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LA GESTION DES RISQUES ENVIRONNEMENTAUX : NOUVEL ENJEU DE FORMATION

MOTS-CLÉS : RISQUE ENVIRONNEMENTAL – GÉNIE TECHNIQUE

2. PROCÉDURE MÉTHODOLOGIE

2.1 Consultations de terrain

Nous avons mené des enquêtes qualitatives auprès d'un échantillonnage du public ciblé (des entrepreneurs du secteur de la construction) et fait émerger trois ensembles de données. Les représentations mentales des travailleurs à propos de concepts tels : risque environnemental, gestion des risques, incidences sur l'environnement, pratiques de terrain quant à la gestion de l'environnement, problèmes environnementaux vécus et / ou ressentis par les professionnels (retombées techniques et financières de la gestion des déchets, responsabilité de l'entrepreneur, amendes…). Ces résultats ont permis de dégager des entrées privilégiées pour la formation.

2.2 Exploration des contenus

Parallèlement aux enquêtes de terrain, une phase de recherche interdisciplinaire a été mise en place. Des juristes, éco-conseillers, biologistes, ingénieurs, entrepreneurs et pédagogues se sont penchés sur les contenus "environnementaux" liés au domaine de la construction. Nous avons procédé selon trois phases :

- Collecter l'information liée à la fois à l'environnement et à la construction. - Structurer cette information pour mettre l'essentiel en relief.

- Créer des cartes conceptuelles et les tester auprès du public ciblé.

Illustration 1 : Procédure de recherche

2.3 Nœuds-problèmes

Les consultations de terrain ont permis de déterminer les problèmes environnementaux fortement significatifs pour les professionnels. Par "nœuds-problèmes", nous entendons les situations concrètes qui directement ou indirectement génèrent un risque pour l'environnement. Comme exemples de nœuds - problèmes dans le domaine de la construction, citons le fait que la plupart des peintres ont la fausse perception que les peintures dites "à l'eau" qu'ils emploient ne sont pas polluantes et peuvent donc être jetées à l'égout,. ou encore que la gestion des nombreuses palettes d'emballages en bois pour les couvreurs qui les utilisent pour se chauffer ou qui les donnent à des particuliers qui les brûleront également. Dans un premier temps, nous avons donc listé l'ensemble des nœuds-problèmes. Dans un second temps, nous les avons transposés en modules de formation (voir points 2.6 et 2.7).

2.4 Nœuds-conceptuels

Faisant suite à la phase d'exploration des contenus, nous avons identifié les concepts liés à l'environnement et les contenus-matières indispensables à maîtriser par le public visé (les professionnels). Comme exemples de nœuds-conceptuels, on peut citer : la notion de développement durable transposée au secteur de la construction, celle de risque environnemental sur chantier, la responsabilité juridique de l'entrepreneur face à la gestion des déchets.

Tout comme pour les nœuds-problèmes, nous avons listé les concepts importants avant de les transposer en modules de formation (voir points 2.6 et 2.7).

2.5 Conception d'un outil didactique

Ayant toutes les données en main, nous sommes passés à la phase d'élaboration proprement dite de l'outil didactique, à la mise en forme pédagogique des nœuds-problèmes et des nœuds-conceptuels soulevés. Très concrètement, il faut distinguer deux parties dans cet outil didactique : des modules d'activités et des fiches d'informations.

2.6 Modules d'activités

Nous avons tenté de créer des activités qui répondent à des questions-problèmes environnementales qui ont du sens pour l'apprenant. Il était primordial que le professionnel se reconnaisse ou reconnaisse ses actions dans les activités proposées. Le défi était bien ici d'amener les participants à être acteurs à part entière du processus d'apprentissage. Un exemple de module d'activité est donné par le poêle à bois dans l'atelier de menuiserie (illustration n°2). Ce genre de pratique (interdite) est fréquemment rencontrée en menuiserie pour chauffer l'atelier. Cette activité amène le participant à analyser et donc à s'interroger sur les risques réels d'une telle pratique (incendie, explosion, intoxication…).

2.7 Fiches d'informations

Nous avons voulu fournir aux participants une base d'informations environnementales liées à leur secteur d'activités. Cette base de donnée se présente sous la forme de fiches d'informations ciblées ou transversales qui prennent ancrage dans les modules d'activités. Notre but était de proposer des documents "autoportants" qui établissent une connexion claire entre des thèmes généraux et les pratiques de terrain. Un exemple de fiche d'information est donné par les déchets de construction (illustration n°3).

2.8 Expérimentation

réuni un échantillon du public visé par l'outil (des formateurs et enseignants en construction). Ces acteurs se sont impliqués dans le processus de conception de l'outil. Nous les avons placés en situation (formateur-apprenants) afin qu'ils s'approprient à la fois la démarche et les contenus. Ils ont ainsi participé à une analyse critique de l'outil. Il s'agissait de s'interroger sur la pertinence et l'adaptabilité de l'outil selon trois axes : les contenus, l'ergonomie des documents, la méthodologie.

2.9 Révision

Suite à cette étape d'expérimentation, nous avons révisé et adapté l'outil. Quatre types d'interventions ont été apportés : adaptation de la méthodologie proposée au profil des apprenants en construction, simplification de certains contenus trop élaborés, demandant souvent une base scientifique trop importante, remodélisation de certaines activités en fonction des pré-requis fort différents de chaque participant, création de nouvelles fiches d'information en réponse aux questions soulevées par les participants.

2.10 Finalisation

Dernière étape de notre procédure, la formation à grande échelle des formateurs et enseignants en construction : à ce jour, nous avons formé plus de 200 personnes. Il en reste environ 500 à former.

3. CONCLUSIONS

L'élément clé de cette méthodologie réside, selon nous, en l'implication des acteurs et ce à différents moments du processus. Dès le départ, lors de la consultation de terrain, les professionnels ont pu s'exprimer librement sur le sujet. Par la suite, lors de la phase d'expérimentation de l'outil didactique, les formateurs et enseignants se sont impliqués conjointement aux chercheurs dans l'élaboration de l'outil. Cette façon de procéder nous a permis d'identifier les questions-problèmes sur lesquelles il est essentiel d'agir pour donner du sens à de nouvelles pratiques professionnelles plus respectueuses de l'environnement. Cette méthodologie est conçue et mise en œuvre au C.I.F.F.U.L. sur différents projets de formation, sur l'initiative de J.-M. GUILLEMEAU.