentation en images du conflit.

1.1.2. Fin XIXe-1910 : Les premières apparitions photographiques dans la presse illustrée et l’actualité officielle

Selon Aurelio de los Reyes, la première reproduction d’une photographie dans la presse au Mexique daterait de 1895 et aurait été réalisée par El Mundo Ilustrado, revue fondée par Rafael Reyes Spíndola, grande figure de la presse mexicaine au tournant du vingtième siècle.57 Bien qu’il soit difficile de percevoir avec certitude le passage de la gravure à la photographie reproduite par similigravure58, cette date donne une indication. Aux gravures, lithographies, dessins et caricatures qui illustraient traditionnellement la presse vont peu à peu s’ajouter les photographies dans les toutes dernières années du XIXe siècle. C’est une évolution progressive qui n’éradique pas

53 Ibidem, p.75.

54 MIQUEL, Ángel, PICK, Zuzana M., VEGA Alfaro (de la), Eduardo, Fotografía, cine y literatura de la Revolución mexicana, Cuernavaca : Universidad Autónoma del Estado de Morelos, 2004, p.10.

55 Ibidem, p.13.

56 Voir à ce propos l’ouvrage suivant : VANDERWOOD, Paul J., SAMPONARO, Frank N., Los rostros de la batalla. Furia en la frontera México-Estados Unidos. 1910-1917, Mexico : Camera Lúcida, CONACULTA, Grijalbo, 1993, 303 p.

57 REYES, Aurelio (de los), Cine y sociedad en México. 1896-1930, Vol.1 « Vivir de sueños. 1896-1920 », Mexico : UNAM, IIE, 1981, p.92.

58 Similigravure : ce procédé de photogravure, qui permet l’impression conjointe de textes et d’images, a été mis au point par Charles-Guillaume Petit. L’image est reproduite à travers une trame qui fractionne les tons continus et les traduit en ensemble de points. Les zones sombres sont alors constituées de grands points peu espacés, les zones claires présentent des points plus petits, séparés par des intervalles plus importants. Ce procédé s’adapte parfaitement à la photographie en noir et blanc comportant toute une gamme de teintes intermédiaires entre la teinte pure et le blanc, avec des zones sombres, moyennes et claires, modelées ou fondues entre elles. (Notice d’Aude Planterose, Catalogue de l’exposition « L’événement » présentée au Jeu de Paume, Paris, du 16 janvier au 1er avril 2007, p.147).

complètement pour autant les autres types d’images. La gravure et la lithographie59

vont cependant être les premières à s’effacer au profit de la photographie, ce qui semble logique car elles étaient déjà souvent réalisées d’après photographie dans les dernières décennies du XIXe siècle. Le dessin, quant à lui, subsiste longtemps encore dans la presse illustrée, en particulier sur les couvertures.

De la fin du XIXe siècle à l’année 1910 se développe le métier de photographe de presse, chargé de couvrir l’actualité qui mérite de figurer sur le papier satiné des suppléments illustrés. La presse de la capitale, qui a retenu notre attention, se consacre en priorité aux faits et gestes du président Porfirio Díaz et des membres de son gouvernement. L’actualité politique, l’actualité mondaine, et certains aspects de la vie quotidienne constituent les thèmes privilégiés par les photographes en accord avec une presse dont les champs d’action sont limités par les directives porfiristes qui restreignent la liberté d’expression. L’information est donc assez consensuelle.

Cette mise à l’honneur du président s’accentue à l’occasion des Fêtes du Centenaire de l’Indépendance, qui se déroulent principalement au mois de septembre 1910. Elles culminent dans la nuit du 15 au 16 septembre, date officielle de la commémoration du mouvement indépendantiste lancé par Morelos et Hidalgo en 1810. Porfirio Díaz en profite pour célébrer en grande pompe ses quatre-vingts ans, le 15 septembre également. Les festivités se poursuivent jusqu’au mois d’octobre dans un étalage de richesse et de pouvoir destiné à impressionner son peuple ainsi que les puissances étrangères.

Nous avons précisément choisi de débuter le dépouillement des revues de notre corpus au 1er septembre 1910 afin d’observer le traitement photographique de ces célébrations. Seuls trois magazines couvrent les festivités, Revista de Revistas, El

Mundo Ilustrado et La Semana Ilustrada, les deux autres (La Ilustración Semanal et El Universal Ilustrado) n’existant pas encore à cette date. Le dernier tiers de l’année 1910 est riche en événements pour la nation mexicaine ; septembre et octobre sont marqués par les commémorations grandiloquentes, le mois de novembre voit poindre les premiers soulèvements révolutionnaires qui se poursuivent en décembre tandis que Porfirio Díaz est investi à la présidence de la République le 1er décembre 1910, pour la septième fois consécutive. Si l’on se penche sur ces quatre mois, on constate d’importantes différences entre ces trois titres.

Revista de Revistas, fondée en janvier 1910, n’en est qu’aux débuts de sa longue histoire. Elle n’a pas encore défini sa ligne éditoriale, ni délimité les contours de sa pratique photographique. C’est pour ces raisons que nous n’avons recensé que 9 pages traitant de l’actualité politique au moyen d’images (photographies et dessins) au

59 Lithographie : elle se développe au début du XIXe siècle et offre une grande rapidité d’exécution à qui sait dessiner. Le motif se réalise au crayon ou à l’encre sur une pierre servant de matrice d’impression. La pierre lithographique (une pierre calcaire) est préparée, humidifiée puis encrée au rouleau. Comme l’eau repousse l’encre grasse, celle-ci se fixe sur le seul tracé du crayon ou de l’encre ; le dessin est alors reporté de manière mécanique sur un papier de choix. (Ibidem, p.145).

cours de ces quatre mois. Selon les pages sont publiées trois à douze images de très petit format et dont la qualité de reproduction laisse à désirer.

Les Fêtes du Centenaire sont présentées sur six pages, abordant divers aspects de la commémoration : la ville de Dolores Hidalgo où le curé du même nom a prononcé le Grito qui a déclenché la guerre d’Indépendance, les chars allégoriques fabriqués pour les défilés, l’inauguration de la statue en l’honneur du baron Humbolt ou les défilés militaires. Porfirio Díaz a aussi droit à un portrait de petite taille pour son anniversaire. L’une de ces pages partage l’actualité photographique entre les festivités et les manœuvres militaires, que l’on retrouve sur une deuxième page qui y est entièrement consacrée. Enfin, les deux dernières pages significatives de l’année 1910 s’intéressent au président en couvrant l’inauguration du nouvel hippodrome du quartier de La Condesa, puis en annonçant sous forme de dessin allégorique son investiture pour un nouveau sexennat. Il faut souligner l’absence totale d’images sur les premiers soubresauts révolutionnaires dans Revista de Revistas en 1910. Mais on peut se demander si c’est un acte délibéré ou si ce n’est pas plutôt la conséquence de l’absence d’un réseau de photographes correspondants, que la revue naissante n’aurait pas encore eu le temps de mettre en place. À la veille de la Révolution, la couverture photographique de l’actualité par ce magazine reste assez classique et présente de graves défaillances techniques en termes de reproduction des illustrations.

El Mundo Ilustrado fonctionne tout à fait différemment. Pour la même période,

nous avons recensé 47 pages de photographies consacrées à l’actualité politique du Mexique, dont 44 sur les Fêtes du Centenaire, 2 sur l’investiture présidentielle et la nomination d’un nouveau gouvernement, et une sur la nouvelle chambre des députés. Autant dire que les commémorations de l’Indépendance ont volé la vedette à tous les autres événements de la fin de l’année. La revue semble être fascinée par ces festivités hors du commun. Elle détaille par le menu chacune des célébrations et publie des photographies grand format ou des pages comportant de petites séquences composées au minimum de trois clichés sur le même thème. Le lecteur est ainsi informé des cérémonies diplomatiques, des défilés militaires ou des fêtes de la communauté michoacana.60 Afin de prolonger ce climat de fête, et des ventes certainement accrues, El Mundo Ilustrado continue à publier des photographies en rapport avec le Centenaire de l’Indépendance en passant en revue les cérémonies