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souris grise

4.2. Matériel et méthode

4.2.2. Les sites archéologiques Tardiglaciaire/Holocènes

4.2.2.2. Les sites de Chypre

Akrotiri-Aetokremnos (Simmons, 1988, 1991, 1999) : Akrotiri-Aetokremnos est un abri sous roche du littoral sud de Chypre. Le remplissage est constitué de 4 unités stratigraphiques (stratum). Une unité inférieure (stratum 4) divisée en 3 niveaux (A, B et C) contient une forte concentration d’ossements d’éléphants et d’hippopotames

nains (stratum 4B). La Stratum 3 est une zone stérile qui sépare le niveau à ossement de la stratum 2. L’unité stratigraphique 2 (stratum 2) résulte d’une occupation fugace d’un petit groupe de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs épipaléolithiques. Elle se divise en 2 sous-unités (stratum 2A supérieure et stratum 2B inférieure). La quatrième et dernière couche est l’unité stratigraphique supérieure composée de colluvions et d’effondrements de voûte culturellement stérile. Les dates 14C sur charbons du niveau d’occupation 2 sont centrées autour de 9 825 BC cal. (9702-10 005 de déviation standard) (Simmons, 1999). L’association des artefacts et ces datations 14C pour la couche d’occupation indique clairement que le site d’Akrotiri documente une présence humaine à Chypre antérieure aux premières occupations néolithiques. Cette date d’occupation correspond à la phase culturelle du Khiamien au Levant. Simmons (1999) a émis l’hypothèse que l’accumulation d’hippopotames nains de la couche 4 est la conséquence d’un transport sur le site par les épipaléolithiques afin de les préparer et de les consommer. Cette stratégie de subsistance des chasseurs-cueilleurs d’Akrotiri serait à l’origine de l’extinction des grands mammifères endémiques (hippopotames et éléphants nains) de l’île. Cependant, plusieurs éléments viennent contredire lourdement cette hypothèse. Pour Bunimovitz et Barkai (1996), la présence d’ossements d’hippopotames nains associée au niveau 2 d’occupation épipaléolithique est le résultat d’un pollution du niveau 2 par le niveau 4, suite à des mouvements stratigraphiques verticaux occasionnés par des creusements modernes. De plus les analyses taphonomiques ont montré qu’aucun des ossements d’hippopotames ne présentait de trace de préparation ou de consommation (Olsen, 1999). La preuve archéologique du rôle de l’homme dans l’extinction de la grande faune mammalienne endémique de Méditerranée est donc actuellement toujours débattue (Vigne, 2000a). Tous les restes du genre Mus ont été retrouvés après tamisage à l’eau des sédiments d’un foyer (« Feature 10 ») dans le niveau d’occupation épipaléolithique (stratum 2A). Nous n’avons pas les informations concernant la maille de tamisage. Certains de ces restes présentent des traces de brûlures. Ces informations indiquent que ces restes sont bien associés à la couche d’occupation et que leur présence dans cette couche ne résulte pas d’une pollution actuelle ou chrono-stratigraphique. J.-C. Auffray a identifié ces restes : « The shape of the anterior part of the M1 suggests that this mouse could be more closely related to Mus macedonicus Petrov and Ruzic, 1983, the (Macedonian) mouse/East Mediterranean mouse than Mus musculus domesticus

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Schwarz and Schwarz, 1943” (in Simmons 1999, p. 169). Une seule M1 a pu être traitée.

Kissonerga-Mylouthkia (Christou, 1996 ; Peltenburg et al., 2000 ; Peltenburg et al., 2001) : Avec Shillourokombos (Guilaine et al., 2000), le site de Mylouthkia a fait reculer la colonisation de Chypre par les communautés néolithiques d’un millénaire et a réintroduit Chypre dans la sphère culturelle du PPNB. Les structures du PPNB de Mylouthkia sont des puits à eau creusés dans le sédiment calcaire (havara) jusqu’à 20 m de profondeur pour les puits les plus éloignés du littoral (P. Croft comm. pers). Une fois taris, le remplissage a été rapide car les puits ont servi de dépotoir. Aucun village n’a été malheureusement mis au jour. Les seules structures susceptibles d’en suggérer l’existence sont un fond de maison et une fosse. Parmi les sept puits qui ont été fouillés, trois puits chronologiquement séparés ont été tamisés à l’eau selon une maille de 1 mm par P. Croft. Les dates 14C sont disponibles pour les deux premiers avec un remplissage entre la fin du 9e et le début du 8e millénaire av. J.-C. pour le puits 116 et entre le 8e et 7e millénaire av. J.-C. pour le puits 133. Le troisième puits n’a pas encore bénéficié d’une datation absolue mais d’après les éléments archéographiques, le puits 2030 appartiendrait à une phase finale (chalcolithique) du Néolithique de l’île (P. Croft comm. pers.). L’analyse taphonomique, réalisée sur les microvertébrés (rongeurs et amphibiens/reptiles) des puits 116 et 133 met en évidence une accumulation par piégeage naturel avec une très faible contribution coprocénotique (Cucchi, 2001). 97 M1 du genre Mus ont été traitées pour Mylouthkia : 27 pour le puit 116, 11 pour le puits 133 et 59 pour le puits 2030.

Khirokitia (Dikaios, 1953 ; Le Brun, 1989, 1994) : village imposant du 7e millénaire av. J.-C. qui représente un stade évolué de la colonisation néolithique amorcée un millénaire plus tôt avec Shillourokombos (Guilaine et al., 2000) et Mylouthkia. Khirokita est le site éponyme de la culture néolithique acéramique originale qui s’est développée sur l’île à partir d’une fondation culturelle continentale d’affiliation PPNB. On sait aujourd’hui que cette culture se situe dans la continuité plutôt qu’au commencement de la néolithisation de l’île depuis la découverte de Shillourokombos, mais on ignore le processus évolutif expliquant pourquoi les sites précéramiques d’affiliation khirokitienne présentent des traits culturels en décalage par rapport aux innovations technologiques continentales. L’architecture des maisons conserve un plan circulaire alors que le plan rectangulaire est de mise sur le continent depuis le PPNA/PPNB ancien. Les bovins sont absents de l’élevage bien que leur domestication

soit attestée sur le continent dès le 9e millénaire av. J.-C. (Vigne et Buitenhuis, 1999 ; Vigne et al., 2000). Les pratiques funéraires de Khirokitia constituent, elles aussi, un modèle particulier. Le débitage bipolaire sur nucléus naviforme disparaît de Chypre et les techniques de débitage du 7e millénaire ne présentent que des techniques sur éclat. Autre originalité : l’absence de céramique et l’emploi intensif de contenants en pierre sculptées dans du calcaire puis dans des diabases. Dérive culturelle liée à l’isolement insulaire et/ou enracinement d’un vieux lègue externe qui aurait trouvé à Chypre un épanouissement favorisé par le contexte insulaire ?

Le tamisage à l’eau du sédiment des fosses et des foyers à l’intérieur des maisons a permis de collecter des restes de micromammifères. Ils ont été étudiés par S.J.M.. Davis qui a pu déterminer la présence de la musaraigne (cf. Crocidura) et d’une espèce de souris. « The range of variation of their measurements suggests that only one species is represented » (Davis, 1989). L’examen morphologique des souris issues de piégeage et de pelotes de chouette effraies, comparées aux souris fossiles « failed to reveal any morphological differences of note between the two groups : fossil and modern » (Davis, 1989). 247 restes du genre Mus ont été collectés. Nous avons traité 11 M1.

Cap Andreas Kastros (Le Brun, 1981) : Cap Andreas Kastros est un village néolithique du 7e millénaire av. J.-C. dans la mouvance culturelle de Khirokitia. Il est situé à la pointe Nord-Est de l’île et implanté sur une hauteur comme Khirokitia. La séquence d’occupation est beaucoup plus simple qu’à Khirokitia car seul le Néolithique précéramique récent y est représenté (Le Brun et Brun, 2003). Cap Andreas Kastros diffère de Khirokitia par l’absence de bâtiments collectifs mais aussi par son économie alimentaire beaucoup plus tournée vers les activités de pêche et de collecte de coquillages que Khirokitia (Desse et Desse-Berset, 2003). La microfaune du site a été prélevée (D. Helmer) grâce au tamisage à l’eau (taille de la maille inconnue) d’échantillons sédimentaires de sols, foyers et fosses à l’intérieur de l’habitat dans les niveaux IV et VI. Helmer (1981) a mené une analyse biométrique (longueur, largeur) sur les M1 et M2 fossiles du genre Mus comparées aux mêmes mesures prises sur Mus musculus domesticus de Corse. « Les mesures sont fortes et rentrent dans l’écart de variation des souris corses, cette grande taille n’étant pas exceptionnelle dans les faunes insulaires. Du point de vue morphologie dentaire, les M1 ont un tE de taille toujours inférieur au tF, ce qui donne un aspect trilobé au lobe antérieur. » (p. 92). Il détermine prudemment les souris de Cap Andreas Kastros sous

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la dénomination Mus sp. en « rappelant leur affiliation avec Mus musculus L. » (p. 92). 53 restes du genre Mus ont été collectés. Nous avons traité 10 M1.

4.2.3. Méthodes d’analyse

Afin que la prise du contour de toutes les molaires soit toujours effectuée selon un sens anti-trigonométrique, toutes les images de M1 droite ont été retournées horizontalement, afin que les M1 droite, soient comparables aux gauches mais aussi en vue de réduire les erreurs lors de la prise de mesure (cf. partie 2).

La méthode d’analyse est décrite dans la seconde partie. Afin de ne pas risquer de déséquilibrer le calcul en introduisant des groupes sous-échantillonnés, seuls les groupes de plus de cinq molaires ont été considérés.

4.3. Résultats