3. Les éléments génétiques mobiles ou mobilisables et leur impact sur la diversification de l’espèce Escherichia coli
3.1. Situation de l’espèce E. coli au sein de la famille Enterobacteriaceae
-Diarrhée d’eau
DAEC
Toutes les personnes sont
susceptibles
Inflammation de la
vessie, du rein ou du
bassinet
Infections urinaires
UPEC
Nouveaux nés et patients
de neurochirurgie
Inflammation des
méninges
Méningites
MNEC
Enfants et touristes des
pays en voie de
développement
Inflammation de la
muqueuse intestinale
Diarrhée persistante
EAEC
Enfants et personnes âgées
des pays développés
Lésion de la muqueuse
intestinale et nécrose des
cellules épithéliales
Diarrhée avec
traces de sang
EHEC
Enfants de moins de deux
ans dans les pays en voie
de développement
Lésion de la muqueuse
intestinale
Gastro-entérite
EPEC
Toutes les personnes sont
susceptibles
Inflammation de la
muqueuse du côlon
Dysenterie
EIEC
Enfants et touristes des
pays en voie de
développement
Néant
Diarrhée d’eau
ETEC
Épidémiologie
Signes pathologiques
Signes cliniques
Pathotypes
Extra-intestinaux
Intestinaux
Enfants entre deux et cinq
ans dans les pays en voie
de développement
-Diarrhée d’eau
DAEC
Toutes les personnes sont
susceptibles
Inflammation de la
vessie, du rein ou du
bassinet
Infections urinaires
UPEC
Nouveaux nés et patients
de neurochirurgie
Inflammation des
méninges
Méningites
MNEC
Enfants et touristes des
pays en voie de
développement
Inflammation de la
muqueuse intestinale
Diarrhée persistante
EAEC
Enfants et personnes âgées
des pays développés
Lésion de la muqueuse
intestinale et nécrose des
cellules épithéliales
Diarrhée avec
traces de sang
EHEC
Enfants de moins de deux
ans dans les pays en voie
de développement
Lésion de la muqueuse
intestinale
Gastro-entérite
EPEC
Toutes les personnes sont
susceptibles
Inflammation de la
muqueuse du côlon
Dysenterie
EIEC
Enfants et touristes des
pays en voie de
développement
Néant
Diarrhée d’eau
ETEC
Épidémiologie
Signes pathologiques
Signes cliniques
Pathotypes
3.1. Situation de l’espèce E. coli au sein de la famille Enterobacteriaceae
Au sein du règne des bactéries, E. coli est l’espèce type de la famille Enterobacteriaceae créée
en 1937 par Rahn. Dans la hiérarchie de la classification bactérienne, cette famille appartient à
l’embranchement Proteobacteria, à la classe Gamma Proteobacteria et à l’ordre Enterobacteriales.
Elle est l’une des plus importantes familles de bactéries, autant d’un point de vue quantitatif que
qualitatif. Elle regroupe ainsi 49 genres très ubiquitaires, allant des commensales (comme Proteus,
Klebsiella, ou Escherichia dont l’espèce E. coli constituerait 80 % de la flore aérobie intestinale
humaine) aux saprophytes (comme Proteus, Enterobacter, ou Serratia), en passant par des pathogènes
pour les plantes (comme Erwinia, ou Pantoea), les hommes et les animaux à sang chaud (comme
Salmonella, Yersinia, Serratia, Klebsiella, ou Escherichia). Sept critères définissent classiquement les
bactéries de cette famille, également appelées entérobactéries : un Gram négatif, une culture facile,
l’absence d’oxydase, la capacité à réduire les nitrates, une aéro-anaérobie facultative, la capacité à
fermenter le glucose et leur immobilité ou leur mobilité grâce à la possession d’une ciliature
péritriche. Les différences entre les nombreux genres et espèces viennent de critères plus précis,
comme la capacité à fermenter différents sucres, la production ou non de sulfures, la présence ou
l’absence d’enzymes métaboliques spécifiques, ou la réalisation d’un type de fermentation bien précis.
En janvier 2008, étaient dénombrés cent quatre génomes d’entérobactéries entièrement séquencés ou
en cours de séquençage sur le site NCBI Microbial Genome
(http://www.ncbi.nlm.nih.gov/genomes/MICROBES/microbial_taxtree.html). Trente et un, huit et
vingt quatre d’entre eux appartenaient à des souches des genres Escherichia, Shigella et Salmonella,
respectivement.
3.1.1. Proximité des genres Escherichia, Shigella et Salmonella
Au sein de la famille Enterobacteriaceae, Salmonella est le genre le plus proche d’un point de
vue phylogénétique du genre Escherichia ; tous deux se seraient séparés d’un ancêtre commun il y a
100 ou 140 millions d’années (Ochman et Wilson, 1987 ; Doolittle et al., 1996). La proximité de ces
deux genres est illustrée par le fait que les données concernant leur ARNr 16S ne permettent pas de
différencier certaines de leurs souches. Les séquences nucléotidiques du gène codant l’ARNr 16S de
trois souches Salmonella enterica, Salmonella enterica serovar Enteriditis ES22, Salmonella enterica
serovar Paratyphi A ATCC 54388 et Salmonella enterica serovar Paratyphi B P1, présentent en effet
99,6 %, 97,4 % et 97,2 % d’identité, respectivement, avec la séquence nucléotidique du gène codant
l’ARNr 16S de la souche E. coli ATCC 25922 (Fukushima et al., 2002). Or, d’après Stackebrandt et
Goebel, il est admis que deux souches qui présentent moins de 97 % d’identité entre les séquences des
gènes codant leurs ARNr 16S, n’appartiennent pas à la même espèce bactérienne (Stackebrandt et
Goebel, 1994). Ainsi d’autres critères moléculaires doivent être utilisés pour distinguer les souches
des genres Escherichia et Salmonella. L’un d’entre eux est le taux d’hybridation de leurs ADNs. Deux
souches appartiennent à la même espèce si le taux d’hybridation ADN-ADN de leurs génomes
dépasse 70 % (Wayne et al., 1987). Konstantinidis et Tiedje ont montré que ce taux de 70 %
d’hybridation ADN-ADN correspond approximativement à un taux moyen de 95 % d’identité
nucléotidique des séquences génomiques partagées par deux souches (Konstantinidis et Tiedje, 2005).
Or, les séquences génomiques partagées entre différentes souches E. coli et différentes souches
Salmonella ne montrent pas plus de 80 % d’identité nucléotidique en moyenne (Konstantinidis et al.,
2006), ce qui approuve donc la distinction de ces deux genres. La séparation des genres Salmonella et
Escherichia semble s’être opérée par plusieurs avènements d’inversions et de délétions
chromosomiques et surtout par des acquisitions de nouvelles séquences d’ADN par transfert génétique
horizontal (Wain et al., 2001).
Le genre Shigella a été introduit pour la première fois en 1898 par Kiyoshi Shiga à la suite de
la découverte d’un microbe responsable de la dysenterie bacillaire (Shiga, 1898). Bien que les
ressemblances entre ces bactéries et celles décrites par Theodor Escherich étaient très fortes, deux
noms différents leurs avaient été attribués étant donné le caractère pathogène des premières et le
caractère commensal des secondes. Cependant, l’avancée des études phénotypiques et génotypiques
de ces deux bactéries, plus d’un siècle après leur découverte, montre désormais qu’elles pourraient
être placées au sein d’une seule et même espèce. Par exemple, de nombreux antigènes O portés par
des souches Shigella sont identiques à ceux portés par des souches E. coli (Wang et al., 2001). Or, au
sein des entérobactéries, l’antigène O, partie externe glucidique des lipopolysaccharides, est souvent
considéré comme spécifique à l’espèce, voire même aux souches et seule l’endotoxine, partie
membranaire lipidique, semble conservée et identique chez toutes. Un autre fait appuyant la relation
étroite entre les bactéries E. coli et Shigella est la connaissance désormais de souches E. coli
pathogènes, dont certains pathotypes présentent des modes d’action similaires à ceux des bactéries
Shigella (Johnson, 2000). Les données permettant d’affirmer de la manière la plus évidente et la plus
sûre l’appartenance de ces deux bactéries à une seule et même espèce concernent les analyses de leurs
génomes. Les séquences nucléotidiques des gènes codant les ARNr 16S de différentes souches E. coli
et Shigella présentent en effet entre elles toujours plus de 97 % d’identité (Fukushima et al., 2002 ;
Amano et al., 2005 ; Lee et Côté, 2006). Les taux d’hybridation ADN-ADN observés entre leurs
génomes dépassent également 70 % : 95 %, 98 %, 95 % et 92,6 % d’hybridation sont ainsi obtenus
entre les génomes de la souche E. coli GTC 503 et la souche Sh. dysenteriae GTC 786, la souche Sh.
flexneri GTC 780, la souche Sh. boydii GTC 779 et la souche Sh. sonnei GTC 781, respectivement
(Amano et al., 2005). Ces taux d’hybridation supérieurs à 70 % sont en relation avec les pourcentages
moyens d’identité nucléotidique des séquences génomiques partagées des souches E. coli et Shigella,
qui atteignent des valeurs supérieures à 95 % (Konstantinidis et al., 2006).
3.1.2. Escherichiacoli au sein du genre Escherichia
Bien que les études du genre bactérien Escherichia restent majoritairement concentrées sur
l’espèce E. coli, cinq autres espèces ont pu être décrites : E. albertii, E. blattae, E. fergusonii, E.
hermanii et E. vulneris (tableau 8) (Bettelheim, 2002 ; Abbott et al., 2003). Ces six espèces se
distinguent par différents caractères métaboliques et surtout par leurs pourcentages d’hybridation
ADN-ADN comme le montre le tableau 9.
Tableau 8 : Présentation des cinq espèces, autres qu’E. coli, du genre Escherichia.
Brenner et al., 1982b
Homme et animaux
E. vulnerisATCC 33821
E. vulneris
Brenner et al., 1982a
Sang, selles, plaies, appareil
respiratoire, liquide péritonéal de
l’homme ; environnement ;
aliments (viande de porc et
coquilles d’œufs)
E. hermanniiATCC 35650
E. hermannii
Farmeret al., 1985
Sang, urines, plaies abdominales,
fèces, vésicule biliaire de
l’homme et d’animaux
E. fergusoniiATCC 35469
E. fergusonii
Burgess et al., 1973
Intestin de blattes en bonne santé
E. blattaeATCC 29907
E. blattae
Huyset al., 2003
Enfant de neuf mois atteint de
diarrhée
E. albertiiAlbert 19982
E. albertii
Référence
Isolement
Souche type
Espèce
Brenner et al., 1982b
Homme et animaux
E. vulnerisATCC 33821
E. vulneris
Brenner et al., 1982a
Sang, selles, plaies, appareil
respiratoire, liquide péritonéal de
l’homme ; environnement ;
aliments (viande de porc et
coquilles d’œufs)
E. hermanniiATCC 35650
E. hermannii
Farmeret al., 1985
Sang, urines, plaies abdominales,
fèces, vésicule biliaire de
l’homme et d’animaux
E. fergusoniiATCC 35469
E. fergusonii
Burgess et al., 1973
Intestin de blattes en bonne santé
E. blattaeATCC 29907
E. blattae
Huyset al., 2003
Enfant de neuf mois atteint de
diarrhée
E. albertiiAlbert 19982
E. albertii
Référence
Isolement
Souche type
Espèce
Tableau 9 : Pourcentages d’hybridation ADN-ADN entre souches de différentes espèces du genre Escherichia,
d’après Huyset al., 2003. - : non disponible.
100
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Dans le document
Recherche de déterminants génétiques permettant l'adaptation d'une souche Escherichia coli à la mamelle bovine
(Page 78-81)