3. Analyse du contenu
3.2 Analyse par parties
3.2.4 Anciens élèves
3.2.4.5 Société libre des pharmaciens
La Société Libre des Pharmaciens de Paris est créée le 30 Ventôse an IV (20 mars 1796), suite
à la disparition du Collège de Pharmacie (son règlement est reporté en Annexe 4). Malgré ce
changement de dénomination, l’ancienne organisation est toujours présente et les 137 membres
résidants du Collège vont constituer la nouvelle Société et s’engagent à poursuivre
l’enseignement gratuit délivré rue de l’Arbalète (77). La création de l’Ecole Gratuite de
Pharmacie se fait dans la foulée le 22 avril 1796.
Dans le but de la financer, la Société Libre crée au sein de son organisation « la Société
Intéressée" ou « Société Commerciale", dont le siège est également situé rue de l’Arbalète (78).
Dans le projet étudié avant même l’inauguration de l’Ecole, il est prévu que cette Société
fabriquera rue de l’Arbalète des produits pharmaceutiques vendus en gros aux officiers de santé.
La liste est relativement réduite et ne concerne que :
- l’huile d’amande douce
- la Thériaque
- l’émétique
- les boules de mars
- le kermes
- l’ammoniac ou alcali volatil.
Par contre, il sera possible de commercialiser au public :
- l’Eau de Mélisse dite des Carmes
- la Pierre Infernale
- le phosphore et ses dérivés.
Cette Société voit le jour le 25 Fructidor an VI (11 septembre 1797). Guiart Père et Morelot en
deviennent les gérants après avoir abandonné leurs officines respectives.
Des annonces paraissent alors dans les Calendriers à l’usage des Pharmaciens sous le titre
« Société Commerciale" à partir de l’an IX mais également dans le Journal de Paris, à
destination du public.
La deuxième création importante de la Société Libre est le Journal de la Société des
Pharmaciens de Paris dont le premier numéro paraît le 15 Prairial an V (5 juin 1797). Les
travaux scientifiques des membres de la Société Libre y sont relatés et diffusés largement,
notamment grâce à l’intervention des correspondants nationaux et étrangers. Fourcroy,
Demachy et Bouillon-Lagrange en sont les rédacteurs en chef (4).
Ce Journal ne sera pas mentionné dans les Calendriers.
La Société Libre des Pharmaciens de Paris disparaît à son tour suite à la promulgation de la loi
du 21 Germinal an XI (11 avril 1803). Elle est remplacée par la Société de Pharmacie le 15
Thermidor an XI (3 août 1803), société savante qui n’aura plus aucun but commercial puisque
l’enseignement de la Pharmacie est alors pris en main par l’Etat. Cela entraîne donc la
disparition de la Société Commerciale, qui n’aura existé que 6 années (1797-1803) mais
représente la première société pharmaceutique de vente en gros pour les pharmaciens. C’est
d’une certaine façon l’ancêtre de La Pharmacie Centrale de France dont Dorvault sera le
créateur en 1852.
Comme nous allons le voir par la suite, les Calendriers des années IX, X et XI vont alors jouer
un rôle important dans la diffusion des informations de la Société Libre puis de la Société de
Pharmacie auprès des pharmaciens de Paris, notamment en communiquant règlements et
comptes-rendus des réunions les plus importantes.
• Calendrier de l'an IX
Le calendrier de l’an IX livre des éléments historiques à propos de la société Libre des
pharmaciens dans la partie "précis historique", que l'on trouve dans chaque édition dès 1782,
ainsi que dans une nouvelle rubrique dédiée à ladite société.
Le calendrier nous renseigne sur le déroulé historique de la création de la Société Libre des
Pharmaciens de Paris "conformément à l’art CCC de la Constitution de l’an III".
Le but premier de cette Société est clairement énoncé : "concourir aux progrès des Sciences et
Arts, notamment de la Pharmacie, la Chimie, de l’Histoire Naturelle et de la Botanique". Elle
est conforme aux Sociétés savantes créées durant cette période, au rôle de transmission et
d’encadrement du savoir (58).
Le texte insiste sur le fait que cette Société Libre est dans la continuité du Collège, puisque
l’entité administrative est toujours régie par les Lettres Patentes du 10 février à Versailles.
Les membres sont répartis en deux groupes : les Associés Libres et les Associés Nationaux et
Etrangers. A cette date, "les Associés Libres (savants résidant à Paris) sont au nombre de 20,
…par contre il est impossible de déterminer le nombre d’Associés résidant dans les
départements et à l’étranger".
Il est également annoncé la nouvelle dénomination de l’Ecole Gratuite de Pharmacie par l’arrêté
du 3 prairial an IV (22 mai 1796) du Directoire sur conseil du Ministre de l’intérieur.
Enfin il est annoncé lors de l’Assemblée Générale l’élection des Professeurs qui seront chargés
de l’instruction publique. Leurs noms sont cités dans une autre partie de l’annuaire, intitulée
"Mutations", partie commune avec les nominations des nouveaux Prévôts en exercice et des
Députés du Conseil.
Un nouveau chapitre apparaît dans ce calendrier de l’an IX, intitulé « La Société Libre des
Pharmaciens de Paris" et il est à nouveau rappelé le but scientifique et de transmission des
résultats des recherches récentes ou en cours par le biais de mémoires.
Les noms des Membres y apparaissent, en particulier ceux des Associés Libres, qui tous résident
à Paris, ainsi que leur rattachement à l’institut, leur formation initiale (médecin, pharmacien),
s’ils sont enseignants…Bien qu’annoncés au nombre de 20 dans le précis historique, nous ne
retrouvons que 16 noms pour l’an IX.
Nom Statut An IX An X An XI
Albert Médecin
Berthollet Intitut national
Bourru Ex doyen faculte de medecine
Celfe Institut national
Cuvier Institut national
Darcet Institut national
Desfontaines Institut ; professeur de botanique
Defcemer Médecin et botaniste
Guiton-Morvaux Institut national
Hauÿ Institut national
Jussieu Aine Institut national
Lacepede Institut national
Lafisse Médecin et secrétaire général de la sociéte de médecine
Laverne Médecin et ex-professeur de pharmacie
Richard Institut national
Roussille-Chamserus Médecin inspecteur du service de santé
Thouin Aine Institut national
Ventemas Institut national
Tableau 13 : Associés résidents mentionnés de l'an IX à l'an XI
Les associés sont présentés par ordre alphabétique, sans préoccupation de leur première mention dans les calendriers.