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RISQUE CHIMIQUE, ÉDUCATION ET FORMATION

MOTS-CLÉS : SÉCURITÉ – RISQUE CHIMIQUE TRAVAIL AU LABORATOIRE

5. SITUATIONS ACTUELLES ET ÉVOLUTIONS

En France, dans l’Éducation Nationale, une volonté de développer la sécurité dans les établissements se manifeste depuis quelques années en allant bien souvent dans le sens exclusif d’une réponse à la réduction des accidents, sans prendre suffisamment en compte la nécessité de former aux exigences du monde actuel. Dans certains établissements d’enseignement, la suppression de l’emploi du gaz en laboratoire nous semble signe d’une action dans cette mauvaise direction : les travaux pratiques avec manipulation individuelle sont en effet le moyen le plus efficace pour concrétiser toute formation dans ce domaine. Nous savons qu'ils sont difficiles à développer pour des raisons de coût, d’encadrement, de surpopulation dans les salles de travaux pratiques. Nous sommes convaincus de l’intérêt du virtuel dans l’enseignement, mais il ne devrait en aucun cas remplacer la manipulation. L’absence d’une réglementation simple, précise, et la mise en cause judiciaire d’enseignants dans le cadre de leurs activités n’encouragent pas à développer leur motivation pour faire manipuler des produitsdangereux aux élèves.

5.1 École maternelle, école élémentaire

L’éducation des enfants à la sécurité peut commencer dès l’école maternelle puis se poursuivre à l’école élémentaire, associée à la découverte du monde et à l’enseignement en sciences et technologie. Des initiatives intéressantes et très motivantes ont été réalisées depuis une quinzaine d’années dans ce domaine. Un article récent(Julia et Leray, 1999) présente les différentes actions proposées par :

Les petits débrouillards, Graine de chimiste, Chimie la classe, La main à la pâte. Des

sensibilisations sont possibles dès l’école maternelle, on peut citer les spectacles du clown M. Pety (1996), la Jolie poubelle (Créasciences, 1996). J. Thibault, D. Davous et al. (1997) proposent une grille d’observation des gestes et comportements pour donner de bonnes habitudes de manipulation à l’école élémentaire. Au cours des XVes JIREC, Graine de Chimiste a présenté son expérience dans ce domaine en faisant faire des manipulations aux “ grands ” d’une école maternelle.

5.2 Enseignement secondaire général

Les laboratoires de chimie de l’enseignement secondaire sont des lieux relativement sûrs où, actuellement, peu d’accidents graves se produisent. Depuis de nombreuses années des consignes de sécurité souvent implicites sont appliquées par les enseignants. Néanmoins, l’évolution rapide de ce domaine entraîne vers des exigences beaucoup plus grandes. Des efforts doivent être réalisés dans : - la formation des personnels techniques et des enseignants,

- l’équipement des laboratoires en dispositifs de ventilation, sans négliger les salles de préparation, - la gestion, le stockage des produits chimiques et l’élimination des déchets,

- la prise en compte des protections individuelles lors des manipulations : obligation du port des lunettes et de la blouse, emploi impératif de poires d’aspiration pour le pipetage.

Le groupe technique disciplinaire G.T.D. (M.E.N.R.T., 1999) de réforme des programmes de physique et de chimie au lycée rappelle dans le document d’accompagnement du programme de la classe de Seconde en chimie : “ Aucune règle ne sera correctement appliquée par les élèves, si elle ne leur est pas expliquée et justifiée ”. Il est mentionné également : “ Les élèves n’ont pas toujours manipulé au collège et la grande hétérogénéité des classes de Seconde rend l’enseignement expérimental difficile à gérer. Une grande discipline comportementale et une grande rigueur expérimentale doivent être exigées des élèves, dès le début de l’année ”.

Les conseils régionaux s’impliquent souvent dans le développement de la sécurité pour les lycées tant par l’élimination des déchets chimiques que dans l’attribution de crédits de mise en conformité des laboratoires. Certaines régions ont soutenu des actions de formation ou d’information en partenariat avec différents organismes. À notre avis, ces actions très intéressantes n’ont pas été suffisamment diffusées. Il est important de rapporter le rôle irremplaçable joué dans la formation à la sécurité par les associations d’enseignants, Union des Physiciens (U.d.P.) et Association des

Professeurs d’Initiation aux Sciences Physiques (A.P.I.S.P.). Des conférences, tables rondes et

ateliers ont été organisés dans le cadre de manifestations annuelles et la publication d’articles sur ce thème informe de nombreux enseignants. Des initiatives très intéressantes ont été publiées récemment sur la formation de formateurs (Goube, 2000), l’analyse de risque au collège, au lycée (Barde & Lapiana, 1997), l’emploi de la microchimie (Cheymol et al., 2000).

5.3 Enseignement supérieur universitaire

Depuis quelques années, des progrès réels sont perçus, mais de nombreuses difficultés persistent. Elles nous semblent dues à la grande complexité administrative et au voisinage d’activités d’enseignement et d’activités de recherche. De grandes disparités existent entre les universités, les établissements, les services et les laboratoires. La création de postes d’Ingénieur Sécurité et la mise

en place de Comité d'Hygiène et Sécurité peuvent rapidement faire évoluer cette situation. Des initiatives intéressantes peuvent être mentionnées dans la collecte générale des déchets (Montpellier II), dans la formation des personnels et des doctorants (Orsay) et dans le développement d'outils de communication (Bordeaux I).

6. CONCLUSION

Les thèmes présentés dans cet article, ne peuvent être introduits dans les enseignements des sciences sans une volonté bien affirmée des responsables du système éducatif à tous les niveaux et une forte motivation des enseignants. Des efforts progressifs et continus doivent être entrepris dans les disciplines concernées, en particulier : chimie, physique, sciences de la vie et de la terre ; des démarches pédagogiques très diversifiées doivent être mises en œuvre. À ce sujet, nous mentionnons les recherches et innovations effectuées au département chimie de l’I.U.T. de Besançon depuis plusieurs années : utilisation de grilles d’observation pour s’assurer de la réalisation satisfaisante de tâches complexes au laboratoire ; emploi des sens, en particulier l’olfaction pour évaluer la réalisation correcte d’opérations “ dangereuses ” ; réalisation, par chaque étudiant, de fascicules d'images commentés ou de dossiers documentaires permettant d’évaluer son activité en laboratoire dans le domaine Hygiène, Sécurité, Environnement, Qualité (Montfort et al., 1993, 1995, 1997, 1998). Nous illustrons notre propos en présentant un vidéogramme sur des tâches faciles à réaliser par les élèves, en l’occurrence la sensibilisation à l’extinction rapide d’une inflammation localisée de solvants et le prélèvement raisonné d’acide concentré.

Dans le domaine de la gestion des déchets issus des laboratoires, de nombreux articles ont été publiés. Nous portons particulièrement intérêt à la démarche globale de W. Rennerts (2000) développée à Bruxelles. En conclusion, citons les propos du Dalaï Lama au cours d’une interview récente ; pour lui le problème majeur de notre temps est la protection de notre environnement.

BIBLIOGRAPHIE

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